1- Mon choix

Ecrit par wilfrid nougbo

Partie 1

 

Contrairement à moi qui n’ai plus personne en vie comme parents, la mère d’Ifèmi et son père  s’échinent au village à chercher leur fils. Ça fait déjà quatre jours que nous avons disparu selon  les habitants du village. Le Géant homme qui m’avait kidnappé  est un garde du roi Adéchinan qui prétend ignorer jusque là  où nous sommes et la cause de notre disparition. En effet, il (je parle bien sûr du roi) avait une fois  proposé à mes  parents de m’épouser mais ces derniers lui avaient juré de ne pas céder d’autant plus que je suis leur fille unique et par conséquent la seule richesse qu’ils ont. Je me rappelle la nuit de la veille de ma rentrée scolaire en classe  3ème quand mon père avait disputé  avec lui à  propos de cette malheureuse demande en mariage.

Flashback

 J’arrangeais mes cahiers pour la reprise des cours quand il fit son entrée suivi de ses prétendus gardes.  Bien que mon père  fut maintes fois plus âgés que lui,  il n’hésitait pas à se prosterner à sa vue. Ma mère  aussi n’en manquait  pas  et tout cela au nom de quoi ? La tradition. Mais ne soyez pas étonnés de m’entendre dire que je n’ai pas fait ce que mes parents ont fait. En tout cas  moi non. Ne dites aussi pas que je suis impolie ou  du moins irrespectueuse hein. Le problème c’est juste que je n’arrive pas à comprendre ce pourquoi je  le détestais  et continue même de le détester.

Mon père :(énervé) Sènan !  Tu ne vois pas sa majesté entrer ?

Moi :( figée, regard tendu au sol)….

Ma mère : Ah ! Sènan depuis quand tu es devenue aussi incivile ?

Moi : Dia je….

Mon père : Tu quoi ? Tu va te taire et venir te prosterner ?

Adéchinan : (intervenant) Pardon  Codjo laissez la. Vous allez seulement perdre votre temps à vouloir la voir se prosterner. Ils sont tous comme ça les enfants d’aujourd’hui, surtout ceux qui ont fréquenté école.  Awan oyinbo ti yi ôkpôlô iwan (les Blancs ont déjà changé leur cerveau)

Mon père :(me toisant longuement) Tu vas t’effacer de là ? Regarde moi ça.

Tournant la tête,  je me levai  et me dirigeai vers la chambre quand ma mère me rappela. Je revins sur mes pas et elle me tint le bol qu’elle avait utilisé pour donner de l’eau au roi.  

Ma mère : dépose ça et va te coucher,  tu ne dois pas aller à l’école en retard demain.

Je lui pris le bol et partis dans la chambre.  Vous  savez bien sûr  que je n’allais pas dormir. Pas sans que cet imbécile ne soit parti.

De la chambre j’écoutais tout ce qui se disait  et se faisait au salon. Si je dis salon ne croyez pas que c’est une villa hein c’est toujours la case de ma mère.

Ma mère s’excusa et sortit  prétextant qu’elle allait voir Iya vito (la mère de Victoire) pour un sujet  important. C’était juste pour les laisser parler d’homme à homme.

Et la discussion démarra.

Mon père : Alors  que me vaut l’honneur de la visite de mon roi ?

Avant de répondre à la question de mon père, il  regarda d’une façon ses gardes qui comprirent ce qu’insinuait ce regard et disparurent immédiatement de la case.  

Adéchinan : Euh Codjo. C’est au palais et devant les villageois que je suis roi mais pas chez toi ni devant toi.

Mon père :(sachant ce qu’il insinuait)  C’est-à-dire ?

Adéchinan : C’est-à-dire que je suis ton jeune frère et bientôt ton beau-fils.

Mon père :(faisant semblant)  Je ne comprends toujours pas hein sa majesté.

Adéchinan :(rapprochant bien son siège de celui de mon père) Codjo s’il te plaît ne fais pas semblant. Tu sais bien de quoi je parle. Je veux que ta fille devienne ma reine.

Mon père :(faussement surprit) Quelle fille ?

Adéchinan : Tu n’as pas deux filles non ? C’est  bien sûr celle  qui vient de rentrer dans la chambre.

 Mon père : Chinan ! Je crois t’avoir maintes fois répété que  e tu ne peux pas avoir ce que tu me demande là. Cette fille est toute ma vie. Elle passera son plus grand examen cette année et mon rêve est qu’elle aille plus loin  après avoir obtenu son B.E.P.C. Donc  je ne peux pas  me permettre de lui détruire son avenir juste pour satisfaire le désir d’un ami. Alors je te conseille de chercher ailleurs et d’oublier ma fille pour le moment. Voyant la tête qu’il commença par faire mon père essaya de renchérir sa dernière phrase en ces termes : Euh…pardon  si le mot conseiller n’est pas le bienvenu, alors je te supplie de…

Adéchinan :(l’interrompant tout en se levant) Oto bèè !!! (Ça suffit comme ça !!!) Codjo !!! Tu me  prends pour qui même ? Ou bien c’est parce que  je suis venu te voir pour régler ça  entre ami que tu me crois  idiot ? Si ce n’est pas en l’honneur de notre amitié depuis l’enfance t’aurais-je prévenu avant de prendre en mariage  ta fille? D’ailleurs même à partir de cet instant T commence par la préparer pour le mariage. Car cette année ne va pas terminée sans qu’elle ne devienne  ma reine.

Mon père :( embourbé de colère, se levant aussi)  Adéchinan ômô Olabodé (Adéchinan le fils de Olabodé) Regarde-moi bien  dans  les yeux, ma fille ne va pas t’épouser et j’attends ce que tu me  feras. Ton père qui a été mon préféré et respectable roi ne peut pas me regarder dans les yeux et me dire ça, à plus forte raison toi  à qui j’ai tenus la main pour t’apprendre à marcher. Et je m’en vais te mettre en garde de ne plus jamais traîner  tes sales pieds dans ma maison pour ce genre de sujet. C’est compris ? Alors disparais et n’oublie pas de faire part de ce que je viens de dire à  tes esclaves de gardes.

 Adéchinan :(furieux)  Codjo. Je te rappelle que tu parle  à ton roi hein.

Mon père : Oui un roi est roi lorsqu’il est roi. Je pense que ton insanité ne va pas te laisser comprendre cette expression mais je te le ferai comprendre. C’est-à-dire qu’on considère le roi comme roi lorsqu’il se reconnait roi ou du moins connait sa place. Mais toi tu ne fais que déconner donc tu ne l'es pas.  Maintenant dégage de chez  moi avant que ma colère ne s’attise.

Adéchinan :(approchant sa bouche de l’oreille de mon père).  Egbô chê mi (Tu vas me sentir ou tu sauras  de mes nouvelles)

Mon père :(sourit méchamment). Mo nduro dé è li ta mèta (Je t’attends au carrefour)

 Il sortit et mon père ferma la porte qui klaxonna derrière.

Brulant de colère mon père  vint dans la chambre et l’entendant venir je me lovai et  feignis de dormir. Il ne devrait pas savoir que j’étais encore en éveille et à plus forte raison écoutais leur conversation  sinon je suis morte.  Une fois dans la chambre, il ne pouvait pas s’asseoir et ne faisait que des allés et venus intempestifs. Il soupirait à plus reprises et claquait ses doigts qui sonnaient telle une cloche sans voix. Aussitôt ma mère fit son entrée.

Dia :(Inquiète) Sénantô (papa Sènan en fon la langue de mon père)  Qu’est-ce qui ne va pas ?

Mon père : Non t’inquiète ça va

Dia : Hum ! un dia (hum ! je ne crois pas en fon) Vous n’étiez pas dans cet état quand je vous ai laissé avec le roi.

Mon père : Eh bien je…. (Soupirant et pinçant les lèvres) hé cha.  

Ma mère le laissa et alla au salon chercher je crois de l’eau. Mon père était en effet comme le feu. Ce n’est que l’eau qui calme sa colère. Il suffit seulement de commencer par faire   ses éloges  en lui présentant cette  eau les genoux à terre. Et c’était exactement ce qu’avait fait ma mère cette nuit là.  Sans s’en rendre compte, mon père finit par poser délicatement ses fesses sur  notre lit fait en terre cuite et en bambou. Il prit l’eau de la main de mère, la bu et  soupira longuement.

Dia :(lui passant la main à la poitrine) Djèèèmè Djèèèmè Sè ché. (Calme-toi mon seigneur). Maintenant je vous écoute. Le roi voulait quelque chose ?

Il  passa les mains sur le visage, baissa la tête et la relevant aussitôt.

Mon père :(soupirant) Il veut ma fille.

Dia : Comment ça ?

Mon père : Il veut que je la lui donne en mariage sinon il va me forcer la main à le faire et cela contre mon gré. 

Dia : (Baissa aussi la tête puis la releva) C’est tout ?

Mon acquiesça de la tête comme un petit garçon qu’on est entrain de consoler après l’avoir battu pour une faute.

Dia : D’accord ce n’est pas grave. Il est déjà trop tard pour parler de ça. Demain nous aurons assez de temps pour en parler d’autant plus que vous n’allez pas aux champs demain. Maintenant je vous raccompagne dormir.

Cette attitude de  la part de ma mère m’avait surpris. Moi qui croyais qu’elle allait rugir de colère contre ce conard, elle n’avait rien dit. J’attendis donc ce demain  là pour mieux comprendre ce qu’elle avait cette nuit là.

Elle venait de raccompagner mon père dans sa case et n’était qu’après que je m’étais endormie.

Et voilà où termine mon fameux flashback. Je pense que vous connaissez déjà l’auteur du drame qui s’est produit chez moi il y à quatre jours.

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Maintenant quittons  le temps passé et revenons au temps présent.

Comme je le disais, ça fait quatre jours que mon copain et moi avons fuis du village et sommes entrain de parcourir cette vaste forêt  qui je pense n’a pas de limite. Il a fini par me dire où nous allons et cela sur plusieurs insistances de ma part.

Moi:(inquiète) Nous allons faire quoi à Sakété là et chez qui ?

Ifèmi : Pourquoi t’inquiète-tu ma chérie ? Je t’ai déjà dit qu’auprès de moi tu es en sécurité.

Moi :(débout bras croisés)  Pourquoi ne pas m’inquiéter ? Nous allons  à un endroit  que nous ne connaissons pas et même ne savons pas auprès de qui nous allons et tu me dis de ne pas m’inquiéter?

Ifèmi :(prenant ma main) Dis moi tu  as peur d’être avec moi ?

Moi : Bien sûr que non

Ifèmi : Alors n’ai pas peur de là où je t’emmène aussi.

Il me caresse la main et je lui souris avant qu’on ne continue notre chemin main dans la main.

Après quelques parcours encore je réclame la nourriture. Oui hein ! Parce que ma mère m’a déjà gâté pour ça. Je mangeais plus de quatre fois par jour.  Vous pouvez dire que c’est trop mais si vous avez la chance de voir ce que je mange à chaque fois là. Vous direz que je mérite de manger dix fois par jour même.

Nous nous sommes donc arrêtés sous un arbre et comme le soleil se referme déjà, Ifèmi décide d’étaler notre tente de pagne  à cet endroit pour que nous y passions la nuit comme d’habitude depuis quatre jours.

Moi :(arrêtant de manger) Euh ! Ifèmi.

Ifèmi :(concentré sur son repas) Oui je t’écoute ma chérie.

  Moi :(triste et silencieuse)

Ifèmi :(relevant la tête) Il y a quoi encore Sènan ?

Moi :(triste) Aujourd'hui c’est le jour de la composition des épreuves orales du  B.E.P.C.

Il soupire longuement, se lève de sa place pour venir s’asseoir près de moi et prends dans ses bras.

Ifèmi :(me serrant contre sa poitrine) Ma chérie je sais que c’est que c’est difficile pour toi mais on n’a pas le choix. Tu sais que moi aussi je viens de passer en terminale et c’est juste pour te sauver de la main de cet imbécile que je suis revenu au village. Ne t’en fait pas je te promets que nous allons reprendre nos cours une fois arrivé à Sakété.

Moi : et commence penses-tu ce serait possible ? Je vais reprendre la 3ème  ou bien.

Ifèmi : Non compte sur moi Sènan.

 Moi : Que ferais-tu de mon B.E.P.C ?

Ifèmi : Tu l’auras aussi.

Moi : Et ce que je viens d’avoir ?

Ifèmi :(dépassé) Maintenant dis moi tu veux te retourner à la maison pour composer l’oral ?

Moi :(silencieuse)

Ifèmi : Si c’est ça tu veux, la voie t’est grandement libre hein, parce que moi je ne sais plus quoi te dire pour que tu comprennes  que tu cours un grand danger en étant au village. Si je ne venais pas à ton secours, qui sait ce que cet enfoiré de roi  aurait fait  de toi. Maintenant tu penses t’en prendre à moi parce que tu as manqué de composer l’oral.

Moi : Ifèmi, je ne t’en veux pas de m’avoir faire quitté le village ou quoi que ce soit.  Je veux juste savoir si c’est possible que  mon diplôme soit sauvé même sans faire l’oral.

Ifèmi :(après un long silence) Ok ! Mais il te fallait être discrète. Moi même je n'en sais rien pour le moment mais arrivé à Sakété je demanderai à mon oncle s'il en sait quelque chose

Moi:(Surprise) Nous allons chez ton oncle?

Ifèmi: Bien sûr. Tu n'es pas contente?

Moi :(contente) Si, mais pourquoi tu me cachais ça.

Ifèmi: C'était une surprise

Moi: Hum ok!  tu es fâché contre moi ?

Ifèmi : Non mais j’y tends déjà.

Moi : Ok pardonnes-moi stp

Ifèmi : Non ça va déjà. Mange vite et allons nous coucher, il fait déjà.

On mange tout en échangeant des regards et des sourires. Puis après nous sommes rentrés sous notre tente pour dormir.

Au village,  je ne sais pas si c’est quelqu'un qui a dit aux parents d’Ifèmi qu’Akandé était au courant de notre fuite et ceux-ci sont allés le voir chez lui pour l’interroger. Vous me direz peut-être que c’est le garde qui m’avait kidnappé  qui les a tenus informé mais vous vous trompez car cette nuit là, si ce n’était pas que je reconnais la  voix d’Akandé et d’Ifèmi, moi-même je ne saurais pas qui étaient venus me sauver. L’obscurité était tellement lourde cette nuit là qu’on ne pouvait voir même quelqu'un qui est tout près.

Aux environs de 8h  comme ça, le père d’Ifèmi et sa mère sont déjà chez Akandé.

Akandé : On s’est vu, Ifè et moi maintenant cela devrait déjà fait deux semaines. Et il ne m’as jamais parlé d’un voyage ou quelque chose du genre.

Le père d’Ifè : Mais il m’avait fait croire qu’il venait te voir cette nuit là.

Akandé : Il vous a menti, cette nuit là même moi je suis allé voir ma grand-sœur .

Sa mère : Depuis quand mon fils a commencé même ces bêtises. En tout cas, il reviendra me voir ici.

Son père : Ok ! Merci Jeune homme. Si tu as de nouvelles de lui n’hésite pas à venir m’informer ok.

Akandé : Pas de souci papa. Au revoir papa.

Son père : Au revoir mon fils.

Clap !

Il ferme la porte derrière eux,  s’adosse à celle-ci et passe les mains au visage soupirant longuement.

A suivre

 

 


L'Etranger Invisible