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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

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~~~Pendant ce temps à Port-Gentil, mercredi après-midi, 15h 30 dans un magasin au carrefour Banco.~~~

Quand Miro m'a appelée hier soir à 20 heures, j'ai cru qu'il me faisait une bonne blague en m'annonçant que je devais prendre en charge la décoration de la grande salle de l’hôtel Le Méridien. Il fallait l'entendre au téléphone : Gaëlle, tu ne peux pas dire non ! Allez !

Voilà comment, je me retrouve embarquée dans le secret des préparatifs de la fête surprise que monsieur a décidé pour sa belle. Pour leurs fiançailles. Heureusement que cette fille est la copine de mon cœur ! Parce que là, j'ai quand même la pression. Il faut que tout soit beau, tout droit sorti d'un rêve, comme ma chère Tania l'a toujours décrit.
« Vraiment, y a que la fille de Magloire Akendengué pour nous faire tourner comme ça. Les autres auraient seulement dit blanc, rouge ou bleu ! Non, miss Tania vient nous sortir ECRU et LIS DE VIN. Je sais que c'est quoi la différence entre blanc cassé et champagne ? », me fait Sharonna alors que l'on tourne depuis trois quart d'heures dans le magasin.
« Mais c'est toi la future ingénieur en pétrochimie. Les couleurs, ça ne devrait pas te dépasser ! », lui fais-je
« Gaëlle, je te signale que moi je suis une scientifique par défaut. C'est Tania et toi qui étiez chaudes pour la série scientifique. Si mr Nguema n'était pas mon père, autrement, je ferais du Slam tranquillement ! Et j'écrirais des livres pour les enfants. »
« Tu peux devenir ingénieur, faire du théâtre et écrire des livres pour les enfants, Sharonna. De nous toutes, tu as toujours été la plus brillante. »
« Mais pas la plus futée, apparemment. C'est quoi écru ? Je me perds là. C'est du beige, du kaki ou du champagne ? »
« Mélange le blanc et le champagne et tu auras la couleur que tu cherches. », lui fais-je.
« C'est du Tania Akendengué tout craché. Elle a toujours eu le chic de nous faire sortir des sentiers battus. »
« Oui, c'est bien elle. Avec ses histoires à dormir debout, elle va bien nous manquées quand nous serons en Afrique du Sud ! »
« Comme tu dis, Gaëlle ! Tiens, on dirait que c'est bon ! Je pense qu'on a trouvé ce que l'on cherchait. Mais au fait, on l'a tourne quand cette vidéo. Il faut que j'ai le temps d'aller chez la coiffeuse. C'est quand même mon premier grand rôle devant la caméra ! », fait Sharonna en riant.
« Redescends sur terre, ma belle. Nous sommes à Port-Gentil et les caméras ne sont là que pour filmer les fait divers ! », lui dis-je en riant.
« Rabats-joie ! Cela ne va pas m'empêcher de faire le plus bel effet à la caméra. Achète des mouchoirs parce que cette fille là, telle que je la connais, va bien chialer une fois qu'elle aura vu ma prestation ! »
« J'y ai pensé, t'inquiète. Tout le monde connaît déjà les mots de la copine. Elle sera que trop touchée ! », fais-je en riant.
« Ce n'est ce que tu dis petit là. C n'est pas tous les jours que l'on a droit à une fête de fiançailles surprise. Miro m'a tuée quoi ! Comment quelqu'un peut autant surprendre les gens ! Tu te souviens comment je le cassais avant là ! Avec ma bouche là, je disais à Tania que le gars est trop louche et tout et que ça devait être un chanvré. Il ne m'inspirait pas du tout confiance avec sa manière de s'habiller là comme un péquenaud et ses longs cheveux frisés ! Heureusement qu'il les a coupés. »
« Hummm ! La fille de Nguéma là ! Tu as vu qu'il ne faut jamais se fier aux apparences ! »
« Comme tu dis, Gaëlle. Nous voilà maintenant en train de préparer la fête parce que le petit italien a le cœur chaviré par la beauté de la petite gabonaise du château d'eau. C'est quand même une belle histoire ! Il faut que je pense à l'écrire ! »
« Attends qu'ils aient un enfant pour écrire. L'histoire sera plus belle encore. »
« La go, un gars aussi beau, tu lui fait 10 gosses sans réfléchir ! »
« Sharonna ! Tu fais maintenant dans l’eugénisme ! »
« Euh ! Je dis juste qu'ils auront de très beaux enfants, c'est tout ! »
« Je préfère entendre ça ! Viens passons à la caisse. »

Nous arrivons à la caisse avec tout ce que nous avons pu trouvé comme ruban et tulles de couleur écru. Miro nous a chargé de la décoration de la salle pour le repas de leurs fiançailles. Comme je suis l'experte en la matière, je mets un point d'honneur à surprendre la plus cool des filles que je connaisse. Je me souviens encore comme si c'était hier de ce petit bout de femme qui du haut de ses jambes frêles, alors que nous avion 7 ans et étions toutes deux à l'école du Parc, est venue me sauver des griffes, des cassics de l'école, qui voulaient me rosser, un samedi midi, sous le soleil, après les cours. Tania est arrivée et a insulté tout le monde sans se soucier du fait que ces redoublantes qui voulaient me filer la casse, avaient 10 ou 11 ans. Les autres sont parties en riant devant le culot de Tania. Elle m'a donné la main pour me relever du sable où on m'avait jetée comme une feuille de papier. Et depuis ce jour, nous sommes devenues amies. Et plus, car mes étaient bien plus grandes que moi. C'est donc, chez Tania que j'allais passer mes mercredis après-midi et mes samedis. Et aujourd'hui, on se prépare à la voir attachée sa vie à celle de Miro. J'espère juste que nous serons là le jour de leu mariage. Parce que là, dans quelques mois, chacune de nous sera partie où l'appelle son avenir estudiantin.
Je m'envole en décembre pour Cape Town où étudie ma sœur Charline. Elle va me céder son appartement en mai car elle rentre après son Master en finance. Une nouvelle vie nous attend. Ça fait tout drôle de savoir que l'on ne s'entendra plus qu'au téléphone.
En parlant de téléphone, Marc-Elise m'appelle.
« Oui, mademoiselle Ontala, je t'écoute. Donne-moi les nouvelles. »
« Oh ! Mon oral de rattrapage s'est bien passé. Où êtes-vous ? »
Aïe ! Que faire. Vite, j'invente quelque chose.
« Nous sommes du côté de l’hôpital Ntchenguè avec Gaëlle. Nous avons accompagnées madame ma mère pour inspecter les travaux de construction de leur maison. »
« Ok ! Faites-moi signe quand vous revenez à la civilisation. Je veux des beignets brochettes ce soir. On dit quoi ? »
« Oh ! On dit que mes poches sont vides. Je vais voir avec Sharonna ; On te phone à 18h. Bizz. »
« Pourquoi lui as-tu menti ? », me fait Sharonna alors que j'ai raccroché.
« Je sais pas. Je voulais pas parler de tout ça pour respecter le secret, quoi. Comme Miro ne nous l'a dit qu'à toi et moi, je me suis dit que je n'avais pas à divulguer l'affaire. »
« Ok, ok ! Je comprends. Mais on fait comment avec Jileska. Il va bien falloir la mettre dans la confidence. »
« Bien sûr qu'on lui dira. Mais d'abord, il faut que j'achète du sparadrap pour lui cloué la bouche et lui passer l'envie d'aller colporter la nouvelle. Une surprise est une surprise ! »
« Ok. On fera comme tu dis. Maintenant, il faut que j'aille draguer monsieur Nguéma pour qu'il nous file le gain pour allez manger ce soir. On va où ? Je suis fatigué de manger les brochette de Mame ! »
« Oh ! Comme c'est monsieur Nguéma qui paie, on va à Mermoz, tranquillement et on s'enjaille. Ensuite, direction mon lit. Je veux rattraper le sommeil que j'ai perdu en préparant ce bac. », fais-je en montant dans le taxi que Sharonna a arrêté.

Nous arrivons chez moi, à la cité des médecins. Mon cher médecin de papa, le docteur Azizet, est assis dans le salon et lit son journal tranquillement. Il lève les yeux pour regarder qui arrive et se contente de nous sourire.
« Bonjour docteur ? On dit quoi. Vous avez fuis vos patients, on dirait. »
« Je suis en vacances, ma chère Sharonna. Si madame ma femme n'était pas occupée à suivre les travaux de notre maison, j'aurais pris ma pirogue pour aller me cacher un peu au village là-bas. »
« Oh ! Ça ira ! Le plus important c'est que vous arrêtiez votre téléphone et appreniez à ne rien faire. »
« Tu parles ! Ils viennent de m'appeler là. Un cas difficile vient de se présenter à la clinique. Je suis l'affaire à distance. Mais je vais devoir y faire un tour avant la nuit. »
« Hummm ! Ça doit quand même vous faire quelque chose qu'aucune de vos 5 filles n'aient envie de devenir Médecin ! »
« Les femmes de cette maison décident elle-même de leur avenir, n'est ce pas Gaëlle Azizet ? », répond mon père.
« Oh ! Le boss. On ne va pas remettre cette discussion. Je t'ai dit que je ferais un très mauvais médecin. J'ai toujours eu la phobie des aiguilles et tu le sais ! »
« Tu vois, Sharonna ! Le débat est clôt »
Ayant dis cela, monsieur se remet à la lecture de son journal et ma copine et moi nous allons dans ma chambre.
Le dessous de mon lit est ma caverne d'Ali Baba. J'en sors cette grande valise dans laquelle je garde tout mon matériel.
« Voilà la couleur lis de vin. » Nous allons la marié à l'écru. »
« Yo ! Mais c'est du rouge, alors. »
« Sharonna ! Oui c'est un peu ça. Ça fera beau, tu verras. »
« Oh, pour ça, je te fais confiance. Et les pétales de rose pour marquer le chemin, ils seront de quel couleur ?
« Tu verras. Je ne vais pas dévoiler tous mes secrets. »
« Donc, Tania Akendengué va bien pleurer. Je pense qu'on va devoir racheter d'autres mouchoirs. »
« C'est sûr ! Au fait, j'ai trouvé la robe parfaite pour toi quand tu vas chanter. J'étais hier à la fripe. Tu vas halluciner. »
« Montre-voir ! »
je vais mon placard et sort la robe en question. Sharonna manque de s'évanouir en la voyant.
« T'es sûre que tu l'as eu aux fripes, celle-là ! Mais elle est parfaite. Je vais en faire de l'effet, dedans. »
« J'ai tout de suite pensé à toi. Je vois que je ne me suis pas trompée. Au fait, que comptes-tu chanter. »
« La chanson de chez chanson qui va faire dire à mademoiselle Akendengué que vraiment, ces copines l'aiment trop ! »
« Yo ! Pardon ! De ne pas nous faire toutes pleurer parce qu'alors, là, on ne ressemblera plus à rien. Heureusement que je ne ne maquille jamais. Je ne risque pas de salir ma robe avec du mascara qui dégoulinera de mes yeux. »
« En tout cas, vous verrez. Maintenant si l'émotion est trop forte, vous pouvez aller vous cacher aux toilettes. »
« Hummm ! »
« Mais quand même, je pense que tu te trompe de voie. Tu es une merveilleuse coordinatrice et décoratrice. Pourquoi aller t'emmerder en chimie ! »
« Je veux travailler dans l’industrie cosmétique, je te l'ai dit. Créer des produits de beauté, des parfums...etc...»
« Ok, j'ai compris. Ne m'oublie pas quand tu travailleras pour l'Oréal ou Estée Lauder. »
« çà ne risque pas ! N'oublie pas que nous serons toutes deux dans la même université à Cape town. »
« Oh, c'est vrai ! Enfin, sauf si monsieur Nguéma insiste pour que je quitte l'Afrique du sud pour les USA. On est ensemble ! »
« Attends, j'appelle Julien pour qu'on s'arrange à faire le petit film demain. Il faut qu'on boucle l'affaire avant que Tania revienne. »
« Et elle rentre quand ? », me demande Sharonna.
« Oh, tantine Bernadette dit qu'ils seront peut-être là samedi. »
« Ok. Appelle déjà Marc-Elise et Jileska pour leur dire qu'on va ce soir au Mermoz. » 

PUPUCE- (tome 1)