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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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Je tourne en rond dans ma
chambre. Mon frère Julien dort déjà. Je me glisse dans sa chambre et m'assois
sur son lit. Je le réveille.
"Eh, capitaine, j'ai
besoin de te parler."
"Je dors, repasse demain
matin.
"Please, fais pas le
beau! Le moment est mal choisi."
"Quoi encore. S'il te
plaît, j'ai pas envie d'entendre tes bêtises au sujet de ton gars,
pardon."
"C'est plus grave que ça.
C'est une question de mort ou de mort."
"En fait, c'est déjà
mort, et tu espères qu'une parole de moi ramènera la situation à la vie, n'est-ce
pas."
"Tu comprends toujours
tout, frangin. C'est pour ça que je t'aime."
"Eh Tania, je te signale
que je n'ai que 14 ans. Je ne sais encore rien sur la vie."
"A d'autres, capitaine. Écoute-moi
au moins."
"Fais court, s'il te
plaît. Le sommeil t'attend."
"Voilà, la frangine est
enceinte."
"Qui, toi! Oh, c'est pas
grave! Le boss de ton gars est DG. Il s'occupera de tout. Alors, laisse-moi
dormir."
"Mais, non, patate! Il
s'agit pas de moi. C'est pupuce."
"Oh, oh, oh, oh!
Laisse-moi d'abord faire mes prières. Avant de te répondre. Agnambiè*, c'est
vrai ce que tu dis là?"
"Est ce que j'ai le
visage de quelqu'un qui cherche à blaguer! L'heure est grave."
"Attends frangine, je
vais compter ce qu'il y a dans ma tirelire et je cours de ce pas à CASEPGA
acheter un cercueil. Pupuce et toi, considérez que vous êtes mortes. Quand Kaba
va apprendre sa, soit elle vous pend, soi elle vous égorge. Dans les deux cas,
vous aurez besoin d'un cercueil. Et comme vous êtes jumelles, autant nous faire
faire des économies, un seul cercueil, et une photo, vous vous ressemblez
tellement!"
"Merci pour ton
soutien".
"De rien, frangine.
D'habitude, j'ai de bonnes idées pour résoudre les problèmes. Mais dans cette
histoire, je ne mettrai pas mon nez que je sais que ça finira par un carnage.
Mais vraiment, Pupuce n'a pas peur du feu !"
"Je me suis fait la même
réflexion."
Je me demande comment cela a pu arriver. La
bêtise qu'on attend de toi, c'est elle qui l'a fait !"
"Merci pour le compliment
! Je sais que je suis boucanière, mais de là à attendre le pire venant de moi,
il y a un fossé."
"Non, ma vieille joue pas
avec moi. On se connaît. Donc comme ça, tu as entraîné la frangine dans tes
chemins de traverses et tu l'as perdue en route."
"Comment sais-tu que
c'est moi qui l'ai entrainée."
"Tu m'a raconté la
soirée, Tania. Tu m'as dit que vous vous êtes perdue de vue. C'est faux!"
"Oh, pardon, ne remues
pas le couteau dans la plaie. Je me demande comment cela a pu arriver."
"Toi aussi, quand tu
emmenés la frangine comme ça, explique-lui le bizz. Mais s'il te plaît,
surtout, n'essayez pas d'arranger ça toutes les deux."
Toutes les capotes que maman t'achète là, tu
aurais pu lui en refiler une. N'enfonce pas plus le couteau."
"Bon, bon. Le seul truc
que je vois là, c'est dormir cette nuit. Repose ta tête. Et demain, il faut
qu'on en parle à maman. Il n'y a qu'elle qui pourra trouver une solution. Mais
s'il te plaît, surtout n'essayez pas d'arranger ça toutes les deux. S'il te
plaît."
"Pourquoi dis-tu
ça?"
"Je le dis parce que je
connais ces tours de passe-passe que les filles utilisent maintenant pour
enlever les grossesses. N'y pensez même pas! Si jamais vous le faites, je ne
vous parle plus."
"Ok, ok. Je n'y avais
même pas pensé. D'accord. Je vais dormir."
"Au fait, quand a t-elle
su qu'elle est enceinte ?"
"Cet après-midi. C'est
moi qui ai acheté les deux tests de grossesse qu'elle a fait."
"Oh! C'est bête. Vous
avez le bac à la fin de l'année. Qu'est-ce qui lui est passé par la tête?"
"Je me suis posée la même
question et je n'ai pas de réponse."
"Ah, les novices, c'est
comme ça. A force de rester enfermée dans la maison de Kaba, elle a goûté à la
liberté une fois et voilà!"
"Merci d'enfoncer le
clou."
"Non, frangine, excuse-moi.
C'est que je tombe des nues."
"Et moi donc."
Qui va dormir cette nuit!
Qui m'a dit d'emmener Pupuce à
cette fête?
D'habitude elle vient dormir à
la maison. Quand j'escalade la fenêtre de ma chambre pour aller dans mes
choses, mademoiselle reste sagement dormir tellement elle a peur du coup de
poing de Kaba. Et cette nuit-là, je lui ai dit qu'elle devait cesser d'avoir
peur. Et voilà...la peur et partie et le bébé est rentré.
Qui peut dormir cette nuit.
Je vois déjà les grosses
fesses de Kaba sur mon petit corps.
Mamaooooo! Qui m'a dit
d'emmener la fille de l'autre à cette fête.
C'était beau.
Le préau avait été décoré.
La musique était percutante.
Le vent venait nous
chatouiller les pores alors qu'on se trémoussait sur la piste.
Fallait me voir! Qui pouvait
m'attraper.
Qui peut m'attraper quand
P-square dose à fond dans la sono et que les lumière-là, encense la piste.
Je n'avais plus le temps de
personne.
La musique me fait cet effet.
Et même mon cavalier, le mec
le plus beau de Port-Gentil, avait du mal à suivre mon rythme.
Et j'étais tellement lancé que
je ne me suis pas rendu compte que ma teubée de sœur suivait cet ANIMAL de
PETER NKOUENDI dans une salle de classe.
Vraiment... J'ai mal à la
tête.
Pas la peine de prendre
efferalgan, ça ne passera pas.
Il faut que j'appelle ma
grande copine Jileska Ngome, pour qu'elle me trouve deux trois solutions pour
me remettre les idées en place.
"Frangine, c'est quoi ce
dérangement à 23 h. Y en a qui pionce"
"Arrête ton char et
réveille toi."
"Allez, dis-moi tout.
Qu'est ce que le beau Miro t'a encore dit."
"Là, il ne s'agit pas de
Miro. En fait, j'ai juste besoin que tu me remontes le moral en me racontant
des conneries."
"Oh, là! Il est 23h. A
moins que tu n'aies envie de te suicider, tu n'as pas le droit de me déranger à
cette heure."
"Vas mourir."
"Je t'aimmmme oh.."
Jileska a au moins le mérite
de me faire rire à chaque fois.
Je décide de passer en mode
whatsapp avec mon chéri, mon Miro.
"Hey, baby!"
"Oui, ma belle. Tu dors
pas."
"Non, besoin de tes
baisers."
"Oh, gourmande"
"Je t'aime."
"Dix fois plus."
"Bonne nuit."
"A demain. Je t'embrasse
fort mon ange."
Et là, le sommeil m'emporte.
Nous sommes en 2015 et la
barbarie existe encore.
Je me suis levée ce matin avec
la pêche.
Je me suis dit, pas la peine
de tergiverser.
Je me suis directement rendue
dans la chambre de Bernadette.
Elle faisait son lit comme
tous les dimanches à sept heures.
Elle faisait son lit comme
tous les dimanches à sept heures.
"il faut qu'on parle,
maman."
"Qu'est-ce qu'il y a? m'a
t-elle répondu paniquée.
"Euh...Je..."
"Parle! Je
t'écoute."
"Promets-moi d'abord que
tu ne vas pas te fâcher."
"C'est promis.
Maintenant, parle."
"Voilà, euh..."
"Tania Akendengue, je
t'écoute.
"Je...bon, voilà...il y
que Pupuce...euh..."
"Oui."
"Elle est enceinte,
maman."
"Ce n'est pas vrai!
Pupuce. Tu dois te tromper de personne. Ne serait-ce pas toi, par hasard."
"Merci pour la confiance,
eh!"
"Arrête ton char et
raconte."
"Elle est enceinte.
Voilà."
"Comment ça, voilà! C'est
ce que tu diras à ta tante quand elle demandera des explications ?"
"Mais pourquoi me
demandera t-elle des explications, maman? Qu'est-ce que j'ai à voir dans tout
ça."
"Oh, arrête espèce de
poltronne. Ta sœur ne peut pas en arriver à cette extrémité sans ton aide.
C'est toi la filoute dans l'affaire."
"Maman, je te promets que
..."
"N'en rajoutes
pas."N'en rajoutes pas. C'est sûrement toi qui tenais la lampe torche
pendant qu'elle faisait ses bêtises ! Je vous connais."
"Bien, étant donné que tu
m'as déjà crucifiée, on fait comment pour se sortir de là?"
"Et bien, il va falloir
avancer avec intelligence. Je connais ma sœur, elle sortira son couteau pour
vous vous égorger comme des porcs, une fois qu'elle saura la nouvelle. Il faut
que je réfléchisse."
Là, elle s'est arrêtée de
parler. Elle a fait les cent pas dans la chambre, dix longues minutes. Puis:
"Je vais à l'église. Toi,
tu ne bouges pas d'ici. Appelle ta sœur, qu'elle vienne ici cet après-midi. Je
veux discuter avec elle. Mais s'il vous plait, enlevez-vous déjà de la tête
toutes idées d'avortement. Je ne mange pas de ce pain."
"Ok, la vieille. On y a
même pas pensé."
"Ok. Dieu n'a mis aucun
enfant dans mon ventre ; alors jamais je n'aiderai quiconque à en tuer
un."
"Ok, la vieille.
Peace!"
"Peace, toi même. Sors de
ma chambre et va faire le ménage."