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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
19-
Une semaine plus tard, je suis
dans ma chambre, couchée sur le lit et je relis mes cours d'histoire-géo.
Maman arrive et s'assoit à mes
côtés. Je me relève pour lui faire face.
"Tout va bien pour toi,
ma fille? Et tes cours? ."
"Tranquille, maman. Tout
va bien. Enfin, tu me connais."
"Oui, je te connais. Je
sais que lorsque tu veux quelque chose, tu t'accroches pour l'avoir. Je suis
tellement désolée de ne pas pouvoir t'offrir des études supérieures dignes de
ce nom ! Avec ce salaire d'institutrice et les miettes que je me fait en
donnant des cours particuliers, je peux à peine vivre décemment."
"Maman, le Prêtre a dit
un jour : il faut rêver à la hauteur de ses moyens ; ça évite de commettre des
pêchers. J'ai un rêve à la hauteur de mes moyens. Ne t'inquiète pas pour moi.
L'essentiel est que je réussis et décroche mes diplômes."
"Dieu t'a vraiment bien
faite, Tania Akendengué. Je suis heureuse d'avoir une fille pareille !"
"Et moi, je suis heureuse
d'avoir une mère comme toi, tu peux pas savoir!"
Nous nous serrons dans les
bras l'une de l'autre et ne nous rendons pas compte que Pupuce est entrée dans
la chambre.
"Dis donc, arrêtez, vous
allez me faire pleurer", fait Pupuce.
"Tu peux pleurer, Pupuce.
Nous sommes habituées à tes larmes.", lui fais-je.
"Très drôle Tania
Akendengué. Heureusement que tu est bien forte, car j'aurais besoin que tu me
tienne la main en salle d’accouchement ! Je sais pas comment je vais faire pour
expulser ce bébé!"
"Dans tes rêves, ma
chère. Le seul accouchement auquel j'assisterai, c'est le mien. Il est hors de
question que je sois traumatisée ; ça pourrait me bloquer toute envie d'avoir des
enfants plus tard.", lui fais-je.
"Dis pas de bêtises
Tania. J'ai besoin de toi! Tu ne peux pas me lâcher !", insiste Pupuce.
"Marjorie Akendengué,
arrête de faire des plans dans mon dos. Je te dis que je ne vais pas rentrer
dans cette salle d'accouchement et je n'y mettrai pas les pieds. Même à la
télé, j'ai du mal à regarder ce genre de chose, et tu penses que je viendrais
les vivre en live! C'est comment!!!!"
"Je te laisse le temps de
te faire à l'idée. Je ne rentre pas dans cette salle d'accouchement si tu ne
viens pas avec moi ! Tu t'imagines pas la trouille que j'ai rien que d'y
penser."
"Mama, tes histoires des
blancs là, c'est pas avec moi. Si toi tu as appris à l'école mixte, moi j'étais
à l'école du parc, d'accord. Donc, c'est pas avec moi que tu vas venir faire
tes chichi d'enfant gâtée, d'accord."
"Tu es une sacrée
rabat-joie, Tania Akendengué. Tu verras comment tu seras paniquée quand ce sera
ton tour."
Yoooooo! Pardon, je préfère
aller me fourrer la tête dans mes livres !
Mon téléphone vibre à ce moment-là.
Je le prends et m'éclipse pour aller répondre dans la douche.
"Comment va ma beauté
?"
"Oh! J'adore cette voix.
Comment le plus beau garçon sur terre."
"Tu me manquais trop. Je
suis à ton portail."
je me mire rapidement histoire
d'être sûre que je suis dans mon élément et je cours vers le salon. Miro est
déjà là, assis face à maman. Ils conversent comme de vieux potes.
"Hey beauté, je demandais
à ta mère la permission de t'enlever le week-end."
"Mais, c'est mon
anniversaire! Je ne peux pas bouger."
"Tiens donc ! Et pourquoi
ça!", fait maman.
"Mais, je...j'ai
l'habitude d'être avec toi le jour de mon anniversaire. Et là, c'est spécial.
Nous allons avoir 18 ans!"
"Ben, raison de plus pour
demander un peu de liberté. Ne t'inquiète pas pour moi; je boirai un verre de
mousseux en trinquant à ta santé."
"Mais...mais..."
"Y a pas de mais qui
tienne. Allez faire la fête ensemble. Ça te permettra de déstresser avant ton
examen."
Yoooo! Ma mère me vend comme
ça!
"Et où ira t-on?"
"Oh, nous allons passer
le week-end à Libreville. Nous partons vendredi soir avec mes parents."
"Oh, d'accord. Je vois
que tout est déjà ficelé!"
"Et oui! Ne t’inquiète de
rien. Fais simplement tes bagages. J'enverrai Samba te cher à 17h, car nous
devons être à l'aéroport à 17h 30,"
"D'accord. C'est noté!
Mais comment suis-je sensée passer la semaine au calme en sachant que je vais à
Libreville pour mon anniversaire !"
"On n'a pas tous les
jours 18 ans, ma chérie!"
Sur ce, il m'embrasse sans se
soucier de la présence de ma mère.
"J'aurais bien invité ta
sœur à venir avec nous, mais tu sais qu'elle ne peut pas voyager dans son
état."
ET QUI A DIT QUE J'AI ENVIE DE
PASSER CE WEEKEND LA AVEC PUPUCE!!!???
Je me montre égoïste, cette
année. Je veux un anniversaire, seul avec mon chéri. Pupuce n'a qu'à faire la
fête avec son type. Voilà!
J'accompagne Miro jusqu'à la
voiture où l'attend le chauffeur. Là, je lui demande:
"Tes parents ont accepté
comme ça, de me payer un week-end à Libreville."
"Mon père sait que je
suis fou de toi, bébé."
"Et ta mère?"
"Oh, elle a peur que tu
la remplaces dans mon cœur."
"Oh! Compris. Je te
promets d'être la plus douce de toutes les filles pendant ce week-end. Je ne
répondrais à aucune de ses attaques."
"Oh! C'est vrai ce
mensonge?! Je t'aime malgré tout. Reste-toi et tout ira bien. Elle s'habituera
au fait que tu as volé mon cœur."
"Pince-moi, s'il te
plaît. J'ai l'impression d'être en plein rêve."
"Et que diras-tu le jour
où je t'emmènerai à New-York?"
"Commençons par aller à
Libreville, mon chéri. Ensuite, on verra.
"N'oublie pas que je
t'aime Tania Akendengué."
"Oh! Je ne risque pas de
l'oublier ! ", fais-je en répondant à son baiser.
La voiture s'en va et je
reviens dans le salon.
"Dis, maman, on fera
comment le weekend prochain pour ne pas se retrouver dans le même lit, lui et
moi."
"Oh, ça, ce n'est pas mon
problème ma chérie. Tu es une grande fille, penses à prendre des préservatifs à
la pharmacie avant de monter dans l'avion."
"Oh! Ça c'est qu'elle
mère qui jette sa fille comme ça dans les bras d'un homme."
"Mademoiselle Akendengue,
je préfère te savoir en week-end avec ce garçon bien élevé plutôt qu'en boîte
de nuit avec je ne sais qui. Au moins, tu n'auras pas besoin de sortir par la
fenêtre !"
"Sinon, dis la vérité
maman. Il te plaît bien ce Miro!"
"C'est à toi qu'il est
sensé plaire. Je demande juste au ciel qu'il te traite bien et continue à te
couvrir de tendresse."
"Ok, madame. Je te
promets qu'on fera l'amour comme des bêtes, le week-end prochain."
Devant la mine ahurie de ma
mère, je suis obligée de dire: "J'rigole!"
"Je préfère ça. Mais, je
mettrai moi-même cette boite de préservatifs dans ton sac de voyage. Et viens
avec moi dans la chambre."
Je la suis dans sa chambre.
Arrivée là, elle fouille dans le tiroir au chevet de son lit et en sort deux
billets de 10mille.
"Prend-les et achète toi
une jolie robe pour le dîner de ton anniversaire. Faudrait pas que celle qui te
sert de belle-mère trouve quelque chose à redire sur ton habillement."
"J'aurais beau être
habillée en princesse qu'elle trouvera toujours quelque chose à dire."
"Dis-moi, est-elle la
fille d'un ambassadeur ou d'un chef d'entreprise ? Où se sont-ils rencontrés ?"
"Oh, non. Ni diplomate ni
chef d'entreprise. Elle faisait la vie dans les rues de Brazzaville. Il était
en mission de longue durée là-bas. Elle s'est accrochée à lui. Il lui a payé
des études à l'université de Nanterre, car elle avait au moins son
baccalauréat. Voilà."
"Mais alors, pourquoi
voit-elle d'un mauvais œil ta relation avec son fils? Pourquoi t'a t-elle
traitée de croqueuse de diamants à ce dîner il y a deux mois."
"Oh! Elle a oublié d'où
elle vient. Elle veut me faire croire qu'elle a toujours vécu dans le luxe et
l'abondance. Elle m'a encore répété qu'elle espère que Miro me lâchera et
sortira avec une fille de bonne famille."
"Ce garçon est tellement
amoureux de toi que sa mère se fout les doigts dans les yeux si elle pense
qu'il te laissera tomber. Continue d'être polie avec elle ; ne fait aucun
esclandre."
"C'est ce que je compte
faire, ne t'inquiète pas maman."
Je m'en vais dans la chambre
heureuse d'avoir tenu ma langue. Il aurait fallu d'une seconde pour que je
raconte tout à maman. Cassandra, la mère de miro, a osé me coincer un jour dans
la cuisine, il y a 2 semaines pour me demander si j'ai envoûté son fils. Elle
en est presque arrivée à m'étrangler en m'accusant d'avoir recours à des seaux
et des mixtures pour "marabouter" son fils.
Je l'ai regardé avec des yeux
innocents et lui ai répondu :
"c'est quoi le
maraboutage, Cassandra?"
Là, elle a consenti à me
lâcher et m'a dit :
"Oh, rien, c'est un truc
dont les femmes parlent beaucoup en Afrique! C'est rien."
Et toute honteuse, elle est
partie dans sa chambre et m'a foutu la paix.