32- Les couleurs de nos amours
Ecrit par lpbk
Rudy EYA
« Tu es le batard le plus chanceux du monde ! », me crie Calvin.
« Tu ne sais même pas encore ce qu’elle va me dire toquard. »
« Arrête de me traiter de toquard. Imbécile ! A cause de toi ma meuf me fait la gueule. Comme si c’est moi qui me suis envoyé en l’air avec sa tchoin de cousine. »
Je pousse un puissant
« Cette fille est une bordelle c’est tout. Il n’y a rien à dire. »
« Cours au lieu de raconter n’importe quoi. »
Je ne la défends pas elle. Je défends Nowa. C’est quand même de sa sœur qu’il s’agit. Au lieu de me disputer avec lui, j’accélère le pas de course. Il ne pourra jamais résister à mes longues enjambées. Trop fainéant mon pote.
C’est aujourd’hui que je dois rencontrer Nowa.
Je ne peux manquer d’avouer que quand à mon réveil j’ai trouvé ce message tout ce qu’il y a de sec, mon cœur a fait « bam bam ». Comme dans les films d’actions années 70. Et aujourd’hui, elle ne m’a pas laissé le moindre choix. Je dois la retrouver chez Mimi tout à l’heure. J’espère qu’elles n’ont pas de mauvaises intentions parce qu’il y a bien des façons de tuer dans un institut de beauté.
« Ayem, comment tu me trouves ? »
Elle me regarde. De la tête aux pieds.
« Tourne sur toi ! »
J’exécute. Je n’ai pas droit à l’erreur. Même les plis de mon jean ont été étudiés, calculés. Tout est fait pour lui plaire. Rudy EYA se transforme en machine de « séduccion » comme elle sait le dire. Mais ma folle de sœur attend quoi ? Je soupire !
« Euh… ton pantalon fait ressortir ton petit cul si c’est ce que tu veux savoir. », dit-elle en se marrant.
Elle se fiche de moi. Elle ignore que ce soir, je joue ma vie sentimentale !
Je pousse un juron et je m’en vais. Elle aura ma mort sur sa conscience.
Quand je sors de l’immeuble, j’entends crier mon nom, je lève les yeux et c’est Ayem, elle est dangereusement penchée sur le garde-corps.
« Ce n’est pas le bon soir pour te suicider petite idiote. », hurlais-je.
C’est vrai, qu’elle choisisse un autre jour. Il y a sept jours dans la semaine bon sang.
« J’ai un rendez-vous très important et c’est maintenant ! »
« Je voulais juste te dire que tu es à croquer Rudy. »
Je ne peux m’empêcher de sourire. N’est-elle pas adorable ma petite sœur ?
J’ai 10 minutes d’avance ! C’est déjà bien.
Je sens des picotements à mes extrémités. C’est le stress ? L’amour ? La peur ? Je souffle un bon coup avant de descendre. En avançant vers l’entrée, je me demande encore pourquoi c’est ici qu’elle a tenu à me rencontrer ? On aurait pu se voir dans un restaurant, chez moi, chez elle… Hummm.
Je passe la porte et comme d’habitude, tous les regards sont sur moi. J’affiche mon air le plus serein. Un sourire à gauche, un demi à droite. Petit hochement de tête. J’avance vers Mimi. Je ne l’aperçois nulle part.
« Bonsoir. »
Elle ne répond pas. Ça commence mal. Je sais que j’ai déconné mais quand même.
« Mimi, je … »
« Ce n’est pas la peine de me donner des explications. Nowa est à l’intérieur. Je vais demander à Olga de t’accompagner sauf si tu as peur que vous vous retrouviez dans une posture dangereuse. Olga c’est bon ? »
Je vois que ma réputation de salop me précède.
« C’est parfait ! », dis-je en feignant un sourire.
Elle demande à Olga de m’accompagner à l’intérieur.
Je la retrouve dans une cabine. Iris est en train de se faire masser par Georgette. L’ambiance est électrique, pourtant en arrivant, j’ai cru entendre de grands éclats de joie. Je me sens pris au piège ; un peu comme un rat dans une cuisine traditionnelle.
« Bonsoir. »
Iris tourne la tête dès que j’ouvre la bouche. Elle ne serait pas la meuf de mon frère que je lui donnerais des coups.
Nowa est assise devant une énorme glace, une serviette nouée au-dessus de la poitrine. Téléphone en main.
« Tu vas bien Rudy ? », me demande Georgette.
Au moins une qui se soucie de ce que je deviens.
« Tshuiips. »
Mais qu’est-ce qu’elle a l’autre. Je pensais que les massages ça nous rendaient zen.
« Ça va chérie et toi ? »
« On ne se plaint pas ! La cabine à côté est libre, vous pouvez aller discuter là-bas. »
Je m’en vais lui faire un bisou à cet ange descendu du ciel spécialement pour moi.
« Bonsoir Nowa. »
Je veux lui faire un bisou mais elle s’écarte. Je me redresse sans demander mon reste. J’attends qu’elle se lève et nous sortons de cette cabine pour une autre. Nous devons parler en privé même si je sais que les femmes c’est trop des pipelettes.
Quand on arrive, je pousse la porte. Je la regarde s’assoir sur l’une des tables de massage. Je m’installe sur celle d’en face.
« Ils ont poussé tes cheveux. », dis-je pour briser le silence et l’énorme glaçon entre nous.
« Euh… oui. »
« Tu vas bien ? »
« Si aller bien c’est vivre, alors oui. »
J’avais déjà répété une bonne dizaine de discours mais là, je ne me souviens plus d’aucun. Je suis complètement perdu et pourtant il faut que je dise quelque chose.
« Je sais que ces derniers jours ont dû être difficiles pour toi Nowa mais je te promets que pour moi ça été comparable à un calvaire. »
« Rudy… Arrête un peu de parler de toi un seul instant. »
Pourquoi ne peut-elle pas comprendre que c’est parce que je ne sais quoi lui dire. Les faits sont là ! Je l’ai trompé. De la plus affreuse des façons.
« Tu veux que je fasse quoi mon cœur ? », demandais-je en prenant ses mains dans les miennes.
« Je ne sais pas ! J’ai beau réfléchir et je ne sais pas ce que je veux que tu fasses. J’ai juste envie d’arrêter de pleurer, d’avoir mal. J’ai juste … »
Je me lève et je m’en vais la prendre dans mes bras.
« Je suis désolée mon cœur. Je suis vraiment désolé de te faire souffrir autant. »
Elle s’accroche très fort à moi, un peu comme si elle a peur que je m’en aille.
« Arrête de pleurer, tu sais que les jolies femmes, elles ne pleurent pas. »
« Et les vrais hommes, ils ne nous font pas pleurer. »
« Je sais. Je te promets que je vais tout arranger. »
Nous restons là, dans la moiteur de cette pièce. Jusqu’à ce qu’elle s’arrête de pleurer.
« Tu sens bon. », me dit-elle.
« Merci, c’est tout pour toi. »
Elle rigole. Timidement.
« Qu’est-ce que tu veux faire maintenant ? », lui demandais-je.
« Humm… J’ai envie de regarder un film en mangeant de la crème glacée et puis dormir. »
« OK. Je vais attendre que vous finissiez de vous faire chouchouter et je vais vous raccompagner. On va d’abord passer prendre des pots maxi de glace pour Georgette et toi et des mini pour Iris… »
« Ah ha ha…. Mais pourquoi ? »
« Parce qu’elle me déteste. »
Elle lève la tête vers moi.
« Elle ne te déteste pas Rudy ! Elle déteste juste ce que tu m’as fait. »
« Je sais ! C’est justement parce que je la comprends que je lui prendrai un pot de glace… sinon crois bien que je ne lui prendrais rien. »
« T’es fou ! »
« De toi Nowa ! Je suis fou de toi ! Comment faire pour résister, tu es magnifaïk ! », dis-je en lui faisant un clin d’œil.
Elle reste un moment à me regarder.
« Tu peux m’embrasser tu sais ! Je sais que c’est juste pour ça que tu demandes pardon obsédé. »
Humm… Sourire en coin.
« Juste t’embrasser ? », soufflais-je dans son cou.
« Oui, juste m’embrasser. », répond-t-elle alors que mes lèvres se perdent déjà sur son cou et que ma langue taquine son lobe.
La serviette est tellement épaisse que j’entreprends de la lui arracher. Mais elle me retient.
« Je mérite des excuses XXL Rudy ! Diner de maitre, conversation élaboré, hôtel étoilé et nuit torride. »
« On ne peut pas juste passer à la nuit torride ? »
« Non ! », répond-t-elle en me donnant une gifle toute gentille.
« Tu me coutes extrêmement cher Nowa. »
« Considère moi comme une étoile et tu verras que tu ne payes pas assez cher. »
« OK ! Mais … »
« Non, qu’est-ce que tu fa… »
Elle est déjà allongée sur la table de massage avec ma tête entre ses jambes.
Elle va connaitre les cinq minutes les exquises de sa vie.
Elle tente mal de se dégager de mon emprise mais je ne la laisse pas faire. Je compte bien la faire crier de plaisir ici. Je maintiens ses cuisses fermement. Je veux la posséder.
Je l’embrasse, je la caresse. Ses seins me fascinent. Je veux la dévorer. Elle gémit. Ça m’excite au plus haut point. Une vague de chaleur m’envahit. Je descends vers son sexe intégralement épilé et trempé. Mon doigt s’engouffre à l’intérieur et je commence presqu’à penser que je suis en train de lui faire l’amour. Un second doigt rejoint le premier. En parallèle, j’embrasse et je suce son clitoris gorgé de désir. Les mouvements de mes doigts se font de plus en plus rapides. Je sens ses jambes se raidir autour de moi.
« Arrêt….. Quelqu’un va arriver. », parvient-elle à dire.
Il fait chaud. Il fait humide entre les parois de sa fournaise. J’y pose ma bouche gourmande, assoiffée. Quand nos lèvres se croisent, elle pousse un gémissement encourageant. J’imagine bien que je lui ai terriblement manqué. Ça se voit, ça se sent et ça s’entend. Elle brule de désir et d’envie. Ses hanches ondulent sous le poids de mes caresses.
« Je m’en fiche, nous sommes des adultes. »
Je reviens, j’ai envie de terminer ma besogne.
Je parcours cette fente béante lentement. Je suis insatiable. Infatigable. Sa main glisse sur ma tête. Maintenant, c’est elle qui guide mes mouvements. C’est elle qui m’impose le rythme de cette danse endiablée.
« Rudy… Arrête ! »
« Non ! Pas encore. »
Je continue de butiner tout le liquide de cette rose délicate et charnue. Ma langue s’enfonce dans son sexe avide et cruellement étroit. Ses petits cris me donnent envie de la prendre ici, tout de suite.
« Viens… », me supplie-t-elle dans un gémissement rauque.
Elle veut une nuit torride. Elle l’aura mais pas ce soir.
Je la laisse gémir. J’en profite pour caresser ses fesses, ses cuisses amincies. Puis, je m’arrête. Je me redresse et je l’aide à se redresser. Je lui noue à nouveau sa serviette. Et j’essuie ma bouche du revers de ma main.
« Les autres doivent s’inquiéter. », lui soufflais-je.
Tina NYANE
Ce soir, nous recevons les parents de Tristan à diner.
Je crois que j’ai hérité des dons culinaires de ma mère. J’en suis même certaine. Il suffit de les regarder manger.
« Tina, tu es magnifique ! Et la grossesse te va si bien. », me compliment la mère de Tristan. Ingrid.
« Merci. Je suis sûre que vous étiez pareille. »
Elle sourit.
« Oh non ! Je rivalisais avec une baleine Tina. N’est-ce pas Harry ? »
« Mais non Ingrid ! »
Harry est un flatteur. J’imagine bien sa jeunesse.
Tristan comme à chaque fois qu’il est en présence de ses parents, il ne dit rien. Il se contente de vider son assiette.
« Et toi Tristan, tu es content ? Tu seras bientôt papa. », l’interroge sa mère.
« Vous savez bien que je m’en fiche de vos histoires de gosse, de mariage. »
« Tristan ! », gronde son père en tapant du poing sur la table.
Il nous fait tous sursauter.
« Calme-toi Harry ! Tu sais que pour ton cœur, tu devrais éviter de t’énerver. »
« Mais c’est ton pédé de fils ! Il veut me rendre fou ! Qu’est-ce que nous n’avons pas fait pour toi Tristan ? Une bonne éducation, les meilleures écoles du pays et tout ça pourquoi ? Pour qu’il nous apprenne qu’il aime les hommes. »
Tristan les regarde sans parler. C’est à croire qu’il est sourd.
« Tristan, nous avons trouvé une façon de sauver la face. Tu vas épouser Tina un point c’est tout. Et Dieu merci, cette fois, cette insémination a abouti. Alors tu vas nous faire le plaisir de te comporter comme un homme amoureux, fou amoureux et heureux futur papa. »
« Il a intérêt sinon, je te promets que ta petite pute de Dany, je vais la faire disparaitre. »
Dans le plus grand calme, Tristan sort de table alors que son père continue de gueuler, de le menacer. Je sais que Tristan lui, il s’en fiche de toutes ses menaces. Il sait ce qu’il a à faire et il le fait.
Nous finissons de diner à trois. Au moment de débarrasser, Ingrid propose son aide.
« Tina, tu sais que nous avons un arrangement n’est-ce pas ? »
Je regarde Ingrid dans les yeux. C’est une femme forte contrairement à ma mère. Malgré les tromperies de son mari, elle ne s’est jamais laissée abattre. Elle continue de tenir sa famille d’une main de maitre.
« Ne vous inquiétez pas, je continuerai de jouer mon rôle de parfaite épouse. », dis-je en me retournant.
Sauf qu’elle me retient par l’épaule.
« Tu continues de voir cet homme ? »
« Quel homme ? », repondis-je en essayant de dissimuler l’émotion qui est en train de m’envahir.
« N’essaie pas de te faire passer pour l’idiote que tu n’es pas chérie. Je t’avais clairement demandé d’arrêter toute liaison avec lui. Une femme mariée n’a pas le droit d’être amoureuse d’un autre homme encore moins d’un amant. Tu devras te consacrer uniquement à mon fils et à ce petit être qui grandit en ton sein. »
« Je ne suis pas amoureuse de lui ! »
« Alors, pourquoi tu continues de le voir ? »
« Je ne le vois plus. »
Splash
Elle vient de me donner une gifle. Je me tiens la joue.
« Je te préviens encore, je ne veux plus que tu le voies. Plus jamais. »
Elle passe devant et s’en va rejoindre son mari qui prend un dernier verre dans le salon. Moi, je me retiens de pleurer. C’est la vie que j’ai choisi.
« Elle va le regretter. », pensais-je en sortant de la cuisine.
En femme bien éduquée, je raccompagne mes beaux-parents jusqu’à leur voiture avant de monter rejoindre Tristan dans ce qui est supposé être notre chambre. Il est au téléphone. Vu l’heure qu’il est, il doit être en train de causer avec Dany. Je vais dans la salle de bain me préparer à le rejoindre dans ce lit froid, glacial.
« Ta mère est une belle garce tu sais ! »
« Tu lui ressembles tellement Tina ! »
J’ouvre les yeux tellement je suis étonnée par ce qu’il vient de dire.
« Qu’est-ce que tu viens de dire Tristan ? »
Il pose son ordinateur, se tourne carrément vers moi pour me répéter ce que je crains d’avoir déjà entendu.
« Tu es comme elle Tina. Une belle diablesse. Qui pourrait accepter d’épouser un homosexuel juste pour se donner de la valeur dans la société ? Et là, tu fais croire à cet homme que l’enfant que tu portes est de lui ? »
« Fais attention à ce que tu dis Tristan ! »
« Sinon quoi ? Tu ne rompras jamais avec moi. Tu aimes trop le pouvoir, l’argent, la gloire pour cela. Tu aimes trop tes grands airs. La perfection n’est pas de ce monde ma chère. »
« Et toi Tristan, tu es un monstre que je cache. »
« Bonne nuit chérie. Fais de beaux cauchemars. »
Il se tourne et s’allonge. Je fulmine. J’ai l’impression d’avoir un volcan dans la tête. Comment ose-t-il me dire toutes ces choses.