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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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Maman me laisse et sort de la chambre. Je prends mon téléphone et compose le
numéro de Miro.
« Mon cœur a failli lâcher. Vraiment merci pour la surprise, monsieur mon chéri
! »
« Je savais pas comment tu allais le prendre. Je veux pas te forcer la main.
C'est juste que j'ai ce stage de trois moi là-bas. Et je ne m'imagine pas un
instant partir sans toi. Tu vas bien, t'es sûre ! »
« Je t'aime, Miro. »
« Et moi, je suis dingue de toi. Notre avion décolle à 18 heures. Tu as
rendez-vous à l’ambassade des USA mardi matin. »
« Tu as pensé à tout, n'est-ce pas ? »
« Oh ! Ton frère m'a grandement facilité la tâche, tu sais ! »
Il raccroche et je vais sous la douche. Je me mets à imaginer la tête que
feront les filles en apprenant la nouvelle. Je me demande ce que dira mon cher
papa. Et Kaba, comment réagira-t-elle. » Et je me mets à danser en chantant
tout bas : je vais à New York, je vais à New York.
La vie ne peut pas être plus belle ! La fille du Kwat va voir la grosse pomme.
Yo ! Qui donc a écrit mon histoire ! Vraiment, Dieu, tu es bon !
Il est 9 heures et je viens de passer la serpillière dans toute la maison. Les
assiettes sont nettoyées, je peux me reposer un instant et regarder la
télévision. Je ne me suis même pas rendu compte que Pupuce n'est toujours pas
là. Mais cette fille-là est où ?
Au moment où je m'apprête à l'appeler, elle rentre dans le salon en souriant :
« Je vous apporte des croissants pour le petit-déjeuner. J'ai pas appelé pour
ne pas vous embêter. Mais soyez sans crainte : Je n'ai pas fait de bêtises.
Alors, tout va bien. »
Maman qui est devant la porte de la cuisine se contente de sourire.
« Tu t'es souvenue du chemin de la maison, Pupuce ? Comment a été ta nuit ? »
« Huummmm ! Tante Bernadette. Tu veux vraiment les détails ? »
« Oui, je suis curieuse. Où étais-tu ? Qu'as-tu fait ? Où as-tu dormi ? »
« Oh ! Je ne dirai pas que j'ai dormi. On a dansé jusqu'à 6 heures du mat'.
Ensuite, mon sieur Patrick a voulu aller voir le coucher du soleil au bord de
mer. Voilà qu'on y est allé. On avait beaucoup de choses à se raconter, alors,
on a pas vu le temps passer. Il vous dit bonjour. Puis-je aller prendre une
douche et embrasser les petites. »
Avant même d'avoir une réponse, elle s'en va. Maman se contente de sourire.
« Elle a bien changé, ta sœur ! »
« C'est le fait d'être loin de sa mère qui la rend plus cool ! Elle s’émancipe.
»
Maman ajuste son foulard sur la tête et ne dit rien. Elle se prépare à partir à
l'église. Son sac fin prêt elle se tourne vers moi et me dit :
« Au fait, j'allais oublier. Il faut que je prenne tes mesures avant de partir.
Un instant, je reviens. »
Elle va dans sa chambre et en revient avec un ruban à mesurer. Elle me le met
autour des épaules, de la taille, des bras. Elle prend la longueur de haut en
bas. Je lui demande pourquoi.
Elle me répond :
« Oh ! C'est juste un cadeau que je compte te faire comme cadeau pour ta
réussite. J'ai préféré attendre les résultats pour ne pas être présomptueuse.
Tu verras, ça te plaira. »
« Ok, je te fais confiance. »
« Bisou ma chérie. Et surtout, arrête de réfléchir. D'accord. Prends les choses
comme elles viennent. Ce type fera de toi une reine. »
« Hummm ! C'est la mère de quelqu'un qui parle ! », lui fais-je.
Elle s'en va en riant.
« On se voit à ton retour, la semaine prochaine. Et comme je te l'ai dit, motus
et bouche cousue.
« Ok, c'est compris. »
Je vais dans la chambre voir comment vont les petites. Alors que je me penche
dans le berceau où dans lequel dort Ruby et je lui murmure :
« C'est sûr ta sœur et toi vous irez à New York un jour. Vous ferez de brillantes
études et surtout, vous rencontrez de beaux jeunes hommes qui n'auront d'yeux
que pour vous. Vous êtes tellement jolies ! »
Pupuce qui m'a entendu ajoute :
« Oh ! Je ne doute pas que leur parcours sera différent du mien ! Surtout les
filles, faites comme tata Tania et y aura pas de problème. »
« Pourquoi dis-tu cela, Pupuce ? »
« Parce que si elles se montrent aussi futées que toi, Tania Akendengué, elles
ne rencontreront pas de Peter Malonga sur leur route ! »
« Oh ! C'est juste ça ! Mais n'oublie pas que de nous deux, c'est toi qui à
toujours briller à l'école ! »
« Ouais, ça, heureusement que Dieu me l'a donné ! », conclut-elle en embrassant
Jade qui dort pénard sur le lit de maman.
« Je vais me préparer. Miro vient bientôt me chercher. »
« Et où allez-vous ? »
« Oh ! Je sais pas trop. Il me fait une surprise. »
« Cool ! À tous les coups, tu vas encore vivre une aventure qui va nous faire
pâlir de jalousie ! Il faut vraiment le faire, hein ! Vivre à côté de Tania
Akendengué ! »
« Qu'est-ce que cela veut dire ? », lui fais-je.
« Oh, rien ! C'est juste que le soleil brille tellement au-dessus de ta tête
que je me demande dans quelle eau tante Bernadette te lavait quand tu étais
enfant ! »
« N'importe quoi, Marjorie Akendengué ! », lui fais-je en refermant la porte de
la chambre de maman. »
J'enfile une jupe jean droite, qui m'arrive aux genoux. Au-dessus, j'ai une
jolie chemise bleu ciel avec manche ¾ . Je vais dans la chambre de maman lui
piquer un peu de parfum.
« Il me fait trop rire, ce Patrick », me fait Pupuce en arrivant du salon. « Il
me dit carrément qu'il n'arrive pas à se passer de moi. Il arrive me chercher
pour aller manger. J'ai appelé Sunita. On brosse un tour au Pétrolier ! Yes yes
yes yes », chante t-elle en allant dans la chambre.
Je la laisse à son petit bonheur et vais embrasser les petites. Je prends mon
sac à main et mon petit sac de voyage et je sors de la maison. Devant le
portail, Julien discute avec Miro qui est au volant de sa voiture.
« Bon, on se voit la semaine prochaine, sister. Amusez-vous bien. », nous lance
t-il avant de refermer le portail.
« Où va t-on », fait à Miro.
« Tu vas d'abord déposer tes affaires à la maison. Ensuite, nous allons manger
au Club SOGARA. Ça te va ? Ensuite, une sieste car j'ai la tête encore lourde à
cause du cocktail auquel mon père m'a traîné hier soir. »
« Ok ! Ça me va. »
Après le déjeuner au club, nous nous retrouvons tous les deux dans sa chambre.
« Où sont tes parents ? »
« Oh ! Monsieur mon père est sûrement à une partie de golf. Ma mère est avec
des copines. Une fois par mois, elles sillonnent les quartiers de la ville pour
offrir des vêtements et de la nourriture aux nécessiteux. »
« Oh, c'est cool ce genre d'initiative ! », lui fais-je.
« Oui, elles peinent parfois à recevoir des dons, mais ça va. Enfin, elles sont
contentes. Viens là ! Sers-moi fort. »
Je m’approche de lui et l'accueille dans mes bras. Il me murmure dans l'oreille
:
« parfois je me réveille et je me rendors en me disant que tu n'es pas réelle !
»
« Et moi alors ! Qu'est-ce que je dirais ! Tu me fais le même effet ! »
« Si on m'avait dit qu'une petite Gabonaise prendrait mon cœur en otage, j'en
aurais ri. »
« Et pourquoi ? »
« Oh ! Ma mère a toujours tout fait pour que j'évite les filles black. »
« Et pourquoi ça ? »
« Je n'en ai aucune idée ! Elle a ses raisons. Du coup, je ne suis sortie
qu'avec des petites blanches de bonne famille très smart, mais vachement
dévergondée en privées ! »
« Je vois ! Et qu'est-ce qui t'a attiré chez la petite Gabonaise qui a pris ton
cœur en otage ! »
« Tes yeux ! Il y a quelque chose d'hypnotique dans ton regard Tania. On a forcément
envie de te connaître. Et tu faisais tellement la fière dans cette boîte de
nuit, ce jour-là, que je me suis mis au défi de te faire mienne. »
« Tu racontes tellement bien ! On dirait un film. Et si on passait aux choses
sérieuses ! », fais-je en lui enlevant son polo.
L'on s'embrasse langoureusement. Il me débarrasse très vite de na chemise et de
ma jupe. Je me retrouve là, en string et en soutien-gorge. Dieu ! Je suis
obligée de me répéter mentalement : ça ira, respire, ça ira.
Il me lève de terre et me conduit dans la salle de bains. Arrivé là, il met le
jet de douche en route et en même temps, le robinet de la baignoire.
« Viens, approche. », me fait-il en me tendant la main. »
L'on s'embrasse de nouveau ! Et je perds d'un coup tout encrage avec la
réalité.