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Ecrit par Benedictaaurellia

Edmund.

Je sais qu’à la base, je suis venu à Lomé pour me détendre, me relaxer et profiter de mes congés avec mon hirondelle mais, quand Abi m’a encore proposé de l’aider sur certaines de ses affaires, je n’ai pas pu résister.

Rassurez-vous, je n’y suis qu’à temps partiel. Je trouve quand même du temps pour me reposer et voir ma belle.

Je vérifie une dernière fois mon reflet dans le miroir, prends mes clés de voiture et me rends au cabinet. J’ai du boulot ce matin et j’ai aussi RDV avec Alex qui doit m’y retrouver.

A l’entrée du cabinet, je retrouve Orlane qui vient elle aussi d’arriver.

Moi : La perle de sa maman !

Orlane : Mon beau !

Moi : Comment vas-tu ?

Orlane : Bien et toi ?

Moi : Bien aussi. Tu fais quoi ici ?

Orlane : Je suis venue aider maman.

Moi : Comment ça ? Tu travailles ici ?

Orlane : Oui.

Moi : Hm Ta sœur et toi là, vous aimez trop me cacher des choses. Alors c’est un stage ?

Orlane : Pas du tout. Je suis collaboratrice.

Moi (sous le choc) : Attends, tu n’es pas en Terminale toi ? Comment ça se fait ?

Orlane : Je t’expliquerai un jour.

Moi : Voilà, c’est exactement ce que je disais. Vous aimez trop les mystères. C’est dans vos gènes ou quoi ?

Orlane (riant) : Possible ! Allez, j’y vais, maman m’attends.

Moi : Tu m’expliques le 01er ?

Orlane (secouant la tête) : ça ne sera pas possible tu le sais. Qui pense à avoir une discussion sérieuse un jour de fête ? Je te rappelle aussi que c’est ma maman qui reçoit. Je serai donc au four et au moulin entre le service et la cuisine. Et tu sais comme ta femme est maniaque. Avec les  invités qu’on aura elle va être encore plus au taquet.

Moi : Ne me dis pas qu’elle peut être pire que ce que j’ai vu pour le déjeuner de noël ?

Elle (riant) : Tu n’as rien vu à noël.  On  était en  famille. Ça c’est à peine le quart de sa personnalité.

Moi : Doux Jésus !

Elle : J’imagine qu’elle ne t’a rien dit hein ?

Je secoue la tête.

Elle : Elle attend surement le 31 pour te mettre devant le fait accompli.

Moi : Elle va finir par me tuer un jour.

Elle : C’est pour ça que tu l’aimes.

Moi : Un autre jour on en parlera ?

Orlane (s’éloignant déjà) : On verra !

Pourquoi les femmes de cette génération de cette famille aiment autant les mystères comme ça ? Je ne comprends pas. Ainara est pareille. Jessica, pareille. J’aurais cru qu’Orlane serait l’exception mais non. Je finirai bien par savoir ce qui se cache derrière tout ça.

C’est tout en réfléchissant que j’arrive à mon bureau ou je m’engouffre. Je m’assois et regarde ma montre. Il me reste un peu de temps avant mon rendez-vous avec Alex. J’ouvre un dossier et m’y plonge en attendant qu’il vienne.

 

Tsévié.

 Ruth.

J’écoute cette jeune femme finir de me raconter son histoire et elle est en pleurs. Je lui tends un mouchoir et essaye de l’apaiser mais ce n’est pas gagné. Elle pleure pendant un moment et finit par s’endormir dans mes bras. Je l’allonge sur son lit et sors en prenant le soin de faire le moins de bruit que possible.

C’est ça mon quotidien au centre. Recevoir les nouvelles et les écouter. Nana en a fait ma responsabilité depuis que je suis de retour.

J’écoute des histoires tellement irréalistes et tristes les unes plus que les autres.

En moyenne, on reçoit cinq nouvelles admissions par semaine.

C’est surtout grâce à la sensibilisation, que nous avions organisés sur la tuberculose, que nous nous sommes fait connus.

Depuis lors, on a beaucoup d’affluence.

Sans compter les admissions, nous recevons des femmes qui viennent juste pour se former.

Au départ, nous ne formions que les femmes admises au centre.

Mais depuis mon retour il y a quelques mois, j’ai procédé à quelques remaniements.

Si tant-il est que nous voulons aider les femmes, on ne devrait pas forcement attendre qu’elles soient d’abord membres du centre avant.

C’est sur cette logique que je suis partie et aujourd’hui, nous avons élargies nos activités.

J’ai même réalisé mon ancien projet d’élargir le centre aux femmes et filles victimes de viol.

Concrètement, être admis au centre signifie que tu y es logé, nourri et formé. Nous sommes le recours de toutes ces femmes et enfants qui sont chassées de chez eux, qui n’ont plus de toit, qui n’ont pas d’autres endroits où aller.

Pour ces femmes, nous offrons un soutien psychologique et moral.

Mine de rien, elles sortent traumatisés de ce qu’elles vivent.

Je vous conte l’histoire d’une dame que nous avons reçue il y a deux (2) mois. Elle habite à Tsévié et c’est pendant la campagne de sensibilisation sur la tuberculose qu’elle a été emmenée au centre.

Elle était mariée à un homme de bonne condition et pensait être aimée de sa belle-famille. Elle-même était orpheline de père et était revendeuse de nourriture. C’est grâce à ses revenus qu’elle s’occupait de sa mère malade qui malheureusement finit par succomber. Après avoir fréquenté le Mr pendant un moment, ils se sont mariés. Mais, juste deux ans après, son mari décéda, lui laissant la charge de leur bébé de un an.

Après le décès de son mari, sa belle-famille vient s’installer avec elle dans leur maison. C’est là que les souffrances de la dame ont commencées.

Sa belle-mère et ses belles-sœurs ne manquaient pas une occasion pour lui rappeler son rang, l’insulter et la battre.

Cependant elle, supportait sans broncher.

Au bout de quelques mois, sa belle-mère exigea d’elle qu’elle épouse le frère de son défunt mari, son beau-frère donc. Prétextant que c’était une tradition et qu’elle ne pouvait pas s’y soustraire.

Une fois encore, elle accepta.

Le mariage fut célébré et le reste de sa belle-famille s’en alla.

Mais, son calvaire n’a pas pris fin. Le frère en question passait son temps à la violer et à la bastonner.

Elle n’avait plus le droit de sortir de la maison. Elle n’avait même plus le droit de s’occuper de son bébé. Celui-ci a été envoyé chez sa belle-mère et elle n’avait pas le droit d’aller le voir.

C’est une des servantes de la maison qui finit par la prendre en pitié et l’aida à sortir de l’enfer où elle était.

Comme le dit l’adage, un bienfait n’est jamais perdu.

Quand elle était encore avec son mari, elle prenait soin de cette servante. Elle payait les frais d’écolage de ses enfants et bien d’autres choses.

Bref, c’est cette servante qui l’a aidé à sortir de ce bourbier, lui a ramené son enfant et l’a emmené au centre.

Inutile de vous dire que cette femme est sortie traumatisée de tout ça.

Mais elle commence par émerger peu à peu.

Elle va de mieux en mieux.

Quand je vois les progrès que font toutes ces femmes et leur volonté de se battre et aller de l’avant, je rends grâce à Dieu.

 

Depuis quelques jours, Mireille est avec nous.

J’ai pensé à lui faire aussi intégrer Renaissance.

Sa conversion, c’est aussi une renaissance pour elle.

A Renaissance, on ne se limite pas qu’au bien être moral de ceux qui y viennent. On prend aussi en compte le côté spirituel.

Je peux même dire que le gros du travail se trouve là.

Nous organisons des ateliers d’étude biblique, de prières de chants et autres.

Bref, c’est bien armé que tous nos pensionnaires quittent les lieux.

 

Mireille, dès qu’elle est arrivée, elle s’est tout de suite jetée dans le bain.

Elle a conquis le cœur de nos pensionnaires actuelles et celles-ci le lui rendent bien.

 

Ma cousine, mon cauc...