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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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La vieille est partie pour la
messe de 8 heures. Je suis restée à faire le ménage en musique. J'écoutais
Davido à fond. Mon frère Julien est sorti de sa chambre à 10 heures.
"Je vais au Cap avec des
amis. A ce soir. Tu me raconteras. Ciao."
"Et la vieille, elle
t'étrangle à quel moment ? A ton retour ? Dépêche-toi de faire la vaisselle
avant de partir. J'ai balayé toute la maison ainsi que la cour."
"Oh! Franchement, c'est
pas cool ça! Fais-le pour moi, please."
"Pas de please, qui
tienne. Fais la vaisselle avant de partir sinon je te vends à la vieille."
"C'est pas top, ça! Il
faut que je me trouve une petite amie. Elle viendra t'aider pour les travaux de
la maison."
"Tu es vraiment malade.
Parce que monsieur est trop paresseux, il faut qu'on l'aide, c'est ça?
J'aimerais bien voir la fille qui acceptera ça."
"Laisse, elles tombent
toutes pour moi. C'est parce que j'ai trop de respect pour mon corps, que je
n'ai pas encore cédé. Mais dans deux ans, la vieille n'aura plus de souci à se
faire. Elles vont s'aligner devant la maison pour venir faire le ménage et la
cuisine ici."
"C'est ça! Rêve
toujours!"
Je suis tranquillement là
faisant mon ménage quand j'entends cogner au portail. Je me dépêche de me mirer
un coup avant d'aller ouvrir.
Et heureusement que je me suis
mirée.
Qui est devant mon portail
avec un large sourire aux lèvres ?
Miro.
"Hey, salut beauté. Je
passais te faire un coucou."
"Tu es fou ou quoi? Ma
mère ne va pas tarder. Je te signale qu'elle est à l'église juste en
face."
"Et alors. Je me fous pas
mal qu'elle nous vois ensemble ! Comme ça, elle verra que je suis fou de
toi."
Ce type-là est même comment !
Est-ce que c'est le moment de se faire flinguer par Bernadette ? Pardon, je ne
veux pas de bruit aujourd'hui. Avec l'affaire de Tania, Pupuce, elle va se dire
que c'est contagieux et que moi aussi, je ne vais pas tarder à tomber enceinte.
Donc, vite vite. Je roule deux pelles à mon mec et puis, je le remets très vite
dans la Pajero, que conduit son chauffeur.
"Dans 6 mois, tu ne
pourras plus me rembarrer, ma belle."
"t'as bien dit dans 6
mois, mon beau. Pour l'instant, rentre tranquillement chez toi. On se voit à
17h. Même endroit.
"Je t'aime, beauté."
La voiture partie, je souffle
un bon coup.
Je repars à la maison.
Madame ma mère arrive 2
minutes plus tard.
"Tania Akendengue,
peux-tu me dire qui tu embrassais devant mon portail ?"
Et merde ! Il faut une
explication de texte ! Je suis nulle en français le dimanche matin...
"Alors, mademoiselle. Qui
est ce jeune homme."
"C'est
que...maman...je...bon, c'est mon copain, voilà!"
"Tu n'as pas besoin de
crier. La prochaine fois qu'il viendra ici, fais-le assoir au salon. Je veux
discuter avec lui."
"Mais maman, c'est quoi
cette affaire. On est juste comme ça. Maintenant, tu parles de discuter avec
lui."
"Ta sœur aussi est juste
COMME CA avec le type avec qui elle sort. Et regarde où on en est."
"Mais la vieille, tu dois
comprendre certains codes. On ne présente pas son petit ami à sa vieille, à
moins que..."
"Tu vas devoir déroger
aux règles. Je veux voir ce jeune homme assis dans mon canapé la prochaine fois
qu'il est dans le coin."
"Mais, toi aussi, la
vieille. Est-ce que je t'ai déjà déçue ! Aie confiance en moi."
"J'ai confiance en toi,
ma chérie. C'est en lui que je n'ai pas confiance. Quand je vois une grosse
voiture s'arrêter devant chez moi, j'ai des raisons de m'inquiéter."
"C'est même pas sa
voiture, la vieille."
"Donc, s'il vole les
voitures, j'ai raison de m'inquiéter ?"
"Hummm! Là, tu vas
chercher loin. Bon, d'accord. Je vais lui dire. Mais n'essaie même pas de lui
poser des questions bizarres, hein! Je n'ai pas envie qu'il me fuit juste parce
que ma mère est vieux jeu et veux s'immiscer dans ma vie privée."
"Mais ma chérie, tant que
tu habites sous mon toit, tu n'as pas de vie privée ! La vie privée
commence quand on a le bac."
"Ok, ok, la vieille. Mais
une fois le bac en poche, je crois que je vais faire des choses que tu risques
de regretter."
"Et je vais pouvoir te
fendre le crâne en deux si tu ne réussis pas à l'université."
"Mais franchement maman,
je ne te comprends plus. Tu me dis qu'une fois que j'ai le bac, je peux
profiter de ma liberté. Et maintenant tu veux encore la restreindre???"
"Tu parles un peu trop ma
chérie. Tant que tu es ma fille, tu as l'obligation de réussir. Point à la
ligne."
"Ok, Chef. Je vais faire
à manger. Tu peux te reposer devant la télévision."
"C'est ça. J'ai pas envie
d'avoir une gastrite."
"Huuuummm! La confiance
règne."
Ma mère consent à se reposer
devant une série télé pendant que je m'affaire dans la cuisine. Au menu : un
poulet rôti, des pommes sautées et un bouillon de bongo debout avec du bon
manioc.
Julien arrive dans la cuisine
et me lance: "On se capte tout à l'heure. Les potes m'attendent."
Il est midi quand Albert et
son épouse Georgeline arrivent.
J'ai déjà mis la table.
En règle générale, ils
s'arrêtent de manger avec nous le dimanche, en sortant de l'église. Georgeline est
une amie d'enfance de ma mère. Et Albert, son époux, enseigne dans la même
école que maman. Je connais déjà le sujet de discussion à l'ordre du jour: la
grève des enseignants.
Je pense que je vais manger en
silence. Ça vaudra mieux pour moi.
Qu'il pleuve ou qu'il vente,
dans 6 mois j'aurai mon bac. Et ensuite... quoi? Ah, oui. Après, je vais devoir
honorer la promesse que j'ai faite à Miro. Nous allons faire l'amour pour la
première fois, après la proclamation des résultats. Si j'ai mon bac en poche du
premier coup, je saute le pas.
Jusqu'à présent, je me suis
contentée de flirt. On dit, flirt poussé, il parait. Je lui permets de
m'embrasser, de me caresser les seins, de foutre sa main dans mon string. Et ça
s'arrête là. Je n'ai pas envie que Bernadette fasse une crise cardiaque en me
pinçant un jour nus, au lit avec Miro. Elle a beau jouer la maman évoluée et
m'acheter des capotes et tout, je sais qu'au fond, elle ferait une crise si
elle me voyait dans cette posture. Et puis, je n'ai pas envie de m'ajouter plus
de soucis que je n'en ai déjà. Je veux bien faire la folle en boite de nuit,
danser à n'en plus finir, mais c'est tout...le sexe, ça complique tout. Je l'ai
lu dans les livres. Je le vois à la télévision.