58: viens on va s’en aller
Ecrit par Gioia
***Aïdara Laré Aw***
Vu la réaction de maman je me dis que j’ai peut-être annoncé la nouvelle un peu tôt. Ça fait deux semaines maintenant et elle est affairée au téléphone tous les jours. À ce stade quelqu’un pourrait croire que sa mission c’est de repeupler Nairobi. Elle raccroche et tombe sur le regard de travers que je lui lance depuis.
-Tchu chais que le but de partchir là-bas c’est pour apprendre à êtchre autchonome hein?
-Aïdara il faut me laisser tranquille tu comprends? Est-ce que le Kenya t’appartient?
-j’ai pas djit ça. Mais tchu cherches les gens depuis comme si...
-J’ai dit de me laisser hein. J’ai le droit de me faire des amis quand même.
-Hum, je fais en la lorgnant encore
De toute façon j’ai pas de choix dessus. Papa m’a dit, give and take, que je dois apprendre à l’appliquer. Conclusion: j’ai obtenu l’accord et surtout l’accès à mon compte bancaire pour mes études. En contrepartie, je dois me plier aux exigences de maman.
Parlant de papa, je vais toquer à la porte de son bureau vu que l’heure a sonné. Mally est déjà présent. Maman nous rejoint peu après, puis papa lance l’appel conférence avec son conseiller bancaire.
Il nous explique comment fonctionne notre portefeuille, transférer l’argent d’un compte à l’autre, mettre des limites, combien de fois consulter notre côte de crédit pour ne pas l’affecter, bref plein de choses dont je ne connaissais rien. Donc je prends des notes tout comme Mally. Enfin papa nous remet les accès. Mally siffle avant moi. En fait je suis trop choquée pour réagir quand je vois le solde du compte principal.
-Ce n’est pas synonyme de bonjour la bamboula, avertit maman
-Je sais maman, permet au pauvre humain que je suis d’exprimer un peu mon excitation.
-Ne t’excite en rien. Ce devant quoi tu siffles c’est le résultat de longues années de travail qui ont commencé avant ton père et moi. Vos grands parents espéraient vous donner un push dans la vie, pareil pour nous. Ne pensez pas qu’on a des réserves dans un coin pour vous. Si vous le dépensez n’importe comment vous n’aurez que vos yeux pour pleurer et vos mains pour revenir sarcler la terre dans mon village, elle continue sur un ton menaçant qui me fait presque peur. C’est la première fois que je la vois ainsi
-Est-ce que vous avez compris ce que maman a dit?
J’hoche rapidement la tête comme Mally qui s’est redressé dans sa chaise face au ton de maman.
-Avoir un compte rempli ne vous exempt pas de travailler. Bien au contraire, il faut occuper son temps dès que l’occasion se présente. Tu m’entends Mally?
-Oui papa.
Il conclue l’échange avec le conseiller qui nous dirige vers leur site internet pour qu’on se trouve nos propres conseillers.
-On peut pas avoir le même? Mally demande à la fin de la rencontre
-Si, il te donne juste la possibilité d’en avoir un autre si tu préfères
-Ah non oh je veux le même, s’il a réussi à gérer aussi bien autant d’actifs et comptes.
-Ce n’est pas le rôle du conseiller de gérer les comptes ni les actifs en réalité. Il te renseigne, peut te guider si tu veux faire de nouvelles acquisitions ou te séparer de certains mais c’est à toi de vérifier régulièrement tes avoirs.
-Et bien sûr cet argent n’est pas là pour que tu ailles verser sur les strip teaseuses en boîte Mally, le gronde maman
-lol toi aussi tu m’as vu faire ça où, fait Mally un peu gêné
-Je sais quoi? Je t’ai déjà vu avec une thot? Si c’est pour aller verser là-bas, c’est mieux ton père et moi on reprend nos choses pour voyager et bien manger. Nous aussi on aime la belle vie, elle dit et je rigole puis le rire disparaît direct dès qu’elle me lance un regard meurtrier
-Tu n’as même pas intérêt toi à aller t’enticher d’un vaurien là-bas et lui donner un rond
-Mais maman, je m’offusque
-Je ne veux rien entendre. On connaît la jeunesse. J’ai été jeune. Qu’aucun bandit de grand chemin ne te trompe. Personne ne t’aime en dehors des gens que tu connais déjà. D’ailleurs tu n’as pas besoin d’amour supplémentaire, c’est ça qu’il faut leur répondre, elle dit et Mally se met à rire . Sur lui le regard menaçant ne fonctionne pas. Papa est amusé par la scène
-Donc Dara là ne va pas avoir un gars dans sa vie quoi. Toi Belle tu lui suffis, rigole Mally
-Elle va faire quoi avec les pouilleux?
-Mais je cherche pas, dis-je extrêmement gênée mais les deux m’ignorent
-Genre y’a que les pouilleux dans la vie? Toi-même c’est pas bon gars que tu as marié ça? Tata Ciara n’a pas trouvé son mari sur les bancs? Et tata Farida alors?
-Quel bon gars il peut y avoir dans votre génération qui aime les thots?
-looolll ton nouveau mot là. Pardon madame on a le droit d’aimer nos thots comme vous avez le droit d’aimer vos hommes aux abdos d’acier. On a pas encore tuer quelqu’un.
-Tchrrr qui veut que tu l’aimes d’abord? Tu penses qu’on a votre temps? D’ailleurs je t’ai déjà prévenu. Pas un rond de notre argent ne doit être dépensé sur tes “filleuh” là.
-La galanterie Bijou, c’est comment?
-haaa mais fais avec ton argent non. Pourquoi c’est sur nous que tu comptes?
-vous n’avez pas dit que c’est mon argent au début? Maintenant....
Papa me fait un signe vers la porte. Je ramasse mes effets et on se tire en douce pendant que les deux autres continuent leur guéguerre générationnelle. Il me câline les oreilles et me souffle que tout ira bien, une chose à la fois, comme s’il avait ouvert mon crâne pour y voir l’énorme quantité d’informations s’entrechoquer. Je noue mes bras autour de sa hanche et on s’en va au salon pour regarder un film. Bon il essaie de regarder le film pendant que je l’interrompt chaque cinq minutes pour le questionner sur comment aborder ma nouvelle vie.
Les jours défilent. Entre temps maman a rencontré le frère d’Hilda qui a donné son approbation. Une super nouvelle pour nous parce que j’aime beaucoup Hilda et vivre cette aventure avec elle me fait moins peur. Aujourd’hui c’est le départ de Mally par contre. Je me suis promis de ne pas pleurer mais ça n’a rien donné. Maman aussi n’y est pas arrivé, quoique je doute qu’elle ait essayé de se retenir comme moi. Nous sommes toutes les deux accrochées à lui. Je tiens son bras et maman a ses bras autour de son cou.
-là c’est fini la vieille, je ne pars pas pour de bon. On se verra bientôt.
-fais....haa.....ttention là-bas, pas....de ba...garre, hoquète maman
-Bien sûr que non. Je dois rester en vie pour revenir t’emmerder, il la rassure et je pleure de plus belle quand il me regarde. Il se détache un moment de maman pour m’enlacer et me tapoter le dos.
-Shhh, c’est un à bientôt. Montre à Nairobi de quoi tu es capable, et n’avale pas toutes les paroles de maman. Il y’a des gens en dehors de nous qui t’aimeront, y compris un homme qui sera chanceux de t’avoir. I am just one call away from you ok honey?
-yyy.....aaaa, je murmure
Tata Ciara est venue aussi à l’aéroport avec une Snam qui se cachait derrière elle. Tata a aussi pris Mally dans ses bras mais Snam a présenté une poignée de main à mon frère.
-Lol c’est comment? Mon frère dit en observant sa main. C’est le titre de miss qui te monte à la tête
-Tchh ne la prend pas. Je n’avais même pas envie de venir
-Snam! sa maman gronde. Elle hausse les épaules et se tourne. Mally en deux mouvements, colle son dos et personne ne sait ce qu’ils se disent. C’est évident qu’ils sont amoureux. Enfin je pense. J’imagine c’est à ça que ressemble l’amour. Mais jamais je ne les ai entendu se dire qu’ils s’aiment.
***Snam Wiyao***
Je ne réponds pas à la pique de maman qui me taquine que je ne voulais pas aller maintenant je pleure comme une madeleine depuis qu’on a quitté l’aéroport. Non je ne vais pas répondre à sa pique. Je préfère remonter ma capuche sur ma tête et serrer mon cou avec les cordes. Je file au pieux dès qu’on est à la maison. Sa face de je sais pas quoi là, vient me dire que je vais lui manquer. Qui lui a demandé ça? Je lui ai dit que j’ai besoin de savoir? En plus il me l’a dit avec tellement de sincérité. Comme si j’étais spéciale pour lui. Or c’est sa tête de noeud qui a dit à sa mère qu’il ne m’aime pas. Pfff, et repfff!!!!
Les rayons du soleil ont rempli ma chambre lorsque j’ouvre les yeux. Mon cerveau prend une minute de réflexion avant de reconnaître le son de mon téléphone qui vibre. Je fouine et tombe sur lui.
-Allô? je maugrée
-Wah c’est un gros chagrin effectivement, me répond ma soeur
-Pfff qui vous a dit que je suis chagrinée? Genre ma vie tourne autour de Mally? J’ai plein de choses à faire comme me doucher tiens. Le type est dans son avion et c’est sur moi qu’on veut forcer les sentiments. Non mais oh.
-Sinon que je n’ai pas mentionné une fois Mally ma puce. Je pensais que le chagrin venait du permis que tu as encore raté
-j’allais justement en venir, je dis après un long moment et elle rigole
-Tu ne digères toujours pas ce qu’il a dit sur ses préférences féminines?
-et l’ironie c’est que j’ai fait tout un speech sur l’essence et la valeur d’une femme pour oublier mes propres mots et me sentir attaquée dès que cet enfoiré a dit qu’il ne m’aime pas
-Tu ne t’es pas sentie attaquée Snam mais rejetée vu que tu as un immense béguin pour lui
-Macy tu n’aides pas là, je me plains encore
-le premier pas vers la guérison c’est l’acceptation
-imbécile, je la taquine tout comme elle
-Mais toi-même hein King.
-De toute façon il va se trouver ses thots là-bas et faire les galipettes comme...
-Come on ne fais pas ça. Tu te fais du mal pour rien, elle me dit d’une voix apaisante
-Et pourquoi je pleure d’abord pour quelqu’un qui n’était même pas mon copain? Merde, c’est quoi cette faiblesse? Tu n’as pas intérêt à rire.
-Awww ma ptite Maé, ça ira. C’est ta première vraie peine de coeur. Tu as envie de quoi? En général manger aide à surmonter
-Je veux tirer les poils de Mally un par un avec ma pince à épiler
-lol tu ne vas pas abuser de ton titre de roi quand même. Tu es supposée être sage
-J’ai pas envie d’être sage aujourd’huiiii, je dis et renifle un bon coup
-Ok, dans ce cas va dans la chambre des parents
-Han?
-vas-y fais ce que je te dis
-On est pas supposé passer la journée au lit à se lamenter quand on a le cœur brisé?je demande tout en sortant du lit
-Donc tu avoues enfin que tu as le cœur brisé? elle me taquine
-Macy arrête de mettre les mots dans ma bouche. Je suis juste hors service pour le moment.
-Lol Mais oui. Tu es dans la chambre alors?
-Yep
-regarde sous le lit
-Si jamais un gecko me saute dessus....
-Madame les geckos ne vivent pas sous les choses mais contre les murs.
-What! Je crie de stupéfaction quand mon regard tombe sur le gros panier de snickers. Je le sors à la va vite et reprend le téléphone que j’avais posé sur le lit des parents.
-Ne va pas non plus tout manger Hein. Je suspecte que papa les compte
-Noooonnn ne me dis pas que....
-lol si. Je les ai découvert un jour quand j’avais seize ans. J’aidais maman à chercher ses boucles d’oreille perdues.
-Mais enfin il y’a plus de trente barres de snickers ici. Il les achète en gros ou c’est comment?
-Tu connais ton père et son amour pour le sucre que maman essaie de contrôler. Et vu qu’il sait que maman ne regarde jamais sous le lit à cause de sa fameuse peur des gecko que tu partages bien qu’on vous a dit qu’ils ne vivent pas en dessous.....
-théorie à confirmer, tu n’en sais absolument rien
-Bref, elle dit amusée, il a probablement fait son petit stock sur des années donc n’en mange pas trop et rassure toi de ravitailler
-Dire que le filou nous voyait subir les restrictions de sucre de maman ici et il l’encourageait en plus. Est-ce qu’on a idée d’être aussi fourbe? Je ne le vois bien se réveiller tard dans la nuit et se cacher pour manger ses barres seule
-Lol je te laisse dans tes spéculations. Y’a aurore qui va réveiller tout le quartier avec ses cris tout ça parce que je ne suis pas encore habillée pour notre sortie
-À nous revoir et bon rdv avec Seb
-Rhoo c’est pas mon mec, elle se défend
-mais je n’ai mentionné rien de tel madame, je la taquine en retour et elle m’insulte puis raccroche
Je prends trois barres et range le stock de ce faux papa adoré avant de sortir en douce de leur chambre. Bien sûr on se brosse les dents avant d’attaquer l’opération “dévorer les chocolats”. Donc Seb c’est un type dont le nom est sorti quatre fois dans la bouche de Macy. D’abord c’était qu’il est togolais et l’ami d’un pote à Aurore. Ensuite qu’ils se sont vus une fois dans une sortie. Après que Seb et son réseau veulent dans cinq ans créer une entreprise de placements au pays pour aider la jeunesse avec la recherche de stages et il a enrôlé Macy dans le projet preuve qu’il a l’œil. Non seulement la meuf fait une licence en big data (statistique décisionnelle) mais en plus, il n’y a pas plus perfectionniste que ma sœur. Les concepteurs du projet eux-mêmes n’ont pas encore commencé hein mais Macy dérange déjà papa qu’elle a besoin d’aide parce qu’elle a du mal à trouver des données sur les sites de la Cedeao ou la banque mondiale. C’est eux comme ça la relève de demain hein. Moi je n’ai pas fini de manger mes snickers pardon. On verra d’ici là. Sinon elle parle de ce Seb avec beaucoup d’intérêt. J’ai même vu une photo d’eux par Aurore et ils sont vraiment mignons. Donc qu’on m’excuse de rêver un peu. Ma sœur vit dans son coin avec l’idée que son apparence physique est un frein à une relation. Ça serait bien que quelqu’un lui prouve le contraire.
Faut voir comment j’ai sursauté quand on a sonné à la porte. La vie de voleur c’est pas simple. Je cours pour ouvrir et c’est la tête de tata Belle que je vois dans la caméra reliée à la sonnette dehors. J’ouvre et je vais la trouver à l’entrée.
-coucou tata, je dis et lui fais la place
-ça va ma chérie?
-Oui, mais tu es venue jusqu’à la maison pour rien hein. Maman n’est pas là, je dis après lui avoir donné de l’eau quelques minutes plus tard
-Je ne viens pas voir ta mère mais toi. Viens t’asseoir ici, elle dit tout en tapotant la place à côté de la sienne sur notre sofa de la terrasse
Je me déplace et m’installe un peu confuse par tout ceci
-Tu sais que nous sommes une grande famille n’est ce pas?
-Oui oui
-Donc s’il y’a n’importe quel souci tu peux m’en parler. Je dis bien n’importe lequel.
-Oui mais y’a pas de soucis du tout, je dis un peu nerveuse qu’elle m’est démasquée
-Sûr? Parce que tes parents n’ont pas l’air dans leur assiette depuis un moment de ce que j’ai remarqué. Bien sûr ils m’ont dit que tout allait bien. Je venais confirmer que c’était le cas.
-Ah s’ils ont dit que tout va bien c’est que c’est ça tata, mentis-je. On m’a bien interdit de l’ouvrir sur ce sujet
Elle me fixe avec ses yeux qui semblent lire en moi. Je serre bien ma langue pour qu’elle ne glisse pas et je me mette à tout déballer
-Bon je ne m’attendais pas totalement à ce que tu avoues mais c’est pas grave. Dis-moi un peu tu fais quoi de tes journées maintenant que tu as encore raté le permis?
-Vous n’allez pas quitter sur moi avec cette histoire d’encore hein? Je dis en la lorgnant et Elle se moque
-Ne nous regarde même pas. On sait tous que tu es une grande conductrice. C’est le permis qui fait son intéressant
-heureusement que tu es là pour comprendre les choses tata, je réponds ce qui la fait rire
-Donc tu fais quoi? Parce que Dara s’en va à Nairobi et j’aimerais que tu viennes avec nous. Tu peux y penser bien sûr. Hilda aussi sera de la partie. Elle fait ses démarches actuellement pour son passeport
-Nairooobiiiii?? Daraaaa???
-Merci d’être choquée comme moi. Il paraît que j’exagère mais bon je digère petit à petit. Alors ça te dirait d’y aller?
-heuh Mais c’est que......non en fait ce n’est que rien. Je suis partante
-ah, elle fait prise de court comme si elle ne s’attendait pas à ce que je réponde aussitôt
-Je vais faire mes recherches aussi.
-Ok, je dois quand même en parler avec tes parents d’abord mais je voulais m’assurer que tu sois intéressée d’abord
Et comment que je suis intéressée. Tant que je ne vais pas en France ça me va moi. En plus j’ai déjà été à Nairobi avec les parents même si c’était durant mon enfance. Il ne me reste plus qu’à vérifier que je peux trouver un programme en météorologie d’abord.
***Elikem Akueson***
J’ai pris une semaine sur mon mois de congés pour installer Mally à Kirkland où il va vivre pour les quatre prochaines années. Sauf si son coloc le fait fuir d’ici là. Eh oui, il a préféré partager son logement que d’en prendre un seul. Comme quoi il ne veut pas gaspiller son argent en loyer Ce qui est louable même si je lui ai expliqué que l’endroit où tu vis et dort c’est quand même une priorité. Vivre avec un bordélique ou un bruyant peut facilement rendre la vie complexe et affecter son travail mais il a dit de ne même pas s’en faire pour lui.
Là nous allons lui acheter sa première voiture. Romelio et Jennifer sont de passage à Seattle et vu qu’ils voulaient voir Mally, j’ai proposé qu’on se retrouve chez le concessionnaire pour faire d’une pierre deux coups parce qu’il n’y a pas meilleur négociateur qu’Elio.
Ils étaient déjà sur place quand Mally et moi descendions de mon véhicule que j’ai loué pour nous faciliter le déplacement durant mon séjour. Une heure plus tard, le choix de mon frère était fait. Il voulait une Toyota. Elio lui a vendu la Prius comme si c’était l’or. Même le vendeur lui a fait la blague à un moment qu’ils ont une place si jamais il cherche un emploi. Dans deux semaines il pourra passer la chercher, de ce que lui a dit le concessionnaire. Nous avons continué chez Red Lobster pour y finir la soirée. Jennifer avait envie d’homard. Elio et Mally ont monopolisé la soirée avec les échanges. J’étais tantôt ailleurs, tantôt le nez enfoui dans mon téléphone pour répondre aux messages d’Océane.
-Bon on se refait ça quand tu viendras à Saint John et ne traîne pas hein, Jennifer dit à mon frère
-Oh sans faute. C’est toi qui voudra me chasser
-Lol impossible. D’ici là étudie bien. On compte tous sur toi
-Ça marche Madame du chef.
-Chéri je t’attends dans la voiture ok? Elle dit à Elio qui l’embrasse sur la joue en guise de réponse puis elle me fait bye de la main, que je lui rends par un signe de tête
-Bon, moi aussi je t’attends Perla, dit Mally avant de s’installer dans ma Golf
-La longue mine jusqu’aux mollets ne te va pas Madame, me dit Elio
-C’est ma mine. Si j’allonge ça te dérange en quoi?
-Ça me dérange dans le fait que tu fatigues ton cerveau, qui doit performer au meilleur pour nos différents projets
-lol Tchaa je ne vais pas travailler dans ton futur hôpital, arrête de forcer
-et toi arrête de forcer ton esprit. Dara n’a pas refusé de venir ici parce qu’elle te déteste
Je soupire tout haut. À quoi bon mentir. Ça m’a limite anéanti quand maman m’a annoncé la nouvelle.
-est-ce qu’elle a besoin de me détester? C’est clair qu’elle ne voulait juste pas vivre avec moi parce que je ne lui ai jamais donné envie avec mon caractère de bûcheron
-Lol est-ce que tu sais quand même que tu es malade?
-C’est comme ça qu’on console les gens?
-Mais je te console comment quand tu es occupée à me faire rire? Il se moque. Je te voyais plus en dictateur des années 70 mais tu m’as battu. Un vrai bûcheron tu as raison
-Tu retournes même dans ton Canada là? Tu me plombs déjà l’air
-Bouoh je suis là pour un bon moment tu vas me supporter, il dit en me tirant la langue
-franchement faut grandir un peu, tu as 28 ans tu sais ça? je dis en souriant malgré moi
-Je vais grandir quand ma femme va me refuser les seins.
Direct le coup est parti sur sa poitrine. Je n’ai pas réfléchi. On a pas idée d’être si con.
-Va loin avec tes grosses dents que tu me flashes au nom du sourire, je dis en le poussant avec les mains
-On passe te saluer dans ton village là bientôt. D’ici là ne pleure pas trop hein petite. On t’aime tous, il me dit en me levant la main
Je la lui lève au loin et monte au volant. Que quand sa femme aura fini de l’allaiter. Et puis quand les gens normaux se présentent, Romelio aussi s’avance? Que Dieu nous aide.
***Jennifer Bemba****
-tu sais Romelio quand quelqu’un t’accorde sa confiance la moindre des choses c’est de ne pas lui donner des raisons de regretter son choix, je lui dis une fois qu’on est à l’hôtel
-De quoi tu parles? il dit et se permet de faire le confus.
Je me répète mentalement, non Jenny ne t’emporte pas. C’est comme ça qu’il utilise après tes réactions pour t’accuser d’être irrationnelle.
-Je parle du fait que j’ai demandé à Elikem de ne plus te toucher. Je vous fais confiance et qu’est-ce qu’elle fait à la première occasion, te frapper le torse
-Lol Mais Jen, est-ce que ça se contrôle ce genre de choses?
-Je ne suis pas entrain de rire, je dis durement
-Toi aussi mon amour c’est pas comme ça. Je lui ai dit un truc bête et le coup est parti comme ça. Ça arrive. C’est pas comme si elle s’est mise à me grimper dessus.
La simple idée qu’elle lui grimpe dessus me fait vriller la cervelle. J’inspire. J’expire pendant que Romelio me caresse le creux des reins.
-Qu’elle essaie de se contrôler donc!
-Je la vois aux deux ans tout au plus. C’est un coup sur ma poitrine qui va te tuer? Est-ce qu’elle a chopé ma bite?
-Est-ce qu’elle peut oser? C’est que je la casse en deux et....
-Arrête, il me gronde. Arrête de te comporter comme une folle. Ce n’est pas mignon. Ça ne te fait pas honneur.
Je bats rapidement des cils. Geste de nervosité. Oui ça ne me fait pas honneur mais c’est que son geste m’a énervé au plus haut point.
D’abord c’est qu’elle jouait à la calme et évasive au resto pour que Romelio la remarque. Et dès que je m’éclipse elle en profite pour se comporter n’importe comment. Elle ne connait pas sa place cette fille. Et personne ne lui a appris visiblement. Il me faut trouver le contact de son fameux copain. Déjà elle ne l’aime pas c’est clair parce que qui a le temps d’un autre gars quand on est amoureux? Clairement elle s’est mise avec lui vu que Romelio n’avait pas son temps mais au lieu de se contenter de son choix, non, la fille cherche encore l’attention de mon gars.
Il est grand temps que son copain là lui donne des limites et lui apprenne à rester dans ses sentiers parce que si elle me tente encore c’est dans la bagarre que ça finira. Et Romelio m’a prévenu depuis le début qu’il a en horreur de voir une femme se battre à cause d’un homme. D’ailleurs je suis trop bien pour ça.
***Océane Ajavon***
Ah là là je compte les jours jusqu’au retour de Toni de Paris. Il y est parti pour le travail et doit y faire un mois. Sur le calendrier il ne reste qu’une semaine. Tout est déjà fait sinon. Manucure, coiffure, tenue prête. L’excitation me pousse à épuiser la pauvre Elikem. Je répète mes réactions devant elle. C’est vrai que je suis déjà au courant mais bon il faut quand même que je sois surprise quand il sortira l’alliance.
-Allez Elikem une dernière fois
-Océane, j’ai fait quatre heures de vol, je suis épuisée
-Mais tu n’as besoin de rien faire. Juste reste couchée et tu me dis si je fais les bonnes expressions
-Hhhrkdrhrh, Elle grogne et tombe comme une masse sur le divan. Je te jure tu m’as dégoûté du mariage pour les dix ans à venir
-Lol tu dis ça mais quand ton tour viendra tes ailes vont pousser. Alors....
-Alors quoi?
-Bah fait quand même un speech. Je vais pas commencer à sourire comme une imbécile
-Océane, épouse moi
-Tchiee c’est quel dry ass proposal ça? Dieu merci c’est pas toi qui me demandera. Oh non non ne te lève pas, je dis et me jette sur elle pour la retenir quand elle voulait se lever du sofa
Elle participe pour un max dix minutes avant de s’en aller. Elikem vraiment ne supporte rien. Que Dieu sorte son caractère de cochon d’elle avant ma cérémonie parce que j’ai un tas de choses de prévu et elle doit y participer.
-Océane je ne vais pas réserver un billet pour Tulum quand ce garçon n’a pas eu le cran de venir demander officiellement ta main chez moi, me dit papa le lendemain pendant que je conduis pour me rendre au travail
-Pour un homme qui sort avec une jeune fille tu es plutôt vieux jeu
-Ma relation ne te regarde en rien. Et je suis ton père. C’est mon rôle de discuter et vérifier si cet homme est sérieux.
-Papa on est ensemble depuis deux ans. S’il n’était pas sérieux on aurait pas fait long feu
-Sauf que tu es amoureuse. Et quand les femmes sont amoureuses elles ont des grosses écailles sur les yeux
-Peut-être en ton temps Mais je suis une amoureuse très éclairée
-Soit! Je ne vais réserver aucun billet tant que ce garçon ne vient pas à Lomé pour me voir, il dit sur un ton sans appel
Quand il est buté comme ça c’est impossible de le convaincre donc je laisse tomber, espérant avoir plus de chance avec maman. Je lui parle durant ma pause de midi.
-Annie ça ne me dérange absolument pas que tu veuilles te marier à Tulum mais pourquoi dans trois mois? Tu es enceinte
-Lol mon Dieu non. J’ai juste presque tout fait déjà
-Déjà? Elle fait surprise. Tu m’as annoncé la nouvelle il y’a peu
-je suis efficace et Elikem quand tu la prends dans ses bons jours. La seule chose qu’il vous faut faire c’est réserver vos billets. Et bien sûr je veux Bobby comme bouquetière
-Je ne suis pas sûr que Bobby sera partant, elle rigole
-Mais pourquoi?
-il a bientôt six ans Océane. Ce qui l’intéresse actuellement c’est de jouer aux avions et traîner avec son papa. Je vais essayer de le convaincre mais dans deux mois ça ne sera pas financièrement possible pour nous de venir à Tulum.
-pas de problème maman je peux t’avancer l’argent et tu me rembourses.
-Tu vas le trouver où cet argent? Je pensais que tu avais mis toutes économies dans ton spa
-Bah déjà je travaille encore au cas où vous l’auriez tous oublié, je dis amusée par leurs réactions. Tout le monde s’inquiète de mon argent comme si j’étais à un doigt de finir SDF. Donc je travaille comme je disais ainsi que Toni. Et en plus sa famille est riche. Son père c’est un nigérian qui a une grande compagnie de maintenance électronique.
-C’est pas une raison pour dépenser n’importe comment Océane. Tu n’es pas encore dans leur famille. Ne leur donne pas l’impression d’être une gaspilleuse. Personne n’aime ça. Et les riches ne le restent pas en ayant la main légère.
Je rigole et garde ma pensée pour moi. Maman ne pense pas à mal après tout. C’est juste qu’elle ne connaît rien des riches. Sa notion de richesse s’arrête probablement au niveau qu’elle a avec Parker. D’ailleurs elle m’envoyait 300 euros chaque mois dès qu’elle est venue en France bien que je lui ai dit que ce n’était pas nécessaire. Donc si c’est 300 euros qu’elle pouvait c’est normal qu’elle compte ses pièces. Les vrais riches en ont tellement qu’ils ne comptent qu’arrivé à un certain niveau. C’est avec Toni que je l’ai vu. Même mon père n’avait pas cette attitude.
-en plus avant de parler mariage je veux le rencontrer ce Toni. C’est le plus important pour moi. S’il ne peut pas venir à Marseille, ça ne me dérange pas de me déplacer elle continue
-Toi aussi jamais. C’est toi la maman. Il va se déplacer
-Okay alors. Dis lui de m’appeler quand il est prêt pour qu’on coordonne. Je te laisse, je vais vérifier que Bobby n’a pas vidé tout le shampoing dans son bain
-Lol Okay, tu l’embrasses de ma part et promets lui que je lui ferai un énorme cadeau s’il accepte de porter mon panier de fleurs
-Sans faute, elle rigole puis raccroche
C’est en fin de journée que je vois enfin Toni connecté sur Whatsapp. Clairement il a du vrai pain sur la planche
-Loulou, je lui envoie
-Salut Océane, il me répond après presque dix minutes
-tu dormais encore?
-Oui je viens de me réveiller, il est juste six heures ici
J’appelle et il répond avec une voix enrouée
-J’espère qu’elle en vaut le coup cette promotion
-Ouais. On dit quoi?
-Tu manques à ma chatte
-lol, tu ne passes par Quatre Chemins toi.
-à quoi bon? Bref maman t’attend à Marseille. Elle veut absolument te rencontrer
-ah mais c’est loin Marseille. Je ne pourrais pas y aller
-Ah non non Toni, tu dois y aller! Déjà qu’on a glissé le voyage sur Lomé à cause de ton travail, tu me dois une
-Océane, je ne peux pas aller à Marseille comprend le
-Comment ça tu ne peux pas? J’explose. Il s’agit de ma famille! Comment ils vont te voir après si tu fais ton intéressant sur eux? Sache que mon père l’a déjà mauvaise à cause du voyage décalé donc ne nous complique pas la tâche!
-Tu vois comment tu es? Comment peut-on discuter avec quelqu’un comme toi?
-Pardon? Je fais déroutée
-Dis-moi quand est-ce que je t’ai parlé de famille? Depuis qu’on se fréquente est-ce que j’ai déjà proposé que tu visites mes parents? Je vais aller voir les tiens pourquoi? Je cherche quoi chez eux? Marseille c’est le Vatican?
-Toni....de...de quoi tu parles?
-Je parle de toi et tes prises de nerfs que je ne supporte plus. Je n’irai pas voir tes parents point final! Si ça ne te plaît pas beh saute d’un pont, il dit et raccroche
La main qui tient mon téléphone se met à trembler incontrôlablement. Qu’est-ce qu’il me fait?
***Elikem Akueson***
Des gros sanglots m’ont alerté dès que je suis rentrée de l’hôpital. Sur la moquette du salon se trouvait Océane emmitouflée dans sa couverture. J’ai jeté mon sac et me suis pressée vers elle. Elle m’a tendu les bras comme un enfant et je l’ai prise contre moi.
-Qu’est-ce qui se passe?
-T...toni veut tout gâcher Elikem. Il veut pas voir maman....en plus il a dit que c’est ma faute et depuis il m’a bloqué!
-Mais....., qu’est-ce qui a conduit à ça?
-Je sais pas! Elle sanglote de plus belle
Impossible de la calmer bien que j’ai essayé. J’appelle directement Ray. Avec un peu de chance, il ne do....
-Perla, il grogne d’une voix endormie
-Ray, tu as des nouvelles de ton frère?
-Quel frère?
-De quel frère je te parle en général?
-Tu me réveilles pour discuter de ça? Je suis fatigué pardon. À dem...
-Ne raccroche pas! Toni a bloqué Océane en plus de se comporter bizarrement. Elle est....
-Bébé ils ne sont plus ensemble. C’est ça qui se passe. Je peux dormir?
-Mais....comment? Il t’a menti, je murmure parce qu’Océane me fixe, attendant une réponse
-Maintenant s’il a menti ou pas ça me concerne en quoi? Je t’ai dit que Toni n’allait pas épouser ton amie. Ce type est réfractaire à tout genre d’engagement. D’ailleurs il m’a dit qu’elle l’a pris de court avec une proposition d’enfant. Donc c’est sûrement ça qui l’a fait fuir. Bref je peux dormir ou pas? Bébé je suis épuisé
-Ok, je......ok, dis-je déboussolée avant de couper
-Alors? Il a dit quoi? Elle me demande d’une voix hachée
-C’est vrai que tu lui as demandé de faire un enfant?
-Oui et?
-Et si tu m’expliquais mieux comment la conversation du mariage a commencé
-Snif....j’ai proposé à Toni qu’on fasse notre bébé. Il était surpris mais après il a dit comment on peut en faire un quand on est même pas marié. Je lui ai dit que j’étais prête pour tout moi. J’ai déjà accompli la moitié de mes objectifs professionnels. En plus je veux une belle bague de 3 carats au moins. Il m’a pris la main et l’a embrassé. C’est à peu près tout.
-Donc le type ne t’a pas dit clairement qu’il veut t’épouser et tu t’es emballée?
-De quoi tu parles? Pourquoi il me dirait qu’on ne peut pas faire d’enfant si on est pas marié si son objectif ce n’est pas de m’épouser? Elle hurle de douleur et se met à sangloter davantage
Que puis-je faire sinon la consoler. Cet abruti de Toni ne paie rien pour attendre. Il l’a quand même laissé se faire ses idées au lieu de simplement la mettre devant le fait accompli.
***Hilda Tountian***
Il faut que je me pinces. Encore un peu pardon.
-Ça va Hilda? Me demande la maman de Snam
-Oui tata, vous avez fini? Je peux nettoyer le sol?
-Oui oui, Snam a déjà nettoyé le sol aussi.
-Oh j’avais pourtant dit que j’allais le faire
-C’est pas grave. Tu as beaucoup fait ce matin. Je venais juste voir ce que tu faisais à te pincer sans arrêt
-C’est la joie oh, il ne faut même pas me regarder, je rigole et elle de même
Je file dans ma chambre et m’enferme dans mon placard pour crier un peu. Jésus Christ l’enfant unique de sa mère! Donc tu peux être bon comme ça? C’est pas seulement le fait que je sois à Nairobi. Non non. Je suis dans le genre d’appartements que j’ai seulement vu de ma vie dans les feuilletons. Avec une piscine et gym inclus dans l’immeuble. Un appartement qui te donne le genre de vue que tu admires tellement la nuit que tu oublies de dormir.
Quand je pense que maman me répétait sans cesse de ne pas suivre les gens à Lomé. D’écouter attentivement Fabien et d’être polie. Quand j’y pense franchement! C’est ne pas l’écouter qui m’a conduit ici parce que si c’était mon frère et sa petite vision, j’allais rester cloîtrée à Lomé. Même les petites tresses que je faisais pour joindre les bouts Fabian trouvait à dire dessus. Que non si jamais il me voit marcher avec un garçon c’est jusqu’au village qu’il va me traîner et par les cheveux. On a idée d’être aussi violent? Je suis sa fille? C’est quoi? Grand frère et on ne peut plus respirer?
Bref pour venir ici, j’ai soudoyé un autre grand avec qui on partage la cour commune. C’est lui qui a fait office de grand frère chez tata Belle pour moi. Par la suite, j’ai fait mes démarches en douce, sans jamais rien laisser comme indice. D’ailleurs j’ai voyagé avec un sac à dos. Ma chance c’est que tata Belle était très compréhensive. cette femme c’est mon ange gardien, je l’ai déjà décidé. Elle a permis que je lui donne mes disponibilités pour qu’on prenne le billet en fonction de ça. J’ai donc choisi un jour où Fabian devait voyager. Il descend au village chaque deux mois donc ce n’était pas compliqué. Des fois on y va ensemble. D’autres non. Sur ce plan il ne me fait jamais de soucis donc j’ai choisi de déguerpir durant son absence. Mais bien sûr j’ai laissé une lettre expliquant le tout. Je ne suis pas insensible à ce point.
-J’arrive, dis-je quand j’entends le coup sur ma porte
Je sors trouver toutes les femmes déjà apprêtées.
-Change toi Hilda, on va faire des emplettes, me dit tata Belle
-On peut y aller comme ça hein tata. Ça ne me gêne pas
-Non non tu as frit le poisson dans cette tenue ce matin. Nous allons en public
-C’est que....je n’ai plus rien à me mettre de propre, dis-je gênée.
-Viens prendre des trucs chez moi alors, répond Dara
-Oh non, je...je vais juste rester. Ça ne me dérange pas
-Voyons ne fais pas tant de cérémonie. Vous faites la même taille...,bon hormis ton buste généreux, elle dit en observant ma poitrine, mais tu devrais trouver un t shirt assez moulant dans les choses de Dara.
On ne me le redit pas deux fois. Je trouve effectivement grâce dans les effets d’Aïdara. Surprise elle a du stock et de la variété en masse pourtant elle ne porte que des joggings. Va savoir. Je prends une petite robe trop mignonne, l’enfile et nous sommes parties.
On est là depuis trois jours seulement et pourtant j’ai l’impression d’en avoir treize à mon actif tellement les mamans sont actives. Notre immeuble est si bien placé qu’on peut presque tout faire à pied. Nous sommes à Hurlingham Estate du coup il nous faut juste une dizaine de minutes au trop pour aller au centre d’achat Yaya. Nous y étions hier pour faire les courses en plus.
Cette année on fera toutes une immersion en anglais, au grand dam de Snam qui ne voulait pas mais les parents ont mis le véto il parait. Moi en tout cas je suis plus que partante. En plus de l’immersion, on prendra aussi des cours de swahili histoire de maîtriser un peu la langue du coin.
La sortie c’était pour acheter dans un premier temps un congélateur. On a un grand frigo comme Dara rappelait à sa mère mais cette dernière a dit de ne pas la déranger. Moi je suis seulement le mouvement. Par la suite nous sommes allées dans un autre mall. J’ai bien cherché le nom pour noter parce que je dois revenir ici. Il y’a trop de choses à admirer. On nous a pris des nouvelles puces et j’ai eu un Samsung neuf en plus de quelques nouveaux vêtements.
Le soir, allongée confortablement dans mon lit je voulais simplement me pincer jusqu’aux larmes devant mon téléphone. Est-ce que tout ceci est bien vrai? Mon ancien téléphone ne cesse de vibrer. Fabien doit être rentré du village ça. J’inspire et je décroche.
-Je suis déjà partie donc même si tu cries ça ne servira à rien, je chuchote faiblement pour que quelqu’un n’entende pas si jamais il y’a du mouvement dans le couloir
-Tu sais ce que tu es? Une écervelée! j’ai fini de t’accorder ma confiance, il dit avec haine
-on parle de quelle confiance au juste? Celle là qui te poussait à me menacer de représailles si tu me trouvais avec un garçon? Je lui réponds sur le même ton belliqueux
-Tu as pensé à maman? Parce que moi je m’en fous de toi Hilda. Meurt même là-bas pendant que tu y es. J’espère qu’on te vendra au plus offrant!
-Pourquoi tu m’appelles dans ce cas? C’est toi maman? Je lui demande vexée par son attitude
-Tu as raison. Ce n’est pas mon crédit que tu vas gaspiller. Attend qu’Eben entende et tu vas voir, imbécile heureuse, il dit et raccroche avant même que je puisse le supplier de ne pas me dénoncer chez Eben
Rah, lui-même peut me faire quoi? Il est loin aussi. Ils peuvent m’insulter mais quand je vais sortir maman du village grâce à mon intelligence ils n’auront rien à dire. Et Dieu merci Fabian ne connaît rien des Laré Aw. Il sait que je tresse une certaine Aïdara chez Madame Belle mais il y’en a des tas comme ça à Lomé. L’avenir appartient aux gens futés.