4 - Concession

Ecrit par Owali

***Marie-Claire***

- Bonjour Mademoiselle Marie-Claire

- Bonjour Georges, comment allez-vous ?

- Tres bien mademoiselle, je vous remercie. Et vous ? Qu'elles sont les nouvelles de la capitale ?

- Oh rien de spécial, la routine Georges, la routine. Metro, Boulo, Dodo

- Ah cette vie est bien pour vous autres les jeunes, à notre âge on préfère largement le calme de la campagne.

- Vous faites bien Georges. Dites moi, mon père est... ?

- ...dans son bureau avec votre frère. Il a indiqué ne pas vouloir être dérangé. Votre sœur en revanche, elle vous attend dans le jardin.

- Très bien, merci Georges.

Je quittais le majordome et longeais le long couloir qui menait à l'arrière de la demeure familiale. Il était 14h et j'étais déjà très en retard pour le déjeuner dominical.

- Ah enfin te voilà ! s'exclama ma grande sœur Aude à peine le seuil de la porte de la terrasse franchis. Nous ne t'attendions plus !

- Oui je sais Aude, désolée, répondis-je en lui faisant la bise. J'ai eu un peu de mal à me réveiller.

- Comme si c'était nouveau ! J'espère que tu arrives à te réveiller pour aller au boulot quand même !

- Oui et justement c'est parce que je me lève tôt toute la semaine que j'ai du mal le week-end. En plus je suis rentrée tard hier soir.

- Ah oui ta soirée d'hier ! Alors raconte, fit-elle avec grand intérêt en tirant une chaise à côté d'elle.

- Mais Aude, arrête de te l'accaparer voyons, elle n'a même pas eu le temps de venir me saluer , l'interpella Yves son fiancé qui était affairé sur le barbecue.

Je lui souriai et allai lui faire l'accolade:

-  Comment vas-tu cher beau-frère ? 

- Futur beau-frère ! S’écria Aude. Il n'est pas encore passé devant monsieur le maire. Je m'appelle encore mademoiselle Le Blanc !

- Ah ah ah ! Profite encore, on en reparle dans quatre mois, rétorqua t-il.

Je me figeai réalisant ce qu'ils venaient d'annoncer.

- Quatre mois ?!? Vous voulez dire que...

- ...nous avons arrêtés la date du mariage oui, me coupa t-il. Il aura lieu en décembre prochain.

- Quoi mais ?!? en hiver ? Pourquoi vous voulez vous marier quand il fait froid ? Et puis, pourquoi si vite ? En général on fixe la date un an avant, le temps de se préparer !

- ...

Il ne me répondit pas et reporta son attention vers ses cotes de bœuf, un sourire en coin.

Ca veut dire quoi ca ? On fait des messes basses ici maintenant ? 

Je me précipitai vers ma sœur pour avoir des explications.

- Pourquoi je ne suis au courant que maintenant ? Il ne reste que quatre mois! Tu trouves ça normal? 

- Arrête, ne t'énerve pas. En fait nous avons été un peu pris de court, fit-elle en posant sa main sur son ventre.

Je fronçai les sourcil.

- Quoi ? Tu veux dire que...

Elle hocha la tête pour toute réponse.

- Combien de mois ?

- Deux...

Réalisant subitement la nouvelle, je me mis a sauter et crier dans tous les sens en les embrassant, Yves et elle, à tour de rôle. C'est dans cette euphorie que mon père et mon grand frère Henri nous rejoignirent.

- Ah ! Je vois que tu as annoncé la nouvelle à cette folle, déclara ce dernier.

- Arrête de parler de ta sœur en ces termes voyons Henri. Bonjour ma princesse !

- Bonjour Papa, laisse le il est jaloux de mon grain de folie.

J'allais embrasser mon père en tirant la langue à mon frère qui se mit à éclater de rire.

- Ah ah ah ! Vilaine fille, je ne vois pas quel est l'homme qui va te suivre avec ton comportement.

- Je n'ai pas besoin d'homme voilà ! J'en ai déjà un, il est la devant toi, fis-je en indiquant mon père ; Le plus grand, le plus beau, le plus gentil, le plus...

- Oh toi ! M'interrompit-il. De quoi as-tu besoin encore?

- Papa ! M'offusquais-je. Comment peux tu penser que te fais des compliments avec des arrières pensés

- Allez ! Crache le morceau, fit mon frère.

Je me refrognai et croisai les bras pour manifester mon mécontentement.

- Puisque vous me prenez pour une fille intéressée, je ne dis plus rien voilà!

- Bon dans ce cas, on va pouvoir passer à table, intervient Yves avec un plateau de viande tandis que Georges apportait les accompagnements.

- Au fait Papa, je pourrais avoir les clés de ton Audi le week end prochain? demandais-je l'air de rien.

- Ah! Nous y voilà!

Nous éclatâmes tous de rire. Rien de tel que des beaux dimanches après midi comme ça pour se requinquer. Etant très famille, c'était super important pour moi de me retrouver au milieu des miens depuis le décès de ma mère. Je retrouvais ainsi mon père, PDG d'une grosse société de la place, mon frère Henri qui suivait ses traces et ma sœur Aude qui travaillait dans une agence de tourisme et épousait prochainement Yves, chef cuisinier.

Apres le repas Aude et moi allâmes nous installer sur le transat au milieu du jardin.

- Bon alors, comment on s'organise pour les préparatifs du mariage ? Il faut chercher une salle, un traiteur, il faut qu'on réfléchisse à la déco, et puis aussi...

- ...Ce ne sera pas nécessaire, vu mon état je n'ai pas eu envie de me prendre la tête pour ça, j'ai déjà fait appelle à une wedding planner.

- Ah oui ?!? Bon je vois que tout est sous controle, je ne sers à rien alors, fis-je la mine triste.

- Mais non, ne le prends pas comme ça. J' aurai besoin de toi pour la robe et puis il y a aussi les affaires du bébé qu'il faudra préparer. Tu vois que tu auras un rôle déterminant dans les mois à venir.

- Ah c'est vrai j'ai ma futur nièce qui est en route!

- Ou futur neveu !

- Non c'est une fille ! J'ai décidé.

Elle ricanna.

- Ok si tu veux. Et sinon ta soirée d'hier s'est passée comment ? Toi qui est en recherche active du prince charmant, tu as pu faire des rencontres intéressantes ?

- Ah ne m'en parle pas ! Pour avoir rencontré un prince charmant, j'en ai rencontré un mais... ce n'était pas le mien.

- Comment ça ? il était intéressé par une autre fille ?

- Non, non je ne pense pas. C'est moi qui ne suis pas du tout intéressée !

- Ah oui ?!? Qu'est ce que tu vas lui reproché à lui ?

- Je ne sais pas, je ne le sens pas. Le premier contact n'a pas été terrible. Tu te rend comptes qu'il m'a dit...

- ...Arrete déjà je sais ce que tu vas me dire parce que c'est à chaque fois la même chose que tu me racontes. Tu as 24 ans MC, il va falloir que tu envisages sérieusement te caser. A force de te dire que tu es encore jeune et que tu as tous le temps de trouver ta perle rare, tu risques de passer à côté sans t'en rendre compte.

- Mouai...

- Après c'est toi qui vois, je ne te dis pas non plus de tomber dans les bras du premier venu, mais ne les refoule pas tous sans raison.

- Okay...je vais faire l'effort. Mais le problème c'est que les mecs manquent trop de subtilité, on les voit venir à des kilomètres à la ronde. Je veux être surprise, je veux me sentir désirer pour ce que je suis et non pas uniquement pour mon physique, j'ai besoin d'un homme autonome qui sache me tenir tête et pas d'un qui me prend pour sa mère. Je n'ai pas l'impression de demander la lune pourtant...

- Je te comprends parfaitement MC, ne t'inquiète pas, tu rencontreras cet homme un jour. J'espère que tu auras juste la lucidité de le voir avant de le repousser.

- J'espère aussi...

***Prince***

Assis sur mon sofa, je relisais des lignes de codes d'un programme qui avait du mal à tourner. Il ne me restait plus que quelques semaines avant la fin de mon stage de fin d'étude et j'avais bon espoir de trouver un emploie d'ici la. L'informatique était un secteur qui avait le vent en poupe, je ne m'inquiétais pas trop. J'avais déjà passé pas mal d'entretien et j'étais en attente de retour.

Des bruits de clés provenant de la porte d'entrée retentirent.

Ah ! C'est maintenant que monsieur se décide à rentrer.

Des chuchotements s'élèvent dans le couloir. Une voix de femme. Un éclat de rire qui se veut discret. La porte des toilette qui s'ouvre. De l'eau qui coule dans la salle de bain. Chasse d'eau tirée dans les toilettes. Bruit de porte. Des pas dans le couloir qui se dirige enfin vers le salon.

- Ah Prince ! tu es la ? s'étonna Marcus visiblement gêné.

- Ou veux-tu que je sois ? Répondis-je sèchement sans quitter mon écran des yeux.

- Ah non, je demandais juste comme ca. J'ai...j'ai vu que tu as essayé de me joindre ; j'étais...heu...je ne pouvais pas trop décrocher la où j'étais.

- Ecoute Marcus, tu fais ce que tu veux de ta vie, je ne te demande pas de me rendre des comptes. Je m'inquiétais juste pour toi, c'est pour cela que j'ai essayé de te joindre. La prochaine fois, je m'abstiendrai.

Il vint s'asseoir en face de moi.

- Non, ne le prend pas comme ça s'il te plait. En fait, hier si je n'ai pas pu décrocher quand tu m'appelais c'est parce que j'étais à l'église.

Je m'arrêtai de taper sur mon ordinateur et levai les yeux dans sa direction.

- Toi Marcus, tu vas à l'église depuis quand ? Et un samedi en plus ?!?

- En fait...j'étais assisté à un mariage...

- Et c'est ce que tu ne pouvais pas me dire depuis ?!

- ...Avec Marie.

J'haussai les sourcils de surprise.

- Attend, parle bien. Qu'est-ce que tu essaies de me faire comprendre ?

- Marie et moi...

- ...vous baisez ensemble oui ça je sais !

- En fait c'est un peu plus que ça, depuis peu notre...notre relation a évolué.

- Ah ah ah ! Non mais tu plaisantes la j'espère ?

- J'ai hésité à t'en parler depuis parce que je n'étais pas très à l'aise par rapport à ce que vous avez vécu, mais comme tu m'as dit que tu étais passé à autre chose, je me suis dit que je pouvais enfin t'en parler. On a des sentiments l'un pour l'autre et...

- Tu as des sentiments pour Marie mais, soit en sur, la réciproque n'est pas vraie.

- Ecoute...

- Non toi tu vas m'écouter ! Parce que je ne peux pas croire qu'aujourd'hui tu sois entrain de me dire que tu es en couple avec une femme que tu as rencontrée lors d'une partouse ! M'emportais-je.

- Je ne te permets pas de parler d'elle en ces termes ! Tu n'as aucune idée de ce par quoi elle a pu passer depuis qu'elle est arrivée ici, alors garde toi de la juger. Je peux comprendre que tu ai du mal avec le faite qu'elle t'ai menti mais ça ne te donne pas le droit de la traiter comme une moins que rien !

Alors la , je tombais des nues. C'était mon meilleur pote qui prennait la part de cette...de cette chose ! Agacé, je refermai mon ordinateur. Il était 17h30. J'ai mieux à faire que de me prendre la tête pour des conneries pareilles.

- Très bien ! je vous souhaite tous mes vœux de bonheur dans ce cas.

Je me levai, allai me changer dans ma chambre et ressortie. J'avais un rendez-vous de la plus haute importance. La veille avant de partir sans avoir réussi à obtenir le numéro de ma belle métisse, le barman m'avait donné une information cruciale. Marie-Claire donnait des cours de Kizomba le dimanche à 18h dans la boite de nuit. C'était surement parce qu'elle avait ses entrées qu'elle m'avait dit que ce n'était pas nécessaire que je lui paie son verre, m'étais-je fais la réflexion. Je tenais donc la l'opportunité de la revoir quand je voulais.

Arrivé sur les lieux, il y avait déjà une bonne vingtaine de personne présente en attente du début du cours. Quelques minutes plus tard, un homme se présenta.

- Bonjour, je m'appelle Kenzo et je serai votre professeur aujourd'hui.

Hein ? c'est quoi cette blague ?

- Excusez moi mais, je pensais que c'était Marie-Claire qui donnait cours habituellement, osais-je demander en l'interrompant.

- Oui habituellement c'est elle, mais aujourd'hui c'est moi qui la remplace. Cela vous pose un problème ?

- Heu... non non pas du tout, pas du tout.

Zut alors !

- Ne t'inquiète pas, je suis la moi, affirma une voix féminine dans mon dos. Je me retournais et découvrais ma partenaire de la veille.

- Oh...heu...tu es la toi ?!?

- Bah oui, ou veux tu que je sois ? c'est fou hein cette coïncidence, il faut croire qu'on ne se quitte plus. Tu veux bien être mon partenaire ce soir encore ?

- Euuhh...

- Merci ! Répondit-elle en me prenant par la taille avant même que je n'eu le temps de lui répondre.

Les heures qui suivirent furent pire qu'une torture. Je n'avais aucune idée de ce qu'était cette danse et elle aurait sans doute été agréable si j'avais eu la bonne partenaire mais la...c'était pire qu'une catastrophe. A la fin de la séance, je m'éclipsais en douce quand elle me rattrapa à la sortie de la boite.

- Hey Prince, pas si vite. Tu aurais pu m'attendre quand même.

- Oh, désolé c'est que je suis un peu pressé en fait.

- Ah okay...bah c'est dommage alors. Je voulais te demander de me raccompagner chez moi.

Hein ?!? En voila une qui ne perd pas de temps dis donc...

- Oh ! Non ce n'est pas du tout ce que tu crois, se reprit-elle voyant l'expression de surprise qui s'était dessinée sur mon visage. En fait je voulais juste qu'on discute un peu, s'il te plait, je te trouve super sympa. Je n'habite pas très loin, on en a que pour dix min à pied tout au plus...

- Je...je ne sais pas. C'est que je suis quand même pressé.

Elle ne peut pas comprendre qu'elle ne m'intéresse pas ?

- Ok, dommage alors. Je dirai à MC que tu l'as cherché.

- MC ?

- Bah oui, Marie-Claire, c'est ma voisine. Bon j'y vais, à un de ces quatre ! lança t-elle en me tournant le dos

Merde ! Je fais quoi maintenant ?


MOKONZI