23. Tourtereaux
Ecrit par SSS
……….dans la peau de Leilatou Maddo……….
Je tremble jusqu'au bout des orteils. Je n'ai jamais vu Max dans un tel état. Il va me tuer c'est sûr.
Il se lève et fait des allers-retours dans le salon en se tenant la tête. Les minutes qui passent sont interminables.
Soudain, il s’arrête et se retourne vers moi. Ses yeux avaient pris une teinte rougeâtre.
- Lui : Leila tu n'avais pas le droit !! Tu n'avais pas le droit de me faire ça ! Key est aussi ma fille après tout.
- Moi : Je te jure que je ne le savais pas jusqu'à l'autre jour à l’hôpital. Je te l'ai dit, je pensais que…..
- Lui : Tu pensais que dalle !!!!! Tu n'es qu'une égoïste ! Tu as choisi Eugenio parce-que ça t'arrangeait surtout. Un pauvre type comme moi aurait gâché ta vie n’est-ce pas ?? Non mais tu te prends pour qui pour choisir à la place des autres ? Tu penses que tu peux décider de la vie des autres ?
- Moi : ( en larmes) Max tu dois me croire, je ne le savais pas..
- Lui : Tais toi ! Tu ne fais que mentir. Et même si tu disais vrai Leila, tu es chez moi depuis bientôt un mois. Un mois que tu te lève chaque jour dans ma maison, qu'on se voit, que tu regarde dans mes yeux pour me parler et tu n'as pas la délicatesse de m'avertir ??? Pourquoi ? Pourquoi tu es comme ça ? J’allais gâcher tes plans c’est ça ? Essayer de récupérer ma fille et t'empêcher de te retrouver avec ton grand amour Eugenio ? Mais grandis un peu !! Le monde entier ne doit pas tourner autour de toi et de tes intérêts !
Il commence par m'énerver. Je ne lui doit pas d'explication sur ce que je fais de ma vie. À mes yeux il ne vaut rien et le fait que je lui ai pondu un gosse ne change rien, ce n'était qu’un pur accident.
- Moi : Arrête de me crier dessus d'accord ? Tu n'en a pas le droit ! Tu as fini de m'insulter, hein ? Je n'en ai rien à faire de ce que tu penses de moi. Key est ma fille, c’est ma propriété. J'en fais donc ce que je veux et c'est pas ton problème.
Il me toise d'un air méprisant et secoue la tête.
- Lui : (soupir) Tu me fais pitié. Ne t’inquiète pas, tu auras des nouvelles de Key mais je m'arrangerait pour qu'elle ne vive pas avec une femme comme toi.
Il sort de la maison et claque la porte si fort que j'en sursaute. Non, non, non ça peut pas arriver. Je ne peux pas perdre le contrôle de la sorte, c'est pas possible. C'est ce que je veux qui se passera. Et je ne laisserai ni Eugenio ni cet imbécile me prendre la personne la plus importante pour moi.
………… dans la peau de Maxime Saze………..
Il faut que je j'aille loin de cette maison sinon je risque de commettre un meurtre. Je ne peux plus la supporter. Comment on peut être comme ça ? Si égoïste ?
J’en reviens pas : j'ai une fille. Je suis père, bordel ! C'est tellement soudain, tellement inattendu…je suis perdu. Je sais pas quoi faire, quoi penser. Je ne suis pas, alors pas du tout pas prêt pour ce genre de chose. Moi ? Un enfant ? Depuis 3ans ??? C’est la douche froide.
Je prends mon véhicule et je roule comme un forcené pendant au moins 15 min. La route est degagée donc je met le moteur à fond et j’avale les kilomètres. Je m’arrête ensuite au coin d'une rue crevassée, histoire de respirer un bon coup. À vrai dire, j'ai besoin de quelqu'un à qui parler. Je prends mon téléphone et je sais exactement qui appeler. J’espère juste qu'elle ne dors pas encore.
- Moi : Allô ? Excuse moi de te déranger princesse, je sais qu'il est tard mais…..j'ai besoin de toi. J'ai besoin de parler, je crois que je vais craquer, s'il te plaît…………je peux venir ?..............je t'expliquerai quand je viendrai……………..non t’inquiète………………..merci chérie. À tout à l'heure.
Je rebrousse chemin et je roule super vite pendant 10 min. Je m’arrête devant une résidence privée.
- Moi : Allô ? Je suis déjà devant chez toi.
Quelques secondes plus tard, le portail s'ouvre et la femme la plus belle femme du monde vient m'accueillir.
- Elle : Oh lala ça n'a pas l'air d'aller…
- Moi : Ah Yani si tu savais. Je sais plus quoi faire.
- Elle : Vient, aller entre.
J'entre dans la maison. Elle est assez vaste et très bien décorée. L'odeur florale dans le salon me met tout de suite à l'aise.
- Elle : Assieds-toi, met toi à l'aise. Je te sers quelque chose à boire ?
- Moi : Merci mais non, je risque de faire pipi au lit maman.
- Elle : Rire. D'accord.
Elle vient s'asseoir près de moi et prends mes mains dans les siennes.
- Elle : OK je t'écoute. Qu'est ce que tu as ?
- Moi : Eh ben, devine quoi. Je suis père !
- Elle : (roulant de gros yeux) Hein ??? Tu es sérieux ?
Je lui narre toute l’histoire. Elle m'écoute patiemment jusqu'à la fin et a l'air aussi sonnée que moi.
- Elle : Hey Leila ! Je comprends maintenant. Mon pauvre chéri. Qu’est-ce que tu compte faire maintenant ?
- Moi : Je vais pas te mentir, je sais pas vraiment. Cette enfant est plus la fille de Eugenio que la mienne. Il l'a vu naître, grandir et a passé de bons moments avec elle. C'est lui qu'elle reconnait en tant que père et non moi. De toute façon il m'empêchera de me rapprocher d'elle, il est très borné comme tu le sais. Et bien plus fortuné.
- Elle : Tu as raison. Mais essaie de te calmer pour le moment. Après une bonne nuit de sommeil, je pense que tu auras les idées plus claires. Demain on va en reparler, d’accord ?
- Moi : D’accord, merci Yani. Puis-je dormir ici ce soir s'il te plaît ? Je ne veux vraiment pas voir l'autre là, elle m'énerve tu peux pas savoir. Je dormirai sur le canapé.
- Elle : bien sûr que tu peux dormir ici. Mais tu vas quand même pas dormir sur le canapé, je vais t’installer dans la chambre de Maman, elle est en voyage pour le moment.
- Moi : T'es sûr qu'elle aimerait ?
- Elle : Bof c’est pour une nuit. C’est pas comme si tu allais faire pipi au lit.
Son rire est contagieux et surtout apaisant. Quand je suis avec elle, j’ai l’impression que tout le reste est relatif, je suis tout simplement heureux. Ça fait une décennie que je me suis senti comme ça avec une fille. Ça doit être un signe. Yani est une femme avec laquelle tout homme respectable voudrait construire quelque chose de durable.
- Moi : Yani ?
- Elle : Oui ?
- Moi : Merci d'être toujours là pour moi. Merci de me supporter surtout.
- Elle : Mais non, merci à toi. Tu as tellement fait pour moi, c’est grâce à toi que j'ai accompli tant de choses. Et jusqu’à présent tu continue de me soutenir.
- Moi : Je n'ai rien fait d’exceptionnel. Et j'aimerais tellement faire plus pour toi…..partager plus de choses, des rires, des joies mais aussi des peines, te seconder dans la vie de tout les jours. Bref, être plus qu'un ami pour toi.
- Elle : Max, qu’est-ce que tu veux dire par là?
- Moi : Yani, ça fait des années qu'on se côtoie. Et pendant tout ce temps, j’ai appris à te connaître. C'est vrai que tu me plaît depuis longtemps mais je me suis toujours retenu à cause du contexte un peu compliqué de l’époque. Aujourd’hui tout ça ne veux plus rien dire à mes yeux. Je veux être plus que ton ami. Et je sais que tu le veux aussi. Nous ne sommes plus des enfants tu sais. Saisissons notre chance s'il te plaît.
Elle reste là pensive quelques instants. J’appréhende un peu sa réponse. Elle me regarde dans les yeux et sourit.
- Elle : Tu es sûr que tu es prêt à laisser toutes tes tchoins de luxe aux fesses et aux poitrines provocantes pour une seule femme ??
- Moi : Elles ne sont que des femmes. Toi tu est LA FEMME. J'ai grandi tu sais, et il y a des choses que je dois abandonner, y compris ma prostitution et me consacrer uniquement à toi. Et à vrai dire, ça fait un bout de temps que je suis fait une meuf juste pour le plaisir. Je veux me caser, avec toi.
- Elle : D’accord alors. Je préfère te croire sur parole. J’accepte de te suivre. Mais je vais pas te mentir, le fait que tu sois lié à Leila par un enfant ne m’enchante pas du tout. Je ne veux pas avoir affaire à elle.
Elle a raison. Mais que puis-je faire moi ? C’est déjà arrivé, je ne peux qu'assumer.
- Moi : Je sais, ça ne m’enchante pas aussi. Mais c’est une erreur du passé que je ne peux changer. Que puis-je te dire à part te rassurer ? Je te jure que je ferai tout pour gérer cela au mieux. Essaie de me faire confiance sur ce coup là s'il te plaît.
- Elle : Hummm. OK, j'attends de voir. Mais ne crois pas que c’est parce-que tu m'as dit tout ça que tu vas dormir dans mon lit ce soir. Direction la chambre de ma vieille illico presto.
- Moi : À vos ordres grande dame. Mais avant je veux un vrai bisou.
Sans se faire prier, elle prend mon visage entre ses mains et me donne un délicat baiser. Bien sûr j'en veux plus, mais elle me pousse, disant que je suis trop pressé. Ah que puis-je faire ? Je suis déjà chanceux qu'elle me dise oui.
Elle m’emmène dans la chambre de ma belle-mère. Ça me fait bizarre de me dire ça mais bon. Elle dresse le lit et me donne des couvertures.
- Moi : Bb dors avec moi ce soir. Je te ferai rien promis, je tenterai rien.
- Elle : Tu es sûr ?? T'es un mec tranchant hein.
- Moi : Promis. Je veux prendre mon temps avec toi.
Elle accepte et vient se lover contre moi. Pour être honnête, mon corps n'est pas insensible au sien. Mais j'ai promis, et je serai sérieux. On se recouvre et on se fait un dernier câlin avant d'éteindre la lumière. J'aimerais tellement que toutes mes journées se terminent comme ça, entre ses bras.
******** le lendemain matin*****
……..dans la peau de Yani Balka……….
Il est presque 9h. Ahhhh j'ai dormi comme un bébé dans les bras de mon athlète. Malheureusement il est parti pour un truc urgent au travail très tôt ce matin. Seigneur si c'est un rêve, ne me réveille surtout pas parce-que ça devient intéressant. J'ai nargué mon ex hier soir et je me suis mise avec un homme super juste ensuite. J’ai encore l'odeur de son parfum imprimé dans les draps et le goût sucré de ses lèvres me hante. Ça fait une éternité que j'ai ressenti ça, tant de légèreté.
À vrai dire, j’attendais qu’il me demande de sortir avec lui comme la venue de Jésus donc je n’ai pas su lui dire non. Mais attention, tout ne lui est pas permis. Et franchement son histoire d'enfant là me refroidit un peu. Mais bon, il n'y a pas de relation parfaite.
Je ne vais pas au bureau aujourd’hui, trop fatiguée. Je vais donner les consignes à la secrétaire par téléphone. D’autant plus que ce soir, il y a le Gala de l'Entreprenariat qui réunit les chefs d'entreprise de tout le pays pour des échanges professionnels très enrichissant. J'ai reçu une invitation pour deux et je compte y aller avec mon Maxime. J'ai juste eu le temps de lui dire avant qu’il n'aille au boulot aujourd’hui.
Il n’était pas trop chaud mais il a fini par accepter, bien sûr.
Je sens que je vais pas passer toute ma journée sur un petit nuage. J'ai hâte que mon Max rentre du travail pour jouer à l'amoureuse adolescente avec lui.
******** Le soir à 19h*******
Nous venons d'arriver au prestigieux hôtel Le Bohémien. Garer notre véhicule n'a pas été aisé parmi les grosses caisses qui remplissent le garage ce soir. Je me suis mise sur mon 31, ainsi que mon mec. Oui oui, mon mec. C’est super de se sentir comme ça aux côtés de quelqu’un.
Je lui tiens le bras et avec classe, nous entrons dans la gigantesque salle de réception où se sont déjà installés une petite centaine d’invités de tout bords princièrement habillés. Une hôtesse nous dirige vers notre table.
C'est une table à 6 places dont deux à mon nom. Max me tire l'une des chaises, il est trop chou. On s'assoit et on prend une ou deux dragées en attendant. Pour l'instant, nous seuls à notre table et Max en profite pour me faire de discrets bisous.
- Moi : Max arrête stp, on est à un gala publique.
- Lui : Je sais, je me suis pas jeté sur toi non plus. Tu es ma chérie ou pas ? Ou bien il y a ton autre pointeur dans la salle ?
- Moi : Mais non, tu es le seul et tu le sais. Mais les bisous ce sera pour plus tard, d'accord ?
- Lui : OK comme tu veux. Ces dragées sont délicieuses.
- Moi : Oui mais on a dit dragée pas poulet braisé donc faut pas tout manger comme un villageois.
- Lui : Sauvage là, c’est de moi tu parle ?
On se marre bien pendant quelques minutes. Ensuite je regarde à côté histoire de voir ce qui se passe et là surprise….à la table juste à côté, je vois Eugenio Da Silva, tout fringuant et frais, assis dans son fauteuil roulant. Avec Claudia, ils discutent tous souriants. Ça ne me surprend pas trop, il est l'un des participants incontournables pour ce genre d'évènement. Mais ce que j'aime moins, c'est qu’il soit juste à côté de nous.
J’essaie de ne pas le regarder mais à un moment, son regard se décale et bam…..tombe directement sur le mien. Son sourire vire automatiquement. Il regarde la personne assisse à côté de moi et se rend compte que c'est Maxime. Ses mâchoires se durcissent. Je sais reconnaître quand il est contrarié et à ce que je lis dans ses yeux, il est très très contrarié.