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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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Il est 18 heures quand j'arrive à la maison après avoir
longuement discuté avec monsieur mon père.
J'ouvre le portail, j'ouvre la porte d'entrée. Et qui je
vois, bien assis dans le salon !!!
Pardon, je suis obligée de me mordre la langue pour
m'empêcher de crier.
Donc, le salon est envahi par Patrick et Alec, qui
discutent avec Sunita et Pupuce. Patrick porte Jade dans les mains, tandis que
Sunita a Ruby. Une véritable photo de famille, juste bien trouvée pour
illustrer un magazine. Je les salue et demande où se trouve maman.
« Elle est dans la cuisine », me répond Pupuce, trop
occupée à manger Patrick des yeux.
Yo !!!
Je vais dans la cuisine et trouve maman derrière les
fourneaux.
« Ta fille a eu le bac, ma petite maman. »
« C'est quand même ma fille. Dieu ne s'est pas trompé en
te mettant dans mes bras. Oh, comme je suis fière de toi ! », me fait-elle en
m'embrassant. « Tu as appelé ton père ? »
« Je reviens de chez lui. Nous avons discuté un peu. »
« Ok. Ta sœur est tellement dans le love, comme vous
dîtes, qu'elle a préféré annoncer la nouvelle à monsieur Mbeng par téléphone.
Il est en train de boire le champagne là-bas. Ta grand-mère est dans la
chambre. Va lui annoncer la nouvelle toi-même. »
« Ok, je vais le faire. Mais dis-moi, maman, ils font quoi
là au salon ? Tu étais au courant depuis le début, en fait. Moi ne tombe des
nues. »
« Oh ! Ne va pas embêter ta sœur avec tes questions. Tu es
trop cartésienne. Laisse-la vivre son bonheur. Je préfère la voir comme ça
épanouie plutôt que triste en enlaidi par l'amour fou qu'elle ressentait pour
Peter. »
« Maman ! C'est toi qui arranges maintenant le coup à tes
filles. »
« Oh ! Ils sont venus me dire bonjour hier. Ils m'ont dit
qu'ils veulent manger des plats typiquement gabonais. C'est pour ça que tu me
vois dans la cuisine. J'ai fait un bouillon de carpe, un plat de poisson salé
aux aubergines, des feuilles de manioc aux crevettes. Et bien sûr, du poulet
fumé à l'Odika. Ils mangeront ici ce soir. Il y aura aussi ton frère Julien et
cette petite blanche là, Pamela-Jo. Elle s'en va définitivement demain. »
« Maman ! Tu arranges le coup à tes enfants ! » , fais-je
pour la taquiner.
« Mais pourquoi pas ! Si c'est le seul moyen que j'ai pour
leur montrer que vous n'êtes pas des filles quelconques, je ne vois pas
pourquoi je ne le ferais pas. »
« Ok, mamounette ! Heureusement que Dieu t'as créée. Tu es
trop cool ! », lui fais-je en la serrant dans mes bras.
« Mais, demande à Miro et aux filles de se joindre à eux.
Il y a assez à manger pour 20. »
« Ok. Je vais l'appeler. Il sera content de venir. Les
filles aussi. »
« Au fait, la mère de Peter Malonga était là ce matin.
Elle nous a apporté deux paquets de manioc. Vous les mangerez au repas de ce
soir. »
« Oh ! »
Je sors de la cuisine et me dirige vers la chambre de
maman où se repose grand-mère. En omiènè, je lui annonce ma nouvelle.
« Agnambiè, Akéwa ! (Dieu merci)», fait-elle en levant les
mains au ciel.
Là, elle dénoue un pan de son pagne et me dit :
« Tiens. C'est pour toi. Fais-en bon usage. Je suis
heureuse pour toi. Et si ce jeune homme te demande en mariage, dis oui. Tu
réfléchiras après. »
Je l'embrasse en prenant les 100 mille francs qu'elle m'a
remis. Je vais dans ma chambre pour passer des coups de fil. J'appelle d’abord
l'oncle Alexandre, le frère aîné de maman qui vit à
Libreville. Il n'arrête pas de crier au téléphone, tellement il est content.
J'appelle ensuite, Albert, le meilleur ami de maman. Lui de même ; il est
heureux pour moi. Quand j'appelle monsieur Mbeng, c'est Kaba qui répond au
téléphone. Elle reçoit la nouvelle avec joie et me lance :
« Vraiment, c'est Bernadette la plus heureuse dans cette
affaire ! »
Comme je n'ai vraiment pas envie de m'étendre en
discussion avec elle, je lui demande de me passer Papa Jimmy.
Il prend le téléphone et me dit :
« Vraiment ma fille, félicitations. Bernadette a vraiment
eu raison de se battre pour te payer Raponda chaque année. Je suis fière de toi
! Tu t'imagines ! Pupuce a eu mention bien. »
Yo ! Pourquoi l'ai-je appelé ? J'avais oublié que ce n'est
pas mon père !
J'envoie un message Whatsapp aux filles pour les inviter
au repas à la maison, à 20 heures. J'appelle ensuite Miro. Il répond au bout de
5 sonneries.
« Désolé beauté, j'étais sous la douche. »
« Ok, pas de souci. Je voulais juste te dire qu'est invité
ce soir par ma mère. Elle a préparé un menu entièrement gabonais. »
Cool ! Je viendrai à 21h. Je dois accompagner mon père à
un cocktail officiel dans quelques minutes. Je fais juste acte de présence et
ensuite, je suis à toi. »
« À tout à l'heure, alors. Je t'aime. »
« Moi, dix fois plus, beauté. »
je raccroche et compose le numéro de Jileska qui m'a
répondu « Appelle ».
« Oui, qu'il y a t-il mademoiselle. »
« et ben ! Il se trouve que je ne serai pas avec vous ce
soir. Je... »
« Tu vas au restaurant avec Jacques donc tu n'a pas notre
temps. Ça se comprend, on ne t'en veut pas, tu sais. »
« La go, ce que j'aime avec toi, c'est que tu comprends
vite. Il m'a dit qu'il m'emmène dans un vrai restaurant. Le Copa Cabana c'est
fini, oh !!!! »
« Encore toi-même ! Tu le mérites, frangine. Bisous. »
« Bisous. »
Je me couche sur le lit, histoire de me relaxer avant que
les invités n'arrivent. Un quart d'heure plus tard, Pupuce entre dans la
chambre. Elle ouvre le placard et se parfume. Son parfum embaume la chambre.
« C'est quoi ce parfum ? », lui fais-je, surprise par
cette agréable odeur.
« Ça s'appelle Libertine. C'est du Vivienne Westwood.
Sunita et moi, nous nous sommes ruinées pour en acheter avec une collègue de
Papa Jimmy qui revient de France. C'est sensuel, n'est-ce pas ? »
« Je ne te connaissais pas des goûts si prononcés pour
tout ce qui est SENSUEL ? », lui fais-je.
« Est-ce que ça te tuerait d'être un peu heureuse pour moi
? Je te signale que c'est la première fois qu'un garçon s’intéresse réellement
à moi. Il me fait sentir belle, désirable. Contrairement à ce Peter de malheur
qui n'est sorti avec moi que parce qu'il avait besoin de quelqu'un pour lui
faire ses devoirs de maison ! Pfffffff! »
« Désolée Pupuce. Je suis heureuse pour toi. Bonne chance.
C'est juste que je me dis qu'il est juste de passage. »
« Et alors ! C'est tante Bernadette qui a raison : peu
importe s'il s'en va après, j'aurais vécu de beaux moments. »
« Tu as raison. Je devrais arrêter de trop réfléchir. Dis,
comment es-tu arrivée à lui parler des petites ? Il n'a pas été choqué ? »
« C'est Sunita qui s'en est chargée. Et comme ma combi
sait y faire, le type n'a rien trouvé à redire. Tu crois ça toi ? »
« Je le vois et je me dis que tu as de la chance ! »
« Comme quoi, c'est bien cette folle de Kaba qui avait
raison : j'aurais dû marcher avec toi dès le début. Je n'aurais pas fondu
bêtement pour Malonga. »
Je l'a regarde sans rien dire. Donc, Kaba a trouvé quelque
chose de bien à dire sur moi ?
« J'ai pensé au début que c'était Alec qui te plaisait. »,
lui dis-je.
« No way ! Tu as vu comme il est beau on dirait qu'il veut
tuer les filles d'un seul regard ! Et c'est moi qui allais tomber là ! Pardon,
j'ai eu mon lot avec Big Wave. Je , ne me voyais pas sortir à nouveau avec une
gravure de mode. Partout où on va, les filles se retournent sur lui et toisent
Sunita. Pardon, j'ai mis mon cœur à l'abri. »
Elle s'en va comme elle est arrivée et je me dis qu'elle
en fait du chemin, ma chère Pupuce.