2- Sommes-nous foutus?

Ecrit par wilfrid nougbo

Partie 2

Toujours au village et chez les parents d’Ifèmi.

 La mère n’a pas dormi toute la nuit, elle ne fait que pleurer son fils. Le lendemain très tôt le matin, elle s’est levée et est allée s’asseoir au seuil de sa case pour continuer ses pleurnicheries. Le  père,  quant à lui ne que  promener toutes les  maisons de tous ceux qu’il connait être amis à son fils. A  son retour, il est sidéré de voir sa femme assise et pleure. Elle ne s’intéresse  même à sa fille qui pleure à ses côtés. 

Le  père :(rentrant) Obirin yéyi !!! (Cette femme) Tu es toujours là à pleurer ? Quand tu agis ainsi que vas faire tes autres enfants ? Regarde même ta fille qui pleure déjà.

Il  la dépasse et va prendre la petite fille derrière elle  dans ses bras pour la consoler.

La fille :(en pleure) Daddy, Mammy  pleure. Elle a quoi ?

Le père :(Serrant ta tête conte la poitrine) T’inquiète ma puce, mammy n’a rien.

La fille :(reniflant)  Et pourquoi elle pleure ?

Le père :(soupirant et s’adressant à sa femme) Tu vois maintenant dans quel état tu mets ta fille ? tu ne fais que pleurer et…………..

La mère :(reniflant) Et que devrais-je faire à votre avis? Sniff… mon fils a disparu depuis près d’une semaine et vous voulez que je jubile ça ? Ou que bien je me contente de ne rester  qu’à dormir ? Sniff…

Le père :(énervé) Et maintenant, c’est cette pleure qui va te le ramener ? Ou bien il va entendre tes cris de là où il est allé pour revenir ?

La mère :(en sanglot) Cherchez moi mon fils. C’est vous qui lui avez dit de revenir vus aidez dans les travaux champêtres sinon il était à l’aise chez mon frère à Sakété. Sniff je veux mon fils.

Le père : Donc j’ai tort de le former ou de l’instruire aux travaux champêtres tu veux me dire ?

La mère : En tout cas je veux mon fils. Sinon vous saurez  dans ce village que je suis  native de Sakété. Sniff.

Le père :(s’approchant d’elle) S’il te plait. Ne te créé pas de problème avec la pleure. Tu sais que moi aussi je ne baisse les bras  sur cette affaire-là. Voici je viens de chez un ami  à lui comme ça. Ce dernier a dit la même qu’Idohou.

La mère :(pleurant toujours) Voilà ! Toujours la même chose. La même chose.  Attendez d’ailleurs,  où est le roi qu’on se dit qu’on a  dans le village  dans tout ça maintenant ? Ou bien dira-t-il qu’il n’a eu vent de ça depuis ce moment ? Un roi qui ne sais ni ne  se soucie même pas des problèmes de ses sujets. Il vaut mieux même ne pas en avoir. Chikoryi !!!

Le père : très bien ma chérie. J’avais même oublié. Nous avons justement un  prétendu un roi. Il va m’entendre celui-là. Je ne sais même pas ce pourquoi il est intronisé. Attends moi j’irai le voir immédiatement.  

Il dépose la fille près de sa mère,  se lève, met ses chaussures et sort en courant.

Le père :(tenant une pièce de 10f à sa fille) Ma puce Daddy vient d’accord ? Essuie tes larmes et vas dans la chambre avec mammy.

Celle-ci hoche la tête. Sa mère la prend et va  dans la chambre tout en reniflant.

 

 

Au palais les gardes sont debout à l’entrée. Ils sont semblables à des statues puisqu’ils ne bougent pas et n’ont que leurs regards plaqués à une seule direction. Parlant du palais c’est une maisonnette peu grande badigeonnée ou du moins décorée au dessin ou par des images énigmatiques tels des lions, des serpents, léopards et autres. Daddy arrête sa course devant ces gardes et se prosterne tout en respirant.

Daddy : Kadé okpè lori ooh (longue vie au roi)

Un garde : Kilofè ôgbèni (que veux-tu homme ?)

Daddy :(voix froissée)  Permettez-moi de parler à sa majesté.

Un autre garde :(les yeux toujours plaqués à la même direction)  transmets ton message.

Daddy :(tremblotant) Seul sa majesté a le droit d’en prendre connaissance. En tout cas pour l’instant.

Après une courte hésitation, un des  gardes pénètre le palais et ressort quelques secondes plus tard.

Le garde :(voix rauque) Suis-moi !

Une fois devant le roi, daddy se jette à terre. Au fait pas au sol hein car il y des nattes étalées  un peu partout dans ce palais. Il  commence par  pleurer je crois bien hein.

Adéchinan :(faux étonné) Qu’y A-t-il homme?

Daddy : Kabiési oooh ! Kadé okpè lori, ki bata okpè lè sè, ki….

Le roi se lève en  fureur puis tout le monde se prosterne et on n’entend rien que « Kabiési oooh »

Adéchinan : Oto !!!(Ça va !!!) Je veux savoir ce qui t’amène ici et non mes éloges.

Daddy :(paniquant) Kabiési oooh ! Kabiési (sa majesté)

Adéchinan :(se rasseyant) Je t’écoute

Daddy : Votre majesté. Il y a du feu sur le toit.

Otunba (le premier ministre du roi) : Quoi ? Quel toit et qui l’y a mis ?

Daddy : Votre majesté. Votre royaume vient de perdre un sujet et même deux.

Les ministres ensemble : Hum ????  

Daddy : Oui hein et si nous ne faisons rien. Le règne de sa majesté serait compromis.

Otunba : Qui est mort ?

Daddy : La mort est  préférable  dans ce cas même.

Iyalodé : Tu es sérieux là ?

Daddy : Plus que sérieux même  Iyalodé.

La reine : Ouvres-nous alors les yeux

 Daddy : Votre majesté, mon fils a disparu et ce depuis près d’une semaine.

Regardez-moi ceux-là. Akoba !  ils ont tous  soupiré je crois bien de soulagement. On aurait pu dire  que la disparition de son fils n’est pas chose importante pour eux ou  aussi  une chose  pour laquelle il faut se faire  de soucis.

Balogun : Et c’est maintenant que sa majesté a le droit d’en être informe ?

Otunba : De plus, en quoi ton fils représente deux sujets ?

Daddy : Il ne s’agit pas de mon fils seul Otunba. La fille de Codjo aussi a disparu. Votre  majesté.

Balogun :(ahuri) Hum !!! Codjo qu’on a retrouvé mort avec sa famille ?

Daddy : Bien sûr Balogun.

Le roi se lève brusquement et tout le monde se prosterne de nouveau. Il fait des allés et venus puis revient s’asseoir avant de prendre la parole.

Adéchinan: Shola!

Daddy: Kaaaaabiési ooh!

Adéchinan: Que veux-tu de moi ?

Daddy : Longue vie au roi. Je ne veux rien que ce que Kabiési a l’habitude de décider face à  une situation du genre.

Adéchinan :(soupirant et hochant la tête)  Otunba !

Otunba :(se prosternant immédiatement) Kabiési. Je lui trouve raison.

Adéchinan : Iyalodé !

Iyalodé :(faisant de même) Kabiési faisons ce qui est dû pour avoir  un résultat dû.

Adéchinan : Balogun !

Balogun : Bèèni Kabiési. (C’est ça sa majesté)

Le roi se relève de nouveau, se rassied et murmure aux oreilles de la reine qui hoche la tête et sort. Elle revient dans un coup instant avec un garde qui vient se prosterner devant le roi.

Adéchinan :(voix autoritaire) Va me chercher Olouôdè(le chef des chasseurs)

Le garde : Kaaaaabiési oooh !     

Il s’éclipse.  Je vous crois savoir déjà la décision du roi mais il me faut   vous le rappeler ou du moins  le dire à ceux qui ne le savent pas encore. Eh bien il a ordonné que le chef des chasseurs rassemble prépare ces gens pour qu’ils s’éparpillent dans toutes les forêts que nous avons à  Ologo. Combien croyez-vous qu’il y a de grande forêt si ce n’est  la seule dans laquelle nous sommes.    Et je suis sûre que c’est dans celle-ci qu’Olouôdè conduira ces plus vaillants chasseurs. Vous voyez maintenant que nous sommes foutus si jamais Olouôdè et ces gens nous  perçoivent.

 

 

Trois jours après que le père d’Ifèmi soit tenu le roi informé de la situation.

Olouôdè à ses gens : Chers collègues, vous savez mieux que moi  quoi faire face à ce genre de recherche et surtout lorsque celle-ci est lancée par sa majesté lui-même.  S’agissant de sa majesté, nous nous devons  de revenir lui faire un compte rendu de notre recherche avant le coucher du soleil , je veux dire avant 17h et c’est d’ailleurs  la raison pour laquelle il nous a  donné  beaucoup de temps pour nous préparer à cet effet sinon il nous aurait dit de commencer le même jour que son garde est venu me chercher à la maison. Je vous rappelle qu’il n’y a pas d’erreur à commettre et surtout ne tirez pas à la vue des personnes recherchées. Selon les recommandations de sa majesté nous devons  les ramener  ici saint et sauf.  Et je pense bien qu’aucun de vous n’a parlé de cette recherche à sa femme ni à qui que ce soit de peur que les personnes recherchées ne soient tenues informer  et s’enfuir.  Avant  qu’on y aille. Y a-t-il de question ?....... oui Wolé.

Wolé :(consultant les autres au moyen de regard) Moi ma question est : qu’allons-nous faire au cas où les recherchés seront armés et vont vouloir nous abattre ?

Olouôdè : Wolé ne parles pas comme  un gamin. Tu es un chasseur et cela a une signification. De plus, ceux que nous allons chercher ne sont que des enfants qui ne savent rien en matière d’armure ou d’amulettes.  Donc couche ton inquiétude dans un tombeau. Qui d’autre a de question ?

-          Pas de réponse

Olouôdè : Alors ! S’il n’y a plus de question,  on y va donc.

Ils se sont ainsi éparpillés dans la forêt aux environs de 05h.

 

 

Dans la forêt de Fouditi.

 Fouditi est un village voisin d’Ologo. Son nom selon ce que je sais,  dérive de l’expression  èjô ka fouditi sibi c’est-à-dire en nago posons nos fesses ici ou du moins installons nous ici. Fouditi est en quelque sorte le verbe de la phrase car il donne en traduction « installer ».

La nuit n’a du tout pas été longue surtout dans cette forêt où  la fraicheur règne en maitre. C’est déjà le lendemain, Nous sommes dans les environs de 7h. Vous vous demandez peut-être où j’ai trouvé l’heure  pour affirmer cela et je vous direz qu’au village nous  déterminons l’heure selon le visage de la nature.

  Alors blottie sous les pagnes qui constituent  notre fameuse tente,  je dors encore comme un bébé de trois jours.  La fatigue ne se laisse pas faire  en moi à cause de la course que nous faisons depuis des jours. Ifèmi  file tellement et ne s’arrête que quand je réclame à manger ou que quand je commence par pleurer ou encore quand la nuit surprend.

 A mon réveil, je me retrouve seule sur le pagne étalé à même le sol sous cette tente et  commence par paniquer. Mon homme s’est déjà levé  très tôt pour  aller je ne sais où. J’ai  promené mes regards aux alentours mais ne trouve personne. « Quoi Ifèmi m’a abandonné ici ou quoi ? » me demandes-je. Je pense crier mais quoi, je ne sais même pas d’où est sorti ce fameux courage qui vient de prendre place en moi. Je  soupire donc  et décide de m’impatienter un  peu pour l’attendre. Il n’est surement pas allé loin. Dis-je en me recouchant.

Je navigue  dans le sommeil tellement hein,  et croyez-moi sur parole,  si Ifèmi n’avait pas  cassé un fagot  qui a failli emporter mon âme peureuse  je ne vais certainement me réveiller cette fois-ci. Parce qu’en ce moment,  la fraicheur a  peu diminué et les moustiques aussi ont cessé de voler.

Vous comprenez donc que je viens de me réveiller en sursaut

Moi :(baillant et passant la main sur le visage) Que fais-tu Ifè ?

Ifèmi : A ton avis ???

Moi :(toujours occupé à couper le fagot sans coupe-coupe)  Aucune idée ooooh.

Ifèmi : Ok !  Je veux faire le feu.

Moi : Hum ??? Pourquoi faire ?

Ifèmi :(stoppant ce qu’il fait et me fixant) Tu n’as pas froid toi ?

Moi : Si, mais tu as dit hier qu’on n’allait pas rester longtemps ce matin non.

Ifèmi : Ce n’est pas une raison pour que nous nous exposions à la fraicheur et aussi  rester affamer.

Moi : hum !!! Tout ce que tu as emporté avec toi est terminé.

Ifèmi :(moqueur) ha ha ha te voilà.  Tu ne savais pas que ça finirait  quand tu demandais à chaque tierce à manger ?

Moi : Tu m’aurais prévenu non.

Ifèmi : Ah bon ? Et qu’aurais-tu fait ?

Moi :( silence)

Ifèmi : Alors Mademoiselle Sènan je t’informe que ce que nous avons à manger est terminé loooo.

Moi :(silence,  tête baissée)

Quoi ??? Et vous êtes là à me regarder seulement sans rien dire. Depuis une semaine aucune goutte d’eau n’a touché  mon corps et par conséquent une partie de moi que vous connaissez.  Je dois le faire aujourd’hui. N’importe où que se trouve un marigot je vais le retrouver toute suite. « Alors Sènan chité » Sènan lève-toi en fon. Me dis-je en se levant et me dirigeant vers un sentier dont je ne sais même où ça mène.

Ifèmi :(inquiet) Hey !  Où vas-tu comme ça ?

Moi : Je viens.

Ifèmi : ça n’est pas la  réponse à ma question ça. Où j’ai dit

Moi :(me retournant et me penchant sur lui) Dèkpè ! (jeune homme en Goun) Je dis que je viens. De plus quand tu m’as abandonné sous ses pagnes là ce matin, je ne t’ai pas demandé où tu as été. Donc ne me demande rien ok.

Ifèmi : Hum ! Ce n’est pas la guerre oooh. Bon vent à toi pourvu que le lion que je viens de voir ne fasse pas de toi son petit déjeuner.

A ces mots, j’ai tressailli de peur mais suis décidée quand même. Je suis courageuse plus qu’il ne sache.

Moi :(sûre de moi) Quoi que tu dises. Je ne vais pas  baisser. En tout cas je reviendrai te voir avec ce que tu ne crois pas avoir dans ce lieu et en ce moment. Eyi zaandé ! A tout à l’heure en fon

Je tourne alors le talon le laissant seul avec ses fagots de bois et des ignames que je viens même de percevoir près de lui.

Ifèmi :(moqueur) Ah ! Ok mais  ne vas pas remettre gratuitement  ma chose au lion hein.  En tout cas je t’aurais prévenu tcha.

Moi : Oché ! Merci en Nago.

Après quelques mètres de marche, je tombe sur un  marigot dont l’accalmie fait transparaitre sa profondeur  et même  les poissons qui s’y trouvent.  Oh ! Quelle chance pour moi ! Je vais pouvoir me libérer de ces puanteurs  qui font de moi une autre personne.

Soupirant de soulagement, je m’en approche et y fonce mes bras.

Moi :(contente) Très fraîche encore hein. Mon dieu que tu es super !

Je prends le bidon d’Ifèmi que j’ai avec moi,  le rempli d’eau avant de me déshabiller moi-même pour faire le rituel comme on a l’habitude de le dire chez moi.

 Je m’amuse dans l’eau quand je j’entends un tac. Je veux dire un coup de fusil. «  Ça doit être  un chasseur qui vient d’empocher une proie » dis-je en continuant ma natation.  Mais à ma grande surprise, le  tac se répète et cette fois-ci plus fort tout en  s’approchant de l’endroit où je suis.   

A votre avis que faut-il faire en ce moment ? Voilà ! Paff ! Je sors de cette eau bien que  je n’en ai aucune envie en ce moment, enfile mon pagne dont je me couvre rapidement et cours voir Ifèmi avec bien sûr son bidon d’eau.

Il a été vraiment rapide celui-là hein. Il a déjà fini de faire cuire l’igname et même en grignote déjà.

Me percevant venir et dans un tel état, il éclate de rire.

Ifèmi :(ricanant) Ha ha ha ! Je t’avais prévenu.  Où sont tes chaussures ? Ha ha ha ! Dieu merci que tes habits aussi ne te sont pas arrachés. Têtue que tu es. Je t’avais pourtant  prévenu.

Je suis allé me réfugier dans ses bras. Il est debout et s’est adossé à l’arbre.

Moi :(respirant) cesse de rigoler là ! Tu n’entends pas ?

Ifèmi :(l’air sérieux) Quoi ?

Moi :(voix tremblante) Un….un… Euh… le fusil.

Il tend ses oreilles pour écouter c’est alors que le tac s’est fait de nouveau entendre.

Ahan !  Il rit encore hein ce type.

Moi : Quoi ?

Ifèmi : mais c’est un chasseur.

Moi : Quel chasseur ? Ecoute bien.

On se calme tous les deux pour bien entendre. Cette fois-ci le tac s’est fait entendre et  même plus que quand je l’avais entendu.

Moi : Ne reste pas silencieux Ifè. On fait quoi.

Ifèmi : Range les choses. On y va.

 Sans plus tarder nous avons commencé par ranger nos affaires.  Combien en avons-nous ? Rien que les pagnes utilisés pour la fameuse tente, mon pagne et le bidon de mon copain que celui-ci m’a même dit de laisser de peur que ça ne soit pour nous une embuscade.

 Une fois terminé,  Ifèmi saisit mon bras et nous voulons nous en aller quand une voix s’est fait entendre derrière nous.

-          èduro nbè (arrêtez-vous là)

Je vous jure que mon cœur sinon mon âme a failli s’envoler. Hum ! A failli j’ai dit ? Il ou elle s’est envolé(e) ;  car je ne suis plus actuellement présente. Vous voulez savoir ce qui s’est passé je pense. Alors….

A suivre

L'Etranger Invisible