30. La surprise

Ecrit par SSS

…….. Dans la peau de Yani Balka…….

DEUX SEMAINES. Deux longues semaines se sont écoulés depuis  l’accident supposé de Leila. Je dis bien supposé parce-que franchement mon cœur n'est pas convaincu de la disparition de cette femme. Certes, on a retrouvé des restes humains sur la scène de l'accident et des pièces d’identité de Leila mais pour moi ça ne prouve pas qu’elle est belle et bien morte. Elle nous a montré de quoi elle était capable par le passé et je suis sûre que ce n'était qu’un aperçu. Jusqu’à présent, je n’ai pas digéré ses aveux de la dernière fois et ma colère est toujours vive. Je n’ai qu'une envie : la voir derrière les barreaux, la voir même morte. Cet accident, c’est trop facile à mon avis.

Eugenio et Max étaient mitigés face à la nouvelle. Savoir que Leila est peut-être morte est rassurant mais comme c’est un « peut-être », ça fait aussi flipper. Elle peut surgir de n’importe où à n’importe quel moment. Surtout qu'on a tout découvert à présent, on a tous un pistolet sur la tempe. Max est devenu comme fou à comme de cela : il m'a loué une maison à l'autre bout de la ville dans le plus grand secret et m'a emmené presque de force pour vivre là bas ; il a engagé un garde du corps , le genre grand et grave musclé, pour me surveiller tout le temps . Je suis interdite de sortie pour quelque raison que ce soit. Il est le seul qui a le droit de venir à la maison et c’est lui qui me fait le ravitaillement en provision. C’est pire que la prison ici mais je le comprend aussi, il m'aime et veut mon bien. Lui aussi vit avec moi mais il est obligé de passer du temps dehors pour son travail. Moi j’ai pas le choix, je dois travailler depuis la maison sur mon ordinateur, ce qui n'est pas toujours facile. Ma mère devait revenir au pays mais je le lui ai clairement interdit pour sa sécurité, je lui ai envoyé de l’argent pour qu'elle continue son séjour au Canada.

Eugenio aussi est parti avec Key se cacher quelque part en dehors de la ville. Il nous appel de temps en temps pour prendre des nouvelles. Lui aussi semble très inquiet, surtout pour la petite qui est encore en convalescence et que Leila cherchera à récupérer coûte que coûte. La police nationale s'est vraiment mise sur le coup mais jusque là, aucune nouvelle. Je maudit vraiment le jour où j’ai eu le malheur de croiser sa route. Elle est entrain de gâcher mon existence. Mais Dieu est grand, tout ça va finir et j'aurai enfin la paix. 

Aujourd’hui c’est dimanche et il est 5h du matin. Je me suis réveillée assez tôt parce-que je n'arrive plus à m’endormir profondément depuis les derniers évènements. Ça me donne même les maux de tête. Max lui n'a même pas dormi de toute la nuit et est resté au salon à réfléchir. Je suis allé le rejoindre dans le divan.

- Max : Yani va dormir s'il te plaît.

- Moi : Tu crois vraiment que je peux ? Je suis aussi soucieuse que toi.

- Max : J’espère que tu ne m'en veux pas trop de t'avoir fait venir ici. Je fais tout ça pour ton bien.

- Moi : Je sais. Elle n'est pas morte pas vrai ?

- Max : C'est possible. Mais c’est aussi possible qu'elle soit morte. Si elle était morte ça te ferait plaisir ?

- Moi : Je ne sais pas. Je ne plus quoi ressentir vis-à-vis d'elle. Je ne veux pas qu'elle meure, je veux juste qu’elle reste en vie pour payer le prix de sa méchanceté.

- Max : Je vais tout faire pour te proteger et je résoudrai ce mystère. Je t'en fais la promesse.

- Moi : (sourire) Merci mon amour. Tu fais tellement pour moi… Comment pourrais-je te rendre tout le bien que tu me fais.

- Max : Reste en vie et surtout soit heureuse.

Il me prend dans ses bras. Je me sens tellement rassurée ainsi, ça me fait du bien. Tout à coup mon téléphone sonne et perturbe notre tranquillité. Je regarde l'écran…hum c’est Eugenio. Un appel vidéo en plus. Je n'ai jamais reçu un appel vidéo aussi matinal de sa part, c’est sûr que quelque chose ne va pas. Je regarde Max et il me fait signe de décrocher. 

- Eugenio : Bonjour Yan. Comment tu vas ?

- Moi : Je suis là, et toi ?

- Eugenio : Pareil. J’espère que Max va également bien.

- Max : Moi je pète la forme ! Et Keyla ? Elle se remet bien j’espère.

Eugenio : Ça va beaucoup mieux merci. C’est pas très commode d’appeler si tôt le matin, alors toutes mes excuses. Je voulais vous annoncer quelque chose. J'ai trouvé un centre spécialisé en chirurgie réparatrice où je pourrai subir une série d'opération qui, je l’espère, me permettront de remarcher. 

- Max : Cool je suis content pour toi. Et ce centre est situé où ?

- Eugenio : À Berlin, en Allemagne.

- Moi : Waoh je vois. Il te faut donc voyager loin.

- Eugenio : Oui justement. Je voulais vous en faire part. Je veux être le plus discret possible, raison pour laquelle je vous avertit à quelques heures de mon départ. En effet je pars dans pas longtemps.

- Moi : Hum c’est assez soudain. Tu pars pour longtemps ?

- Eugenio : Un bon paquet de mois, disons même plus d'une année. Ce genre de processus est assez long.

- Max : C'est long ça…. Et Keyla alors dans tout ça ???

- Eugenio : Justement, je voulais vous faire une doléance. Je ne veux pas faire subir ce voyage à Key, ce serait trop difficile pour elle. De plus, je serai absorbé par mon traitement et je ne pourrai pas m’occuper convenablement d'elle. Max, puisque tu es son père, j’aimerais te la confier pendant mon absence, à toi et à Yani. Je sais que je vous prend un peu au dépourvu et je m'en excuse vraiment. Mais s'il vous plaît, rendez-moi ce service. S'IL VOUS PLAÎT.

- Max : On en discute rapidement et on te rappel.

Il prend le téléphone et raccroche. Il me lance un regard bizarre. 

- Max : Hum ! Que de tendresse dans tes mots !

- Moi : Tendresse ? De quoi tu parle ?

- Max : Non rien. La manière dont tu lui parlait tout à l'heure était….particulière. Mais bon, zappe…

Il est jaloux. Je trouve ça tellement mignon. Jusqu’à présent, il ne se rend pas encore compte que je ne vois que lui et que Eugenio n'est plus qu'un élément d'un passé lointain que je m’efforce d'oublier. 

- Moi : Hum. T'es jaloux ? Je t'avait déjà parlé non ? C’est toi que j'aime, toi seul et rien que toi. Mais je ne vais quand même pas le prendre en ennemi à cause de ce qui s’est passé. Eugenio est quelqu'un de bien dans le fond et je le lui reconnais, c’est tout. T’inquiète pas mon amour, d’accord.

- Max : Mais s'il tente de s'approcher, je vais le….. Hum toi-même tu sais. Bon, parlons de Keyla maintenant. Pour être franc, je ne veux pas qu'elle vienne vivre avec nous, alors là pas du tout.

Ça commence bien…

- Moi : Pourquoi tu dit ça ?

- Max : On est pas habitués l'un à l'autre. Je ne veux pas paraître irresponsable mais honnêtement, je ne suis pas prêt à avoir un gosse sur les bras. L'annonce de cette paternité… C'est un peu trop soudain pour moi. Un enfant, c’est beaucoup de choses compliquées pour moi. Surtout qu’elle a commencé avec lui….

- Moi : Je comprends chéri, mais c’est arrivé. Elle est là maintenant et il faut donc assumer. Tu n'as pas le choix Max, c’est la chair de ta chair. Un enfant c'est….tout simplement magique. Je n'ai jamais eu l’occasion de tenir mon fils dans mes bras et ça a vraiment été traumatisant pour moi. Dieu t'a donné un enfant, c’est un cadeau précieux.

- Max : Et toi dans tout ça ? Tu vas pouvoir supporter l’enfant de celle qui t'a fait tant de mal ?

- Moi : Cette fille n'a rien à faire dans cette histoire, elle est tout à fait innocente et tellement mignonne. Ne t’inquiète pas, je serai toujours là pour toi quelque soit la situation. On va gérer ensemble, d’accord ?

- Max : Merci mon amour. Tu es mon plus beau cadeau, je ne te mérite pas.

- Moi : Eyaa arrête de dire des bêtises. Tiens le téléphone, appelle Eugi et informe-le.

Je ne vais pas mentir, je flippe un peu à l’idée de l'accueillir. C’est quand même la fille de Leilatou MADDO. Mais Max a besoin de moi, et m’occuper de cet enfant sera sûrement une  superbe expérience.

Max a appelé Eugenio. Son chauffeur personnel est venu déposer Keyla avec ses affaires quelques heures plus tard. La pauvre petite… Elle avait l'air un peu pâle avec les yeux cernés. Mais dès que Max l'a vu, il a fait un grand sourire, il y avait de la joie dans ses pupilles. Contrairement à toute attente, il l'a prise dans ses bras, tout enjoué. Elle était un peu réticente au début et a pleuré un peu à cause de l’absence de son père mais il a su trouver les mots pour la calmer et l'amadouer et il est vite devenu son « Tonton Max ». Il l'a mise à l'aise, a joué avec elle et l'a même bordé pour qu'elle dorme. J'ai adoré le voir s'occuper de sa fille de cette façon ; il le faisait si bien que je n'ai presque pas eu à intervenir de toute la journée. Au fond, c'est un homme très sensible et doux de caractère ; il adorait l’idée d'être père mais ne se sentait juste pas prêt. Ils ont passé la journée ensemble et il lui a donné lui-même son dîner. Je l'ai aidé à prendre une douche et il est allé la coucher dans la chambre d'amis.

- Moi : Alors bébé, bilan de la première journée de paternité ?

- Lui : J'aime bien la petite. Elle est certes faible mais assez vive d'esprit et surtout tranchante, un peu comme sa mère. Je sens qu'à l'avenir ça va être chaud avec elle. Mais je l'adore, elle est superbe. 

- Moi : Je suis très heureuse pour toi. Elle a l'air de bien t'aimer aussi. Vous formez un beau duo. Tu voudrais qu'elle sache la vérité un jour ?

- Lui : Un jour peut-être, mais pas tout de suite. Pour l’instant je suis Tonton Max et ça va. Faut pas brusquer son univers. Eugenio est aussi son père ; elle est encore une DA SILVA et il est un père presque parfait pour elle….. Yani tu sais, je ne veux rien t'imposer. Si tu ne peux pas supporter que j'ai un enfant avec Leila, je ne te retiens pas.

- Moi : On en déjà parlé ce matin. C'est une erreur du passé oui, mais quelle belle erreur : une belle princesse est née. Si mon fils était encore en vie, il aurait à peu près le même âge. J'aimerai ta fille comme je t'aime.

Il me prend dans ses bras et m’embrasse tendrement. Je sais que la vie ne sera pas un fleuve tranquille avec lui mais je prend le risque. J’ai trouvé mon amour et je compte m'y cramponner coûte que coûte.

******* Un mois plus tard******

Keyla a réussi à s’acclimater avec son nouvel environnement. Elle se sent beaucoup mieux actuellement. Max et elle sont devenus inséparables avec le temps ; au moins ça me laisse le temps de travailler. C’est une fillette adorable et pleine de vie, mais un peu têtue. Elle a déjà un caractère bien trempé à un si jeune âge et des manières particulières. Elle me rappelle en tout sa mère à l'époque où on étaient encore amies. Elle m'appelle affectueusement « Tata Yan ». On s'amuse de temps en temps et malgré tout, j’aime bien m'occuper d'elle. J’espère juste qu’elle ne deviendra pas une calamité comme Leila.

Ces derniers jours, les deux sont devenus complices de façon suspecte. Ils parlent de je ne sais quoi à longueur de journée sur un ton sérieux. Max devient un peu distant et sort beaucoup prétextant aller au boulot. À chaque fois que je les surprend entrain de chuchoter entre père et fille, Max change de sujet brusquement. J’ai l'impression qu'un complot se fait derrière moi mais je ne sais pas de quoi il s'agit. 

Aujourd’hui Samedi, il est 8h du matin. Je me réveille péniblement de mon délicieux sommeil où je rêvais de bonnes choses. C’est rare que je me réveille aussi tard, les soucis suffisent à me réveiller à 4h du matin. A côté de moi c'est vide, Max est levé depuis un bon moment ou alors il n'a presque pas dormi à mes côtés. Je  traîne ma carcasse à la douche pour me débarbouiller. Particulièrement aujourd’hui je me sens fatiguée sans aucune raison. Je me demande bien où Max est parti cette fois ci sans rien me dire. Ça commence à m'énerver déjà tout ça. En tout cas il va m'entendre aujourd’hui. Il doit des explications valables, je n'aime pas ce qu'il fait.

D'abord, je vais dans la chambre de Key pour voir si tout va bien. Mais elle aussi n'est pas là. C’est sûrement son père qui l'a fait sortir. Je lui dit toujours que c'est dangereux de faire promener ainsi l’enfant alors que sa folle de mère est toujours dehors mais il ne m'écoute plus. Ça m'énerve quoi. Mais bon, on verra plus tard ; pour l’instant j’ai faim donc je me rend à la cuisine. Je dois d'abord passer par le salon car il débouche sur le coin salle à manger et la cuisine. Mais curieusement, la porte du salon est fermée. C’est inhabituel ça, d’habitude on la ferme la nuit et le premier qui se réveille l'ouvre.  Apparemment ce n’est pas fermé à clé donc je pousse le battant et j'entre. 

Et là… waoh je n'en crois pas mes yeux : le sol du salon est recouvert de pétales de fleurs rouges et blanches ainsi que de quelques faux diamants. Un grand et magnifique bouquet de roses bigarré trône au centre de la pièce avec une petite rose au centre. Je la regarde et mes yeux s'illuminent. Il y est écrit :

«  Reine de mon cœur, Impératrice de mes pensées, vous qui effacez mes peurs et faites de moi un vainqueur, puissiez-vous accepter ce modeste bouquet bigarré et suivre ce chemin de roses qui vous mène vers de plus beaux sentiers »….   M. S.

C’est mon Maxou qui a fait ça. Mon cœur fond comme une glace. Chemin de roses ? Il parle sûrement des pétales au sol, elles mènent vers l’arrière du salon, dans le petit jardin. Hum hum, quelle surprise m’attend là bas ?

Je me hâte pour y aller. J'ignore pourquoi, mon cœur bat plus fort que d’habitude. Dès que j’arrive, je suis agréablement surprise : les pétales recouvrent entièrement la pelouse du jardin. Devant, une petite table recouverte d'une nappe blanche immaculée avec un champagne au frais. Et à côté, mon amour, mon cœur, mon Max, est debout les mains croisés, avec un grand sourire, en costume blanc. 

- Max : Alors ? Tu as aimé ma surprise ?

- Moi : C’est magnifique, j'adore. Merci mon cœur. (Je me jette dans ses bras et on s'embrasse ). Mais c’est à quelle occasion tout ça ?

- Max : Yani, j’ai quelque chose à te dire. Tu sais, ça fait un petit moment qu'on s’est rencontrés. La première fois que je t'ai vraiment regardé, tu était encore faible, sous le poids de la douleur. Tu venais de perdre ton fils et tu voulais à tout prix te venger. Mais au fil du temps tu as changé. Tu as surmonté tes sentiments négatifs, ta rancœur, ta haine. Je t'ai vu évoluer et devenir la femme que tu es maintenant. Je suis tombée sous ton charme, le charme d'une femme belle, charmante, charismatique, respectueuse, respectable et respectée, une femme au cœur d'or. J'étais un volage au cœur sauvage mais tu l'a vite apprivoisé. Toutes les autres sont devenues inutiles et fades à mes yeux. On a traversé des situations périlleuses ensemble et chaque épreuve nous a rendus plus forts. Cela m'a permis de voir à quelle point la vie est courte et qu'il faut en profiter avec les personnes qu'on aime. Et moi, je veux passer le restant de ma vie à tes côtés, partager pendant le reste de cette vie tes bonheurs comme tes malheurs, des rires comme tes larmes, tes joies comme tes peines.  

- Moi : Max… est-ce que cela signifie que….

Il s'agenouille, un genou à terre. Keyla qui était depuis tout ce temps cachée dans un coin du jardin, vient vers nous, déguisée en petite fée en tenant dans ses deux petites mains un écrin de verre transparent. Max prend l'écrin et l'ouvre, découvrant une magnifique bague, un solitaire sur un anneau d'or étincelant. Mon cœur bat la chamade mais ma respiration est ralentie. 

- Max : Mademoiselle Yani Balka, voulez-vous m'accorder la grande joie et l'immense honneur de devenir ma femme, mon épouse, ma compagne pour toute la vie ?


Au delà de ce que tu...