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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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« Mais, Akendengue, j'aurais dû parier sur toi ! J'aurais
eu le jackpot », me fait monsieur Moussavou, mon professeur de français en
2nde. Le gars m'a traumatisée à l'époque avec deux gros romans de 400 pages
qu'il m'a fait lire pour des fiches de lecture. Là, il est tout content comme
s'il n'en revenait pas.
« Mais, vraiment félicitation. Je crois que votre père va
boire deux bouteilles de champagne cette nuit. Un bac C et un bac A2 d'office !
Y a de quoi mourir de bonheur ! »
Je souris simplement. Je ne réalise pas encore ce qui
m'arrive. Il faut que Miro me murmure des félicitations dans l'oreille, pour
que je me rende compte que j'ai bel et bien gagné mon ticket vers une nouvelle
vie. Fini le lycée ; place aux choses sérieuses ! Je me sens tellement légère
que le vent, s'il se lève maintenant, pourrait m'emporter. C'est donc ça le
bonheur !
« Je suis fier de toi, beauté ! Je tiens une future
ingénieur en biochimie dans les bras. », me fait Miro.
« Je n'en reviens pas ! »
Quand il me serre encore plus dans ses bras, le monde
autour de nous cesse d'exister et on s'envole ensemble dans un très long
baiser. J'ai des papillons dans les yeux et des lucioles illuminent mon esprit.
J'ai envie que le monde s'arrête à cet instant.
Notre étreinte est brusquement arrêtée par la folie de
Jileska. Mademoiselle court vers nous en criant,
« Attrapez, oh ! Je vous dis attrapez ! » Elle est
déchaînée et derrière elle, Gaëlle est complètement dépitée. Elle est obligée
de nous crier
« Attrapez là ! Arrêtez-la. Cette fille est complètement
folle. Elle veut se mettre nue ! C'est quelle joie ça. »
« Oooohhhh ! Attrapez, oh ! La fille de Ngome Célestin et
de Flavie Obone a eu son bac d'office ooooohh ! Attrapez ! »
Alors que Miro parvient à retenir ferment Jileska,
celle-ci continue de gesticuler sur place comme si son esprit quittait son
corps.
« Oyyyyoooooooo ! Oyooooo ! Pardon attrapez. »
« JILESKA ! », hurle Miro pour la calmer. « Respire. »
« Tu ne peux pas savoir, Miro, tu ne peux pas savoir. Moi,
Jileska j'ai eu le bac. Qui allait même parier sur moi ! Pardon, laissez-moi
partir, Il faut que j'aille déchirer tous ces cahiers-là. JE DIS BIEN TOUS CES
CAHIERS. Je ne veux plus en voir un seul dans ma chambre. Après ça, je fonce
acheter une bouteille de mousseux et je me saoule un bon coup. Bon, Adios ! On
se revoit quand on se revoit. »
La voilà qui s'échappe en vitesse. Elle part en courant en
enlevant, sa chemise de Raponda, et en la faisant tournoyer au-dessus e sa tête.
« Cette fille-là ne changera jamais ! », s'écrie Gaëlle. «
Toutes mes félicitations, Tania. Je suis fière de toi. »
« Et toi alors ? », fais-je à mon amie qui semble un peu
triste.
« Oh, c'est bon, je l'ai. J'ai simplement raté la mention bien
que je visais. »
« Oh ! Ma première de la classe est déçue. Mais tu restes
la meilleure et tu le sais ! »
On se sert dans les bras comme les sœurs que nous avons
toujours été.
« Et Sharonna ? Et Marc-Elise ?... »
Je n'ai pas le temps d'en demander plus, car, devant nous,
nos regards sont attirés par un spectacle des plus huummmmm.... Ma chère sœur
Pupuce et sa combi Sunita, sont la que trop bien collés l'une aux bras d'Alec,
l'autre aux bras de Patrick. Et je peux vous dire que les baisers que ces
quatre-là échangent, ont de quoi rendre jaloux, tous les acteurs de films
romantique à Hollywood. Yo !!!! Je reste sans voix. Obligée de regarder Miro,
qui hausse les épaules et me dit :
« Je n'y suis pour rien. Ce sont de grands garçons ! Ils
se sont débrouillés tout seuls ! »
Gaëlle et moi restons là bouches ouvertes à les regarder.
Mon amie est la première à reprendre ses esprits :
« Excuse-moi Tania, je vois mal où il y a eu un échange.
C'est Pupuce qui embrasse Patrick et Sunita qui mange les lèvres d'Alec ! C'est
bien ça ? »
« Oui, je crois que c'est ça ! Tes lunettes ne te jouent pas
de tour. », lui fais-je.
« Euh, je pensais que c'était le contraire qui devait
arriver ! », s'étonne Gaëlle.
« Comme je ne suis au courant de rien, je ne peux t'en
dire plus. »
« Il faut vivre pour voir ! », conclut Gaëlle.
Les deux gos que l'on observe sont encore que trop occupées
à croquer les lèvres de ces jeunes hommes. Comme c'est la première fois que je
vois Pupuce, les jambes enroulées autour de la taille d'un garçon, en train de
l'embrasser comme si le monde à l'entour n'existait pas, je suis que trop ÉTONNÉE.
À quel moment n'ai-je pas suivi le fil de l'histoire. Donc, ma sœur est
maintenant en plein amour avec ce blanc aux cheveux roux !
« Dis-moi, Miro, ils s'en vont quand tes amis. »
« Euh ! Pourquoi cette question, chérie ? »
« Juste pour savoir. », lui fais-je.
« Tu n’inquiètes pas pour elles, se sont de grandes
filles. Et mes amis sont loin d'être des goujats. Laisse-les gérer cela par
eux-mêmes. »
« Ok, » fais-je en répondant au baiser que monsieur me
donner.
« Mais, où est Sharonna ? Et Marc-Elise ? Est-ce que tu
sais si Jacques et Fidolin ont eu leur examen. » fais-je à Gaëlle.
« Jacques l'a eu. Fidolin est admissible. De même pour
Marc-Elise. Viens, on va la chercher. »
« Je vous attends là » me fait Miro.
Gaëlle et moi, allons à la recherche de Marc-Elise. En
chemin, Gaëlle m'explique que Sharonna a préféré rester chez elle.
« Elle stressait tellement qu'elle a préféré s'enfermer
dans sa chambre. Là, elle n'arrête pas de me harceler au téléphone pour avoir
le verdict. Attends, je l'appelle avant qu'elle ne pète les plombs. »
Elle appelle notre copine, qui manque d'étouffer quand
elle apprend qu'elle a décroché son bac C avec mention bien.
« Alors, on fait quoi ce soir ? », demande t-elle à Gaëlle.
« On t'appelle. Je vais d'abord soutenir Marc-Elise. Elle
est admissible. », fait Gaëlle avant de raccrocher.
Là, nous rencontrons Prudence Matsanga, le pitre de la
classe.
« Yo, ils m'auraient donné ce bac là d'office, ça aurait
tué qui ? Il faut encore que j'aille me gratter la tête pour rattraper 25
points ! Pardon, j'ai que mal à la tête. »
« Courage ! », lui fait Gaëlle.
Nous retrouvons Marc-Elise qui discute avec un professeur.
Elle prend congé de lui et nous rejoint.
« Je ne pensais même pas en arriver là après ma sortie de
l’hôpital. J'ai de la chance. », nous confie t-elle.
Je la serre dans mes bras pour l'encourager.
« Je parie que Jileska s'est déshabillée comme elle l'a
toujours annoncé. »
« Oh, je pense que sa tête a perdu quelques boulons et
qu'il nous faudra un mécanicien pour tout remettre en place. »
« Cette fille-là ne changera jamais. », fait Marc-Elise.
Alors que nous avançons pour rejoindre Miro au parking,
Jacques vient vers nous et nous demande où se trouve Jileska.
« Pourquoi cette question », lui fait Gaëlle. « Je te
soupçonne monsieur Tchibinda, d'avoir des intentions envers ma sister. Fais
très attention sinon, je te mords. »
« Toi aussi, on doit passer au niveau supérieur. C'est la
vraie vie qui commence là ! »
Yo !!!
« Elle vient de rentrer chez elle. Tu sais où c'est, je
suppose. », lui fais-je.
« Bon, ne la cherchez pas ce soir. Je l'emmène au
restaurant. Si on ne se voit plus, on s'appelle ! », fait-il en disparaissant.
Gaëlle, Marc-Elise et moi sourions.
« j'en connais une qui ne saura plus quoi dire quand elle
recevra cette invitation. », fait Marc-Elise.
Alors que l'on retrouve Miro, nous voyons Sunita et Pupuce
qui s'en vont, bras dessus bras dessous avec Patrick et Alec.
« Félicitations quand même », leur crie Gaëlle.
« Oh ! Félicitations les chéries ! », répondent-elles en
chœur.
« Tu vois », fait Gaëlle « elles ont même oublié nos
prénoms ! »
Miro se met alors à rire.
« Laissez-les s'amuser. Elles l'ont bien mérité. », nous
fait-il. « maintenait, dites-moi où je vous emmène. Je vous offre à boire. À
vous de choisir le lieu. »
« On va au Mémorial », lance Marc-Elise.
« Ok ! C'est parti pour le Mémorial », fait Miro en me
conduisant vers la voiture.
« On prend un verre et ensuite, tu me déposes chez mon
père. Il faut que j'aille lui annoncer la nouvelle en personne », fais-je à
Miro.
« Ok, princesse. »
Nous nous attablons au Mémorial et commandons des jus de
fruits.
« Apportez-nous ensuite 4 coupes de Muscador, si vous en
avez », fait Miro.
Quand les boissons arrivent, nous trinquons à l'avenir en
se laissant chatouiller les lèvres par le Muscador.
Et Gaëlle se met à imaginer comment sa mère réagira.
« Ces cinq filles ont eu le bac. Je suis la petite
dernière. Ya q de quoi être fière, quand même ! »
« Et ton père ? Lui aussi a de quoi être fier ! », fait
Miro.
« Oh !, oui, je crois. Mais je suis heureuse pour ma mère,
car elle n'a pas eu la chance d'aller à l'école. Tu t'imagines ! »
« Oh ! C'est quoi cette histoire ! »
« Oh ! Elle est orpheline. Sa mère est morte quand elle
avait deux ans. Sa marâtre l'a gardée à la maison comme bonne au lieu de
l'envoyer à l'école. C'est le mariage avec mon père qui l'a sortie de l'enfer.
», nous raconte Gaëlle.
« Mais c'est une histoire à écrire, ça ! C'est
impressionnant. »
« Comme tu dis ! », conclut Gaëlle.
« et si on allait danser ce soir ! », fais-je aux filles.
« Oui, je veux bien. J'en ai marre de rester à la maison
avec maman aux basques. Et puis, c'est pas en restant à la maison avec mes
cahier d'anglais que les 3 points que j'ai à rattraper viendront par magie. J
veux m'amuser. »
« On se calme, Marc-Elise. Je ne veux aucun souci avec ta
mère. », fait Miro.
« Please, vous venez me chercher et ça ira. Me laissez pas
à la maison sinon, je vous détesterais à vie ! », insiste Marc-Elise.
« Ok. Je viendrai te chercher et les autres ensuite. Mais
promets-moi de faire attention.
« C'est promis, papa. »
« Très drôle ! », conclut Miro.
Quand Miro me dépose chez mon père, je trouve monsieur
Akendengué en train de faire nerveusement les 100 pas dans son salon.
« Mais, où étais-tu ? Je t'ai appelée dix mille fois. »,
me lance.
« Du calme, le vieux. Ça va. Cool. J'ai eu le bac.
Là, le type me serre tellement fort dans ses bras, que je
manque de m'étouffer.
« Ma fille a eu le bac. Dieu est bon ! Dieu est vraiment
bon. Assieds-toi. Laisse-moi te servir à boire. Tu vas me dire tes intentions.
Attends, j'arrive. »
Monsieur revient avec deux verres et un jus Cérès à
l’ananas.
« Alors, raconte. Ça fait quel effet d'avoir le bac ?
Comme je suis fier de toi! »
« Merci papa. J'ai encore quelques jours devant moi pour
bien réfléchir. J'aurais aimé aller au Ghana histoire de devenir bilingue en
décrochant mon diplôme. »
« Oh ! C'est une bonne idée que tu as là. Prends le temps
de réfléchir encore. Et viens me voir après. Je verrai comment t'aider. »
« Merci papa. J'ai économisé pour payer mon billet. Si
maman et toi vous pouvez m'aider pour le reste, ça m'arrangerait. »
« Pour toi, je ferai tout, ma fille. Tu es le bonheur que
le ciel a posé sur mon cœur. Pour toi je ferai tout. »