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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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Nous sommes en 2015. Et quand
vous avez une mère complètement folle, elle le reste à vie!
Ainsi donc, nous sommes en
train de manger quand le téléphone de maman sonne. Au bout du fil, Kaba.
On l'entend vociférer même à
50 mètres.
Mais qu'est-ce qui ne va pas
avec cette femme ! Jamais elle ne changera. Est-ce qu'elle a besoin de crier
comme ça au téléphone ?
Comme maman a peur d'avoir mal
aux oreilles, elle tient son téléphone portable à distance. On entend la voix
de Kaba et les invités et moi sommes à terre.
Madame Kaba s'en prend à tout
le monde : Dieu, la lune et la terre ! C'est terrible. Et cela me fous des
frissons dans le dos. Qu'a t-elle? Pourquoi autant de rage? Merde ! Je me mets
à prier en silence pour que tout aille bien pour ma sœur. Pourvu que rien ne
lui soit arrivé !
Cette femme crie tellement au
téléphone, que maman a du mal à lui répondre. Elle parle de tuer quelqu'un. De
quoi s'agit-il?
Maman est obligée de
raccrocher. Elle nous demande de l'accompagner à la cité rose. C'est grave,
d'après elle. Voilà que nous laissons à table, tout le repas. Nous hélons un
taxi et demandons une course pour la cité Rose. Arrivé là, nous nous hâtons
vers la maison de ma chère tante Kaba. Quand nous arrivons là... Un spectacle
inouï nous attend. Même dans mes rêves les plus bêtes, jamais au grand jamais
je n'aurais imaginé cela.
Nous sommes en 2015. Et si
votre mère est conne, il faut dire que c'est à vie.
Je suis obligée de crier.
"Elle est complètement
pétée cette femme ! Mais comment a t-elle fait pour avoir des filles aussi
équilibrée de Pupuce et moi. Elle est dingue maman."
Ni une ni deux, j'entends une
voix qui tonne derrière moi et me lance:
"C'est qui la pétée.
Redis ce que tu viens de dire."
Moi! Redire quoi? Pardon. Je
prends mes distances. Je suis à près de 100 mètres de cette maudite maison,
quand je me mets à crier:
"Tu es dingue mme Mbeng!
Faut te faire soigner."
C'est pas on a dit. Alors que
je pense taper, un rallie sur mes deux pieds, je vois une voiture derrière qui
me suis. La voiture s'arrête à ma hauteur et là, kaba sort de la et me court
après. Mon Dieu, neuf gosses et madame est fine comme une jeunette. La voilà
qui me saisit par le col de ma robe.
"C'est toi qui a entraîné
ta sœur, n'est-ce-pas? Y a que toi pour l'emmener des conneries pareilles. Tu
ne pouvais pas aller te faire baiser toute seule, il fallait que tu l'entraînes."
Yo! Moi que rester sans voix.
Non seulement, elle me faisait un mal de chien au cou; mais en plus, c'était la
première fois qu'elle se montrait aussi grossière. Quand je pense que je sors
de son ventre, j'ai un malaise. Si au moins, elle me lâchait la robe !
"Tu vas me raconter ce
qui s'est passé, sinon, je te casse la gueule tout de suite."
Mais cette femme a quel
problème ? Qui m'a même dit de venir ici! Voilà que les gens s'attroupent
autour de la voiture de Kaba. Ceux qui me connaissent, ri; les autres son
outrés.
Il y en a qui osent lancer:
"Mme Mbeng, laisse
l'enfant. On ne règle pas les problèmes."
J'entends alors Kaba lui
répondre :
"Va d'abord t'occuper de
ta femme qui te trompe avec le voisin avant de venir parler de mes affaires, mr
Ossoria."
Yo!!!
Par le col de ma robe, elle me
ramène dans la voiture. Inutile de vous dire que tout le monde a vu mon string.
Je ne sais même plus si je dois être désemparée ou si je dois résister.
Retour à la maison.
Là, dans le manguier qui est
majestueusement à l'entrée de chez elle, Kaba, a attaché ma sœur par les bras
et les jambes. Il y a le soleil haut dans le ciel, et ma pauvre Pupuce est là,
toute nue, attachée, incapable de bouger, elle pleure.
J'ai le cœur défait. J'ai tant
de haine en moi, que j'ai envie d rosser Kaba. Elle me descend de la voiture
comme on traîne un vulgaire chiffon. Là, face à l'incompréhension générale de
ma mère qui cherche une paire de ciseaux pour détacher sa nièce et celle des
petits qui pleurent, je reçois une de ces gifles.
"Donc comme ça, tu as
estimé que le moment était bien choisi pour que ta sœur emmène un enfant au
lieu du bac ?"
Et regifle.
Là, Albert et Georgeline sont
obligés d'intervenir. Ils prennent Kaba par les bras et desserrent ainsi son
emprise sur moi. Vite, je me dépêche d'aller d'en la cuisine. J'en ramène un
couteau. Je vais vers le manguier où ma mère se bat déjà pour détacher Pupuice.
Ma soeur a changé de couleur. Son visage à tourné au violet. Je me demande
depuis quelle heure elle est attachée là.
"Pupuce, comment tu
vas?"
"Je...snif...je...Elle
m'a donné tellement de coups. J'ai mal à la tête."
Nous voilà toutes les deux
pleurant dans les bras l'une de l'autre. Ah, cette Kaba! Si je pouvais lui
foutre des coups.
"Fouttez le camp de chez
moi, les jumelles. Je ne veux plus vous voir ici."
"Mais qu'est-ce qui ne va
pas, mme Mbeng? Tu ne peux pas chasser ta fille comme ça!", s'insurge
Albert.
"Pourquoi pas. Est-ce son
incapable et alcoolique de père qui paie le loyer ici? C'est mon époux qui la
loge gracieusement. Je ne veux plus la voir ou je commets un crime."
"Mais, tu n'es pas sérieuse!",
s'insurge Georgeline.
"Qu'elle s'en aille d'ici
avant que je la tue avec mes coups. Elle pense que là où je suis là, j'ai de
l'argent pour nourrir une autre bouche!"
"Ah! Parce que toutes
celles que tu as dans cette maison, c'est toi qui les nourris ? Tu travailles,
où?", ai-je le courage de dire à cette fichue sorcière de Kaba.
Oyoooo!
J'aurais dû me taire.
La gifle qui atterrit sur ma
figure.
"On y va!", lance
maman. "S'il te plaît, arrête de gifler ma fille sinon, tu ne me
reconnaîtras pas."
"C'est ça, Bernadette.
Sors-moi ces deux bordelles d'ici."