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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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Un quart d'heure plus tard,
Sharonna est toujours inconsolable. Comme les larmes n'arrêtent pas de couler
et que les tremblements sont toujours aussi importants, je me tourne vers
Julien.
« Qu'est-ce qui se passe ? Que
t'a t-elle dit. »
Alors que mon frère veut
répondre à ma question, son téléphone sonne. Il regarde et me lance que c'est
maman. Il lui répond et me tend le téléphone en faisant de gros yeux.
« Oui maman ! Désolée, je peux
pas te parler. J'ai... »
« Appelle ton amie Sharonna ou
va la voir, s'il te plaît. Il se passe des choses grave de son côté ! »
« Yo ! Ma mère est courant
alors que moi, je suis avec l’intéressée et que je ne sais que dalle !!!
« Qu'est-ce qu'il se passe
maman ! Dis-moi tout s'il te plaît. »
« Ah, Tania ! On ne parle pas
de ces choses-là au téléphone. Je suis là avec monsieur Mbeng. Il a reçu un
coup de fil important. Il était tellement dépassé par la nouvelle qu'il s'est
mise à parler tout seul. C'est très grave ma chérie. »
« Mais, maman, dis-moi ce qui
se passe. »
« Vas voir ta copine, ma
chérie et reste avec elle toute la nuit s'il le faut ! Je t'appelle tout à
l'heure. »
«Je raccroche et me tourne
vers Sharonna. Je la supplie de nous dire ce qui ne va pas.
« Ma mère est au courant de
quelque chose, mais elle dit que c'est à toi de me le raconter. Dis-nous ce qui
se passe, Sharonna. »
Elle consent à parler. D'une
voix faible, elle nous dit :
« Le monde s'effondre ! »
Elle ne peut en dire plus, car
un sanglot fort la prend et la fait tressaillir.
« Mettez-la sous un jet d'eau
! », nous dit Antoine.
Nous avions complètement
oublié qu'il était là, celui-là.
« Bonne idée ! », fait
Jileska.
Nous la prenons et l’emmenons
dans la douche. Là, nous la mettons sous le jet de douche. Il semble qu'elle ne
se rende même pas compte qu'elle est entièrement trempée, car elle ne réagit
pas à l'eau froide. Nous la laissons pleurer et elle finit par se clamer.
Je me demande bien ce qu'elle
a à dire.
Nous la sortons de là en l’emmitouflant
dans une grande serviette.
De retour au salon, on
l'assoit dans le canapé et on attend.
Elle nous regarde avec des
yeux tellement absents, qu'on se rend vraiment compte que son monde s'est
réellement effondré.
« Qu'y a t-il, Sharonna ? »,
insiste Gaëlle. « Tu nous a envoyé un message tellement énigmatique que l'on
est venu ici en courant. Qu'est ce qui ne va pas ? »
Elle n'arrive toujours pas à
parler. Tout ce qu'elle parvient à nous dire est :
« Ma vie vient de s'arrêter !
»
Yo !
Nous sommes là, suspendus à
ses lèvres. Alors Antoine nous dit :
« Ne la brusquez pas. Elle
semble avoir reçu un choc vraiment terrible. Attendez qu'elle se calme et
décide de parler. Je vais vous chercher des pizzas et je reviens. »
Antoine s'en va et moi, je
rejoins mon frère dans sa chambre. Il est couché sur son lit et regarde le
plafond.
« Que t'a t-elle dit en
arrivant. »
« Elle m'a dit qu'à
Port-Gentil les gens ont des rêves très grands. Ils font tout pour le réaliser,
quel que soit le bonheur des autres. »
« Et si tu parles en français
facile, ça donne quoi ? »
« Bon, son père a fracassé le
crâne de sa mère. Ça s'est passé, il y a deux ou 3 heures. »
« Non ! Ce n'est pas possible
! Ce type est doux comme un agneau. Il ne peut pas avoir fait ça ! »
« Mais dans ce cas, on va
changer le proverbe et dire désormais, méfiez-vous de l'agneau qui dort. »
« Arrête de blaguer, Julien.
C'est sérieux ce que tu viens de dire. »
« Sista. Sa mère a fait joujou
avec un idiot qui use de sa bite pour réaliser son rêve aux détriments des
autres. Et donc... »
Alors qu'il veut m'en dire
plus, j'entends les filles qui m'appellent comme si une bombe leur était tombée
sur la tête.
« On verra de tout dans ce
Gabon là ! On verra de tout ! », fait mon frère.
Je reviens dans le salon. Je
remarque Gaëlle qui tourne en rond en se tenant la tête. Jileska est là,
stupéfaite. Marc-Elise n'arrête pas de répéter : c'est faux, ce n'est pas
possible.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »,
fais-je.
« Sa mère est aux soins
intensifs à Ntchenguè. Le Pater l'a sérieusement bastonnée à coups-de-poing. »
« Ce n'est pas possible »,
fais-je. « On connaît tout mr Nguema. Jamais il ne ferait une chose pareille. »
« Eh ben, si. », répond
Jileska.
« Non, ce n'est pas possible.
», fais-je comme si je voulais me sortir d'un mauvais rêve.
« il l'a tellement boxée que
mon frère et moi avons cru qu'il allait la tuer. », fait Sharonna entre deux
sanglots.
Et merde ! C'est là que je me
souviens du baiser à Libreville, dans le hall de l’hôtel.
« Mais, Sharonna, qui lui a
dit que ta mère était à Libreville avec son amant ? Qui lui en a parlé ? »
« Personne ! Ce n'est pas pour
ça qu'il l'a bastonnée. »
« Ah ! Et pour quoi alors ? Je
ne comprends pas. », lui fais-je.
Elle me regarde dans les yeux
et j'ai l'impression que ce qu'elle va me dire, va me rompre le cœur.
« Il a découvert ce matin en
consultant ses comptes sur Internet que maman a dilapidé tous les sous qu'il
réservait pour mes études aux USA. »
« TU RIGOLES SHARONNA ! C'est
une blague. »
« Tu t'imagines Tania ! Cette
femme qui est sensée m'aimer, a vider le compte dans lequel, mon père a placé
toutes ses primes depuis deux ans ! Il disait que c'était pour mes études, car
on lui demandait une caution de 15 millions de francs pour que je puisse aller
étudier dans l'université d mon choix aux USA. Elle a tout pris, Tania. Elle
n'a même pas laissé un franc. Elle n'a même pas pensé à moi, à mon avenir. »,
fait Sharonna en pleurant.
Là, même moi, je suis obligée
de pleurer parce que je me rends compte de la détresse et du chagrin de ma
copine. Les autres restent sans voix. Personne n'arrive à parler. Marc-Elise
n'arrête pas de répéter : ce n'est pas possible.
Et Jileska de lancer :
« Et qu'a t-elle fait de tout
cet argent, Sharonna ? Où cet argent est-il passé ?»
« Figurez-vous qu'elle l'a
donné à son amant. »
« Ah bon ! Donc une femme
belle et intelligente comme ta mère, ingénieur à Shell Gabon, a besoin de payer
pour qu'un homme lui fasse l'amour ? Ça n'a aucun sens Sharonna ! Elle a été envoûtée
! », fait Jileska.