39 - Rentrer ou pas

Ecrit par Owali

Partie 39


***Prince***


- Eh bien je crois que tout est ok, déclara le Docteur Akaga après avoir examiné mes radios. Vos fractures cicatrisent correctement. Il n'y a pratiquement plus rien sur votre jambe droite donc on va vous retirer les plâtres et vous reviendrez dans 15 jours pour qu'on voit votre autre jambes et que je vous prescrive des séances de rééducation dans un cabinet spécialisé.

- Très bien docteur, mais comme vous le savez je ne vis pas ici, alors je pense que je récupérerai mon dossier pour continuer à me faire suivre en Suisse si vous n'y voyez pas d'inconvénient bien sur.

- Oh! Non non pas de problème hein. Je pourrais même vous recommander d’excellents confrères si vous le souhaitez. Vous êtes à Zurich ou à Genève?

- Zurich.

- Très bien, pas de soucis. Je me chargerai de mettre à disposition votre dossier dans les plus brefs délais. Essayé de repasser dans deux jours.

- Merci docteur. Donc la je peux y aller?

- Oui, c'est quand vous voudrez. Je vous souhaite une bonne fin de séjour au Gabon alors, prenez soin de vous.

- Merci beaucoup docteur.

 

Une semaine s'était écoulée depuis le départ de MC et j'avais plus que hâte de remonter sur Paris car malgré le fait qu'elle ait changé les serrures de sa porte d'entrée, je n'étais pas très rassuré à l'idée de la savoir toute seule et potentiellement toujours en danger. Car jusqu'à présent la police n'avait pu identifier aucuns suspects de son pseudo cambriolage, le ou les voleurs n'ayant rien emporté avec eux mais plutôt tout cassé. C'était incompréhensible. Avec l'aide d'Elikia et Aude elle avait nettoyé son appartement après le passage de la police, mais voulant prouver à je ne sais qui qu'elle n'avait pas peur, elle avait décidé d'y rester malgré tout. 

"Je ne vais pas me laisser impressionner par une bande de voyou quand même!" m'avait-elle répondu lorsque je lui avais dis d'aller habiter chez sa sœur pendant au moins le temps que je rentre.

Mais j'ai appris à composer avec son entêtement depuis le temps.  Je l'appelle juste tous les soirs pour m'assurer que tout se passe bien, surtout qu'ayant repris à fond ses entrainements pour son festival de kizomba, elle rentrait très tard chez elle.


'Toc Toc'


- Oui?

- Bonjour Prince, tu vas bien? me demanda tantine Hermine en entrant dans ma chambre

- Oui tantine, ca va et toi?

- Ah ca va...me répondit-elle visiblement fatiguée

- ok

- Le médecin a dit quoi? Tu peux sortir quand?

- Dès aujourd'hui hein! C'est bon plus rien ne me retient ici

- Oh! Ah bon ?!? AaHhh Dieu soit loué!!! Elle se mit à esquisser quelques pas de danse.

J'éclatais de rire. Quelques minutes plus tard elle m'aida à ranger les quelques affaires que j'avais et nous rentrâmes à la maison.


=-=


Cocoricooooooo!


Hum! Je sursautai et ouvrit les yeux pour me rendre compte que je n'avais pas bougé de la où on m'avait laissé 5 jours plutôt. 

Je ne sentais plus aucun de mes membres. La totalité de mon corps à l'exception de ma tête se trouvait complètement sous terre. Mon initiation arrivait à sont terme, désormais je ne faisais plus qu'un avec la nature. J'en avais découvert les secrets et avait fait la rencontre ou plutôt j'ai rencontré à nouveau ce qui sont à l'origine de tout. J'avais encore du mal à croire en tout ce que j'avais vu, c'était si...magique. Désormais ma vie ne serait plus la même. Dans cette autre dimension, parallèle à celle dans laquelle nous vivons, j'avais appris tellement de chose... d'abord sur moi même puis par la suite sur la vie dans l'univers. Mon scepticisme avait été sérieusement ébranlé par les génies de la forêt et laissait peu à peu place à une grande crainte de la vérité. Vérité que j'avais vécu et non entendu parler, même si pour cela j'avais pour cela dû consommer une grande quantité de plante hallucinogène... Quelque part au fond de moi j'avais l'intime conviction d'avoir trouvé ma voie. Lorsque tu connais la vérité, le mensonge est difficile à avaler…


La bas j'ai trouvé toutes les réponses aux questions que je me posais et même que je ne me posais pas... Quelques heures plus tard on vint me déterrer et après avoir mis un certain temps pour me réhabituer à l'effet de la gravité sur mon corps, je fus le premier étonné à retrouver l'usage de mes jambes comme si je n'avais jamais eu d'accident. Je ne boitais plus et ne ressentais plus aucune douleur nulle part. 

C'était incroyable! On sortie de la forêt et à la fin de la cérémonie d'initiation, j'eu l'autorisation de partir.

- Mbote! Alors comment te sens-tu? Me demanda Marcus qui m’attendait au niveau du corps de garde

- Mbote...ah laisse je suis seulement dépassé.

- Ah ah ah! Bienvenue dans la vraie vie! Me fit-il en me donnant une tape dans le dos.

- Bon retour parmi nous! Me lança à son tour tonton Bernard. Bon on va profiter qu'il fasse encore jour pour prendre la route si tu es prêt.

- oui, oui on peut y aller.

C'est ainsi qu'après avoir salué tous les Babongo (ethnie pygmées) nous quittâmes le village de Midouma situé dans la province de l'Ogoué Lolo à quelques encablures de la ville Koulamoutou. Nous décidâmes d'y passer la nuit avant de remonter sur Libreville le lendemain par la route.


=-=


Dring Dring...Dring Dring


~ Allo?

~ Oui bonsoir Prince, c'est Rose, ca va?

~ Ben écoute je pense que je ne peux pas aller mieux et toi?

~ Super! Dit moi je t'appelle parce que j'aurai souhaité t'inviter à dîner avant ton départ, est-ce que tu penses que c'est possible?

~ Heu...ben c'est à dire que demain j'ai déjà ma journée full et comme mon vol est prévu après demain soir...

~ Ben ce soir alors! Allez dis oui, dis oui, dis oui s'il te plait!

~ Ce soir...ben heu ok ok pas de soucis. On se retrouve ou?

~ Je passerai te chercher, tu es chez ton oncle non?

~ Heu...oui oui. Comment tu sais ou c'est?

~ J'avais croisé ta tante une fois en galère de taxi et je l'avais proposé de la déposer.

~ Et elle avait accepté?!?

~ Oui oui, c'est une femme très raisonnable ta tante, contrairement à ta...

~ Rose...

~ Rho c'est bon je ne dis plus rien. Bon à ce soir alors! 19h?

~ 19h!

Click


Hummm...je m'allongeai sur mon lit. Depuis mon retour j'étais tout le temps fatigué, normal avec tout ce que j'avais vécu. Bon il faut que je mette mon reveil quand même pour ne pas trop dormir. Quelques heures plus tard je me levai et après avoir pris une douche, j'optais pour un jean Levis simple et un polo Ralph Lauren que MC m'avait offert. Personnellement je n'étais pas trop pour porter des vêtements de marque mais bon, je n'avais plus rien à me mettre. Devant partir dans 2 jours, pratiquement tous mes habits étaient à laver.

19h15 elle me fit signe et je m'apprêtais à sortir lorsque tonton Bernard toqua à ma porte.

- oh! Excuse moi, je ne savais pas que tu sortais ce soir

- Oui, oui tonton je vais juste dîner avec Rose, pourquoi?

- Heu, je voulais juste te remettre des documents la mais bon, si tu es pressé on peut voir ça plus tard hein

- Non, c'est bon elle peut m'attendre 2 min

- Tu es sur? On ne fait pas attendre les femmes hein.

- Ah tonton, ce n'est pas comme si c'était ma femme, et puis elle est même en retard par rapport à l'heure qu'on avait convenue initialement donc dis moi, quels sont ces documents?

- Ok, ok suis moi alors dans mon bureau. Tout est la bas.

On se dirigea vers son bureau où il me fit m'installer.

- Ton père m'a demandé de te remettre ceci, fit-il en me tendant un dossier. Il n'a pas le temps de le faire lui même comme il devait partir en urgence au Congo.

Je regardais le dossier en question... hum! 

J'y découvrait tous les documents relatifs à la boulangerie et à la maison de Yéné. Les titres de propriété étaient aux noms d'Elikia et au mien.

- C'est quoi ca? lui demandais-je

- Prince, tu n'es pas censé ignorer que ce que traverse ta mère est une situation très compliqué et que le voyage qu'ils ont entrepris est très périlleux.

- Hum. Et donc?

Il me regardait stupéfait par ma réaction.

- Ils ont fait des choix, ils n'ont qu'à les assumer. Après tout ce qu'ils m'ont fait, il n'espère tout de même pas que je vais me repointer ici pour reprendre leur buisness monté avec des mains pleine de sang! M'énervais-je

- Mais...

- Non tonton! N'essaie même pas de les défendre leur attitude a été indigne de celle de parent se disant aimants et ayant tous sacrifiés pour le bonheur de leurs enfants! Tu peux les garder je n'en veux pas, fis-je en balançant le dossier sur son bureau avant d'en sortir.

C'est donc légèrement à cran que je rejoignis Rose dans sa voiture.

- Si c'est à cause de mon retard que tu es fâché comme ça, je m'excuse sincèrement...fit-elle confuse 

- Non ça n'a rien à voir avec toi, je me suis juste pris la tête avec mon oncle, mais laisse tomber. 

- Ah...ok. Bon on y va alors?

- Yep!

Nous primes alors la route du restaurant 'Le Confidentiel' situé en face du bord de mer. Avec un nom pareil, je commençais à avoir des doutes sur le bien fondé de cette invitation. 

J'espère qu'elle n'a pas de secret à me dévoiler, j'ai eu ma dose de révélation pour mon séjour. Une annonce de plus et je suis pratiquement sur de ne plus remettre les pieds dans ce pays avant longtemps!

Nous nous dirigeâmes vers l'entrée du restaurant et alors que je m’apprêtais à lui ouvrir la porte, un homme vêtu d'un boubou me coupa la route pour se précipiter à faire rentrer la personne qui l'accompagnait.

- Non mais oh! C'est quoi ces manières ?!? Vous vous croyez ou pour bousculer les gens de la sorte?!? lui crias-je dessus

- Prince...laisse, me chuchota Rose en me tirant vers l'arrière alors que je m'approchais dangereusement du monsieur qui me faisait dos.

Il se retourna et en me regardant de haut avec un mépris sans égal !

- Je vous demande pardon?! Vous savez à qui vous vous adressez monsieur?

Je regardais la personne qui me parlait. Mise à part ses gros habits qui lui donnais un peu plus de carrure, je ne lui donnais pas plus que mon age. D'ailleurs à y regarder de plus prêt, son visage m'était plutôt familier...non non, je dois faire erreur sur la personne.

- Je m'en fout de savoir qui vous êtes! Qui n'est pas l'enfant de quelqu'un ici?!? Vous savez qui je suis moi?

Il y eu un petit sourire dans le coin. C'est sur qu'il devait se demander qui osait le défier alors que tout le monde autour de nous semblait le craindre. Mais je m'en fout! Je n'ai pas peur de lui

- Princeee...Faisait Rose en essayant de me tirer.

Elle commençait à m' énerver elle!

- Lâche moi toi! Fis-je dans un mouvement brusque pour me dégager d'elle. Bon alors Monsieur, vous comptez présenter vos excuses ou?

- Ou quoi?!? ah ah ah! Regardez moi ce fou la! fit-il en prenant la foule qui avaient commencé à s'attrouper à témoins.

Je levai mon bras pour lui foutre mon poing dans la gueule pour lui faire passer l'envie de montrer ses vilaines dents, lorsque je sentie quelque chose me retenir par l'arrière. En me retournant je vis un espèce de gorille, garde du corps tout de noire vêtu mais qui donnait envie de tout sauf de rire sous ses lunettes noirs.

- Monsieur Dione, un problème?

Hein?!? Il a dit qu'il s'appelle comment??? Je regarde plus attentivement le visage du fameux Dione...Mais, mais?!?

- Ibrahim?!? M' écriais-je

- Ah ah ah! Ça y est? Tout d'un coup la mémoire te reviens et tu sais maintenant à qui tu as affaire?!?

- Mais qu'est-ce que tu me racontes? tu ne me reconnais pas??? 

- Heu...

Il fronçait les sourcils comme pour fouiller dans ses souvenir

- Ibrahim! Tu veux dire aujourd'hui que tu ne me connais plus?!? Moi Prince Tchikaya?!?

Il ouvrit grand ses yeux comme s'il réalisait soudain...

- OOOHHHHH!!! Prince Mokonzi?!? Non ce n'est pas vrai! Tom lâche le, c'est mon frère! fit-il à l'adresse de son gorille avant que nous ne tombions dans les bras l'un de l'autre, au pus grand désespoir de la foule qui était déjà à prête à un nouveau sujet pour alimenter le congossa du quartier.

Je fis les présentations avec Rose qui n'arrivait pas à croire que je le connaissais. Apparemment mon ami d'enfance avait tellement réussi que c'était devenu un personnage très important et influent dans le monde des affaires. Il avait marché sur les trace de son père et était parmi les leader dans la vente de voiture de luxe dans la sous régions ce qui lui conférait une certaine respectabilité et lui garantissait un train de vie plus tot confortable. 

Très confortable même. Finalement on dîna avec sa compagne Aïcha et lui. Et pendant que les femmes parlaient chiffon, il me raconta son parcourt et ce par quoi il avait du passer pour en arriver la où il était. Il appartenait à la confrérie des mourides ce qui lui permettait d’avoir une force de frappe sans égale dans le mesure où il avait derrière lui un puissant réseau qui le soutenait. Finalement tout est toujours question de réseau, de secte, de confrérie ou de sororité dans ces histoires…c’est ça, j’avais trouvé le mot. Pour réussir, il me fallait me constituer un réseau solide ! A la fin du repas on échangea nos coordonnées en se promettant de rester en contact. 

Rose me raccompagna chez moi toute ravie de la tournure inattendue que notre soirée avait pris.

- Non mais j'ai vraiment cru que tu allais te battre avec lui! toi tu ne sais pas que dans le pays la on ne s'en prend pas au gens qu'on ne connait pas!

- Hum pourquoi? Les gens qui se croient tout permis parce qu'ilsonta plus d'argent que d'autres je ne supporte pas ça.

- En tout cas tu as eu la chance hein, parce que avec son garde du corps la...hum je crois que tu serais retrouvé à nouveau à l’hôpital hein! kiakiakia

- Pfff il ne faut pas croire que parce que quelqu'un est baraqué qu'il est forcément bon bagarreur! Il a eu la chance qu'on se connaissait, j'allais finir avec eux avant qu'ils ne s'en rendent compte! 

- Ouai, ouai c'est ça! Je serais venu te faire boire la soupe à l’hôpital avec toutes les dents qu'on t'aurai cassé oui!

- Kiakiakia! N'importe quoi!

- Sérieux, bon sauf si ta femme la revenait hein parce que moi je ne veux pas les problèmes avec les maris des gens, j'ai suffisamment donné dans ma petite vie.

- Hum...je lançais un regard dans sa direction, elle avait l'air si triste. 

J'avais du mal à comprendre comment une femme aussi jeune, belle, indépendante, intelligente bref une femme plutôt bien sur tout rapport, se retrouvait seule...Ah la la, les filles vraiment... c'est comme ça que vous passez à côté de votre bonheur! Je me mis à éclater de rire.

- Mais qu'est-ce qui te fais rire?!? M'interrogeait-elle

- Ah ah ah! Non, je viens d'avoir un flash en fait.

- Tu partages?

- Ben, heu je ne sais pas trop si ça va te faire rire hein

Elle me regarda d'un air menaçant.

- Pas la peine de faire cette tête, je pensais juste à la façon dont tu m'avais rembarré la première fois qu'on s'est rencontré...

Elle fronça les sourcils. 

- Quoi heu...AH! A cause de ton...

- Hum hum! Si tu ne t'étais pas arrêté à ce détail, qui sait, tu n'aurais peut être pas été seule aujourd'hui...

- Je sais...je me suis déjà fait la réflexion. Fit-elle en coupant le moteur de sa voiture devant le domicile des Loembe. Elle en a de la chance Marie-Claire...

L'atmosphère commençait à devenir un peu bizarre.

- Oui, mais il ne faut pas trop t'en faire, je suis sur que tu vas trouver chaussure à toi pied très prochainement.

- Hum...fit-elle l'air pensif, le regard lointain.

- En tout cas je suis content d'avoir passé cette soirée avec toi Rose. Merci beaucoup

- Mais c'est moi qui te remercie, me fit-elle avec un sourire triste.

Je me penchais pour lui faire la bise et au moment où mes lèvres allaient toucher sa joue, elle tourna brusquement sa tête et se mis à m'embrasser à pleine bouche. L'effet de surprise passé je la repoussai d'un geste vif!

- Non mais qu'est-ce qui te prend?!? - Je...je suis désolée, fit-elle confuse en essayant d'arranger sa robe. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Excuse moi, le célibat doit me monté à la tête, pardon, pardon, ca ne se reproduira plus!

- J’espère bien, fis-je en ouvrant ma portière. Je te souhaite de passer une bonne nuit.

- Merci, toi aussi Prin...


Clap!


Je refermai sa portière et me dirigeai vers le portail. 

J'ai besoin de repos, mes nerfs on été suffisamment mis à rude épreuve ce soir.


=-= 


"Tin Din Din" 

Les passagers du vol numéro AF786 à destination de Paris sont priés de..."

- Bon ça y est je crois que je vais y aller. Tonton Bernard, tantine Hermine je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait pour moi. Vous êtes une véritable famille.

- Aussi longtemps que Dieu nous donnera le souffle de vie, nous serons toujours la, me répondit tantine Hermine. Prends bien soin de toi mon fils.

- Merci tantine Hermine.

- Mon petit, pense bien à tous ce qu'on s'est dit hier hein...ici c'est ton pays. Quoiqu'il s'y passe, tu n'as pas à lui tourner le dos. C'est ici que sont tes racines, c'est ici qu'est ta véritable place. Part mais n'oublie pas qu'un jour il te faudra rentrer.

- J'ai compris tonton...

Je leur fis une longue accolade avant de me diriger vers l'espace réservé au voyageur pour effectuer les formalités de police et embarquer dans l'avion. Une fois à l’intérieur et confortablement installé sur le siège de première classe que Rose m'avait pris, j'envoyais un message à Marcus pour qu'il vienne me chercher à l'aéroport vu qu'il avait du rentrer sur Paris après mon initiation. J'essayai de joindre ensuite Marie-Claire mais elle ne répondit pas. Depuis que je lui avais dis que je sortais dîner avec Rose elle me faisait la tête. 

Je n'imagine pas ce qu'elle m'aurait fait si je lui avais dis pour le baiser volé...je pense que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Ce n'étais pas quelque chose d'intentionnel. 

Déjà qu'elle ne la porte pas dans son coeur, si en plus elle apprend qu'elle a tenté quelque chose...

- Oh mais ca c'est pas Tchikaya?!?

Je me retournai pour voir la personne qui s'adressait à moi. Et fut surpris de tomber sur...

- Rhooo Onanga?!? Qu'est ce que tu fais la?!? Fis-je en me levant pour lui faire l'accolade.

" S'il vous plait messieurs, vous gênez le passage la!" Nous fis remarquer une femme alors que nous étions au milieu du couloir. 

Nous nous décalâmes et discutâmes un moment. Pierre Onanga était un autre de mes amis de l'université de Masuku mais qui avait eu moins de chance que moi car il n'avait pas pu quitter le pays. Enfin, moins de chance c'est vite dit. 

Plutôt bon élève et battant, après sa licence de Physique-Chimie, il s'était trouvé un stage chez Total. Ayant le sens du contact assez développé, en plus de sa compétence, il avait réussit à gagner le cœur de ses supérieurs qui avaient décidés de financer sa formation à l'IFP School pour obtenir un diplôme d'ingénieur lui permettant d’accéder à des postes avec plus de responsabilités. J'étais très impressionné par la ténacité dont il avait du faire preuve pour s'en sortir alors que rien n'était gagné pour lui à priori. Mais pire, lorsqu'il m’annonça qu'il était déjà propriétaire de 2 maisons à Port Gentil, alors qu'il n'avait que 26 ans à peine, et ce uniquement grâce au confortable salaire qu'il percevait et le rythme de vie drastique qu'il s'imposait (pas d'alcool, pas de copine, pas de sortie)... j'ai commencé à me poser de sérieuses questions sur ma vie. Certes chacun va à son rythme, mais de voir autant de modèle de réussite en si peux de temps et surtout au pays où les choses semblent très compliqués, ça porte à réfléchir. Dans le fond, est-ce je pouvais dire que j'avais réussi? Que mon but d'être un Mokonzi avait été atteint ou que j'étais en passe de l'atteindre prochainement? Un rapide examen de conscience me fis me rendre compte qu'en réalité j'en étais loin, très loin même. 

Même si aux yeux de tous j'étais un parfait exemple de reussite. Jeune cadre dynamique vivant dans l'un des pays les plus riches d'Europe, pour la plus grande banque de gestion des fortunes dans le monde, tout est parfait sur le papier. Mais dans le fond? Qu'est-ce que ça m'apporte concrètement sur le plan personnel? 

Rien, je me mine la santé avec des horaires de malade, j'ai une copine avec qui je ne peux rien construire de concret étant à distance, j'envoie de l'argent à mes parents pour me donner bonne conscience mais dans le fond je ne participe en rien à l’évolution de mon pays et donc je ne sers à rien. 

"C'est ici que sont tes racines, c'est ici qu'est ta véritable place"

Les paroles de tonton Bernard me revenaient en mémoire. Et je réalisais peu à peu que ma vie à Zurich n'avait plus de sens...J'adorais mon boulot mais ce à quoi j'aspirai plus que tout c'était de devenir un Mokonzi et pour ce faire, je n'avais plus d'autre choix que de partir.Partir okay, mais partir ou? 

Rentrer en France pour y rejoindre MC ou rentrer au pays pour m'y faire moi aussi ma place au soleil?


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MOKONZI