43: way out of proportion, way past discussion

Ecrit par Gioia

***Elikem Perla Xena Akueson***


Décembre approche. Ce qui était prévu c’est que je passe les fêtes avec Ray comme chaque année je bouge soit à Paris soit pour retrouver maman et les autres, j’avais prévu le surprendre cette fois. Et qu’on rende visite à sa tante. Mais bon c’est le passé ça. Je vais rentrer à Lomé. J’ai envie de dormir dans mon ancien lit et me faire réveiller le matin par les chamailleries des petits et rires de grand-maman. Envie de traîner dans le bureau de papa le samedi soir et l’entendre se questionner et répondre seul sur des détails professionnels tout en me rappelant qu’il ne m’a pas oublié. Envie de trop de choses depuis trois semaines qui me foutent le blues. Je resserre les pans de mon long cardigan sur mes épaules en sortant de l’hôpital. Le trajet est hyper fluide la nuit. Je suis devant mon immeuble en moins de dix minutes. J’entre chez moi, et file au pieux après la douche. Aucune envie de manger. On m’a aussi ordonné d’écrire toutes les fois que je rentre donc. 


Elikem: tu as le droit de m’appeler tous les soirs comme ça ou on me dira la prochaine fois de décrocher une fois par semaine? Je demande après avoir répondu à son appel 


Elio: arrête de prêter les lourdes intentons à ma pulchérie, c’est le cocktail émotionnel qui l’a poussé à ce stade la dernière fois sinon elle est aussi douce qu’un sucre 


Elikem: hum à ce stade elle peut même me demander de lui écrire pou avoir la permission pour t’appeler que je le ferais 


Elio: lol pourquoi tu aimes toujours aller dans l’exagération 


Elikem: j’évite les problèmes pardon. Affaire de femme je ne suis pas dedans 


Elio: genre tu n’es pas une femme toi? 


Elikem: il y’a des niveaux et catégories. 


Elio: en tout cas tu vois comment j’ai fait tout à l’heure non, c’est comme ça que tu dois faire en couple, pas sauter avec la scie sur ton compagnon comme s’il avait mangé le dernier morceau de frangipane que tu pensais avoir bien caché 


Elikem: Un mois si je me fies à mon calendrier et tu ne te fatigues pas de me dire la même chose sous différentes manières? 


Elio: pfff c’est ça que tu aimerais mais tu as menti. L’enfant qui ne veut pas dormir la nuit peut compter sur sa mère pour tenir avec lui. 


Elikem: c’est ce que dit le proverbe? 


Elio: fous moi le camp, tu as compris. Maintenant sois une gentille fifille pour son papa et appelle le gars. 


Elikem: Nope. 


Elio: Perlan, pourquoi tu veux tout saboter? Tu étais heureuse ou pas? 


Elikem: Jusqu’à ce qu’il se permette de dire ce que je ne vais plus répéter 


Elio: Hein mais dans quelle langue je vais te dire que les gens disent des bêtises des fois? On parle des bêtises qu’on s’est et continue de se dire? 


Elikem: tu as déjà insulté mes parents? J’ai déjà fait ça? Ouais non, donc next.


Elio: mais moi même  le concerné fils de ses parents je ne me suis pas fâché quand tu me l’as dit. On sait que les gens pensent ça des pasteurs en général. Probablement il le disait pour rire.


Elikem: Donc toi tu ferais une blague sur les parents de ta copine? 


Elio: tu as dit ma copine et ses parents. Et ce n’est pas ça qu’il a fait. Il a sorti un truc débile sur mon père ok, mais tu l’as ramassé comme un vieux tas de débris en plus de même finir par une menace.


Elikem: comme ça il tournera sa langue un milliard de fois avant de remettre en question l’intégrité d’un membre de mon entourage sans preuve.


Elio: mama eh, c’est la guerre? 


Elikem: Clairement il la voulait.


Elio: tout ça ne devait pas en arriver à ce stade. Ce mec tient à toi je le sais. Ce n’est pas pour rien qu’il dort sur tes stories sur IG. 


Elikem: pfff tu as le temps Tchaa. Me créer un compte et mettre des anciennes vidéos de moi sans me demander. Tu es sûr que tu étudies là-bas? 


Elio: il n’y a pas que Les femmes qui sont multitâches. Je peux exceller dans mes études et m’assurer que tu ne foires pas ta vie amoureuse en l’air avec ton comportement de sanglier


Elikem: c’est ton grand-père le sanglier tu as compris pfff, je dis amusée


Elio: anhan, si je me fâche et ne te répond plus maintenant tu vas dire quoi? 


Elikem: bon vent 


Elio: longue face comme le puits à la maison là. Tu n’aurais pas balayé le frère sans égard qu’il t’aurait probablement présenté des excuses et cette histoire serait reléguée dans le passé. Mais vous voilà. Il dort sur ton IG, tu dors seule. Et je dois parler tous les jours. N’ose même pas me dire que personne ne m’a demandé parce que ce n’est pas ton problème. Je fais ce que je veux 


Elikem: c’est bien, il faut lui envoyer la couverture pour qu’il ne prenne pas froid avec tout le temps qu’il dort sur IG 


Elio: hum! Hmmhum! Il chante comme sa mère quand elle veut le prévenir qu’elle l’a dans son collimateur 


Elikem: faut sortir un peu. Je veux voir le fameux vieux Montréal 


Elio: dans -10? Tu es FOU? 


Elikem: lol comme tu as l’énergie à dépenser. 


Elio: quand tu vois ma position actuelle sur le lit, quelle partie de mon corps te dit qu’elle veut franchir le pas de la porte?


Elikem: tu es un vrai vieux toi. Il n’est que 16h chez vous 


Elio: le soleil a déjà plié bagage, je ne suis pas une chauve-souris donc tu vas supporter ma tête


Elikem: lol pardon appelle ta copine. C’est elle qui se sent brouillée dans la tête par ta face 


Elio: moque toi bien mais c’est ça l’amour et elle est occupée avec une embrouille de l’autre côté. 


Elikem: c’est grave? 


Elio: pff disons le genre que je déteste et je ne sais pas ce qu’elle fait au milieu de ça mais elle me dit ne pas avoir le choix 


Elikem: ah probablement qu’elle a ses raisons si elle le dit. Sois juste dispo quand elle aura besoin de paler 


Elio: aww regarde toi travailler pour mon équilibre émotionnel. Prend ça et transfère sur Raymond aussi 


Elikem: bye Romelio....


Elio: oh ne raccroche pas le sommeil n’est pas encore arrivé, il s’empresse de dire mais j’ai quand même coupé avant de mettre ma ligne sur mode avion. On se connaît bien. 



Je suis descendue à Lomé un jeudi de décembre. La chaleur et les bras de mon papa Eli m’ont accueilli avec joie. 


Eli: tu m’as manqué mon ange. 


Elikem: et toi alors.


Il prend une de mes valises. Je tire la deuxième pendant que nous sortons de l’aéroport. Je le pensais seul mais j’ai reconnu la silhouette de maman de dos. Je sais pas quand j’ai laissé la valise et je me suis élancée pour sauter sur elle


Belle: Eh Seigneur, Elle crie de stupeur puis elle me prend le visage en coupe et m’embrasse de partout 


Elikem: on nous regarde maman, je dis en rigolant 


Eli: et je n’ai jamais reçu ce traitement en rentrant. On sait qui est la favorite maintenant, il dit quand elle me serre contre elle au point de m’étouffer 


Belle: mon petit trésor, tu m’as tellement manqué, elle dit en riant 


Eli: alors on peut continuer à la maison ou d’aller au diable? il dit avec humour 


Elikem: lol tu es grave. Partons


Eli: ne te gêne pas pour te mettre en arrière madame, on sait que tu vas garder ta tête tournée vers elle durant le trajet


On éclate de rire toutes les deux tandis qu’il dépose les valises dans le coffre puis nous démarrons. Trois ans que je n’ai pas remis les pieds à Lomé et maman se fait un plaisir de commenter chaque coin devant lequel on passait. Il y’a une émotion spéciale, différente qu’on ressent en revenant chez soi. Une sensation d’appartenance apaisante. Même notre maison avait changé. La peinture de la façade était différente.


Belle: Mally ne cessait de salir mon mur en shootant dessus durant ses parties de foot avec son groupe du quartier 


Elikem: c’est très beau la pierre grise. Papa j’imagine


Eli: et elle ne voulait pas concéder mais j’ai  finalement gagné 


Belle: en trichant au Monopoly, précise le. 


Eli: le jeu c’est le jeu, il dit puis descend et va ouvrir la porte 


Elikem: Les gardiens ne sont plus là? 


Belle: on ne te l’a pas dit pour ne pas t’effrayer mais nous avons été cambriolé en pleine nuit une fois 


Elikem: Oh mon Dieu, ils ont fait du mal à quelqu’un? Je demande sur un ton craintif 


Belle: Dieu merci non ma chérie. Nous nous sommes même rendus compte le

matin quand les télés du salon, sous-sol et les ordinateurs avaient disparus. Papa a porté plainte contre la société de surveillance mais tu sais comment ça se passe ici 


Elikem: un nouveau cas pour votre avocat là


Belle: je te dis, un tas qu’il a avec lui et tout est toujours en cours. Bref papa a fait installer des caméras et ramené trois vilains chiens là. Je ne les aime pas du tout 


Elikem: lol tu n’aimes aucun animal toi 


Belle: non hein Perla, ceux là me font trop peur. Depuis deux mois qu’ils sont là je n’ai pas le courage de les approcher et bien sûr ton petit frère tetemalima* que tu le connais ne m’écoute pas quand je lui dis de rester loin.


(*quelqu’un d’un peu trop audacieux) 


Elikem: et c’est sécurisé de les avoir à la maison avec grand maman? 


Eli: ne laisse pas maman t’effrayer, ils sont doux comme des agneaux, il dit après avoir repris sa place aux volants. 


Belle: hum agneau de ton village sûrement. Perla reste loin simplement ma chérie.


Les aboiements des chiens s’intensifient quand on descend mais ils semblent restreints dans un petit secteur de la maison. Maman veut frapper le pied de Mally qui est sur mon lit mais je lui dis de laisser. Elle et papa m’embrassent et je me retrouve dans mon ancienne chambre. La nostalgie monte d’un coup. Elle est comme je l’ai laissée. Je passe vite fait en douche me rincer et prends un cahier au passage. Je le lis et rigole seule. Puis le sommeil me prend, j’imagine, parce que j’entends des voix au loin. Je pense même reconnaître maman tirer Mally mais je me rendors car trop fatiguée. Le deuxième réveil survient un truc humide touche ma joue. J’ouvre les yeux et tombe sur le sourire rieur de ma petite sœur qui tient une bouteille d’eau. 


Aï: shhh, Elle fait avec un doigt devant la bouche, maman sait pas que je suis entsrée. 


Elikem: recule que je vois un peu. Tourne maintenant, mais mais tu sors même les fesses hein miss, je dis et elle pouffe de rire tout en mettant les mains devant son postérieur 


Aï: C’est pas vrai du tchout


Elikem: lol mais oui. 


Maman crie son nom, elle glousse et part à la course. Je me lève, fais le nécessaire dans la douche et sors. Mally est assis sur le divan avec une caisse sur les jambes et très occupé à compter des billets. Maman est à ses côtés et écrit les montants qu’il lui donne. 


Elikem: vous avez finalement trouvé un point commun après toutes ses années? Je dis pour plaisanter 


Mally: Oh ma Kiki, viens embrasser la joue de ton frère de coeur


Belle: tu t’es d’abord lavé ce matin avant de tendre ta joue à ma fille? 


Mally: Bella je dis c’est quoi? On a un palabre? il dit sur un ton exaspéré et reçoit en retour un coup sur la tête de maman 


Belle: il y’a ta part de petit déjeuner sur la table chérie. 


Mally: petit déj à 13h quand on dit aux gens de la maison qu’ils ont jusqu’à 8h30 pour prendre le leur sinon d’attendre seulement le repas de midi? Seigneur envoie moi vite en France oh. Je veux le traitement princier aussi 


Je lui tend le sandwich au thon, il mord dedans et je m’assois à côté d’eux 


Elikem: vous faites quoi au juste? 


Mally: papa a finalement écouter mes conseils sur l’économie communautaire en ouvrant un terrain de jeux à sept minutes de marche de la maison


Elikem: quoi? Je dis amusée 


Belle: Un terrain de basket pour qu’Aï....


Aï: Daraaa, Elle crie depuis sa chambre 


Belle: pardon, depuis l’année dernière on nous fait la guerre avec le nom Aï. C’est Dara la chose. Donc je disais que papa a ouvert un terrain pour qu’Aï puisse continuer à pratiquer le basket parce que les horaires de l’ancien club n’étaient plus compatibles avec sa charge de travail scolaire.


Elikem: oh c’est super 


Mally: ce qui est surtout super, c’est que les gens du quartier s’y sont intéressés aussi. Les équipes se sont formées et nous avons commencé notre tournoi il y’a deux jours 


Belle: et ton frère qui voit l’argent partout a décidé de faire payer l’entrée, donc je vérifie qu’il fasse bien les comptes et ne vole pas un sou pour le glisser dans sa poche 


Mally: Continue à parler sur ton patron hein, le chômage va te trouver bientôt 


Belle: tu m’as déjà payé pour les jus que j’ai fait à ta demande? 


Mally: Madame Laré AW pourquoi tu fais les choses qui sont en bas de ton statut? Hein dis moi. C’est 2000 francs qui te peut dans ce pays? J’aime ce petit haut corail en passant. Il te donne le petit peps qu’il te faut. Cinquantaine qui? il susurre et soulève les deux sourcils avec un sourire charmeur sur la face 


Je rigole mais m’étouffe vraiment quand Aïdara et grand maman sortent de chambre. Je m’étouffe au point que maman doit me donner de l’eau. Quand le fou rire me laisse, mon nez coule. Ils m’ont mis ma grand maman dans un jersey et culotte de Shaquille O’neal avec un t short blanc en dessous, un bandeau au poignet, Jordans aux pieds puis une casquette sur la tête. 


Belle: je dis chaque jour on verra un nouveau complet? Elle demande avec humour 


Aï: Yep. Elle est fly han? Elle dit toute fière 


Gisèle: Ma kiki viens que je te vois bien


Elikem: lol doux Jesus, ils t’ont donné quoi pour que tu acceptes ça? Je dis après un gros câlin réconfortant 


Gisèle: C’est ton papa et Mally qui ont dit que je dois utiliser la montre qu’on m’a donné ici pour le sport, elle dit en me montrant sur son poignet un Fitbit. Et Aï a....


Aï: Daraaa


Gisèle: Faut quitter. Aï (qu’elle prononce Ayiiii) a dit de venir regarder son basket qu’elle fait 


Mally: de m’arranger la casquette là Zizèle. Aucun banditisme n’est toléré dans cette maison, il dit et on rigole. Je remets à l’endroit la casquette sur sa tête. Papa sort de leur chambre, aviateurs sur les yeux, habillé comme un vrai coach d’une équipe de jeunes. 


Eli: Alors tout est prêt? On peut y aller? 


Elikem: bah personne ne m’avait prévenu. Donnez moi une trentaine de minutes je m’apprête 


Aï: c’est tchrop long 


Mally: pipimpim* a encore commencé. Le tournoi ne commencera pas avant nous Hein tu le sais quand même? 


(*quelqu’un qui est très pressé en général) 


Aï: Ouais mais c’est pas une raison pour ne pas êtchre à l’heure 


Elikem: je me dépêche, dis-je depuis la chambre et c’est ce que je fais 


En cinq minutes nous étions dehors. Maman avait pris la voiture tandis qu’on était à pied. Apparemment elle l’avait chargé de rafraîchissements pour les participants et invités. Rien que la foule à l’entrée du terrain m’a cloué le bec. On croirait que tout Boucarou s’est ramené. Jeunes comme parents. Ceux qui m’ont reconnu me saluaient avec joie et demandaient déjà les cadeaux de la France. Un homme à l’entrée, le gardien j’imagine ouvre le portail et nous entrons en premier. Je découvre le rôle de ma grand mère dans cette histoire lorsqu’elle prend place sur une chaise un peu haute qui est elle même abritée sous un chic parasol. Elle présente un panier dans lequel les gens mettent une pièce de cent francs par personne une fois qu’ils entrent dans l’enceinte. 


Elikem: C’est comme ça qu’on t’a réduit au travail forcé ma zizèle? Je n’aime pas hein 


Gisèle: c’est pas mieux que de rester toute la journée devant la télé? Et puis Aïdara dit que si je reste avec les jeunes ça va me donner le bon esprit. 


Elikem: lol tu n’as pas tort. Alors tu leur remet ce bracelet comme preuve d’achat c’est ça? Je dis en pointant l’autre panier à ses côtés rempli de bracelets 


Gisèle: oui. Le vert c’est pour les gens qui viennent regarder basket et l’organe la chose là-bas, elle dit en pointant le circuit de mini golf non loin de notre positon. 


Elikem: eh bah papa n’y est pas allé de main morte hein, je dis admirative devant le paysage. 


Les deux terrains sont à l’air libre mais les espaces pour s’asseoir abrités un peu comme la place de grand maman et celles qui sont à côté d’elle. J’imagine qu’elles doivent êtres pour Les coach et arbitres. Je rejoins certains jeunes pour les aider à transporter les glacières de maman. Puis je m’installe avec maman à côté de grand maman. Les autres parents arrivent dans les minutes qui suivent et me prennent tous dans leurs bras. Dans les discussions des adultes je me rends compte que le rendez-vous était prévu depuis belle lurette.


Elikem: et personne n’a trouvé nécessaire de nous en informer hein. Même toi maman je suis déçue. J’aurais ramené Aurore avec moi si j’avais su


Belle: je suis désolée ma puce. Même pour le construire ce terrain ça n’a pas été simple tu sais. Le propriétaire ne voulait pas le vendre à ton père. Depuis deux ans qu’on était derrière ce monsieur. Tonton Magnim a même impliqué ses contacts avant qu’on obtienne faveur du monsieur. Et la construction s’est faite rapidement pour que tout soit complété avant l’anniversaire de ta sœur et ton frère. Dans la foulée je me suis dit que j’allais garder la surprise pour toi aussi.


Comment puis-je ne pas ressentir cet amour et admiration profonde pour cet homme avec sa casquette de base-ball qui frotte les épaules de ma sœur et celles de ses coéquipiers? Il y’a deux ans de ça, Mally avait cette histoire en bouche de centre d’amusement où tout le monde pourrait venir se recueillir le week-end, comme ça Aïdara qui n’aime pas sortir n’aurait pas besoin de faire un grand effort pour approcher du monde. Les jeunes du quartier arrêteraient peut-être de vadrouiller et lui se ferait beaucoup d’argent. Maman se moquait de lui que c’est bien de rêver mais il faut se donner les moyens. Papa lui a dit de faire un plan avec sa sœur pour qu’il voit. Comme il aime faire croire à Mally qu’il le traite comme un grand pour contraster un peu avec Maman et l’amuser, j’avais complètement oublié cette histoire. Et voilà que depuis deux ans, dans l’ombre il travaillait pour rendre réel la vision de ses enfants, en plus avant leur anniversaire. Oui ils sont nés le même jour bien qu’il y’ait trois ans d’écart entre eux. 


Tonton Magnim nous fait un petit discours de bienvenue pour lancer le début des activités. Mally sans surprise arbitre. Snam est dans l’équipe d’Aïdara. Papa est leur coach. Et selon les échanges avec l’autre coach, il semble que l’équipe  adverse émet des réserves. Certains  garçons trouvent ça insultant de jouer contre une équipe dans laquelle il y’a deux  filles. Un d’eux a dit tout haut que la victoire n’aura pas le même goût. 


Mally: ah bon hein? 


-Parfaitement. On m’a dit qu’on joue sérieusement ici. Je ne suis pas là pour tendre un mouchoir à l’une d’elles parce que son ongle s’est cassé 


-Un relou partout lui, Jamais rien d’intéressant à dire, dit une petite à qui je remettais son bracelet  


Eli: Comment tu t’appelles petit? 


Joshua, il dit tout haut 


Eli: Joshua Les règles étaient clairement écrites sur le pamphlet. Les filles sont autorisées tout comme les garçons. Tu ne les a pas lu avant d’intégrer ton équipe?


Josh: Oui et elles sont stupides, il dit et des murmures choqués s’élèvent un peu partout 


Ciara: Qui est cet impoli? 


Belle: je ne sais même pas mais il est bien tombé 


-désolé monsieur, il ne voulait pas...., un autre petit qui n’était pas dans le groupe mais à côté essaie de dire mais il se fait interrompre rudement 


Josh: la ferme Axel, je sais très bien ce que je voulais dire. 


Eli: Que dirais-tu d’aller prendre l’air pour le reste du tournoi? Les écarts de comportements ne sont pas tolérés ici 


Josh: mais j’ai payé! 


Eli: baby! Il dit tout haut à maman qui se lève. Dash me a 5 yards please. (Envoie moi 500 francs s’il te plaît) 


Mally: mais non, laissons le frère jouer. Les filles ne vont pas pleurer grand je t’assure 


Josh: hum! Je ne vais pas me retenir pour elles. 


Mally: oh mais on ne veut que ça, n’est ce pas les filles? 


Snam lorgne le Joshua en question. Aïdara garde les yeux fixés sur papa et je pense la dernière marmonne quelque chose. Peut-être des insultes même. 


Le match commence après le coup de sifflet de Mally. Ils jouent à 3 vs 3 joueurs sur un demi-terrain. Snam fait partie du premier tour. La grande gueule est en attaque et joue plutôt bien, du peu que je connais du basket mais se fait souvent bloquer par Snam. Il est rude et à la fin fait même une faute, ce qui octroie un lancer franc à l’équipe de papa qui est concluant. 


À 15 contre 10 en faveur de l’équipe adverse, un changement est fait et c’est là que ma sœur fait son entrée. Je serre tellement les fesses que je suis au bord de mon siège. 


Gisèle: il faut bien les frapper, elle crie fort après avoir sifflé 


Belle: est ce que c’est la boxe ici maman? 


Gisèle: Est ce que c’est mon problème? Aïdara montre leur qu’on ne joue pas avec mes petits-enfants, elle crie encore


Belle: on t’avait prévenu la dernière fois qu’on ne crie pas fort aux matchs de basket hein 


Gisèle: Bella il ne faut pas me déconcentrer, elle dit et siffle une fois encore 


Mally la resiffle et lui rappelle qu’il ne lui a pas donné le sifflet pour qu’elle cause le  désordre. 


Le match reprend. Je ne sais plus quand je  me suis levée mais voilà. J’entends quelqu’un demander à maman une boisson mais elle lui dit d’attendre d’abord parce que sa fille est là-bas. Mon cœur s’arrête quand ma sœur fait de même durant sa course au lieu d’avancer 


Elikem:  non! C’est trop risqué! Je dis tout haut mais elle tente vraiment un 4 points et il est concluant. Maman, tata Ciara et grand maman me tombent dessus et sautent ensemble. Les coéquipiers d’Aïdara font pareil avec elle. Elle soulève la tête et fait un pouce en l’air avec le sourire le plus confiant du monde vers papa puis son regard croise le mien qui s’humidifie mais je tiens pour que les larmes ne tombent pas. Elle l’a fait. Enfin sa personnalité éclate au grand jour. Elle vit sa vie. Le match finit par leur victoire. 

Monsieur “je ne joue pas contre les filles”

a eu la bonne idée de fuir avant que Mally ne commence ses moqueries. Il tombe bras sur les épaules d’Aïdara et Snam. 

Maman rejoint papa et les deux engouffrent Aïdara dans un câlin bien solide et se mettent à rire et chacun dispute ma petite sœur comme si elle était un gâteau. Que non c’est mon Aïdara et l’autre aussi réplique non c’est ma fille. Le spectacle me rappelle une chose que Romelio m’avait dit: un enfant a cette capacité de rassembler et unir un couple qui l’a toujours ému. Il ne compte plus le nombre de fois qu’il s’est réveillé la nuit et entendait ses parents depuis leur chambre discuter et rire de lui. Sa vie a été bercée de moments pareils et son rêve est d’avoir la même vie à son tour. Je n’ai jamais pensé aux enfants dans le passé. Fallait déjà que je considère même les hommes. Mais là tout de suite je me suis vue dans dix ans, avec mon Aïdara, Mally, Snam, oh tant qu’à faire, des miniatures de tous nos petits, mais avec mes traits et ceux de Ray. C’est le seul que j’imagine dans ce rôle avec moi. Est-ce que j’exagère de laisser la distance s’installer entre-nous bien qu’il me manque? Pourquoi il ne s’excuse pas simplement aussi? Je vais d’abord câliner ma sœur et prendre une photo de groupe pour enrager Romelio. 



***Eben Ezer Tountian***


De professeur particulier je suis devenu la nounou de cette petite. C’est à ce terrain qu’elle a voulu que je l’emmène cette fois. Pour voir Axel qui lui a parlé d’un tournoi de basket. Je suis payé pour donc je ne vais pas me plaindre. En plus j’ai même joué pour la première fois de ma vie au mini golf avec elle, Axel, les deux derniers de mon oncle et une petite fille vers qui mon Axel ne cessait de jeter des coups d’œil quand il ne se pensait pas observé. Jusqu’à ce que le papa de la petite lui demande ce qu’il attend pour dire bonjour à sa fille s’il la trouve jolie. J’aurai pleuré de rire si je ne savais pas déjà que la nervosité d’Axel était causée par la gêne. Je m’attendais à une grosse crise de jalousie d’Hadeya mais elle a plutôt bien pris l’attention d’Axel pour une autre. 


Comme Axel et les deux derniers sont partis suite à la défaite de Josh, Hadeya ne voulait plus rester. Elle a donc appelé sa mère pour la prévenir.


Eben: qu’est ce que tu lui veux au juste à mon petit cousin? 


Hadeya: Qui ça Axel? 


Eben: non le pape 


Hadeya: haha très drôle, elle dit sans un sourire. Il est adorable avec tout le monde et ça me plaît


Eben: tu as déjà commencé le “cougarisme”? Je demande avec humour 


Hadeya: Tu es un bon idiot toi. Il n’a qu’un an de moins. 


Eben: avoue que j’ai quand même un peu raison. 


Hadeya: je garde ses délicieuses lèvres scellées à jamais 


Eben: lol c’est ça. Assure de les garder loin de lui avant que tu n’aies ton diplôme de fin d’études. Et je veux la mention bien c’est clair petite? 


Hadeya: rhooo demande déjà mars 


Eben: je m’en fous. Tu m’apportes la mention un point un trait 


Hadeya: des fois je me demande pourquoi Ô bon Dieu pourquoi j’ai cru que c’était une bonne idée de t’avoir comme prof, elle dit en levant les mains au ciel ce qui me fait rire.


Sa mère arrive à ce moment là, marque une pause et regarde un certain groupe de personnes le temps qu’on la rejoigne. Elle dépose sa fille d’abord et propose pour faire de même avec moi, chose qui me surprend mais je ne vais pas refuser un free ride. 


Raïssa: c’est Magnim Wiyao qui t’a envoyé vers moi? Elle demande calmement à notre arrivée 


Eben: qui ça? 


Raïssa: l’homme à qui tu as dit au revoir avant de me rejoindre 


Eben: je ne le connais pas. Il jouait au mini golf avec sa fille 


Raïssa: tu veux jouer au plus fin avec moi?


Eben: je....madame je ne vois pas où vous voulez en venir, je dis un peu confus, n’aimant pas du tout le ton légèrement menaçant qu’elle prenait 


Raïssa: tu veux me dire que tu ne connais pas les Adamou? 


Eben: enfin non du tout. C’est Hadeya qui a demandé que je la conduise à ce terrain 


Raïssa: bien comme tu l’as décidé ainsi, descend, elle dit puis déverrouille 


Eben: madame s’il vous plaît, je ne connais vraiment pas ce monde dont vous parlez 


Raïssa: descend et je ne vais pas me répéter 


Je m’exécute, la peur au ventre à l’idée que le scénario avec ma tante Mireille soit entrain de se reproduire. 



***Jennifer Amouzou***


Le temps a filé à la vitesse de l’éclair et un lundi soir, Amaya Sani est née à l’hôpital principal de Dakar. Je me suis rongée tout les ongles dans la salle d’attente et peut-être creusé le sol avec mes cent pas violents. Ne parlons pas des sursauts à chaque cri que j’entendais. C’est donc comme ça qu’avoir les enfants fait souffrir et les femmes en alignent plein? J’ai imaginé le bon, mal et pire avant que la sage femme ne m’annonce la bonne nouvelle. J’ai pleuré en voyant Yasmine avec sa petite fille dans les bras. Pleuré de grand soulagement.


Jen: Dieu merci tu es en vie 


Yas: tu pensais que j’allais partir où? Hum? Partir où sans avoir vu mon petit ange? Elle dit doucement avant d’embrasser tendrement la joue de son bébé 


Jen: tu m’as foutu la trouille Yasmine. Les cris là c’était comment? On aurait cru qu’on te cisaillait 


Yas: lol je ne vais pas trop parler. On se reparle quand ce sera ton tour 


Jen: pardon laisse moi regarder ma filleule d’abord, dis-je avant de me pencher vers le bébé tout paisible qui suçait sa main avec beaucoup d’ardeur. Le spectacle était trop touchant.


Les premières nuits n’ont pas été faciles. On était que deux avec Maya la plus jolie des abeilles, le surnom que je lui ai donné au grand dam de sa maman. Et comme maman Yasmine m’en bouchait un coin. Elle que j’ai connu un peu paresseuse sur les bords, se levait dès que le bébé pleurait, la douchait et avait une certaine assurance que je n’avais pas quand elle donnait le bain à la petite. Elle a dit que la sage femme lui a montré l’essentiel en plus des vidéos qu’elle a regardé mais à mes yeux elle restait un chef. Ma tante a finalement découvert ce que je lui cachais durant un appel et ça été la fête pour moi. J’ai eu la consigne formelle de déménager sur le champ. Pour le moment je ne regarde pas encore ça. George est passé quelques fois mais depuis je garde mes distances. Il semble plutôt concerné par la petite quand il est là. Je ne croise plus vraiment Marianne en cours. Elle m’a bloqué sur les réseaux sociaux. Je me suis fait à l’idée que notre amitié est finie. 


La mamie d’Amaya est arrivée quand sa petite fille a eu deux mois. Mon rythme scolaire en pâtissait à un moment donné mais j’ai réussi à me reprendre. Je révisais mon CV pour les demandes de stage à venir quand Yasmine m’a rejoint avec Amaya. 


Yas: ta filleule vient te faire un câlin


Jen: mon abeille favorite, je dis avec joie quand je la prends 


Yas: tu aurais du temps demain vers 14h? 


Jen: Oui pourquoi? 


Yas: George veut me rencontrer pour discuter de l’avenir d’Amaya. J’aimerais que tu viennes si possible 


Jen: oh mais j’ai le droit? C’est vous les parents après tout 


Yas: oui mais tu as été plus dispo pour moi que lui. Si quelque chose m’arrivait c’est à toi que je vais la confier. 


Jen: hum je ne veux pas de problèmes avec la mamie de maya hein. Tu sais qu’elle n’aime pas qu’on touche sa chérie 


Yas: lol elle va s’y faire. Tu étais là avant tous. Alors je peux compter sur toi demain? Je ne suis pas à l’aise à rencontrer George seule en dehors de la maison et il insiste pour qu’on se voit dans un lieu public 


Jen: t’en fais, je t’accompagne 


Yas: je t’ai déjà dit que tu es un amour 


Jen: lol va loin avec les compliments là. C’est pour me demander après de te faire à manger. 


Elle et Maya me tiennent compagnie pendant que je continue mes tâches.


Je regrette ma décision dès qu’on arrive le lendemain à l’Aroma Café. George était déjà présent mais aussi Marianne. Et elle ne souriait pas du tout.


Yas: qu’est ce qu’elle fait là? elle murmure sur un ton surpris et mécontent 


George: vous venez prendre place ou pas? 


Jen: heu.....oui oui, je dis puis aide Yasmine porte Maya dans un kangaroo


George: je règle mais ne mangez pas comme des truies. 


Jen: je n’ai rien demandé 


Yas: moi non plus, elle surenchérit 


George: Bien. Bébé tu ne veux toujours rien à part ton Fanta? Il demande à Marianne sur un ton plus doux


Marianne: non, Elle répond tout en nous fixant 


Et je ne la regarde même pas directement. Je n’ai pas le courage mais je la sens m’observer 


George: Bien, j’ai demandé à ce qu’on se voit pour discuter des jours de garde d’amaya. J’aimerais la prendre avec moi trois fois par mois et....


Yas: hors de question! 


Jen: mais Yasmine, je dis un peu perdue 


George: hors de question parce que? Je te rappelle que je suis son père 


Yas: et ma fille est encore un bébé sans défenses. Sa place est avec moi 24/24. En plus tu ne viens quand bon te semble et je vais te la laisser au nom de quoi?


George: je viens au moins une fois par semaine! Et je ne te dois absolument pas des passages réguliers. Nulle part il est écrit qu’un bébé doit rester avec sa mère plus que son père. Autant elle se familiarise avec Jennifer et ta mère, autant je veux qu’amaya s’habitue à ma

mère qui viendra bientôt aussi qu’à Marianne.


Yas: ah on y est enfin. Et c’est non! Elle dit en regardant Marianne. Amaya est ma fille. Je ne vais pas la laisser avec une femme que je ne connais pas et qui pourrait lui faire du...


George: tu la fermes maintenant! Il tranche tandis que j’attrapais la main de Yasmine en bas de la table pour qu’elle arrête d’agir comme ça mais elle s’est dégagée 


Yas: Tu peux dire à ta copine de t’en faire un, si elle veut autant materner. Elle a un vagin et un appareil reproducteur non? Mon neuf mois sera avec moi jusqu’à ce que je décide autrement. Si tu n’as rien d’intéressant à dire, nous allons y aller, elle dit et se lève 


Jen: Yasmine att....je dis et m’interpose sans réfléchir dès que George se lance.


Résultat je tombe mal et me foule le poignet après qu’il m’ait bousculé. Le personnel et les quelques clients viennent à notre secours pour calmer un George déchaîné. Yasmine et moi rentrons seules avec Amaya. Elle remet Maya à sa maman et lui fait le compte-rendu de notre rencontre. J’ignore si c’est moi qui suit trop paisible mais entendre la maman de Yasmine confirmer qu’elle a très bien fait et aurait dû rajouter me surprend. Elle me rejoint plus tard en chambre pour me masser le poignet endolori. 


Yas: un vrai couillon, elle piaffe. J’espère que ça ne va pas trop s’enfler 


Jen: je vais prendre des anti inflammatoires aussi. Pourquoi tu as agi comme ça avec eux? 


Yas: mais j’ai fait quoi? 


Jen: tu parlais de Marianne comme si elle était une mauvaise personne ou pire ton ennemie. Tu ne t’es pas excusée une fois pour ce qui s’est passé, au contraire tu ne faisais que jeter l’huile sur le feu. 


Yas: écoute tu n’es pas maman. Ton vagin n’a pas été écartelé donc tu ne sais pas de quoi tu parles. Cette fille est venue faire quoi à ce rendez-vous si ce n’est me provoquer? 


Jen: c’est elle la copine de George je te rappelle 


Yas: et ca a quel rapport avec ma fille? Qu’ils fassent leur copinage dans leur coin alors. 


Jen: tu veux quoi au juste dans ta vie Yasmine? Parce que j’ai beau remuer mes méninges je ne te comprends pas. Marianne n’a pas une seule fois pipé un mot. Elle n’a pas été méchante ou insultante. Tout aurait pu se passer simplement mais tu t’es lancée dans une guerre unilatérale. 


Yas: non mais tu es naïve ma vieille. Tu crois qu’elle allait faire quoi si ce n’est jouer à la tranquille et calme? Elle pensait endormir ma conscience pour ensuite se venger mais dommage pour elle je suis très intelligente 


Jen: tu te sens vraiment coupable? 


Yas: pardon j’ai mal agi. Je l’ai reconnu mais je ne vais pas courber l’échine toute ma vie. J’ai une fille qui me regarde et pour qui je dois me battre. Le massage c’est bon ou comment? 


Jen: c’est bon merci, dis-je doucement  


Puis elle est retournée vers sa mère et les deux continuaient leurs théories sur comment Marianne a cru réussir quelque chose en manipulant cet idiot de George mais l’oiseau a vu son caillou.


Je me lève avec douleur demain. J’ai mal dormi et le poignet était bien endolori ce matin. Il m’a fallu inventer une raison pour écourter mon appel avec Romelio. Je suis un peu dans les vapes durant les premières heures du cours. La douleur ne se trouve plus dans mon poignet mais un peu ailleurs. Je priais simplement que ça ne soit pas le signe annonciateur d’une crise. Je sors prendre un peu d’air à la pause et tombe pile sur Marianne. Je ne peux plus reculer ou me défiler. Elle veut me dépasser mais je me lance 


Jen: Marianne je suis.....


De l’eau atterrit sur mon visage et me vole mes mots. Je peux voir son visage déformé par la colère et sa main tremblante sur sa bouteille. 


Mari: Tu mérites plus et pire sale garce hypocrite! 


Jen: je n’étais pas au courant que....


Mari: c’est ça! Tout comme tu ne vis pas avec elle et vous jouez aux mamans toutes les deux. Mais ne t’en fais pas. Ton copain lui donnera le deuxième et troisième enfant. On reparlera à ce moment sinon ne m’approche plus! Elle tonne et s’en va 


Le moral s’évapore de mon corps. La douleur ne se calme pas. Finalement je sèche le reste des cours et rentre à la maison me terrer au fond de mon lit après m’être bourré de médocs. Je décroche l’appel de Romelio au bout de la quatrième sonnerie 


Elio. Ouh la, c’est quoi cette voix ma puce? 


Jen: aujourd’hui j’ai appris que je suis une garce par quelqu’un qui a été hyper sympa avec moi. Et je n’avais rien en ma possession pour effacer son mal. 


Elio: tu me parles de Marianne? 


Jen: Oui, je dis puis lui narre tout depuis la scène du resto jusqu’à aujourd’hui 


Elio: Jennifer, il dit sur un ton de reproche mais doux 


Jen: je sais, tu as dit de m’en laver les mains mais je ne m’attendais pas à cette réaction venant de Yasmine. En fait je ne m’attendais à rien de tout ça. Et...et, j’ai peur. Tu crois au karma? Je demandé après avoir reniflé plusieurs fois 


Elio: c’est par rapport à ce qu’elle a dit sur moi et Yasmine?


Jen: snif oui 


Elio: je pense que le karma ce sont les gens qui l’appliquent. L’exemple le plus concret que j’ai c’est le fait que papa a été pistonné pour son premier emploi à Lomé par une connaissance qu’il avait connu au temps où il faisait du pro Bono en tant que Juriste en France. Connaissance qui s’est rappelé de cet homme disposé à aider les autres et a voulu à son tour lui rendre la pareille. Marianne est blessée pour le moment mais quand le temps l’aura aidé à y voir plus clair elle se rappellera de ta sollicitude et gentillesse envers elle. Et c’est pour ça qu’on dit de traiter autrui comme on voudrait parce que ça ne s’applique peut-être pas tout le temps mais en général les gens sont sensibles à la bienveillance. Et même si elle n’y arrivait pas, ce n’est pas pour ça que j’irai coucher avec Yasmine. Je n’aime pas les choses sales et je tiens trop à toi pour gâcher notre relation. 


Jen: j’ai envie d’être dans tes bras 


Elio: moi aussi mon cœur, je veux t’avoir dans mes bras. Tenons encore un peu d’accord? Bientôt on sera réunis. J’ai même un nouveau répertoire de bourses à t’envoyer 


Jen: lol tu ne t’arrêtes jamais toi 


Elio: bah non hein, la distance veut ma mort. Autant que je mette mon cerveau au travail pour que ça passe vite 


Jen: ça va le stage sinon? 


Elio: yep. Les mamies du service de gériatrie me tuent grave. Imagine qu’elles me racontent comment les papis ne sont pas charmants et doivent se coiffer, il dit et j’éclate de rire 


Depuis qu’il fait son stage là-bas j’en entends des histoires qui me tuent. Apparemment c’est une autre vie qui commence dans le troisième âge. 



***Marianne Sow****


Je m’en pensais capable. George n’a pas cessé de s’excuser, me supplier durant la grossesse de la fille et finalement j’ai flanché. Ses paroles m’ont touché. J’ai même cru que je pouvais y arriver mais un regard sur cette Yasmine et je l’ai su. Je ne pouvais pas. Elle avait cet air de défi qui me donnait envie de lui sauter dessus et la déchiqueter. Je suis sur la véranda depuis le retour de l’école. J’ai demandé à George de me rejoindre à la maison quand il pourrait. Il s’est pointé assez tôt et avec un air joyeux. J’ai détourné la tête quand il a essayé de m’embrasser. L’air joyeux fut remplacé automatiquement par une voix inquiète.


George: mon coeur....s’il te plaît ne me dis pas qu’on est de retour en arrière 


Mari: Je ne peux pas George


George: Marianne je t’en prie, on peut y arriver. On fera comme tu veux.


Mari: ce que je veux? 


George: tour bébé. 


Mari: ce que je voulais c’était déchiqueter cette pouffe et toi quand elle se tenait devant moi avec cet air et ce ton de supériorité qu’elle prenait parce que madame est la mère de ton enfant. Je voulais lui faire ravaler sa langue, lui faire passer l’envie de parler de moi. Mais je n’ai pas pu. Elle avait un enfant sur elle. Et tu vois me sentir comme ça n’est pas normal. Je ne vais pas pouvoir m’en départir. Il vaut mieux que....


George: non non non, il dit affolé. Je ne vais plus l’approcher. Elle garde la petite. On reste tous les deux mon amour, j’ai besoin de toi 


Mari: tu es capable de la délaisser pour moi? Cette gamine pour qui tu as couru pieds nus de ton appartement quand on t’a dit qu’elle est née? Celle là dont tu parles tout le temps à ta mère? Tu aimes ta fille George. C’est normal après tout. Mais elle n’est pas la mienne. Je n’ai pas le cœur de supporter sa mère. Tôt ou tard elle dira un truc qui me fera sortir de mes gonds et je ne veux pas en arriver là. Descendre à son niveau. Je vaux mieux que ça. Donc mettons fin à tout maintenant et bonne chance à vous 


George: je...je ne vais pas abandonner Marianne. Je comprends que tu es mal en point maintenant. Je te laisse le temps mais on va en reparler. Je t’aime trop pour que ça finisse ainsi 


Je ne rajoute rien. Il n’y a rien à dire de toute façon sinon verser des larmes. Je vais m’enfermer dans ma chambre à son retour et reprend mes démarches pour le Canada que j’avais laissé de côté. Au final maman avait raison. Le travail c’est le premier mari de l’homme. Il est fidèle. 



***George Sani***


Je rentre à Lomé pour avoir conseil de papa. Il est hors de question que je perde la femme avec qui je me projetais à cause d’une tête brûlée comme Yasmine. Le jour de mon arrivée, maman se déplaçait à l’intérieur du pays. Je l’ai vu pour à peine une heure mais pas papa. Je me suis assoupi pour ce que je croyais être un moment mais à mon réveil, il faisait nuit noire. Je sors pour voir s’il y’a quelque chose à manger mais des bruits retiennent mon attention. Des bruits que je reconnais bien. Je regarde par la fenêtre et reconnais la voiture de papa puis un cri vient de ladite chambre. Je tombe des nues et au sol. Papa ne va pas me dire qu’il trompé maman dans sa propre maison quand même. 



***Martin Sani***


-à ce stade tu ne penses pas qu’il faut laisser les faux semblants? Je dis à bijou après notre coup rapide 


Elle tient son pagne fermement contre sa poitrine et regarde dans le vide. Pourtant je suis doux avec elle. Et la preuve elle aime ce que je lui fais. Je n’ai plus besoin d’utiliser du lubrifiant vu qu’elle aime et a même eu des orgasmes mais elle prend toujours cet air de condamné après comme si c’était la pire chose qu’elle avait vécu. En tout cas je n’ai pas la force de lui expliquer les choses déjà qu’elle a du mal à comprendre. J’ouvre la porte et bégaie quand je vois George adossé au mur.



-qu’est ce que tu fais ici? Je demande mi enragé mi affolé 


George: tu comptes me demander ça pendant une heure ou quoi? 


-mmmais tu es dans ma maison donc tu dois me prévenir! 


George: bien sur comme ça tu peux te faire une pauvre villageoise dans le dos de maman 


Martin: je ne te permets pas! 


George: arrête papa, on est dans ton bureau depuis bientôt une heure. Tu sais très bien que je t’ai entendu. 


Martin: et alors? Ce que je fais de ma vie ne te regarde en rien! 


George: certes....sauf que la vie de ma mère me regarde. 


Martin: tu n’as pas mieux à faire? T’occuper de ton enfant par exemple plutôt que de te mêler de mes histoires? 


George: je venais justement te parler de ma vie. Je pourrais ne pas me concentrer sur la tienne et faire face à la mienne si tu m’aidais un peu 


Martin: attend George, tu es entrain de me menacer? 


George: pourquoi sauter de suite sur le mauvais côté? Je te propose un échange de bon procédés. Je fais face à ma vie. Toi et maman la vôtre. 


Martin: espèce de raclure! Je suis ton père! Je tonne furieux qu’il ose 


George: et tu le seras toujours. Je ne refuse pas ça. J’aimerais simplement que tu m’aides à jouir de mon diplôme.  La direction ou sous direction de la CEET m’intéresse bien. Une petite villa ne serait pas de refus, ainsi qu’une bourse pour le Canada. 


Je fume des oreilles et de mes pores. Jamais mes garçons avec Mireille n’auraient osé mais je ne peux pas risquer que Germaine renvoie Bijou. J’ai besoin d’elle. 



***Elikem Perla Xena Akueson***


Banalement Romelio boucle un an au Québec et je finis ma cinquième année. Arthur a deja fêté ses dix-huit ans mais comme nous n’avions pas eu le temps de nous rassembler on a décidé de se faire quelque chose maintenant. Il a opté pour le karting donc nous y sommes en groupe. Aurore et Ida qui est montée sur Paris après la permission de tonton Tao s’est joint à nous. Elio et moi avons pris une pause après cinq tours tandis que les autres continuaient. 


Elio: Jennifer a finalement obtenu une bourse pour Bordeaux 


Elikem: ah super. Elle arrive quand du coup? 


Elio: Elle passe d’abord les vacances au pays avec sa famille et arrivera dans dix jours 


Elikem: hum c’est que tu vas faire Montréal Bordeaux chaque mois ça 


Elio: lol pourquoi tu n’aimes pas me respecter. Genre je dors dans les fesses de Jennifer quoi 


Elikem: ah toi même tu connais déjà ton cas  


Elio: parlant de connaissance, tu sais quoi de la vasectomie? 


Elikem: Hein? Je fais prise de court 


Elio: c’est une opération majeure genre? 


Elikem: bah un max trente minutes, pourquoi? 


Elio: je compte le faire. Et la douleur post op? Tu sais si c’est pénible ou tolérable? 


Elikem: lol attend tu ne viens pas de me dire que tu comptes faire une vasectomie là


Elio: heuh c’est ce que j’ai dit 


Elikem: Mais pourquoi? Je demande sidérée 


Elio: tu connais le statut de Jennifer ainsi que le mien non. C’est clair qu’on a pas intérêt à avoir d’enfants donc j’ai...


Elikem: Mais Tchaa attend attennnndddd.....tu n’as que 23 ans! 


Elio: lol regarde comment tu arrondis tes yeux on dirait tu es au bord de l’apoplexie 


Elikem: peut-être la définition de vasectomie t’échappe mais tu rends ton sperme vide de spermatozoïdes. Tu comprends ça? 


Elio: parfaitement doc, il dit avec humour 


Elikem: il est passé où le Romelio qui voulait cinq enfants? Trois filles et deux garçons? Celui qui disait que si possible il coincerait un sixième à Océane jadis? Celui qui avait déjà les prénoms de choisi, les écoles? 


Elio: il est toujours là. Ils n’ont pas besoin de venir de moi pour que j’accomplisse mes plans. Voilà Arthur qui est une preuve vivante 


Elikem: Mais il y’a les préservatifs, la pilule, le stérilet si c’est la crainte d’avoir des enfants. Pourquoi choisir l’option drastique?


Elio: parce que le risque est grand et toutes ses méthodes que tu as énuméré ne sont pas efficaces à 100%. Étant fils d’un OB j’en ai entendu des histoires folles de femme qui sont tombées enceintes sur pilule ou stérilet. Le préservatif peut se rompre et je me vois mal en mettre à vie. Des fois l’envie est trop et on en a juste pas. Par contre une chose que je refuse c’est de l’exposer à une grossesse et possible IVG. Je sais que ça sonne fou....


Elikem: ah bon tu sais? Parce que je ne le vois pas moi. Tu vas t’enlever la capacité de te reproduire pour une relation vieille de même pas dix ans? Qu’est ce qui se passera si dans deux ans vous vous séparez? 


Elio: d’abord, il cogne sur la table trois, voilà ça n’arrivera pas et je n’ai pas besoin de dix ans pour savoir que c’est elle la femme qu’il me faut. Tonton Magnim m’a dit que dans la première année il savait déjà qu’il finirait avec tata Ciara. 


Elikem: si l’amour est si grand, pourquoi elle ne se fait donc pas une hystérectomie? C’est elle le problème après tout dans votre couple 


Elio: ah toi aussi c’est quelle façon de voir les choses ça? Son problème est le mien. Nous sommes un couple et c’est notre décision. En plus je suis français et j’ai déjà un médecin généraliste comparé à elle. Elle est là pour se concentrer sur ses études. Je suis en fin de parcours. 


Elikem: donc tu es sérieux de chez sérieux! 


Elio: Je ne t’en aurai pas parlé si ce n’était pas le cas 


Elikem: ok. Attend quand même un peu. Donne du temps à votre relation, au moins que...je sais pas.....c’est trop soudain Romelio 


Elio: Lol ne t’en fais pas hein Perlan, je te donnerai quand même des neveux et nièces. L’adoption n’est pas impossible au pays et en attendant on espère que tu vas te décider à renouer avec le beau-frère, il dit en soulevant les sourcils mais je ne suis pas d’humeur 


Jusqu’à la fin de la journée je ne l’étais pas. Je n’arrivais pas à comprendre qu’il puisse faire ça. J’ai longtemps hésité mais finalement j’ai flanché dès mon retour à Besançon. J’ai appelé tonton Magnim pour qu’il fasse quelque chose, ce qu’il pouvait, sans informer Tata Hana bien sûr. Mais du moins empêcher Romelio de commettre cette bêtise.



***Ciara Wiyao***



-waow je dis, quand Magnim finit de me raconter l’histoire. Il est sûr? 


Magnim: je ne sais moi même pas. Nous avions eu une discussion sur son couple dernièrement mais il ne m’a pas fait part de cette décision. 


Ciara: Hum, et comment tu vas l’aborder? Parce que tu sais que les deux ont leurs secrets depuis belle lurette et il ne faut pas qu’il sache qu’elle s’est confiée à toi 


Il passe sa main sur son visage puis la remet sur la tête de Snam endormie sur ses jambes dans le canapé 


Magnim: je ne sais vraiment pas et pourtant on a pas le loisir du temps 


Ciara: je n’ai aucune idée non plus, je dis main sous le menton, réfléchissant à des éventuelles solutions 



***Essohana Bemba***



Comme les grands enfants sont à l’étranger maintenant, mon frère me laisse prendre mes nièces une fois par semaine pour qu’elles me tiennent compagnie à la maison. Macy est renfermée depuis que son visage est inondé de boutons. Elle communique peu et préfère rester sur son ordinateur. Mais je l’ai trouvé particulièrement triste aujourd’hui. Snam par contre est plus vivace, et surtout ce que j’admire un esprit libre. 


Hana: qu’est ce qu’elle a ta sœur? Je demande quand nous sommes seuls devant une frangipane que j’ai fait 


Snam: Elle est triste parce qu’une de ses amies va se présenter à miss Togo et elle

a décidé que non 


Hana: encore cette obsession avec les miss? Elle va continuer à pleurnicher pour cette stupidité jusqu’à quand? 


Snam: Ben c’est pas une stupidité, c’était son rêve 


Hana: pardon, Les rêves c’est de devenir astronaute, diplomate, médecin, athlète, pianiste et tout, pas cette mascarade de miss où les filles couchent avec le comité d’organisation et une fois qu’elles ont la couronne, on ne les voit que derrière les cahiers de deux cent et trois cent pages 


Snam: lol tu es drôle. On peut faire les deux hein. Être astronaute et miss ce n’est pas interdit. D’ailleurs si Macy n’était pas insécure à cause de son apparence, elle aurait montré que c’est possible d’être coquette et très brillante.


Hana: hum il faut laisser les histoires de miss seulement. Reste authentique comme tu es ma King chérie. Tu as été créé spécialement pour des grandes choses n’en doute jamais, tu as compris 


Snam: yep. Sinon pourquoi mon chef Tchaa il est encore malade? Ça me rend triste quand j’entends ça 


Hana: malade? 


Snam: bah oui, hier maman et papa disaient qu’il allait se faire opérer de la va...heuh....tomie....je me rappelle plus mais ça va le guérir enfin? 


Hana: tu as dit va...quoi? Je demande tremblante en mon for intérieur 


Snam: je...heu sais pas....je dormais un peu quand papa et maman parlaient. C’est va...


Hana: vasectomie? 


Snam: ah oui. Ça va guérir sa drépanocytose enfin? 


Hana: on en guérit pas mon puce. 


Snam: oh, elle fait déçu mais sa déception n’égale pas la mienne


J’arrive à me retenir mais je ne ferme pas l’œil de la nuit. Je continue à la compagnie de Ciara après avoir déposé les filles à l’école. 


Hana: Vous! Je dis furieusement dès que je vois sa secrétaire. Je vous ai montré de la compassion quand rien ne m’obligeait. 


Ama: Madame Hana qu’est ce qui se passe? 


Hana: j’ai encouragé mon fils à soutenir votre fille! On a pas fermé la main quand il fallait vous aider avec les médicaments ou encore des conseils. Encore je n’ai rien dit quand votre fille a décidé que sur toute cette terre, elle ne pouvait voir choisir aucun autre à part le mien de fils mais vous devez pousser l’ingratitude au point de le laisser se faire une vasectomie? 


Ama: Oh mais pardon Madame....


Hana: ne me dites pas pardon! Je crie et d’autres sortent de leurs bureaux y compris Ciara 


Ciara: Hana qu’est ce qui se passe? 


Hana: il s’agit de mon fils qu’on veut transformer en agneau sacrifier par amour! 


Ciara: allons en discuter dans le bureau! Ama venez! Elle dit et je la suis 


Hana: je vous écoute. Expliquez moi ce que mon fils vous a fait pour qu’aucune de vous ne m’appelle quand elle a entendu cette idée farfelue de vasectomie 


Ciara: comment tu as su? 


Hana: ah bon! C’est donc ça qui t’intéresse hein. En fait je comprends. Tu espérais que je n’entende pas. 


Ciara: laisse le drame Hana. Je l’ai su hier soir. On cherchait un moyen Magnim et moi de lui en parler sans impliquer Elikem. 


Hana: et vous? Je demande à cette Ama dont le simple regard m’énervait 


Ama: en fait ma fille m’en a parlé très récemment. Et je vous assure que personne n’a forcé votre fils madame 


Hana: donc me le cacher ce n’était pas une technique pour m’isoler afin qu’il continue son idée saugrenue? 


Ama: oh non vous aussi, je ne suis pas comme ça. Madame Ciara, est-ce que je suis calculatrice? 


Ciara: du tout. 


Ama: en plus j’ignorais que vous n’étiez pas au courant 


Hana: et qu’avez vous fait pour faire comprendre à votre fille qu’elle n’est pas la bonne pour mon enfant? 


Ama: Jennifer est une très bonne femme Madame! Je peux tout accepter mais pas qu’on parle mal de ma fille 


Hana: votre fille est m-a-l-a-d-e! Vous comprenez ça! On s’en fout qu’elle soit l’ange Gabriel! Elle est malade et sa présence dans la vie de mon fils le pousse à faire des conneries 


Ama: Elle n’a pas moins de valeur parce qu’elle est malade! Elle affirme avec une conviction énervante 


Hana: je vois. Donc il peut être l’agneau sacrificiel pour elle pour ses beaux yeux, il peut se priver de la joie de voir des enfants de lui dans ce monde. Ce n’est pas grave comme c’est pour votre fille valeureuse 


Ciara: Hana comprend aussi qu’ils ont fait leur choix. Ils s’aiment et par amour des fois on pose des actes incompréhensibles pour les autres. Notre rôle ici devrait plutôt être de les encadrer et les soutenir 


Hana: n’est ce pas, je dis après un rire nerveux. Si c’était Macy ou Snam qui te disaient que par amour pour un homme elles étaient prêtes à se faire ligaturer les trompes, tu me sortirais ce discours facile? Tu prendrais le tout avec parcimonie? 


Ciara: .......


Hana: J’ai compris. Chacun pense à son enfant avant tout. Je vais donc faire de même avec le mien. Madame Ekoue, je ne rigole pas quand il s’agit de ma famille. Je vous aurais prévenue, je dis puis sors. Avant de démarrer j’envoie une note vocale à mon fils


-Dire que je suis déçue serait un euphémisme Romelio. J’ai pensé dans le

passé que c’était cette fille, Océane le problème mais je me rends compte que c’est toi mon fils. J’ignore qui t’a appris que pour prouver à une femme que tu l’aimes tu dois te brimer et faire fi de tes rêves mais je ne t’ai pas mis au monde pour que tu accomplisses les rêves des autres sans penser à toi. L’amour se construit. Ce n’est pas un sentiment. Ce que tu crois ressentir pour cette fille n’est pas et ne seras pas plus fort que ce que tu ressentiras pour une autre si tu te donnes le temps d’essayer avec une autre. Je t’en prie ne....ne fais pas ça. Je te rejoins bientôt. On va discuter mon chéri. Je t’aime. 


J’envoie le message et nettoie mes larmes. Un coup à ma fenêtre me fait sursauter. Je me retourne et vois Magnim. Une autre ampoule s’allume dans ma tête. Qui aurait pu enseigner cette notion d’amour sacrificiel à mon fils si ce n’est celui-ci? Celui qui est retourné vers une femme qui n’a pas hésité à lui faire du mal au nom d’un sentiment éphémère? Au lieu de lui ouvrir, je démarre. Je vais m’occuper de mon fils seule comme j’aurais dû faire depuis le début au lieu de le laisser côtoyer des gens qui n’ont pas son bonheur à cœur.  



***Ama Ekoue***



-Je t’ai dit de faire attention à cette fille qui marche souvent avec ton copain ou non? Je dis à ma fille une fois à la maison 


Jen: Elikem? 


Ama: exactement. Cette fille est jalouse de ta relation. Elle va raconter vos histoires à la mère de ton copain. Elle m’a traité de tous les noms aujourd’hui. Moi qui croyait que cette dame était distinguée. Elle m’a déçu 


Jen: Elle t’a insulté? Ah ça non alors. 


Ama: comme je te dis mais ne te fâche pas. Laisse la faire. Elle va voir que le temps lui mettra la honte. Romelio et toi vous serez heureux et comblés. C’est elle qui viendra nous demander pardon. Reste calme toi et garde les yeux ouverts sur cette Elikem. Elle n’est pas ton amie 


Jen: c’est sûr qu’elle l’a fait dans le dos de Romy en plus. C’est vraiment bas. 

D’amour, D’amitié