5

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

5-

 

Nous sommes en 2015. Et quand vous avez une mère complètement folle, elle le reste à vie!

 

Ainsi donc, nous sommes en train de manger quand le téléphone de maman sonne. Au bout du fil, Kaba.

 

On l'entend vociférer même à 50 mètres.

 

Mais qu'est-ce qui ne va pas avec cette femme ! Jamais elle ne changera. Est-ce qu'elle a besoin de crier comme ça au téléphone ?

 

Comme maman a peur d'avoir mal aux oreilles, elle tient son téléphone portable à distance. On entend la voix de Kaba et les invités et moi sommes à terre.

 

Madame Kaba s'en prend à tout le monde : Dieu, la lune et la terre ! C'est terrible. Et cela me fous des frissons dans le dos. Qu'a t-elle? Pourquoi autant de rage? Merde ! Je me mets à prier en silence pour que tout aille bien pour ma sœur. Pourvu que rien ne lui soit arrivé !

 

Cette femme crie tellement au téléphone, que maman a du mal à lui répondre. Elle parle de tuer quelqu'un. De quoi s'agit-il?

 

Maman est obligée de raccrocher. Elle nous demande de l'accompagner à la cité rose. C'est grave, d'après elle. Voilà que nous laissons à table, tout le repas. Nous hélons un taxi et demandons une course pour la cité Rose. Arrivé là, nous nous hâtons vers la maison de ma chère tante Kaba. Quand nous arrivons là... Un spectacle inouï nous attend. Même dans mes rêves les plus bêtes, jamais au grand jamais je n'aurais imaginé cela.

 

Nous sommes en 2015. Et si votre mère est conne, il faut dire que c'est à vie.

 

Je suis obligée de crier.

 

"Elle est complètement pétée cette femme ! Mais comment a t-elle fait pour avoir des filles aussi équilibrée de Pupuce et moi. Elle est dingue maman."

 

Ni une ni deux, j'entends une voix qui tonne derrière moi et me lance:

 

"C'est qui la pétée. Redis ce que tu viens de dire."

 

Moi! Redire quoi? Pardon. Je prends mes distances. Je suis à près de 100 mètres de cette maudite maison, quand je me mets à crier:

 

"Tu es dingue mme Mbeng! Faut te faire soigner."

 

C'est pas on a dit. Alors que je pense taper, un rallie sur mes deux pieds, je vois une voiture derrière qui me suis. La voiture s'arrête à ma hauteur et là, kaba sort de la et me court après. Mon Dieu, neuf gosses et madame est fine comme une jeunette. La voilà qui me saisit par le col de ma robe.

 

"C'est toi qui a entraîné ta sœur, n'est-ce-pas? Y a que toi pour l'emmener des conneries pareilles. Tu ne pouvais pas aller te faire baiser toute seule, il fallait que tu l'entraînes."

 

Yo! Moi que rester sans voix. Non seulement, elle me faisait un mal de chien au cou; mais en plus, c'était la première fois qu'elle se montrait aussi grossière. Quand je pense que je sors de son ventre, j'ai un malaise. Si au moins, elle me lâchait la robe !

 

"Tu vas me raconter ce qui s'est passé, sinon, je te casse la gueule tout de suite."

 

Mais cette femme a quel problème ? Qui m'a même dit de venir ici! Voilà que les gens s'attroupent autour de la voiture de Kaba. Ceux qui me connaissent, ri; les autres son outrés.

 

Il y en a qui osent lancer:

 

"Mme Mbeng, laisse l'enfant. On ne règle pas les problèmes."

 

J'entends alors Kaba lui répondre :

 

"Va d'abord t'occuper de ta femme qui te trompe avec le voisin avant de venir parler de mes affaires, mr Ossoria."

 

Yo!!!

 

Par le col de ma robe, elle me ramène dans la voiture. Inutile de vous dire que tout le monde a vu mon string. Je ne sais même plus si je dois être désemparée ou si je dois résister.

 

Retour à la maison.

 

Là, dans le manguier qui est majestueusement à l'entrée de chez elle, Kaba, a attaché ma sœur par les bras et les jambes. Il y a le soleil haut dans le ciel, et ma pauvre Pupuce est là, toute nue, attachée, incapable de bouger, elle pleure.

 

J'ai le cœur défait. J'ai tant de haine en moi, que j'ai envie d rosser Kaba. Elle me descend de la voiture comme on traîne un vulgaire chiffon. Là, face à l'incompréhension générale de ma mère qui cherche une paire de ciseaux pour détacher sa nièce et celle des petits qui pleurent, je reçois une de ces gifles.

 

"Donc comme ça, tu as estimé que le moment était bien choisi pour que ta sœur emmène un enfant au lieu du bac ?"

 

Et regifle.

 

Là, Albert et Georgeline sont obligés d'intervenir. Ils prennent Kaba par les bras et desserrent ainsi son emprise sur moi. Vite, je me dépêche d'aller d'en la cuisine. J'en ramène un couteau. Je vais vers le manguier où ma mère se bat déjà pour détacher Pupuice. Ma soeur a changé de couleur. Son visage à tourné au violet. Je me demande depuis quelle heure elle est attachée là.

 

"Pupuce, comment tu vas?"

 

"Je...snif...je...Elle m'a donné tellement de coups. J'ai mal à la tête."

 

Nous voilà toutes les deux pleurant dans les bras l'une de l'autre. Ah, cette Kaba! Si je pouvais lui foutre des coups.

 

"Fouttez le camp de chez moi, les jumelles. Je ne veux plus vous voir ici."

 

"Mais qu'est-ce qui ne va pas, mme Mbeng? Tu ne peux pas chasser ta fille comme ça!", s'insurge Albert.

 

"Pourquoi pas. Est-ce son incapable et alcoolique de père qui paie le loyer ici? C'est mon époux qui la loge gracieusement. Je ne veux plus la voir ou je commets un crime."

 

"Mais, tu n'es pas sérieuse!", s'insurge Georgeline.

 

"Qu'elle s'en aille d'ici avant que je la tue avec mes coups. Elle pense que là où je suis là, j'ai de l'argent pour nourrir une autre bouche!"

 

"Ah! Parce que toutes celles que tu as dans cette maison, c'est toi qui les nourris ? Tu travailles, où?", ai-je le courage de dire à cette fichue sorcière de Kaba.

 

Oyoooo!

 

J'aurais dû me taire.

 

La gifle qui atterrit sur ma figure.

 

"On y va!", lance maman. "S'il te plaît, arrête de gifler ma fille sinon, tu ne me reconnaîtras pas."

 

"C'est ça, Bernadette. Sors-moi ces deux bordelles d'ici."

     
PUPUCE- (tome 1)