ELA

Alors que M. Tra Lou prend la parole, l’une des filles de la maison vient annoncer un visiteur qui n’est personne d’autre que ma petite sœur Api.

Celle-ci parait vraiment surprise en nous voyant tous présents et assis sur la terrasse.

Mme Tra Lou l’accueille en la prenant dans ses bras. Puis, Api nous salue tour à tour en distribuant des sourires à tous sauf, bien évidemment, à David et moi. C’est une qualité de ma sœur, elle n’est pas hypocrite et je l’apprécie pour cela.

-Allez assied toi ma chérie ! Dit Mme Tra Lou à l’endroit d’Api.

-Euh non. Je ne vais pas vous déranger. De toute façon, la raison de ma venue ne devrait pas prendre plus de 5 minutes.

-Ah bon ? Quelles sont les nouvelles alors ?

-De bonnes nouvelles, Dieu merci. Elle tend une enveloppe à mon ex belle-mère. Je me marie le mois prochain.

Je tique, surprise. Les autres poussent des exclamations de joie et des félicitations.

-Quoi ? Mais c’est dans deux semaines ! s’exclame Mme Tra Lou en scrutant l’intérieur de l’enveloppe. Ce n’est pas trop rapide ? Pourquoi vous vous précipitez comme ça ? Laissez-nous le temps de bien organisé tout ça.

-Le plus tôt sera le mieux Tantie. Répond doucement ma sœur en baissant les yeux.

-Api ? Lance l’autre en la regardant du coin de l’œil. Ne me dis pas que…

Ma sœur garde toujours la tête baissée, un sourire aux lèvres en croisant les doigts.

-Eh les enfants ! Vous allez nous tuer. Félicitations deux fois ma fille. S’exclame-t-elle une fois qu’elle a compris comme nous tous d’ailleurs.

-Merci tantie.

Les autres plaisantent avec elle un moment avant qu’elle ne se décide à partir.

Je l’accompagne jusqu’à l’entrée.

-Tu imagines ma surprise d’apprendre en même temps que tout le monde que tu te maries et que tu es enceinte ! M’exclamai-je.

-…

-Tu comptais m’en parler quand ? Et m’inviter quand ?

-Tu n’es pas invitée Ela.

-Quoi ?

-Je ne veux pas de scandale à mon mariage.

-Tu n’es pas sérieuse ?

-La dot a été un fiasco. Je ne supporterai pas que mon mariage en soi un. Je veux que toute l’attention soit portée sur moi, la mariée. Pas sur ma sœur.

-Je suis ta grande sœur Api. Tu te rends compte de ce que tu racontes ?

-Oui, je mesure la portée de ce que je prends comme décision. J’en ai parlé aux parents et ils sont entièrement d’accord. Ela, je n’ai rien contre toi. C’est juste que pour l’instant, il faut que tu fasses profil bas et venir à mon mariage est une mauvaise idée.

-Soit. Mais qu’est ce qui t’empêchait de me faire part de ces évènements marquants de ta vie ? Je suis ta grande sœur et rien de ce qui se passe ne pourra changer cela. Je t’aime Api. Ne m’écarte pas de ta vie.

-Je t’aime aussi Ela, raison pour laquelle je t’avais mise en garde. Tu t’es quand même entêtée. Tu te souviens des paroles de la prophétesse ? Tu as déjà perdu ton enfant, qu’est-ce que tu es prête à regarder partir encore une fois pour cet amour interdit ?

-Vous ne comprenez pas…

-Justement, personne ne comprend.

Rapidement, elle me serre dans ses bras et sort de la maison. Pendant quelques secondes, je reste debout, le regard perdu dans le vide. Je suis vraiment touchée par les décisions de ma sœur. J’étais censée être là pour elle, la soutenir. Malheureusement, j’ai tout gâché.

 

Je retourne à la terrasse pour suivre la réunion. David a la parole.

-Dis-moi juste ce que tu veux Nancy. Je suis prêt à tout faire pour que cet enfant ne manque de rien. Cependant, on doit être clair que mon argent ne te profitera pas.

-Tu crois que je suis une crève la faim ? S’offusque Nancy.

-En tout cas, à te voir dans les pattes de mon frère, laisse-moi avoir le bénéfice du doute. Et en plus une ancienne prostituée.

Rodrigue traverse la distance qui nous sépare en une fraction de seconde pour prendre David  par le col. Nous essayons tant bien que mal de le faire lâcher prise sans succès.

-Tu parles ainsi à ma sœur, je te casse la gueule. Tu m’as compris ? Qu’est ce tu crois ? Espèce de vaurien.

David s’apprête à répondre lorsqu’Eric intervient.

- Laisse-le. Il faut savoir raison garder Rodrigue.

A ces mots d’Eric, Rodrigue relâche David. La tension est palpable. Je tourne la tête vers Nancy qui regarde la scène avec amusement. Elle m’énerve tellement que l’envie de me jeter sur elle pour la prendre par les cheveux m’effleure l’esprit.

Une fois les esprits calmés, les négociations reprennent cours. Les Tra Lou demandent alors à Nancy ce qu’elle attend au sortie de cette réunion.

-Je veux seulement que David reconnaisse son enfant. Dit-elle. J’ai trop souffert de ma relation avec lui, si courte soit elle. À cause de toi, ajoute-t-elle en fixant David, j’ai été blessée dans ma dignité de femme, abandonnée par mes proches, réprimandée, rejetée…

Ah ben, elle ne va quand même pas exagérer. Abandon, réprimande, rejet, et puis quoi encore ?

-Je veux juste qu’aux yeux du monde, mon nom soit lavé. Et la seule manière de la faire, c’est de reconnaitre ton fils. Par ailleurs, pour le mal fait à ma personne, je veux que tu me présentes des excuses.

-David ?

-Oui papa.

-Voici ce que la jeune dame, la mère de ton enfant demande. Es-tu prêt à accéder à sa demande ?

-Comme je l’ai dit tantôt, répond un David très irrité, je suis prêt à reconnaitre cet enfant et à faire en sorte qu’il ne manque de rien. En ce qui concerne les excuses… Nancy ? Je suis désolé mais tu n’en auras pas. Je ne compte pas m’excuser d’avoir suivi la logique. Tu conviens avec moi que tu n’étais pas une fille des plus saintes donc qu’on ne se voile pas la face. Tu as fait des erreurs, ce sont les conséquences, assume !

-Qu’est-ce que ça te coute de présenter tes excuses ? Intervient subitement Eric.

-Et toi, en quoi est ce ton problème qu’il lui présente des excuses ou pas ? Répondis-je du tac au tac.

-Non, non et non. Tu n’as rien à voir dans cette histoire. Déjà que je ne sais pas pourquoi tu es là, tu ne vas pas venir aussi donner ton avis sur ce sujet. Lance Nancy.

-Elle a raison. Soutient son frère. Merci de ne pas interférer dans notre histoire. Si tu trouves cela difficile, tu peux toujours t’en aller. Personne ne te retiendra.

Je reste bouche bée devant le ton agressif de Rodrigue. Et donc Eric a le droit de s’exprimer et pas moi ?

-Je ne vous permets pas de la traiter de la sorte. Ela est ma compagne et elle a le droit d’être ici car elle aura une grande part à jouer dans la vie de l’enfant.

-L’enfant de qui ? interroge Nancy. Si c’est le mien alors détrompe toi. Je ne confierai jamais mon enfant à ce genre de femme !

-Ce genre de femme ? Tu veux dire quoi Nancy ? Lui demandai-je à mon tour.

Eric prend la main de Nancy pour la calmer en lançant un « Laisse. Elle n’en vaut pas la peine ». J’avoue que sur le coup, entendre cela est comme recevoir un coup de poing dans le ventre. Jamais je n’aurais cru qu’un jour Eric puisse dire que je n’en vaux pas la peine.

-Ela ?

-Oui maman.

-Je vais te demander de nous laisser continuer la réunion. Ta présence ne nous aide pas vraiment.

Sans attendre une réponse de ma part, Mme Tra Lou se détourne de moi pour demander aux autres de se calmer. Je me lève donc doucement pour me rendre dans le salon pour attendre la fin de la réunion.

 

NANCY

J’ai dansé la salsa dans mon cœur lorsque Mme Tra Lou que j’appelle affectueusement M’man a demandé à Ela de partir. Ben quoi, faut que je me mette la futur belle famille dans la poche !

Je n’ai pas hésité à lui lancer un sourire moqueur et à serrer la main d’Eric en la regardant partir. La souffrance, je la sens sur son visage. Comptez sur moi pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Je la ferai souffrir autant qu’elle a fait souffrir Eric.

La suite de la réunion se passe comme je l’avais prévu. David, avec son égo, met du temps à présenter ses excuses. Mon frère, sur les nerfs, manque par plusieurs fois d’en venir aux mains avec lui. M’man et son époux luttent pour l’intérêt de leur petit fils et donc pour le mien.

Eric lui, essaie de calmer les choses avant que tout ne se dégrade. Il garde son calme malgré tout et ne répond à aucune des provocations de son frère. C’est ça un homme. S’il fallait que je passe ma vie à le regarder, je le ferai. Personne ne peut comprendre le plaisir que je tire à l’avoir près de moi, à sentir son parfum, son odeur. Lorsqu’il me touche, j’ai les sens dessus dessous. Je le vis comme le premier amour mais décuplé. Jamais je n’aurai cru cela possible : aimer si fort. L’amour c’est bon. Ce le sera encore plus lorsque les sentiments seront partagés.

Bilan de la réunion : David a promis s’occuper d’Elie et a présenté ses excuses si on peut appeler ça comme ça. Il s’est engagé à verser la somme de 300 000 Frs CFA chaque fin de mois pour son fils. Toutefois, il n’a réclamé aucune garde. J’en remercie le seigneur.

Quand nous finissons la réunion, nous nous apprêtons à rentrer. Eric me prend les clés de sa nouvelle voiture. Oui la sienne. Je l’ai simplement conduite parce qu’il m’a fait passer le permis récemment et tient à ce que j’ai la main. Il n’est jamais tranquille quand je prends les transports en commun avec son « petit ».

Je remarque qu’Eric a les traits crispés quand la sorcière et le sorcier sont proches. Le simple fait de penser qu’il ressent encore quelque chose pour elle me fend le cœur.

Maintenant que le cas avec Elie a été réglé, place maintenant à l’opération séduction. Eric, tu vas me sentir.

 

Bonne année 2018 à tous! 

Qu'est ce que vous souhaitez pour cette année? Ecrivez-le en commentaire. Nous sommes nombreux, nos prières mutuelles auront encore plus de poids. En tout cas moi, je recherche la stabilité financière et sentimentale.

Bisous.