59: Ready to risk it all
Ecrit par Gioia
***Jennifer Bemba***
Un affreux cauchemar m’extirpe du sommeil profond dans lequel j’étais plongé. Je suis seule au lit. Pas de Romelio à côté. Je soupire tout haut et jette la couverture loin de mon corps. Nous avons quitté les États Unis pour Lomé il y’a huit jours. Et depuis ses huit jours la communication n’est pas au beau fixe entre nous. Je ne comprends pas ce que j’ai bien pu faire de mal. Certes j’ai eu l’idée d’appeler le copain d’Elikem mais je me suis ravisée après une bonne nuit remplie de conseils. En voulant remettre Elikem à sa place par cette méthode j’allais m’acheter des problèmes inutilement avec Romelio vu que quand il s’agit d’elle monsieur devient un chien méchant, comme si elle est un petit animal sans défenses. Donc je suis restée dans mon coin sans créer de vagues. Pourtant j’ai l’impression qu’il me punit. Les seules fois où il semble normal c’est lorsqu’on visite nos familles. Je finis de faire le tour de la maison et il n’est vraiment pas là. Je prends mon téléphone et lui fais signe. Il ne décroche pas mais me répond par message.
-Je suis avec mes parents.
-Avec tes parents? Et moi ici? Parce que je n’avais pas le droit de les voir c’est ça? Je lui réponds le cœur lourd
Il ne me répond pas. C’est vraiment injuste. Je ne mérite pas ce qu’il me fait depuis là. Elle est où ma faute?
***Romelio Bemba***
-Je suis là depuis quatre jours maman, tu comptes garder ta face des mauvais jours jusqu’à la fin de mon séjour?
Au lieu de me répondre elle jette son visage sur le côté et croise les bras. Cette femme ne va jamais changer. Je me tourne vers papa qui la regarde de travers.
-Ça va toi mon vieux?
-Comme tu vois, ta mère a réussi à faire tomber tous mes cheveux, il répond et arrive à me faire sourire
-Qu’il te restait d’abord combien? elle réplique
-Ce qui restait m’allait bien mais comme tu étais jalouse du style que j’avais créé avec il fallait que tu me stresses au point de les faire tomber.
-laisse. Tu sais qu’elle voulait seulement les faire tomber pour que personne ne voit ton charme comme ça elle te garde à vie. Tu sais que son amour n’est pas petit, je réponds et maman craque finalement en souriant
-Vous n’êtes pas bien dans vos têtes tous les deux
-Ha on parle comme ça des deux hommes de sa vie aussi madame?
-tu es l’homme de quelle vie et tu as décidé d’aller vivre ailleurs comme si quelqu’un t’a chassé d’ici? dit-elle vexée
-maman j’ai 28 ans. À cet âge tu rentrais vivre chez ton père durant les vacances toi?
-Où est le rapport? Mon père vivait au village et oui, je restais dans la maison familiale quand j’y allais
-Tu es une femme, ce n’est pas étonnant. Moi je suis un homme.
-hum permets moi d’en douter. Parce que je ne sais pas quel genre d’homme se laisse convaincre par sa femme d’aller vivre dans une maison en construction pendant qu’il a tout le confort chez ses parents.
-Hana je dis non! Non à tes provocations!
-en quoi je l’ai provoqué? Je n’ai dit que la vérité! Elle se défend
-La vérité c’est quoi? Qu’il ne peut pas avoir envie de vivre dans la maison qu’il construit lui-même?
-C’est une maison ça ou un chantier? Vous avez quoi là-bas Romelio hein dis-moi. Une chambre et un salon. Même pas de climatiseur. C’est maintenant qu’on fait le forage donc vous tirez l’eau du puits et réchauffez sur le gaz. C’est ça une maison?
-Hana tais-toi!
-Laisse-moi Auxanges! Laisse-moi lui dire la vérité que vous refusez d’admettre!
-Laisse là papa, j’interviens quand papa lui agrippe le bras pour qu’elle se calme
-Qu’est-ce que tu n’as pas ici Romelio? C’est chez toi. On a arrangé une dépendance même pour que tu aies ton intimité. Tu vas me dire que les fois où tu es rentré moi Hana je t’ai étouffé? Ce n’est pas avec ma voiture que tu te promenais? La seule chose qu’on te demandait ce n’était pas de nous prévenir si tu ne comptais pas rentrer le jour même? Alors? Où est le problème si ce n’est ta femme qui t’a mis des choses dans la tête pour que tu restes avec elle dans votre coin? Depuis que vous êtes ensemble tu penses que mes yeux sont fermés? Je vois bien les fois où je visite Ciara, comment sa tante vient aussi les cadeaux que Jennifer a dit de lui donner ci et ça. Combien de cadeaux j’ai eu de Jennifer? Et ne me parle pas de ce que tu m’as donné disant que c’est de votre part. De toute façon je m’en fous des cadeaux. Mais elle continue de me prouver qu’elle n’est pas dans ta vie pour te faire grandir mais te pomper jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Parce que le toi que je connais qui aime tant son confort n’allait jamais s’installer dans une maison à peine terminée. Ça se voit qu’elle porte tes couilles à son cou. Tu ne fais que ses désirs comme si tu étais devenu un pantin sans volonté et ce qui m’énerve par dessus tout c’est que tu lui permettes ça. Tu me fais honte, elle me jette à la figure
-Tout ce que tu trouves à faire c’est sourire? Elle s’agite. Auxanges tu vas me dire que je suis encore malade? Je lui dis la vérité et il me donne un petit sourire en coin
-Ce qui me fait sourire c’est que tu n’es pas si différente de Jennifer au final.
-Romelio! Elle dit d’une voix blessée comme si je venais de lui lancer la pire insulte au monde
-Le lieu que tu traites de miteux c’est ma future maison. Si la poule n’a pas honte du poulailler ce n’est pas moi qui aurai honte de mon logis. Tu as clairement un problème avec cette notion, mais j’ai des droits. Parmi eux, c’est celui du choix de ma résidence. Les raisons en réalité ne te concernent pas pourtant j’avais expliqué que je voulais simplement avoir un œil sur le travail des maçons. Mais bon il semble que c’est un sacrilège pour moi d’avoir une volonté différente de la tienne. Sur ce, je te laisse dans tes spéculations sur la condition de mes couilles. Papa, on reste en contact
Elle s’échauffe derrière et me dit de revenir mais c’est bon. J’en ai ras-le-cul de parler des mêmes choses.
Je continue chez mon oncle qui s’apprêtait à faire son déjeuner. Comme on est Samedi il ne travaille pas. Je lui prends les tubercules de manioc pour les lui éplucher pendant qu’il découpe ses oignons. Une heure plus tard nous avons fini et consommé le repas. Chacun est installé devant sa boisson. Une bière pour moi et lui du thé. Finalement il m’avoue ce que je suspectais depuis un moment. Le fait qu’il avait des problèmes mais j’ignorais qu’il était autant plongé dans les soucis.
-Combien ils vous demandent au juste pour....
-Non chef, je ne t’ai pas raconté pour que tu me cherches l’argent.
-Tu ne penses quand même pas que je vais rester les bras croisés tonton. La moindre des choses c’est....
-C’est que tu m’as écouté, il m’interrompt et je vois ses épaules s’affaisser. Depuis le début je dors sur ce problème avec ta tante. Ça me fait du bien de partager avec quelqu’un d’autre qu’elle. Pour le reste on prie. Il nous suffit seulement de trouver le premier acheteur du terrain et tenter une négociation.
-Et votre avocat n’y arrive toujours pas?
-Hum il ne nous a pas donné de nouvelle promettante depuis. Je commence à penser qu’on devrait le changer
-Ah j’allais justement le proposer. Certains sont comme ça, ils font traîner le processus pour se faire de l’argent en honoraires. Je vais aussi me renseigner pour t’en trouver un bon
-Merci mon grand. Et toi alors? Quoi de neuf?
-Si tout se passe bien dans six mois, nous allons acheter une maison à Saint John.
-Oh wow en même temps que la construction que vous avez démarré ici? Attention hein. Il ne faut pas te disperser pour finir avec des dettes
-Je te promets que je ne pensais pas ça possible il y’a deux ans mais Jennifer a vite progressé dans sa carrière, je dis avec une pointe de fierté. Et combiné à mon salaire, nous n’aurons pas trop de problèmes.
-C’est bien d’avoir quelqu’un sur qui compter hein, il réplique avec un sourire
-Je te dis. Ça serait bien si le reste de nos vies était aussi simple.
-Sa santé continue de causer beaucoup de problèmes?
-lol loin de là. Imagine que depuis deux ans elle n’a presque pas eu de crises. Faut la voir compter les heures d’ci que l’hiver commence pendant que nous on se plaint.
Me pousser à aller marcher après le travail quand je n’ai pas envie de mettre un pouce dehors. Elle aime tellement faire les bonhommes de neige que les enfants de nos voisins sonnent en désordre chez nous quand ils vont jouer. Et il ne faut pas voir quand Halloween commence, je rigole et secoue la tête. À cause d’elle les bandits d’enfants dans l’immeuble nous connaissent tous. Des fois on rigolait même qu’elle doit être la seule drépanocytaire qui aime la neige et vit ça comme un chef. Des fois je me demande pourquoi elle ne peut juste pas être cette Jennifer là tout le temps, dis-je perdu dans mes souvenirs
-C’est ta mère le souci?
-Ma mère et Jennifer. L’une n’accepte pas que j’aime ma femme et ma femme n’accepte pas que j’aime Elikem mon amie.
-Mais Elie c’est la famille. Ou il s’est passé quelque chose de spécifique pour qu’elle ait un problème avec ton amitié?
-Rien que des broutilles. Je commence à comprendre que ce sont ses neurones qui sont réfractaires à l’idée même.
-Qu’est-ce que tu comptes faire? Parce que je connais ce ton décidé, il dit en m’observant
-Lui dire simplement ce qu’il en est à mon niveau
-Ok mais vas-y avec sagesse Romelio. Concernant ta mère je ne t’apprends rien. Tu sais qu’elle n’a toujours pas digéré ton choix d’opter pour la vasectomie. Et en toute honnêteté je crains qu’elle ne le digère pas d’ici les dix ans à venir. Donc essaie de ne pas prendre à cœur tout ce qu’elle dit. Ce sont uniquement les paroles d’une maman blessée.
-Alors tata rentre de Nairobi quand? Je change de sujet
J’ai déjà fait le tour de l’autre. Ma mère fait comme elle veut. Je fais comme je veux. À chacun sa vie.
Il est presque 17h quand je rentre chez nous. Entre Jennifer et moi la communication n’est certainement pas au beau fixe mais je ne pouvais pas rester tard dehors et la savoir seule dans cette maison qui n’est pas aussi protégée que ça. Il y’a certes une clôture et un portail mais pas de gardien ni encore de chiens. Je n’allais pas avoir l’esprit tranquille si 19h me trouvait dehors. Elle par contre ne partageait pas mon idée vu que je ne l’ai pas trouvé une fois de retour. Je l’ai appelé et comme moi ce matin elle a coupé avant de m’aviser par message qu’elle est chez sa famille. Je demande quand elle compte rentrer, mais je n’ai aucune réponse, et ce une heure après. Ok c’est sa petite vengeance j’imagine, Je ne m’en formalise pas.
***Jennifer Bemba***
-Jennifer il faut rentrer chez toi, me dit ma tante pour la cinquième fois
-Ah bon? C’est toi qui la chasse après toutes les fois où tu te plaignais ici de son manque? Tonton lui répond tout en ôtant ses chaussures
-Gaëtan laisse nous discuter entre femmes, merci bien
Il hausse les épaules et s’en va en cuisine avec les takeaways qu’on a pris au resto.
-Tonton a raison hein ma tante, je n’aime pas comment tu me chasses, je la taquine
-Dommage pour vous. Je m’en fous que vous aimiez. Tu as fait presque toute la journée chez nous et pas un seul appel de Romelio. Qu’est-ce qui se passe et pourquoi tu fuis?
-Ah toi aussi ma tante, on est pas tout le temps collé. C’est important dans un couple de prendre aussi du temps personnel
-Jennifer je ne suis pas ton enfant. J’ai plus d’expérience dans le mariage que toi. Soit tu me dis ce qui se passe ou je te mets dehors et ferme ma porte.
-Hum, je soupire, c’est Romelio, je commence et lui raconte tout ce qui s’est passé depuis la dernière rencontre avec Elikem jusqu’à présent. Elle me donne un regard désapprobateur à la fin
-C’est pour ça que tu t’en vas? Tu ne vois pas que tu lui donnes la possibilité de sortir et chercher une compagnie?
-Lol il ne ferait jamais ça! Je dis avec véhémence
-Parce qu’il est qui? Jésus? Ouvre les yeux ma grande. Ce n’est pas parce que ton mari t’aime beaucoup qu’il est parfait. Le cœur des hommes est moins endurant que le nôtre. Tu peux être là à chanter qu’il ne fera jamais et à cette heure ci il est peut-être entrain de draguer.
-Non, dis-je d’une voix vacillante et le cœur palpitant de douleur rien qu’à l’idée. Mais ma tante continue d’enfoncer son clou
-Au final qui perdra? Et sois-en sûr que son amie là ainsi que sa mère seront les premières à danser et rire de toi. Elles ne te respectent pas et s’en foutent de toi donc fais la même chose. Oublie les. Concentre-toi sur ton mari et tu verras qu’il va naturellement se concentrer sur toi.
-Je....je vais rentrer
-Je te reconnais enfin, dit-elle satisfaite
Elle me donne encore quelques recommandations et je passe dire au revoir à mon oncle avant de sortir puis sauter sur une moto.
Il fait nuit noir lorsque j’arrive à la maison. Aucune lumière n’est allumée pourtant il n’est pas encore 22h. Probablement une coupure d’électricité. J’ouvre le portail qui grince et j’hèle le nom de Romelio avant d’entrer au salon. N’ayant aucune réponse, je me retourne pour sortir quand mes yeux tombent sur une silhouette. Je crie et me prend la porte dans le dos en reculant instinctivement
-Merdee...tu m’as foutu la trouille, je grimace de douleur
-Assieds-toi, il répond sans bouger
Je m’installe, un peu craintive, à cause du ton calme sur lequel il a dit. Une faible lumière illumine d’un coup la pièce. C’est lui qui a allumé une ampoule rechargeable. Son visage est impassible. C’est clair que je vais recevoir un savon donc je me lance
-J’étais juste chez mon oncle et ma tante parce que tu m’as abandonné ici sans un mot et avant ça tu me traitais comme une pestiférée, je m’explique
-Regarde sur la table
Je le fais et mon cœur fait une chute libre jusque dans mon estomac quand je vois son alliance dessus.
-Mmm...aiii...sss....pouu...
-Parce que je suis à bout.
-Tu...tu...tu....ne m’aiii...mess plus??
-Ce n’est pas la peine de pleurer. Je t’aime mais par dessus tout j’aime ma paix. Ce que je me demande par contre c’est si toi tu m’aimes
-Bien sûr que je t’aime! Je réplique avec violence. Je me déplace et me mets sur lui. Il ne me repousse pas. J’ai encore de l’espoir. Je t’aime plus que tout Romelio. Je n’ai jamais aimé comme je t’aime. Regarde tout ce qu’on a traversé pour en arriver ici. S’il te plaît ne gâche pas tout, je lui dis puis l’embrasse mais il ne répond pas à mon baiser, bien que j’ai mes bras autour de lui. Je me détache, et le regarde avec appréhension. Ce n’est pas possible. Quand est-ce que je l’ai perdu? Il détache mes bras autour de son cou et les pose sur mes cuisses.
-Qu’as-tu fait comme effort pour me comprendre depuis qu’on est ensemble?
-Je....je suis là avec toi, au quotidien chéri. Qu’est-ce que je ne comprends pas?
-Que j’ai une mère. Son nom c’est Hana, pas Ciara. Elle est peut-être difficile mais elle reste ma mère. Je ne sais pas si tu as cru que moi prenant des choix pour notre bonheur c’était te donner la permission de la minimiser en tant mère mais tu as tout faux.
-Moi? Je n’ai jamais minimisé ta mère Romelio! Jamais je te jure
-Les cadeaux que ta tante envoie à ma tante de ta part c’est quoi?
-des cadeaux? Je fais surprise
-Ok je peux te l’accorder si tu n’es pas au courant. Mais que ça soit clair, et tu vas l’expliquer à ta tante. Je ne suis pas entré dans votre famille pour y causer des problèmes alors qu’elle n’en cause pas chez moi, sinon nos chemins devront se séparer. La deuxième chose que tu ne comprends pas c’est qu’Elikem est mon amie.
-J’ai compris, je ne vais plus en parler
-Non tu n’as pas compris. Tu le dis simplement pour que je laisse tomber. Parce que si tu avais compris ta scène de la dernière fois n’aurait même pas eu lieu.
-C’est que ça m’a énervé qu’elle te touche et....
-Le fait qu’elle me touche t’a peut-être énervé mais le problème est bien plus profond. Et j’ai longtemps pensé y avoir contribué en te disant qu’elle est mon âme sœur. C’est pour cette raison que j’ai pris le temps de t’expliquer pas une, ou deux mais trois fois, la nature de nos liens. J’ai même demandé une faveur à mon amie, qu’elle soit plus tolérante envers toi parce que je voulais te montrer que tu n’avais rien à craindre. Jusqu’à présent je ne sais pas ce que ta tante a fait pour la faire fuir de chez nous. Elle a refusé de me le dire et telle qu’elle est, je sais qu’elle l’emportera dans sa tombe. Autant ça ne me dérangeait pas de t’expliquer avant autant je suis à bout maintenant. Elikem ne bougera pas de ma vie. Je ne vais pas minimiser mon affection pour elle. Elle était là avant toi. J’aime l’emmerder et qu’elle me le fasse en retour. Des fois ses emmerdements prennent la forme de coups stupides mais on est des adultes. On avait établi nos limites avant même que tu entres dans ma vie. Nous ne sommes pas parfaits. Ça peut nous arriver de glisser et se toucher encore mais si le fait qu’on ait jamais échangé de baiser bien en 21 d’amitié ne te calme pas alors à mon niveau la cause est perdue. Tu as donc deux choix. Soit tu l’acceptes et ne m’emmerde plus dessus soit tu déposes aussi ton alliance et on s’arrange pour se séparer à l’amiable
-Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de dire? Je dis en rage après m’être levée. Il fait de même
-Je comprends français et c’est moi qui ait parlé
-Tu es prêt à jeter tout ce qu’on a construit, notre bonheur, pour une amie? C’est quoi une amie? C’est moi que tu ne peux pas emmerder ou taquiner? Je t’en ai empêché? Ou je fais le chien méchant quand tu essaies?
-Je préfère me débarrasser maintenant d’un problème qui prendra une taille colossale à l’avenir si tu ne te débarrasses pas de ton obsession. Ce n’est pas grave si tu ne comprends pas pourquoi mon amitié est importante pour moi. Tout comme je ne comprends pas pourquoi tu tiens à certaines choses mais je te laisse les avoir parce qu’elles contribuent à ton bonheur.
Il m’a rendu tellement abasourdie que j’étais là plantée comme un piquet à l’observer. Le cœur brisé à l’idée qu’il veut divorcer pour une fille qui n’a aucun lien avec notre histoire. Non je ne peux pas perdre l’homme que j’aime juste pour une broutille.
-J’ai compris. Je ne dirai plus rien la concernant
-Je ne retiens pas ta réponse. Prends le temps qu’il te faut pour y songer et tu me diras une fois convaincue. Parce qu’à la prochaine remarque irréfléchie que tu feras sur elle, je ne discuterais plus, il dit puis s’en va en chambre
Je me laisse choir au sol et pose ma tête sur mes genoux que mes larmes mouillent. Je ne veux pas perdre tout ce qu’on a commencé. Nos beaux rêves qu’on a déjà commencé à réaliser petit à petit.
La première chose que je fais le lendemain c’est d’appeler sa mère pour m’excuser. Je ne suis sincèrement pas au courant de cette histoire de cadeaux mais peu importe. On a mis mon nom dedans.
-Bonjour maman, comment vas tu? Je lui demande sur un ton enjoué
-Bien. Comment puis-je t’aider?
-S’il te plaît est-ce que je peux passer à la maison aujourd’hui? J’aimerais te rencontrer
-Aujourd’hui non mais demain avant 17h je suis chez moi. Il y’a un problème?
-Non rien de grave. Je serais là demain sans faute, merci
-Ok, autre chose?
-Heuh non, bonne journée, je dis puis elle raccroche
Pas grave comme je dis. Romelio passe la journée à la maison aujourd’hui à travailler avec le carreleur. Il dit qu’il apprend à faire quelques trucs parce qu’on compte faire le plancher de notre future maison à Saint John. Je les observe avec une pointe de mélancolie, au loin, échanger et rire. J’aimerais tellement qu’il rit comme ça avec moi mais il était froid aujourd’hui aussi. On échange que quelques petits mots. Et depuis cette froideur on a même pas fait l’amour. Il me manque sur tous les plans bien qu’il soit physiquement là.
Le soir ma tante retourne enfin mon appel. Elle confirme l’histoire des cadeaux et se justifie par le fait qu’elle essayait juste de maintenir une bonne relation entre moi et tata Ciara comme ma belle-mère ne me traite pas bien.
-Sauf que tu n’aides pas ma tante. Tu me crées des problèmes extra donc arrête. Sincèrement.
-Donc sa maman est partie se plaindre aussi de ça? Franchement les femmes de pasteurs sont les plus fausses et pourtant elles attrapent la bible comme le bouclier
-C’est sa mère. On doit juste l’accepter. Et d’ailleurs tu trouvais les fameux cadeaux où ça?
-Je prenais une partie de ce que tu m’envoyais
-Tu es terrible hein. Ne le refais plus!
-Ok ne te fâche pas. Dis-moi plutôt si tu t’es réconciliée avec ton mari
-Je travaille dessus. Je te laisse, bye
-Au revoir et tiens-moi au courant
Non je ne la tiendrai pas au courant. Elle veut peut-être bien faire mais au final ça ne me bénéficie pas.
Le jour suivant je suis chez ma belle-mère. Elle a toujours cet air réprobateur quand je suis dans le coin. On se salue. Et j’attaque le sujet.
-Je venais te présenter des excuses maman pour l’histoire des cadeaux. Ce n’était pas mon but de te froisser. Ma tante a mal compris certaines choses mais je t’assure qu’à l’avenir ça ne se reproduira plus
Elle me dévisage pendant un long moment puis hoche la tête. Et c’est tout. Elle ne dit rien. J’essaie de faire un peu la conversation mais ça ne prend pas vraiment donc je prends finalement congés d’elle. J’aurais essayé.
***Hilda Tountian***
Aujourd’hui c’est le dernier jour des mamans. Elles ont fait pas mal de temps avec nous mais surtout elles nous ont équipé comme si on allait vivre seules sans civilisation autour. Après le congélateur et les puces, le prochain achat fut une Honda Pilot qu’on a confié à Snam. Tata Belle voulait même prendre un chauffeur mais sa fille a grondé cette fois. Chose qui m’a étonné et amusé parce que je voyais mal Dara qui est très gênée en général gronder quelqu’un. C’est donc Snam notre chauffeur attitré, vu qu’elle a repassé le permis avant notre départ et l’a eu. Pour la troisième fois hein lol. C’est à se demander ce qui est si difficile dans le permis. En tout cas je saurai bientôt parce que j’ai des plans bien précis. On en discutera tout à l’heure. Les mamans sont sur le point de partir là.
-Ce soir c’est le Chili que vous mangez. On l’a sorti du congélateur hier et...., elle renifle avant de poursuivre..., si vous ne comptez pas le finir, il faut diviser en trois parties quand même et remettre deux dans le congélateur
-Maman on sait tout ça, répond Dara tout en reniflant
Les deux pleurent comme si c’était la fin du monde. Snam est enfermée dans sa chambre avec sa mère. Les choses qui me rendent triste.
-Donc quoi? Je n’ai plus le droit le rappeler? dit tata Belle
-Tu vas me manquer mamounette, elle dit et s’enfonce dans les bras de sa fille
-mon petit bébé à moi, pleure de plus belle tata qui la serre et lui caresse le dos tout en lui prodiguant les derniers conseils
Snam et tata Ciara sortent de la chambre. Leurs visages ne sont pas meilleurs. Trop de larmes dans le coin pour mon cœur fragile.
-Tout va bien se passer, j’encourage pour leur remonter le moral
-On te les confie Hilda, tu me tiens au courant au moindre problème.
-Pareil pour moi, tu as mon numéro, rajoute tata Ciara
-Comptez sur moi.
-En cas de problèmes....
-Oui maman on appelle Marley. On ne va pas oublier, Snam répond à sa mère
C’est le fameux Marley qui vient les chercher pour les conduire à l’aéroport. Les mamans ont refusé qu’on vienne. Déjà il n’y aurait pas de place mais aussi, elles ne voulaient pas pleurer davantage.
Je motive les filles pour qu’on aille traîner au centre commercial à côté de la maison, histoire de se détendre un peu. Mais en réalité j’espérais fuir la conversation prévue entre mon frère Eben et moi. Mais c’est Eben non. Dix minutes avant l’heure prévue il m’a envoyé un message, bien menaçant juste pour dire que je n’ai pas intérêt à le faire poireauter. On était déjà à la maison donc j’ai juste laissé les filles devant le chili et je suis allée m’enfermer dans ma salle de bain. Dieu même savait avant de me donner un coin si spacieux. Au moins on ne m’entendra pas de l’autre côté. Je me racle la gorge proprement avant de décrocher
-Met la vidéo, il dit d’une voix menaçante
-Oh mais je suis aux toilettes
-Et alors? J’ai dit de mettre la vidéo!
-Je fais la diarrhée hein grand
-Hilda si tu me forces à me répéter encore, je vais dire à Fabien d’aller déclarer ta disparition à la police au pays. Sois sûr d’une chose. On fera assez de bruit pour retrouver les gens avec qui tu es partie et lorsque je mettrai la main sur toi....
-C’est bon, je maugrée et allume la vidéo
Lui-même a beaucoup changé. La taille. La barbe. Un peu normal vu qu’il a 28 ans maintenant.
-Je veux parler avec tes fameux bienfaiteurs
-C’est qu’ils sont partis et....
-Hilda! Si je me répète encore, je raccroche et une fois que je l’aurais fait, je vais donner le feu vert à Fabien. Tu ne sais pas qui je connais au pays. C’est par les pieds qu’on va te ramener et tu resteras au village à vie
-oookkk....s’il te plaît donne moi quelques minutes, je vais les chercher, je bégaye
Dieu merci il accepte. Je vais faire quoi maintenant. Eh Seigneur. Je marche en rond dans la salle de bain au point d’avoir le tournis. Mon ventre bourdonne tellement que j’ai des crampes à cause de la peur. Si on me prend c’est fini. Les gens gentils ne le sont pas à vie. Tata Belle ne m’accordera pas une seconde si la vérité remontait jusqu’à elle et je vois bien Fabien leur créer des problèmes parce qu’il est parti raconter à Eben que j’ai suivi des riches au Kenya.
Je pense aux filles assises au salon. Une idée saugrenue me vient. Je la chasse mais elle revient et s’impose à mon cerveau. Peut-être c’est ça la solution? Je sors et peut-être est-ce la peur qui aide mais j’éclate en larmes dès que je les vois. Les deux se lèvent aussitôt et me questionnent
Je sors mon meilleur jeu d’actrice et me laisse tomber comme une masse avant de sangloter plus fort
-Hilda tchu me fait peur là. Qu’est-ce qui che pache? Dara demande
-C’est ma fa...mille, je...je vais jam...ais m’en sor...tiirrr
-Shhh c’est bon, et si tu essayais de te calmer pour mieux nous expliquer ma belle? Parce qu’on ne comprend pas toutes les deux
-Je sui..s désolée...les filles je vou...lais pas causer des problèmes, je pleure davantage
Elles me prennent à tour de rôle dans leurs bras et finalement je décide de me calmer et raconte l’histoire, les fesses bien contractées, priant qu’elles me croient
-avant de vivre avec mon frère Fabien j’étais chez un ami de la famille, quelqu’un de connu à Lomé. Il avait travaillé au gouvernement. J’étais là-bas avec l’entente que j’allais travailler chez eux et en contrepartie il allait me scolariser. Sauf qu’un jour il est rentré et m’a demandé de lui servir à boire. Je l’ai fait moi. Je ne comprenais pas trop ce qu’il voulait en m’observant. Il a...il a attendu que je sorte de la salle de bain, le jour où sa femme était pas là...
-non ne me dis pas ça, Dara supplie d’une
voix enrouée
J’hoche la tête vivement tandis que Snam me tient la main. Je continue l’histoire comme me l’a raconté un tas de fois Bijou quand on était au village. Elle me répétait de bien me couvrir, quand je portais mes camisoles qui exposaient ma poitrine généreuse. Elle me répétait sans cesse que les hommes à Lomé sont mauvais.
-Si, il a agrippé ma serviette et m’a....Je suis désolée je ne peux pas, je secoue la tête
-Chut c’est fini ma chérie, tu n’es pas obligée de continuer, me dit Snam après m’avoir pris contre elle
Je sens la main tremblante de Dara sur ma cuisse. Son nez coule et son visage est inondé de larmes quand je croise son regard. Une petite culpabilité naît dans mon cœur à l’idée que je cause sa peine. Elle est très sensible cette fille. Mais de faire comment? Je dois me sauver aussi. Et puis elles pleurent juste le malheur de Bijou par procuration. Ce n’est pas totalement faux ce que je raconte.
-J’ai un...grand frère qui vit à Porto....il ne m’avait jamais cru quand on avait raconté la vérité
-le chalaud! Dit Dara. Moins un j’allais rire. Dieu merci pour le contrôle.
-Il....il m’a app...elé pour me gron...der par..ce qu’on ne l’a pas mis au courant que je suis partie. Il menace de convaincre maman pour qu’on me ramène parce qu’elle n’écoute que lui et jamais moi et....
-perchonne ne va t’emmener Hilda. On va te défendsre! Dit Dara déterminée
-Mais je....veux pas cau...ser de prob...lèmes à ta famille
-Ça n’a pas besoin d’en arriver là ma puce. Dara dit vrai. On est ici toutes les trois. Ta galère c’est la nôtre donc ne t’en fais pas du tout. Personne ne te touchera.
-Il...il va rappeler
-Che vais lui parler! Heuh Chnam va plutôt lui parler? Elle se reprend comme si elle vient de se rappeler qu’elle n’aime pas parler aux gens
Mince j’ai encore failli rigoler. Le contrôle vraiment. Merci de m’avoir trouvé dans la vie.
Eben le tortionnaire là rappelle net à l’heure qu’il m’avait donné avant de raccrocher. Avant ça j’ai quand même pu donner des détails additionnels aux filles pour les diriger dans la conversation. C’est Snam qui a pris les devants. Le parler ça la connaît et elle nous l’a démontré en expliquant de façon posée à Eben ce qu’on est là pour faire toutes les trois
-C’est bien beau de vouloir aider les gens mais vous trouvez ça normal de partir avec quelqu’un sans connaître sa famille? Eben gronde
-Nos excuses, c’est vrai qu’on aurait dû mieux s’y prendre mais on était un peu pressé par le temps
-Soit! Le mal est fait. De toute façon tu es majeure désormais Hilda donc personne ne peut plus te dicter ta conduite. Mais sache que devenir majeur implique des responsabilités. Tout comme tu as décidé d’aller là-bas de toi-même, tu seras la seule à essuyer tes pieds si tu marches dans la boue. Je me suis fait comprendre?
-Oui grand frère.
-Que tes amies m’envoient leurs numéros, il rajoute comme si ce n’est pas lui qui a dit que j’allais être seule dans la boue. Franchement qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre avec lui.
Heureusement la partie d’envoyer les numéros il me l’a dit quand on se parlait seuls. J’ai répondu un oui à la va vite pour me débarrasser de lui. Clairement Fabien a raison. Il doit être célibataire là-bas parce que je ne sais pas où il trouve le temps pour venir demander le numéro de mes amies.
Je retourne au salon pour voir les filles une fois mon appel finit.
-Ça ch’est bien paché? Dara s’inquiète
-J’espère que oui. On verra quand ma mère va m’appeler. Mais en tout cas un imme....immense merci les filles
-C’est naturel Hilda. D’ailleurs on a rien fait de grandiose. Si tu as besoin de plus n’hésite pas, me rassure Snam
Je lui donne un sourire tremblant comme réponses.
-Allez vians voir, Dara dit et me tire par la main pour sa chambre
Mais une de ses chambres là. C’est à se demander si on vit dans le même appart. Ma chambre aussi est belle et grande mais la sienne c’est le next level. Large tapis douillet par ci. Télé au mur par là. Faut voir la coiffeuse alors. On dirait le genre sorti tout droit des films. Tu sens que sa mère n’a pas lésiné sur les moyens.
-C’est maman, elle me confirme et roule des yeux ce qui nous fait sourire
Y’a des enfants qui ne savent pas la chance qu’ils ont. Je tuerais pour qu’on ma mère soit autant aux petits soins pour moi.
-acheyez vous, elle dit et se met à fouiller dans son immense penderie
Je suis sur le lit tandis que Snam est installée par terre, pieds croisés en style bouddha pourtant il y’a plein d’espace pour s’asseoir. Elle c’est un autre genre de personnes.
Une masse d’effets me tombe dessus. C’est Dara qui vide sa penderie. Je soulève les jolies tenues et accessoires.
-Tchu va essayer? Ça peut te plaire, elle me dit les yeux pétillants
-Essayer? Je fais abasourdie
-Oui si ça te plaît c’est pour toi
-Heuh Aïdara, commence Snam
-C’est bon, je porte jamais de tchoute façon
Je suis encore dans les vapes. Les jolies jolies choses ici là c’est pour qui elle a dit Hein?
***Jennifer Bemba***
On est de retour à Saint John. Le travail est une belle distraction. Pareil pour le baby shower surprise qu’on organise à Marianne. Quand j’y pense encore je souris de joie. Dire que la première rencontre c’était chez nous. Les quatre autres aussi remarque Lol. Bilal a non seulement réussi à conquérir son cœur mais la rendre si amoureuse qu’ils ont mis un enfant en route après juste quatre mois de mariage.
Elle finit son troisième trimestre actuellement mais faut voir comment elle est sur ses pieds à la fondation. Tantôt elle court ici tantôt là. Toutes les fois où je lui propose de se reposer un peu elle rigole et me dit qu’elle aura une année pour le faire après l’accouchement. C’est difficile de lui cacher la surprise parce qu’elle passe souvent dans mon bureau. Depuis ma promotion nous sommes en charge de l’organisation des grandes campagnes pour les levées de fond. Donc on est presque tout le temps collées et comme nos maris sont amis bah on est doublement collées. Parlant de mon mari, il l’est toujours. Je lui ai réitéré ma réponse mais l’ambiance n’est pas vraiment de retour. Je patiente. Je n’ai que ça à faire. En plus une tonne de travail l’attendait à notre retour aussi donc on ne se voit qu’au coucher et il dort direct dès que sa tête touche l’oreiller.
Pour me débarrasser de Marianne la fouine je lui ai menti que je teste un nouveau club de yoga cette semaine et je lui ferais savoir s’il en vaut la peine. En réalité, je rentre normalement chez moi et prépare avec les autres par téléphone le baby shower. Ce soir c’est celui de la cuisine par contre. On a décidé de commander certains trucs et d’en faire d’autres nous-mêmes. Comme je suis toujours fan de cuisine j’ai pris ce volet.
Je finissais d’enfourcher mes muffins quand on a ouvert notre porte d’entrée. Romelio est rentré avec plein de paquets sous les bras.
-Oh désolée, j’ai commandé des tas de trucs pour la déco du baby shower, j’avais oublié de t’en parler
-Pas de soucis. Je pose ça où?
-En bas s’il te plaît
Il descend et je commence la préparation de mes différents glaçages.
-C’est pour quand votre baby shower? Il demande après son retour
-Dans quinze jours si elle ne nous démasque pas avant, je rigole
-Tu as pris un cadeau pour nous déjà?
-J’ai enregistré des trucs. Je te montre après ou tu seras occupé en bas?
Je sens du mouvement puis une chaleur et son corps coller le mien. Le mouvement est si inattendu que je soupire. Sa tête se retrouve dans mon cou. Son parfum me titille les narines et réveille mes sens.
-Romelio je...je finis de faire le glaçage, je murmure
-Je sais mais j’ai faim
-Oh, umm....il y’a de la salade déjà faite dans le frigo. Mange ça en attendant que.....romelio, je dis d’une voix vacillante quand il remonte mon pull jusqu’à dévoiler mon soutif
-Qui a dit que j’ai envie de salade? Il susurre, bouge mon soutif sur le côté, plonge un doigt dans mon glaçage tout en me rassurant qu’il s’est lavé les mains dans la salle de bain, puis encercle un de mes tétons avec la mixture et me retourne pour qu’on soit face à face.
Le désir dans son regard me rend faible. Je me mets sur la pointe des pieds en même temps qu’il baisse sa tête et happe le téton enrobé de glaçage. Je gémis comme si je n’avais pas été touchée depuis un siècle. Mes mains sur sa nuque. Je le touche comme s’il venait d’apparaître après un séjour lointain.
-attention ne casse pas...., je préviens mais il m’embrasse et j’oublie tout. Même le fait que peut-être mon plateau d’œufs a atterrit au sol vu comment il a poussé les choses pour faire de l’espace sur le table
Il sort sa bite juste par l’ouverture de sa braguette et me fait l’amour comme s’il récupérait ce qui était sien. Et je ne veux que ça. Être sienne à vie. L’idée et nos attouchements me rendent émotive au point qu’une larme coule pendant qu’il me fait jouir.
-Tu me pardonnes? Je lui demande
-Oui, je t’aime, il me répond entre deux baisers et je le serre de toutes mes forces
Je ne veux jamais le perdre. Jamais.
***George Sani***
L’une des pires sensations qu’un homme peut ressentir c’est de tomber sur une femme qui l’a aimé, et voir qu’elle en aime un autre maintenant. Le pire c’est quand tu sais que tu as une grande responsabilité dans le fait qu’elle soit partie. J’ai certes épousé Yasmine et j’aime nos filles mais Yasmine n’est pas Marianne.
Si aujourd’hui je pouvais avoir le quart de l’amour que Marianne me donnait je soulèverai des montagnes. Mais Yasmine ne sait rien donner si ce ne sont les coups de rein et maux de tête à tout le temps te ramener des factures. C’est à se demander si elle ne les invente pas des fois.
J’avais pris son téléphone pour y fouiner pensant trouver des preuves de sa tromperie parce que ma mère a tiré mon attention depuis qu’elle vit avec nous. Oui elle vit avec nous parce qu’elle n’avait plus le choix. Papa est toujours dans le coma mais probablement mort. Je n’ai pas les moyens pour gérer deux maisons à la fois donc je lui ai conseillé de louer celle que papa lui a construit comme ça elle a une entrée d’argent et pendant ce temps elle vit avec nous. C’est elle qui m’a dit que Yasmine sort souvent pourtant elle ne travaille pas. Elle s’y refuse toujours, arguant qu’elle n’a pas envie, sinon je lui monte une affaire qu’elle gère. Des fois je n’arrive toujours pas à croire que c’est une universitaire qui parle ainsi.
Voilà donc Marianne radieuse en compagnie d’un pèquenaud. Elle a pris du poids mais son visage n’a pas grandement changé. Qui aurait cru qu’elle pouvait être si belle avec. J’aurais dû être cet homme, au lieu de me coltiner une femme qui te dit que seuls les pauvres demandent à leurs femmes d’aller travailler.
Je parcoure les commentaires, presque trois cent et remplis de félicitations en tout genre. Il semble qu’elle ait accompli ses rêves au Canada. Un commentaire en particulier retient mon attention. Je clique sur le profil et reconnaît un autre pèquenaud. Le mari de Jennifer. Je retourne sur le commentaire et en déduis selon ce qu’il dit qu’il connaît Marianne ainsi que son mari.
Je laisse le téléphone de Yasmine sur la table. J’ai assez souffert de voir ma Marianne épanouie et loin de moi. Je trouve mon téléphone et écris au mari de Jennifer via messenger.
-Je ne sais pas pour qui tu te prends mais sache une chose. Tu peux t’amuser à faire ami ami avec mon ex Marianne et jouer au meilleur ami avec son mari. Mais il y’a un bas pour tout le monde sur terre. Je serais en haut quand tu seras en bas. Je vais me faire un plaisir de rire et te pisser dessus pauvre con.
J’allais déposer mon téléphone quand un appel est entré. Il venait du numéro d’une des infirmières que j’ai soudoyé pour qu’elle me tienne au courant de l’état de papa. Je réponds et elle se met à hurler que je vienne au plus vite parce qu’il s’est réveillé. Mon cerveau est tellement mélangé que je capte à peine ce qu’elle me dit. Je réponds comme un automate et raccroche. J’avais aussi un message non lu sur messenger.
-Awww poor you. Profite bien de ton bas et pisse toi dessus en attendant d’en sortir. Adieu