2. New-York
Ecrit par Samensa
4 mois plus tôt
ELA
Assise dans le lit, je feuillette
mon livre de chevet en attendant que mon
fiancé rentre. Je suis fiancée à Eric Tra Lou depuis 9 mois. Cependant, nous
nous connaissons depuis le lycée. J’habite chez lui depuis qu’il a demandé
officiellement ma main à mes parents lors de ma dot.
-Salut bébé ! Dit-il en
rentrant.
-Bonsoir mon cœur.
Je me lève pour l’embrasser. Il
me soulève pour me faire tournoyer en l’air.
-Qu’est ce qui te met de si bonne
humeur ? Lui demande-je en riant.
-J’ai une surprise pour
toi !
Il me fait assoir sur le lit et
me demande de fermer les yeux. Des petits bruits me font comprendre qu’il est
en train d’ouvrir sa mallette. Ensuite dans ma main, je sens qu’il dépose des
papiers. Ouvrant les yeux lorsqu’il me le demande, je me rends compte que j’ai
un billet d’avion en main.
-Un billet d’avion ?
New-York ?
-Surprise !
-Mais… Pourquoi ?
-Je veux juste t’offrir un voyage
pour te détendre. Tu pourras y faire des courses pour le mariage, te reposern
tout ce que tu veux !… Je pensais que ça te plairait.
-Mais si ! (Je lui saute au
cou). C’est juste que je ne m’y attendais même pas. Merci mon amour. Tu es
merveilleux.
-Je ferai tout pour te rendre
heureuse Ela. Tout ce qui est en mon pouvoir. Parce que tu es mon tout.
-Tu me gâtes trop ! Et t’es
trop mignon mon chéri.
-Je (il m’embrasse) t’aime.
Il me serre dans ses bras et nous
restons un moment silencieux.
-Allez ! Va apprêter tes
affaires ! Tu décolles demain. Et puis, n’oublie pas de laisser ta bague
de fiançailles avant de partir, je dois l’envoyer chez le bijoutier.
-Pourquoi ?
-Tu penses qu’il va s’en sortir
après nous avoir vendu du toc ?
-Laisse tomber bébé.
-Non, il va remplacer la
bague !
-Ok !
J’enlève ma bague de fiançailles
et la dépose au chevet du lit pour aller ensuite dans le dressing pour faire
mes valises. New York, j’arrive !
C’est ainsi que j’ai pris l’avion
pour New York pour un séjour de deux semaines. Dès mon arrivée, je me suis mise
à faire les boutiques pour trouver toutes sortes de choses originales pour mon
mariage. Tout se passait bien jusqu’à ce jour, le 6ème jour à New
York, le jour de notre rencontre.
J’étais dans un bar typiquement américain
en train de regarder un match de football sur un écran géant. C’est vrai que je
n’y connaissais personne mais ayant passé plusieurs vacances aux Etats Unis,
j’ai voulu me remémorer le bon vieux temps : les cris des supporters, leurs
chants, la bière à gogo, …
-Bonsoir jeune demoiselle.
Je fixe l’homme qui vient de me
saluer. Mes battements de cœur s’accélèrent immédiatement tellement je suis
délicieusement choquée de voir un tel spécimen. Je détourne vite le regard pour
éviter qu’il lise dans mes yeux. Il s’assoit sur le tabouret près de moi. Je
suis submergée par son parfum, un mélange viril et boisé que je respire à
pleins poumons. Il a dû le remarquer puisqu’il rit doucement et se tourne vers
moi.
-Que fait une jolie jeune fille
comme vous dans un bar rempli de mecs en chaleur ? Me demande-t-il en
anglais.
-Je suis une femme ! Pas une
fille ! Et puis, fichez moi la paix !
-Elles disent toutes ça au début.
Répond t -il. Vous n’êtes pas du coin si je me fie à votre accent.
-Donc ?
-Laissez-moi être votre
guide !
-Non !
J’essaie de me lever mais je suis
prise d’un vertige et perds l’équilibre. Je crois que j’ai dépassé mon quota de
boisson alcoolisée. Il me rattrape rapidement en me prenant la taille. A ce
moment, j’ai son torse dans le visage et je n’ai qu’à lever la tête pour
rencontrer ses lèvres. Malgré cela, je lève la tête. Nous nous regardons dans
les yeux, son souffle dans mon visage. Je suis même capable de compter ses cils
tellement nous sommes proches.
-Je voulais vous offrir un verre
mais je vois que vous n’en avez pas besoin… Allez, venez, on va dessoûler.
Je suis tellement hypnotisée par
son parfum que je le laisse m’emmener dehors sans broncher. Nous marchons dans
la rue en silence, lui me tenant par les hanches. Au coin d’une rue, il nous
achète des hot-dogs et nous nous asseyons sur un banc. Manger me fait un bien
fou car je ne sens bientôt plus les vertiges.
-Merci pour tout mais je crois
qu’on va se séparer maintenant. Dis-je en me levant.
-Ah je vois ! Une jolie
femme ingrate.
-Pardon ?
-Après tout ce que je viens de
faire pour vous, vous me laissez comme ça !
- Je vous ai remercié. Vous
auriez voulu quoi d’autre ?
-Que vous m’accordiez un diner.
Un vrai diner.
-D’accord.
-Ah ça, je ne m’y attendais pas.
Vous me répondez oui tellement vite que j’en ai peur.
-J’ai dit oui, je tiendrai
parole.
-D’accord.
Il se tient debout me regardant
droit dans les yeux.
-Alors belle demoiselle… Vous
voyez le restaurant en face ? On s’y retrouve demain à 7h !
-C’est compris. Bonne soirée.
Je suis en train de m’en aller
lorsqu’il me saisit la main.
-Au fait, moi c’est Dave.
-Enchantée Dave. Je m’appelle
Ela.
Nous nous quittons après s’être dit au revoir du regard.
Le lendemain midi, je me réveille
avec un léger mal de crâne que je fais passer avec des comprimés. Je reste au
lit à me retourner dans mes draps, réfléchissant au fait d’aller au rendez-vous
ou non. Après maintes cogitations, je me lève du lit. Direction la salle de
bain pour me pomponner. Il faut que je me rende belle pour lui en mettre plein
les yeux et lui clouer le bec. Je passe donc plusieurs heures à me
préparer : bain parfumé, épilation complète, brushing, manucure, pédicure,
maquillage,…
Lorsque j’arrive au restaurant,
il est déjà attablé, un verre de vin à la main. A ma vue, il se lève, sourire
aux lèvres et me sert dans ses bras. Décidément, ce mec est un véritable danger.
Non seulement pour moi mais aussi pour toutes ces femmes dans le restaurant qui
lui jettent discrètement des coups d’œil. Mon cerveau, lui, se vide
instantanément de toutes les piques que j’avais préparés pour l’envoyer baladé.
Le diner se passe plutôt bien,
très bien même. Nous discutons de tout et de rien et le courant passe merveilleusement
bien. Je ne m’ennuie pas une seule seconde. Je reste suspendue à ses lèvres,
buvant chacune de ses paroles avec un air d’adolescente devant son idole. Quand
il sourit, je souris. Quand il rit, je ris aussi. A toutes ses questions, je
réponds oui comme une idiote.
A la fin du diner, je peux le
décrire comme : beau, intelligent, charismatique et … baisable.
-Merci de m’avoir accordé le
privilège de dîner avec toi, Ela.
-Ca a été bien. Je te remercie
aussi.
-Ela ? (Il pose sa main sur
la mienne)
-Oui ?
-Et si j’allais te montrer chez
moi. Tu pourrais me rendre visite quand tu seras de passage ici.
« Non Ela. Tu es rassasié, rentre chez toi ! Tu ne peux pas
t’en aller avec ce mec. Tu te rappelles d’Eric ? C’est ton fiancé. Oui, tu
es fiancée ma chère » Me sonne ma conscience.
-Bonne idée ! Allons-y !
M’écris-je malgré tout, balayant du revers de la main les sermons de ma
conscience.
L’appartement de David est plutôt
luxueux avec une décoration simple. C’est un grand studio avec une petite
cuisine aux tons rouge et noir et un lit imposant visibles dès qu’on entre. Quand
nous entrons, un silence pesant s’installe entre nous. Je ne cesse de passer ma
main sur mon cou, signe que je suis stressée. Moi Ela, seule dans une
garçonnière avec un homme que je connais à peine.
D’un coup, je sens une main sur
mon épaule. Je me retourne pour lui faire face.
-Tu ne sais pas à quel point j’ai
rêvé d’embrasser ces lèvres. Dit-il en caressant mes lèvres.
-Alors, qu’attends-tu pour
réaliser ton rêve ?
Il sourit puis se penche pour
prendre mes lèvres dans un baiser. Ciel ! Cet homme embrasse comme un
dieu. Je me surprends même à passer ma main autour de son cou pour l’attirer à
moi et à gémir. Il met fin au baiser en enlevant ma blouse. Ensuite, je regarde
mes vêtements tomber au sol un à un.
-Tu es magnifique Ela.
-Merci… Je veux te voir nu aussi
Dave.
J’ai chaud malgré le fait que je
sois nue dans une pièce dont le chauffage n’est pas allumé. Sans réponse, il me
fait coucher dans le lit. Bientôt, mon corps entier est parcouru de baisers, de
caresses et la chambre emplie de mes gémissements.
-S’il te plait, prends moi !
Dis-je en tremblant de tous mes membres.
Effectivement, je suis au bord de
la crise de larmes tellement j’ai besoin de l’avoir en moi. Lui aussi, si je me
fie à la bosse qui déforme son pantalon. Je l’aide donc à se déshabiller.
La vue est à couper le souffle.
Ces muscles, ces abdominaux, cette érection. C’est plus que je ne peux
supporter. Je l’attire à moi pour l’embrasser. Il cale un oreiller sous mes
fesses, enfile un préservatif et me pénètre lentement, s’arrêtant à chaque
centimètre pour observer ma réaction. J’essaie de bouger mes hanches vers lui
mais il me les saisit pour me plaquer contre l’oreiller. Quand il s’enfonce
totalement, il entreprend des mouvements de va et vient irréguliers, tantôt
lent, tantôt rapide. Tout ce temps, il m’oblige à le regarder. Nous finissons
par jouir ensemble dans les bras l’un de l’autre comme si nous nous étions
donné le signal.
Il me fait coucher, la tête sur
son torse et se met à me caresser le dos.
-Dis-moi Ela, qui es-tu ?...
Qui es-tu pour chambouler mon programme ainsi ? Me demande-t-il d’une voix
vraiment profonde.
-Que veux-tu savoir ?
-Parle-moi de toi. Je crois avoir
passé tout le temps à parler de moi ce soir.
-Alors, je m’appelle Ayehla mais
tout le monde m’appelle Ela. Et je suis une fille. (Je ris.) C’est tout ce que
tu as besoin de savoir.
-Ayehla ? Original comme
prénom.
-Il signifie « On
l’aime ». C’est originaire de l’est de la Côte d’Ivoire.
-Tu es Ivoirienne ?
-Oui. Pourquoi ?
-Moi aussi, je suis ivoirien.
Quelle coïncidence tu ne trouves pas ?
-Exactement… Mais, tu gâches
l’ambiance là.
-Désolé.
Il resserre son étreinte. J’ai
connu pas mal d’hommes dans ma vie mais avec celui-là, c’est différent. Même
avec Eric, ça n’a jamais été aussi intense. Eric mon fiancé. Et merde !
Tout ce dont j’ai fait abstraction pour me retrouver ici me tombe soudainement
dessus. Je me lève immédiatement du lit pour chercher mes vêtements.
-Oh ! Tu peux m’expliquer ce
que tu fais ? Demande t-il.
-Je rentre chez moi. Ecoute, je
crois qu’on a commis une grave erreur.
-Quoi ? Qu’est-ce que tu
racontes ?
-Je dis que je regrette d’avoir
été aussi idiote pour me laisser aller avec toi ! Dis-je en criant.
Assis dans le lit, il me regarde
étonné.
-Tu as des troubles bipolaires ?
C’est toi qui me demandait il n’y a pas 5 secondes de ne pas plomber l’ambiance
et qui gémissait à mourir dans mes bras !
-Oui et c’est fini maintenant. Je
ne te connais même pas
-Ok ! Va-t’en alors ! Me
dit-il énervé.
Il me jette la clé du studio puis
entre dans la salle d’eau. Les yeux embués, je sors de l’appartement en
claquant la porte.
Pestant contre moi-même, j’emprunte
un taxi pour mon hôtel. Je me sens mal c’est certain. Cependant, la raison de
ce mal être est encore floue dans mon esprit. Est-ce parce que j’ai trompé mon
fiancé ? Ou parce que je ne reverrai plus mon amant d’un soir ?
Le reste de mon séjour, je le
passe avec mon morale à zéro dans ma chambre d’hôtel. Je finis par décider de
ne parler à personne de ce qui s’est passé à New-York. Après tout, ce n’est
qu’une erreur qui ne se répètera jamais.
Je suis humaine. Je ne suis pas
parfaite.