5 - Coup monté
Ecrit par Owali
Nos rires s'élevèrent dans la salle du restaurant.
Hassan prit la parole:
- Non mais les gars ne riez pas ! Je suis dépassé. Après 3 ans de relation, qu'elle me sorte encore ce genre de chose, je ne comprends pas !
- Vraiment ! Elles ne sont jamais satisfaites ces femmes la ! Renchérit Marcus
- Moi j'ai ma théorie sur la chose-ci, intervint Georges sur un ton solennelle. Les gos la n'aiment pas quand tout va bien, ça les dérange en fait. Parce que s'il n'y a pas d'histoire qu'est-ce qu'elles vont bien pouvoir raconter à leur copine.
- Comment ça ? L'interrogeai-je.
- Mais quand chacune va commencer à raconter ses problèmes de couple, entre celle dont le copain violent et celle dont le mari est volage, si elle n'a pas un sujet croustillant à leur mettre sous la dent, ça ne fait pas bien. La règle d'or du congossa est chacune doit déballer son linge sale, si une vient avec les habits propres, on va la regarder bizarre. On peut même la chasser du cercle ! Donc c'est pour ça qu'elle se sent obligé de créer les palabres
Nos rires couvrirent le brouaha ambiant de la salle. Quelques regards se tournèrent vers nous. Sans y preter la moindre intention, nous poursuivimes notre boucan.
- Le Pilote ! Toujours des théories sur les gos !
- Mais sinon à y voir de plus prêt, tu n'as pas tord hein.. repris Marcus.
- Oui, c'est vrai ! Ajouta Hassan. Elle est toujours la à me raconter les problèmes de ses copines, je ne me suis jamais posé la question sur ce qu'elle-même pouvais leur raconter...
- Ah ! En tout cas les gars moi je vous ai déjà dit. Si vous ne voulez pas me croire, c'est vous-même, conclu Georges.
Nous étions dans un restaurant sur la place Bastille et fêtions l'obtention de nos diplômes Georges, Marcus et moi. Hassan qui était de passage nous avait rejoins.
- Mais sinon les gars, maintenant que vous êtes diplômés, c'est quoi vos projets ? Nous demanda t-il.
- Ah moi j'ai mon boulot qui m'attend au pays, commença Georges. J'ai déjà finis avec toutes les gos de la France, aucune ne me retient000 ici. Donc vais rentrer d'ici la fin du mois.
- Non tu es sérieux la Georges ? M'étonnai-je. Mais pourquoi tu ne cherches même pas à bosser un peu ici, l'histoire d'acquérir un peu d'expérience avant de rentrer ?
- Non, non ça ne m'intéresse pas. On sait tous très bien que plus tu restes plus tu auras de mal à partir. Je ne veux pas qu'une femme m'attache ici en me collant des enfants et rentrer dans la spirale infernale de la société de consommation avec des crédits à n'en plus finir. Je veux rentrer chez moi et manger mon ndolè tranquillement sous le soleil.
Marcus hocha la tête avant de renchérir.
- Tu as bien raison Georges et si j'avais une place assurer dans le cabinet de notaire familiale comme toi je ne me serais certainement pas posé de question. Mais bon, je pense ne pas encore avoir finis avec la France. Je me suis inscrit pour faire un MBA pour me laisser le temps d'y voir plus claire.
- Ah oui ? C'est une bonne chose ca ! Se réjouis Hassan. Tu ressortiras de la avec un carnet d'adresse bien fournit, de nouvelles perspectives s'offriront à toi
- C'est exactement ce que je me suis dit !
- Ah très bien, très bien. Et toi Prince ?
- Moi...ben je cherche du boulot ici. Je n'ai pas l'intention de rentrer maintenant tout d'abord parce que le pays est trop en retard et que mon diplôme ne sera pas exploité à sa juste valeur, ensuite...
Ensuite, j'ai des attaches ici. Même si trois mois s'étaient écoulés depuis la dernière fois que je l'avais vu, je sentais que je passerai à côté de quelque chose si jamais je m'en allais maintenant. Après notre rendez-vous manqué au cours de Kizomba, je n'avais plus vraiment eu le temps de chercher à la revoir. Tout d'abord parce que les problèmes de la vraie vie m'avaient rattrapé. A la fin de mon stage de fin d'étude, je me suis retrouvé bredouille. Sans même l'ombre d'une proposition d'embauche. Les offres étaient la, je postulais, les entretiens se passaient bien mais je ne sais pas ce qui n'allais pas, ça ne donnait rien. Sur les conseils de ma mère j'avais retrouvé le chemin de l'église pour conjurer le mauvais sort qui s'abattrait sur moi. Je ne croyais pas en ces choses la. J'étais un « self made man », je n'attendais pas qu'un éventuel miracle divin vienne me sortir de mon tourment. J'étais l'acteur et le réalisateur du film de ma vie, et la j'étais arrivé à la partie du film où le tournage était interrompu faute de moyen.
Commençant à vivre sur mes économies j'avais drastiquement réduit mon train de vie. Je n'avais donc plus les moyens de faire des petites sorties. Alors je ne voyais pas l'utilité de l'aborder si je n'avais même pas la capacité de lui payer un verre.
Ce resto c'est Hassan qui nous le payait pour nous féliciter. Ça me gênait mais ça avait tellement l'air de lui faire plaisir que j'ai accepté en fin de compte.
- Ensuite... ? Me sortit-il de mes pensées.
- Ensuite j'ai encore des choses à accomplir ici.
Ils me dévisagèrent tous avec de gros yeux, attendant surement la suite.
- Des choses comme ? demanda Marcus.
Georges fis un grand sourire puis déclara
- Moi je sais !
- Tu sais quoi ?
- Hum ! Vous me négligez trop ici. Vous avez oublié qui je suis on dirait.
- Non ! Qui peut oublier le Pilote !? Ricanna Marcus. Le savant omniscient ! Parles, nous t'écoutons.
- Il faut continuer à te moquer de moi. En attendant je sais que c'est une femme qui te retient ici.
Hassan et Marcus se regardèrent avant de se tourner vers moi.
- Tu nous explique? Commença Hassan. Tu l'as rencontré ou ? Pourquoi tu ne m'en a pas encore parlé ?
- Comment elle s'appelle ? Pourquoi je ne l'ai pas encore vu ? Poursuivit Marcus.
- Hahaha non mais vous êtes sérieux la les gars ? Vous croyez ce qu'il vous raconte ?
- Ah ! Donc comme ça je raconte des histoires c'est ça ?
- Tout à fait ! Répondis-je sans hésiter.
- Okay, donc tu ne verras aucun inconvénient à ce que j'aille dire deux mots à la jolie demoiselle qui vient de rentrer la...
Je me retournais vers la porte qui était situé dans mon dos quand je la vis. Non mais ce n'était pas possible ! Avec tous les restaurants chics que comptait cette ville, il avait fallut qu'elle vienne dans celui-ci ?
Je voulu retenir la main de Georges qui s'était déjà levé pour aller lui parler, mais celui-ci réussit à se dégager. Je passais une main sur mon visage pour chasser tous signes de nervosité puis me leva pour marcher dans ses pas. Hassan et Marcus observaient la scène comme s'il était au spectacle. Alors que je pensais que Georges allait lui parler, lorsqu'il arriva à son niveau, il me lança :
« Tu me remercieras plus tard ! ». Il passa devant elle et prit la direction des toilettes, me laissant ainsi seul, comme un con, devant elle.
- Oh ! Heu...Prince c'est bien ça ? Fit-elle surprise
- Oh quelle surprise ! Vous c'est Marie-Claire si ma mémoire est bonne. Ravie de te revoir.
- Moi également, répondit-elle par politesse, car le moins qu'on pouvait dire c'est que ça ne se voyait pas du tout sur son visage!
Elle se tourna vers sa sœur et fit les présentations:
- Aude, je te présente Prince. Prince ma grande sœur Aude ;
- Ravie de vous rencontrer.
- Prince hein... fit Aude avec un regard appuyé à sa sœur. C'est lui le gars que....
- Qu'est-ce que...qu'est-ce que tu fais ici ? l'interrompit-elle.
- Je suis venue manger ici avec des amis, on fête l'obtention de notre diplôme.
- Ah oui? Félicitation! Tu es diplômé en quoi? Enchaîna Aude
- Je suis Ingénieur en système d'information
- Ah un informaticien, c'est bien ça! Et tu vas faire quoi après? Poursuit-elle.
Marie-Claire gênée, n'arrêtait pas de lui donner des coups de coude pour qu'elle arrête avec ses questions. Mais moi ça m'amusait alors je me prêtais au jeu.
- Ben je suis en recherche active d'un boulot, j'ai passé des entretiens et la j'attends les retours.
- Ok c'est super! Ben écoute, on ne va pas te retenir plus longtemps. Nous aussi, nous sommes venues manger. Lança MC en prenant sa sœur par la main.
Un des serveurs s'approcha d'elle.
- Bonjour madame, ce sera une table pour...
- Deux personnes s'il vous plait ! s'empressa de répondre MC
- Très bien, suivez-moi.
Je m'effaçais de leur chemin pour leur laisser le passage. Marie-Claire qui avait l'air un peu agacée, passa devant moi sans un regard et en me bouscula légèrement.
- Ne fais pas attention à ça, elle est un peu sauvage sur les bords, mais c'est une gentille fille. Se senti obligé de préciser sa sœur dans une confidence.
- Oh! Ce n'est pas un problème pour moi.
- Hum...tu m'as l'air intéressant. Ecoute, prend ma carte et appelle moi la semaine prochaine. Il se peut que je connaisse quelqu'un qui connait quelqu'un qui cherche quelqu'un ...enfin tu vois le truc.
- Oui, oui je comprends
- Okay, si d'ici la tu n'as pas eu de réponse, ça peut valoir le coup.
- C'est gentil de ta part en tout cas! Il n'y a pas de soucis, on fera ça Aude.
- Très bien, passe une bonne fin de repas alors.
- Merci, excellent déjeuner à vous aussi.
Eh ben! Plutôt sympa la grande sœur. Très sympa même !
Je du faire un effort surhumain pour ne pas me retourner dans leur direction pendant que les gars me chambraient tout le long du reste du repas. D'après « Le Pilote » qui l'avait bien observé pendant la fameuse soirée ou je l'avais rencontré, c'était le genre de fille un peu trop sure de son charme à qui il fallait montrer son intérêt, mais pas trop sinon on prenait le risque qu'elle prenne la grosse tête. Je ne savais pas trop quoi penser de cette théorie, mais vu son attitude à mon égard tout à l'heure, je sentais que ce ne serait pas facile surtout que je n'avais pas beaucoup d'arguments en ma faveur. En plus d'être un mauvais danseur, elle semblait totalement imperméable à mon humour. Ma seule consolation était que j'avais trouvé grâce aux yeux de sa sœur.
Mais bon, j'avais le temps pour penser à tout ça. L'urgence pour le moment c'est de trouver du taf, car c'est bien connu que les femmes ne suivent pas ceux qui ont les poches vides.
***Marie-Claire***
- Tu peux me dire à quoi tu joues ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, me répondit-elle sans décrocher ses yeux du menu.
- Ouai, c'est ca ! Et comment tu appelles ce que tu as fais la ?
- Faire la conversation très chère, puisque visiblement c'est une notion qui t'es étrangère.
- Pfff n'importe quoi. Je ne fais la conversation qu'aux gens intéressants. Celui la, rien qu'en voyant sa tête, tu sens qu'il se fait chier dans sa vie.
- Hum...
- Quoi ?!
- Pourquoi tu es si remonté ?
- Je ne suis pas remontée. Je ne veux juste pas que tu l'encourages dans sa démarche. Ce n'est pas mon type d'homme alors lâche l'affaire !
- Ok ok c'est bon madame ! Je suis venue pour prendre un repas au calme alors essayons de passer un agréable moment, tu veux ?
- Mouai...
- Arrête de bouder. Excuse-moi si j'ai essayé de mieux connaitre ton ami. Je ne pensais pas à mal..
- Ca va...Bon sinon tu prends quoi ? Il ne faut pas oublier que même si tu manges pour deux, il faut encore que tu rentres dans ta robe !
- Ah ah ouai c'est ca. Ma robe prévoie assez de place pour mon bébé en revanche, donc ne t'inquiète pas.
- Okay, bon à l'attaque alors !
=-=
Des coups à la porte retentirent.
- Vas-y entre c'est ouvert!
- Coucou ! Fit Sonia en passant la tête dans l'embrasure de la porte
- Entre, entre ma chérie.
On se fit la bise et elle s'installa en face de moi.
- Ça va toi ?
- Oui, oui plutôt bien
- Alors ? Quoi de neuf ? Demandai-je en allant nous chercher des trucs à grignoter à la cuisine.
- Ah rien de spécial, encore une journée de merde au boulot. On s'est encore battu pour un client.
- Je t'ai déjà dit de changer de taf mais bon, comme tu aimes souffrir, il faut supporter ! Lui répondis-je en posant l'apéro sur la table basse.
- Comment ça j'aime souffrir ? Tu sais que je cherche mais quand je vais postuler dans les salons de coiffure des blancs la, ils me demandent les diplômes. Moi je suis coiffeuse depuis le pays la ! Est-ce que j'avais besoin de diplôme ? Tchip. Je suis seulement obligée de rester. Est-ce que j'ai le choix, il faut bien que je subvienne à mes besoins
- Mouai...ben heureusement que tu as ton « Chèque » pour te soutenir, sinon je ne sais pas comment tu allais payer ton loyer la...
- Vraiment ma chérie ! Mais bon en ce moment je suis sur un autre dossier la. Je suis un peu coincé, je ne sais pas comment avancer.
- Raconte ! Je le connais ?
- Ben heu...oui oui tu le connais. Enfin je ne sais pas si tu te rappelles de lui, c'est le gars avec qui j'avais dansé à la soirée salsa du mois d'août la !
Je faillis recracher ce que j'avais dans la bouche.
- Ah oui heu... c'était qui déjà ?
- Prince !
Je pris un verre de jus pour faire passer la chips qui s'était coincée dans ma gorge. Mais qu'est-ce qu'elles avaient toutes à me parler de lui ?
- Ah oui... Prince. Et donc c'est quoi l'histoire ?
- Ben je t'avais dit qu'il était revenu le lendemain pour assister au cours de Kizomba et qu'il t'avait même demandé quand il a vu que c'est Kenzo qui donnait cours.
- Hum je ne m'en souviens pas mais bon, admettons.
- Ben à force de danser avec, je me suis rendu compte qu'il y avait un bon feeling entre nous.
- Ah oui ?!? Ben c'est cool. Il est où le problème alors ?
- Le problème c'est que je ne l'ai plus revu depuis cette fois la. Je n'ai même pas eu le temps de lui demander son nom pour au moins pouvoir le chercher sur Facebook.
- C'est embêtant en effet. C'est dommage que tu ne m'en parle que maintenant, je l'ai justement croisé par hasard il y a quelques jours dans un restaurant. Je lui aurais demandé ses coordonnées.
- C'est vrai? Rha ! Zut ! Bon ce n'est pas grave. Si tu le croise une prochaine fois, penses y s'il te plait.
- No soucy !
=-=
Bip ! Bip !
Rha ! Merde c'est quoi ca encore !
« Je suis je genre de fille qui s'habille chez gucci,
mes amants je les choisi dans les pages de voici.
mes amies sont toutes déjà casées, mariées ou bien fiancées,
moi à l'année j'suis abonnée aux hommes mariés.... »
- Oui allo !
- Oh ! Pourquoi tu m'agresses comme ça ?Qu'est-ce que je t'ai fais ?
- Excuse moi Aude ce n'est pas contre toi, j'étais en train de revoir le plan de table quand mon ordinateur à planter. Je crois que je dois avoir un virus.
- Ah oui !? Ben passe à la maison, qu'on y jette un coup d'œil
- Depuis quand tu es devenue une experte en anti-virus ?
- Bon je vois que tu ne veux pas résoudre ton problème. Tant pis pour...
- Non, non c'est bon, c'est bon j'arrive.
Nous étions vendredi soir et à deux semaines du mariage de ma sœur. Malgré le fait qu'on soit passé par une wedding planer pour l'organisation de l'événement, j'avais tenu à vraiment m'impliquer. De fait je me retrouvais à gérer le plan de table ainsi que l'ensemble des animations de la soirée. Hélas, avec la pression monstre que j'avais en ce moment au boulot, je n'avais pas beaucoup avancé. Ce soir j'étais décidé à m'y mettre sérieusement quandce foutu pc a décidé de me lâcher ! Zut alors ! C'est complètement contrariée que je me retrouvai devant la porte de l'appartement de ma sœur. Yves vint ouvrir lorsque je sonnai.
- Bonsoir mon futur beau-frère.
- Bonsoir ma futur belle-sœur, comment vas-tu ? Me demanda t-il en s'effaçant de l'entrée
- Beaucoup mieux maintenant que je suis la ! Répondis-je un large sourire au lèvre en sentant les douces effluves émanents de la cuisine. Qu'est-ce qu'on mange ce soir Chef ?
- Ah ah ah gourmande ! Tu le découvriras sous peu, ta sœur t'attend à l'étage, je vous rejoins dans un instant.
- Ok pas de soucis, à tout de suite.
Ma sœur habitait dans un petit duplexe avec un agencement un peu atypique car on retrouvait au rez de chaussé la cuisine et les sanitaires et à l'étage le salon et leur chambre. L'architecte qui avait conçu ce plan devait vraiment être bourré ce jour la, ce n'est pas possible autrement ! J'avais gravis la moitié des marches d'escalier quand j'entendis des éclats de rires provenant du salon.
Tiens, c'est bizarre, elle ne m'avait dit qu'elle recevait du mon...
Ma pensée se figea en même temps que mes jambes lorsque le canapé entra dans mon champs de vision et que je les vis. Que je le vis! Mais qu'est-ce qu'il foutait ici celui la ?!