30 - Retrouver le disparu
Ecrit par Owali
***Marcus***
Poufff...Dur journée...Que dis-je? Journée de merde! Ça ne faisait même pas encore 24h qu'on avait atterrit et je n'en pouvais déjà plus.
L'atmosphère était si pesante et l'air tellement chargé négativement que pour tenir le coup il me fallait absolument un verre. Je sortis de la salle de bain et enfilai une chemise à manche longue blanche à carreau noire ainsi qu'un jean noire. Je laçais mes chaussures, pris mon porte-feuille que je fourrais dans la poche arrière de mon pantalon.
Dring Dring...
~ Marcus Mabiala à l' appareil, j'écoute
~ Yo Marc! C'est Claude, je suis en bas de ton hôtel tu viens.
~ Ah okay! Oui, oui je viens...heu ça ne t’embête pas si je viens avec Marie-Claire j'espère;
~ Ça c'est qui encore?!? Rho mais toi à peine arrivé et tu as déjà frappé?!?
~ Pff tu es trop con toi, c'est la copine de Prince!
~ Ah ok. Bon mais il n’y a pas de problème, qu’elle vienne.
~ Ok top.
Je sortis de ma chambre d’hôtel et allai toquer à la porte voisine. Elle vint m'ouvrir quelques minutes plus tard. Les cheveux mouillée, elle devait sortir de la douche et n'avait eu le temps que d'enfiler une robe jaune sans manches, près du corps et d'après ce que je ne pu m'empêcher de remarquer, elle n'avait qu'un string ficelle en guise de sous-vêtements...
- Ça va ? Je ne te dérange pas trop? Mes yeux sont plus haut je te signale.
- Ah bon? Fis-je en m'adossant dans l'encadrement de la porte avec mon plus beau sourire. Ah oui, tu as raison ! Rajoutais-je en posant mes yeux sur sa poitrine cette fois.
- Pffff
BOUM !
Elle venait de me fermer la porte au nez !
J'y crois pas. Où est-ce qu'il est allé ramasser cette fille impolie?!?
Toc toc...
Toc toc...
- Vas t'acheter un cerveau et revient me voir après ! S'écria t-elle de l'autre côté de la porte
- Pfff excuse moi, je plaisantais .
- Ça ne me fait pas rire !
- Ok ok, tu as totalement raison. Allez vient je t'invite à dîner, tu n'as rien manger de la journée, je ne veux pas que ton konzi me pende haut et court à son réveil parce que je ne me serais pas bien occupé de toi.
Elle ouvrit la porte brusquement et arbora un sourire triste.
- Tu penses vraiment qu'il s'en sortira ? Demanda t-elle en baissant la tête.
- Mais bien sûr voyons ! Fis-je avec un grand sourire pour la rassurer. Après toutes les incantations que tu as fait sur son lit d'hôpital, s'il ne se réveille pas, je ne sais pas ce qu'il lui faudra d'autres.
- Hum, c'est ça. Moque toi bien de moi...
- Non je ne peux pas me moquer du Monganga MC!!! Fis-je en la prenant dans mes bras sans qu'elle ne s'y attende.
- Aaahhh ! Laisse-moi! S'écria t-elle en riant.
Elle se libéra de mon étreinte et alla chercher ses affaires dans sa chambre avant d'en sortir.
- On va où?
- Je ne sais pas, j'ai un ami qui nous attend en bas.
- Ah okay.
J'essayais de faire bonne figure devant elle, mais dans le fond j'étais terrifié. Après l'avoir laissé ce matin, je fis le tour du quartier et m’arrêtai me restaurer dans un "dos tourné " lorsque je reçu le coup de fil d'Elikia qui m'informait qu'elle aurait du retard car elle devait aller voir une tradi-praticienne dont sa tante lui avait parlé. Curieux de savoir ce que cette femme allait bien pouvoir lui dire, je lui proposai de me joindre à elle. C'est ainsi que, quelques minutes plus tard, je me retrouvai à Okala, chez cette femme qui se fait appeler Ma Thérèse.
- Oh! Del Marcus! On dit quoi le grand ? S'exclama Claude en sortant de sa voiture pour me faire l'accolade.
- On est là type ! Comme tu vois je suis venu voir un peu comment les choses se passent ici!
- Ah ça! Grand businessman! En tout cas il ne faudra pas oublier ton petit quand tu vas venir ouvrir ta succursale ici oh!
- Ah ah ah ! Mais je vais t'oublier comment ? Tu ne vois pas comment c'est directement toi que j'appelle, à peine mes pieds foulent le sol gabonais ?
- Hi hi hi! Vraiment j'étais même tellement surpris que j'ai regardé mon téléphone plusieurs fois pour être sûr que tu m'appelai bien d'un numéro d'ici et puis...
- Grrrr Grrrr, nous interrompit MC voyant qu'on était déjà très lancé dans notre conversation.
- Oh, désolé ma chérie. J'oublie les bonnes manières. Claude, je te présente Marie-Claire, la copine de Prince comme je t'ai dis. Marie-Claire, Claude un ami commun à Prince et moi avec qui nous avons fait pas mal de sortie à Paris avant qu'il ne décide de nous lâcher en rentrant ici.
- Ouai, j'avais déjà trop le mal du pays et puis la vie de France la me fatiguait déjà trop. Mais j'avoue que nos chill me manquent hein, il faudrait que je remonte un de ces quatres. Mais sinon, ravi de faire ta connaissance. Fit-il en lui tendant la main.
- Pareillement, répondit-elle simplement.
- Bon on va y aller si ça vous dit.
On monta dans la voiture. Moi à l'avant à côté du chauffeur et MC derrière moi.
- Ok tu nous emmène où ? On meurt de faim la.
- Bon ça dépend de vous hein, vous avez une envie particulière?
Je me tournai vers MC, elle me répondit négativement de la tête.
- Non, on veut juste bien manger, pour le reste on te fait confiance.
- Ça marche.
On discuta de tout et de rien sur trajet qui nous mena jusqu'au phare du large. Un restaurant plutôt sympa situé à Batteri IV. La déco était de bon gout et le personnel qui nous installa très accueillant.
- Ah ça! Prince est fou ou quoi?
- Oh pourquoi tu dis ça?
- Quelle mouche l’a piqué pour qu'il te laisse venir ici seul avec une aussi belle femme que sa copine? demanda t-il en la regardant de manière plus que suggestive.
Marie-Claire me regardait d'un air interrogateur. Ah oui! J'avais complètement oublié de la briefer.
- Ah il avait du boulot, il n'a pas pu se libérer plus tôt et comme elle avait hâte de découvrir son futur pays, elle a décidé de venir avec moi d'abord.
Elle fronça encore plus ses sourcils, l'air de dire "Mais qu'est-ce que tu racontes ?!? ". Je lui fis un clin d'œil pour qu'elle joue le jeu.
- Ah ça! Donc la c'est déjà le mariage ou bien ?!? Reprit-il
- C'est bien partie pour, en tout cas. Répondit-elle avec un large sourire.
Un peu trop large pour être vrai d’ailleurs. Mais bon il ne fit pas cas, et on pu prendre notre repas dans la bonne humeur. MC opta pour une côte de bœuf accompagnée de frite maison, tandis que Claude et moi primes du poisson. A la fin du repas, je voulais faire un détour pour boire un verre mais le regard que MC me lança m'en dissuada. Du coup il nous déposa directement à l'hôtel.
- Pourquoi il a tu menti sur les raisons de notre présence ici?
- Prince est venu ici dans un but précis et ne tenait pas particulièrement à ce que le gens sachent qu'il était la. De plus avec ce qui lui arrive, moins de personnes seront au courant, mieux ce sera. Tu sais comment sont les africains. La personne est à peine sur son lit d’hôpital qu'ils commencent déjà à parler de lui au passé. Il a besoin de tout sauf de pensées négatives en ce moment.
- D'accord. Je veux passer la journée à son chevet demain, tu penses que ce sera possible.
- Heu...Pour être honnête avec toi. Sa mère et Laure ne vois pas ta présence d'un très bon œil...
- Et alors?!? Je n'ai pas fais plus de 5000 bornes pour ne pas pouvoir le voir quand il a le plus besoin de moi! Qu'elles me tolèrent ou pas, c'est leur problème, je ne laisserai certainement pas Prince tout seul entre les mains de ces sorcières!
- Hein?!? De quoi tu parles?
Je la tirai par le bras jusqu'à sa chambre en regardant derrière moi pour m'assurer que personne ne nous avais entendu.Une fois à l'intérieur elle se débattit pour que je la lâche.
- Mais c'est quoi ton problème?! Tu me fais mal!
- Il faut que je te mette en garde MC. Fais très attention à ce que tu vas sortir de ta bouche et aux accusations que tu vas proférer, ici on n'est pas en France. Les murs ont des oreilles et puisque tu en parles, les personnes qui en veulent à Prince sont nombreuses et dangereuses, raison pour laquelle j'ai du venir sur place.
- Comment ça? Je ne comprends pas.
- Assied toi, je vais t'expliquer la situation.
Elle me regarda un moment hésitant avant de le faire.
- Tu me fais peur, pourquoi tu prends cet air si grave.
- Parce que la situation l'est MC. En fait, la raison pour laquelle Elikia et moi sommes arrivés en retard c'est parce que nous étions en consultation avec Ma Thérèse. Comme tu as pu le constaté, c'est une femme qui a des pratiques occultes.
- Hein??? C'est une sorcière aussi??? Et pourtant elle n'a pas l'air...
- Ah ah ah! Arrête de me faire rire, je suis sérieux la. Quand je te dis qu'elle a des pratiques occultes c'est dans le sens étymologique du terme à savoir qu'elle a accès à un savoir et savoir-faire qui est caché ou si tu veux qui échappe au commun des mortels que nous sommes. Elle a cette capacité de rentrer en contact et de voir les choses que la nature a cachées. Et de la même manière que dans le monde visible il y a des bonnes et des mauvaises personnes, il en est de même dans le monde invisible.
- Et donc elle ferait partie des gentils?
- En tout cas, tout porte à le croire... Sinon je ne pense pas qu'elle t'aurai remis ce qu'elle avait prévu pour l'aider. Ceci étant, elle nous a édifié Elikia et moi sur ce qui se passe de l'autre coté. En fait il est perdu. Il a surpris les personnes qui lui veulent du mal parler de lui et il a pu s'enfouir juste à temps. Seulement comme il refuse d’ouvrir ses yeux et de croire que ce qu'il vit est bien réel, il est dans la confusion la plus totale et n'arrive pas à retrouver son chemin. Le risque est qu'à la longue il s'épuise et se fasse prendre par celles qui sont à sa recherche...
- Wow...c'est un film de science fiction que tu me décris la où quoi?!?
- MC je veux bien croire qu'avec ton esprit d'occidental tu doutes un peu de tout ça, mais crois moi, ce monde invisible existe belle et bien...
- Pourquoi tu le dis avec autant de certitude? Tu y a déjà été ?!?
- ...tu n'as pas idée du nombre de personne qui y sont. Consciemment ou pas, nous y allons tous.
- Mais! Si tu peux y aller pourquoi ne peux-tu pas aller l'aider?!?
- Les choses ne sont pas aussi simples que ça. Tout comme ici, ce monde est régit par un certain nombre de règle. Pour faire simple, ça peut s'apparenter au fait de voyager d'un pays à l'autre. Déjà il faut que tu ai les moyens de payer le billet pour t'y rendre, ensuite il te faut un visa pour traverser la frontière ect ect.
- Hum...vous êtes dans deux pays différents c'est ça ? et tu n’as pas les moyens de le rejoindre.
- Si on veut, on peut dire ça...
- Mais comment on peut l'aider alors?
- Il faut jouer sur les deux plans. Sur le plan invisible il va falloir que tu le motives un peu pour qu'il se bouge
- Comment je peux faire ça?!?
- Par la simple pensée MC, tu n'as pas idée du pouvoir de la pensée sur le plan surnaturel. Envoie-lui des ondes de pensée positive et tout l'amour que tu lui portes. C'est une arme très redoutable dans le monde des ténèbres.
- Hum je vois...c'est un peu comme quand on prie alors?
- Exactement! Tu peux prier et en remettant sa vie dans les mains de Nzambe ou lui envoyer de l'amour les deux méthodes se valent. Le plus important c'est d'être positif. Tantine Hermine, Elikia et moi allons faire la même chose. Avec ma Thérèse en plus, nous allons rééquilibrer la balance.
- Rééquilibrer la balance? Parce qu'il y a...1,2...5 personnes qui en veulent à Konzi.
- Il y en a un peu plus mais pour l'heure, c'est effectivement 5 femmes qui sont à sa recherche.
- Waw...et heu...sur le plan visible, qu’est-ce qu’on peut faire pour le sortir de la?
- Sur ce plan, je m'en charge mais en ce qui te concerne, le mieux serait que tu te fasses le plus discrète possible. Compte tenu des liens que tu as avec lui, nous n'en sommes pas encore sur mais il est fort probable que tu sois également prise pour cible. De fait, je t'interdis de prendre le taxi toute seule, on ne sait pas qui est qui. Ne te retrouve jamais seule quelque part et soit toujours joignable.
- Mais on m'a volé mon téléphone...
- Demain je t'en achèterai un autre. Mais je t'en prie, prends soin de toi. Le Gabon est un pays magnifique et sans risque particulier. Mais dans ce contexte, de grâce, sois prudente.
- D'accord.
- Bon je te laisse te reposer. On se retrouve demain matin.
- Okay
Elle me raccompagna à la porte et se jeta dans mes bras, alors que je me retournai pour me diriger vers ma chambre.
- OH!
- Merci Marcus...Je ne pensais pas avoir à le dire un jour mais...Prince a vraiment de la chance de t'avoir comme ami.
- C'est mon frère MC. Même si j'ai l'air d'être le plus beau des enfoirées, je sais où sont mes limites.
- C'est ce que je vois. C'est bien.
- Hum. Tu pourras juste le lui répéter quand il se réveillera?
- Ah ah ah! Ça n'y compte pas! Bonne nuit, fit-elle en me tirant la langue.
=-=
Trois jours plus tard
Nous étions Samedi matin et je venais de laisser Marie-Claire à l'hôpital avec la mère de Prince qui veillait à son chevet avec un chapelet à la main. J'espère qu'elles ne vont pas trop s'étriper.
Compte tenu de la situation nous avions convenue que chacune des deux prétendantes de Prince serait près de lui à tour de rôle. Ainsi Laure allait le matin et MC l'après midi un jour et inversement le suivant.
Sacré MOKONZI!
Même malade, il les rendait toutes dingues. Apparemment Laure n'avait pas pu venir ce matin parce qu'elle ne se sentait pas bien...qu'à cela ne tienne MC était bel et bien présente. Cette fille m'impressionnait de jour en jour, elle ne lâchait rien et restait d'un calme olympien face à toutes les attaques de sa rivale et de sa belle-mère.
L'état de Prince n'avait pas évolué. Il était toujours sous assistance respiratoire et plus endormi que jamais.Je me dirigeai donc vers l'aéroport avec la voiture de location que j'avais prise pour être plus indépendant.
Dring Dring...
~ Allo?
~ Oui Ya Marcus, c'est Jeff
~ Oui Jeff, je t'écoute.
~ Je viens de récupérer tonton Marcel à la gare, on en entrain de se rendre chez tonton Bernard. C'est comment de ton côté?
~ Ben je viens d'arriver à l'aéroport la, je récupère l'invité et on vous rejoins là-bas.
~ Ok, on fait ça à tout à l'heure.
Click
Ça faisait déjà quelques jours que je préparais cette entrevue. Il était temps que tout ça se règle au plus vite! Je descendis de la voiture et après avoir griffonner le nom de la personne que je devais récupérer sur le carton que j'avais transformé en pancarte, je me dirigeais vers le hall des arrivées des vols internationaux. Au bout de quelques minutes, les passagers du vol en provenance de Brazza sortirent au compte goutte.
Je me mis bien en évidence pour qu'il puisse me voir assez facilement. Un homme se dirigea vers moi en me tendant la main.
- Monsieur Mabiala, je présume.
- Vous présumez bien, monsieur Okemba, merci d'être venu. Si vous voulez bien me suivre, fis-je en lui ouvrant le chemin.
Il hocha la tête et me devança. L'heure de la riposte avait sonné, ces femmes étaient allées beaucoup trop loin cette fois.