6. Nouveau départ

Ecrit par Brenne-junella

6. Un nouveau départ


*** Fifame***


Je marche depuis un moment, je ne saurais dire combien avec certitude car mes pensées sont bien ailleurs. J’ai une soudaine envie de réconfort maternelle alors je décide de me rendre chez mes parents tant pis si je croisse papa et qu’il m’ignore comme à son habitude j’ai juste besoin d’écouter les bons conseils de ma mère.


***


- Tu es sûr que ça va ? questionne maman 

- Oui maman, je suis contente d’avoir trouvé enfin un travail

- Oui et j’espère que tu pourras être indépendante et quitter cet idiot avec qui tu vis

- …

- Tu es jeune mais à te voir tu donne l’impression d’avoir 10 ans de plus, il est incapable de s’occuper de toi et tu vas encore le défendre et lui trouver des raisons. Tu te fais du mal mais surtout tu perds ton temps j’espère que tu t’en rendras compte avant qu’il ne soit trop tard


On s’est installé derrière pour discuter calmement mes frères m’ont à peine salué quant à mon père il n’est pas là, maman a tout de suite compris que j’étais préoccupée elle qui connait chacun de ses enfants. Ses paroles m’ont aidé à prendre une décision à présent je sais ce qu'il me reste à faire


C’est bien décidée que je rentre, je fais le ménage, repasse la pile de linge qui est dans le panier et fais la cuisine bref je fais chacune des corvées habituelles en attendant le retour de Youssef. Lorsqu’il rentre il ne dit rien et  va dans la chambre il ne revient qu’une trentaine de minutes plus tard et s’installe devant la télé.


- Je peux avoir ton attention un instant stp. Entamè-je


Il ne me porte aucune attention et se concentre sur ce qu’il suit alors je poursuis :


- Aujourd’hui j’ai compris la valeur que j’avais non seulement en tant qu’être humain mais en tant que femme, je me suis bien trop laissée humiliée par toi et vois tu j’en ai marre. J’ai appris que tu as non pas un mais deux enfants « il me porte enfin une attention » ca te surprend !? tu croyais que je n’allais jamais le savoir ? Le monde est petit Youssef et tout se paye ici bas. Je ne veux surtout pas empêcher deux innocents de profiter d’une vie de famille normale alors je vais prendre la miette de dignité qu’il me reste et m’en aller tout en te souhaitant une bonne chance.


Je me lève et vais sortir mon sac à linge qui est sous la table, il ne bouge pas et ne dit rien d’ailleurs que pourrait-il ajouter de plus. Je lance un dernier regard à cet endroit qui pendant un court instant a été mon chez-moi avant de prendre la porte, j’ai un pincement au cœur car je m‘étais dite qu’il se serait au moins défendu ou m’aurait retenu mais non, je crois plutôt qu’il s’est senti soulagé de me voir partir car il l’attendait depuis.


Je n’ai pas d’autres endroits où aller que chez Dounia. Je ne trouve que sa sœur et je n’ai pas de réponses aux questions qu’elle pose en me voyant avec mon sac elle le comprend et me laisse tranquillement attendre Dounia qui ne rentre que dans la soirée, je lui raconte tout en essayant de contenir mes larmes elle me console comme elle peut et me donne une bonne nouvelle concernant khelissa.


*** khelissa***


Je ne cesse de réfléchir, je ne vois toujours pas qui a pu payer les frais de la clinique on parle d’une grosse sommes. Ils n’ont rien voulu me dire à la clinique et ça me perturbe énormément.

Mais Dieu reste miséricorde car j’ai échappé à un désastre, je me rends bien compte que je mets souvent mon cerveau en mode pause et agis comme une idiote, avec ces histoires de crimes rituels ou de pratiques sataniques j’ai dormi chez un inconnu, que dis-je j’ai perdu connaissance chez lui il aurait pu me faire du mal et qui aurait consolé ma mère ?


C’est bien la dernière fois que j’écoute Zita, mais le monsieur a été très gentil, il n’a rien tenté et m’a mis à l’aise avant qu’on se sépare il m’a dit s’appeler Charles ? Il a voulu me remettre une enveloppe mais j’ai refusé et m’a remis son numéro mais je l’ai jeté, notre rencontre a été un pur hasard et on se reverra plus ça c’est sur.


Alors que je ferme la porte de la maison pour retourner à la clinique je vois Zita au loin venir en courant.


- Khelissa imbécile. Commence t-elle

- c‘est comment ?

- depuis hier je ne suis pas tranquille, je me demande ce que tu fais et comment tu t’en sors et toi au lieu de venir me rassurer tu te pavane tranquillement.

- C’est pour ça que tu m’insulte

- Oui et c’est même petit. Comment tu vas ? ça s’est bien passé ?

- Je me suis évanoui je ne sais pas ce qui s’est passé

- Quoi tu as eu peur en le voyant nu ?

- NON ! m’offusque-je

- Mais alors quoi ?

- J’ai pris tes comprimés bizarres

- Oh ! vous n’avez pas ?

- Il ne m’a pas touché

- Donc tu es toujours blanche ?

- …

- Et pour l’argent ?

- Je n’ai rien pris et c’est la dernière fois que je te suis dans ta folie

- Ah bon hein ? c’est moi qui t’ai appelé ? quand je ne fessais que te demander si tu voulais continuer tu me disais quoi ? 

- Bref, ça va. Quelqu’un a payé les frais mais je ne sais pas qui

- Comment ça ?

- Sais pas, là je retourne voir maman

- Ton histoire est bizarre tu ne me caches rien tu es sûr 

- Oui merci d’avoir voulu m’aider

- Ça va on est copine


Je la laisse et m’en vais. Maman est enfin réveillée et je ressens une immense joie en la voyant, je l’explique ce qui s’est passé et elle me demande pardon pour m’avoir inquiétée, lorsqu’elle me demande comment j’ai fais pour payer les soins je lui dis que l’argent vient des filles. Il faut que je sache qui est cette personne qui a joué au bon samaritain.


*** fifame***


Je n’ai pas tellement dormi j’étais anxieuse toute la nuit, ce matin je me suis levé bien tôt et pour exprimer ma gratitude envers Dounia j’ai fait le ménage et le petit déjeuné. Dounia me rejoint quand je finis de dresser la table

- fifa? Fait-elle surprise

- Bonjour 

- Bonjour tu es debout depuis longtemps ? 

- Oui, je n’ai pas pu dormir

- Ne me dis pas que c’est à cause de Youssef 

- Non, je stresse pour mon premier jour de travail

- Tu vas t’en sortir. Mais ça l’air bon tout ça je vais regretter quand tu seras plus là.

Je vais réveiller Keke et la laisse s’apprêter avant que Dounia et moi passons à table, elle mange vite et me souhaite bonne chance avec beaucoup de courage puis s’en va. Alors que je finis mon assiette keke vient et est toute aussi surprise


- J’avais faim. Lance t-elle en se jetant sur son assiette

- Aussi gourmande que ta sœur


Elle rigole et s’installe pour manger elle se dépêche pour ne pas être en retard, je la regarde et je me revois à son âge, l’adolescence où l’on flirt et qu’on peut très bien faire une bêtise et le regretter plus tard.


- Dis keke, je peux te poser une question sans que tu le prennes mal bien-sûr

- Oui vas-y

- Tu as un copain ? 

- C’est Dounia qui t’envoi 

- Non, je demande parce que j’ai connu mon premier amour à ton âge et aujourd’hui je regrette certains choix

- Non je n’en ai pas

- C’est toi qui n’en veux pas ou ils sont devenus aveugle

- Ils sont aveugles. Dit-elle le regard ailleurs

- Je te vois comme ma petite sœur et je n’aimerai pas que tu connaisses une déception amoureuse comme la mienne, tu dois connaitre mon histoire ? 

- Oui, merci pour l’omelette c’était délicieux si seulement tu pouvais rester longtemps ici.

- Oui, ça aurait été la belle vie n’est ce pas. Bonne journée

- Merci et bonne chance. Lance t-elle en partant.


Je débarrasse et fais la vaisselle avant de m’en aller je range la clé dans la cachette indiquée par Dounia.

J’arrive chez la patronne de ma voisine et aussitôt elle prend sa voiture et me conduit chez son frère, sur le trajet elle me met à l’aise et m’explique que son frère Gabriel n’est pas méchant juste stricte vu sa vocation pour l’armée, elle me rassure jusqu’à ce qu’on arrive.


- Je ne pourrais pas entrer, Gab sait que tu arrives moi j’ai une course à faire


Elle s’en va, je pousse doucement le grand portail, la concession est belle et très simple, à peine je ferme le portail derrière moi que je vois un gros berger allemand aboyer en se dirigeant vers moi, j’ai du mal avec les chiens de garde ils me font peur je tremble déjà et n’ose pas avancer quand une voix autoritaire se fait entendre :


« Assis ! »


Ce simple mot arrête le chien qui exécute aussitôt. Je vois monsieur Gabriel sortir et se tenir près du chien suivi de ces deux enfants alors j’avance doucement une fois proche mais tout de même à une bonne distance de cette grande boule de poils je leur dis bonjour et Major Payne répond froidement tandis que les enfants me regardent juste


- Vous avez deux minutes de retard, apprenez à changer cette habitude. Énonce t-il en me tournant le dos


Il entre tandis que le chien reste assis à me renifler d’où il se tient. Je le suis à l’intérieur presqu’en courant avec mon sac. Une fois à l’intérieur il me fait visiter la maison qui est très bien rangée un peu à la militaire à mon goût puis me montre la chambre d’ami qui sera la mienne pendant mon séjour ici avant de me laisser m’installer.


Elle est assez grande avec tout ce dont j’ai besoin un bureau, un lit assez douillet et un placard, je défais mon sac et range mes affaires quand la porte s’ouvre sur la petite Maude qui me guette puis s’en va en courant. Une fois fini je retourne au salon, les enfants sont assis devant la tv et pas de trace du Major Payne (ils ont des traits de ressemblance). Je m’installe près des enfants.


- Alors Maude vous suivez kaeloo

- …

- Et toi tu t’appelles comment ? demande-je au garçon

- Je m’appelle Edan et toi tu t’appelles comment ? 

- Fifame tu vas rester avec nous ? 

- Oui, je suis votre nounou.

- Anh Anh. Fait-il 

- Où est votre papa ? 

- Derrière.


Je me lève et sors en m’assurant que le chien n’est pas dans les parages je fais le tour de la maison et trouve monsieur Gab en train de faire des pompes les jambes sur une chaise avec son chien couché près de lui en me sentant arriver le chien lève sa tête vers moi, je ne bouge plus d’un poil.


- Que voulez vous ? Me demande t-il sans arrêter

- Euh…c’est que… je voulais savoir ce que je dois faire

- C’est vous la nounou 

- Ils ont déjà mangé ?

- Oui, ils prennent le petit déjeuner à 6heures zero zéro à 7h ils doivent être près pour les cours et déjà installer en voiture et 7h 45 ils sont déjà à l’école, 14h00 ils sont récupérés et 16h ils doivent avoir déjà mangé et fais la sieste 17h00 ils s’amusent, 18h activité scolaire 20h00 au lit ça c’est le programme des jours de cours et les jours fériés et de repos ils se lèvent à la même heure même déroulement à l’exception qu’il reste sagement à la maison. Est-ce assez claire pour vous ?

- Je crois avoir compris. Dis-je doucement


Il arrête de faire les pompes et en deux trois mouvements il est sur ses jambes et il ne lui faut pas plus d’une fraction de seconde pour être devant moi le regard froid il m’intimide tellement que je n’arrive pas à soutenir son regard.


- Vous ne devez pas croire mais être sûr, j’aime que tous soit fait comme il faut et à temps. Alors est-ce bien clair ?

- Oui.

- Très bien, aujourd’hui c’est férié alors ils n’ont pas cours, faites votre travail de nounou. Réplique-t-il en me tournant le dos.


Ich ! Si ça commence comme ça je ne sais pas si je vais tenir...

Je reste près des enfants et ils sont plutôt calme faut dire que les dessins absorbent toute leur attention et je commence à m’ennuyer alors je vais à la cuisine voir ce que je pourrais faire pour midi et j’ai l’embarras. J’avais la tête dans le frigo à réfléchir et au moment où je relève ma tête je vois Major Payne face à moi je ne peux contenir mon cri de surprise.


- Jésus ! dis-je la main sur la poitrine

- Pour le repas de ce midi c’est une salade vous savez en faire ? 

- Oui

- Pour le goûter à 16h ils ont droit à des biscuits et yaourts, je vais être absent pour un moment.

- D’accord.


Il s’en va, il m’a fait une de ses peurs mon Dieu ce n’est pas possible.


***


La journée a été plutôt chouette les enfants se sont bien comportés et je n’ai pas vu le Major Payne. Il est 20h l’heure pour les enfants de se coucher ce qu’ils font sans broncher faut croire qu’ils sont déjà réglés avec un père aussi stricte. Edan est assez jovial et un peu taquin compte à Maude elle ne parle pas et semble timide, j’aimerai comprendre pourquoi elle garde le silence.


Je ferme la porte d’entrée et m’allonge sur le canapé en attendant que M P rentre je ne sais pas si il a ses clés. Lorsque je commence à somnoler j’entends un cri qui me fait sursauter, ça vient de la chambre des enfants, celle de Maude je m’y précipite


Elle est assise sur le lit en pleurs, elle a du faire un cauchemar je la porte dans mes bars et la calme elle renifle juste


- C’était un cauchemar, ça va je suis là

- …


Une fois calmée je la recouche sur le lit et veux m’en aller mais elle me retient par la robe et me fait un regard suppliant. Je reviens sur mes pas et m’allonge près d’elle, elle passe son bras sous mon bras pour être sur que je ne m’en aille pas. Je lui caresse les cheveux en chantant une adoration comme berceuse et je crois bien que je finis moi aussi par sentir le sommeil m’emporter.


*** Dounia ***


- Bonsoir tout le monde. Lance-je à mes collègues


Ils répondent tous sauf Dani, je vais me changer pour prendre le service un fois de retour Dani s’approche de moi


- Hier un homme est venu te chercher

- Un homme ? quel homme ?

- C’est à toi de me le dire. Rétorque t-il

- Quoi ? 

- Tu as changé de petit ami, tu ne fréquente plus la basse classe ?

- Mais comment tu me parle ? je ne te permets pas Daniel. Vocifèré-je


Non mais il se prend pour qui ? Je le laisse et vais faire mon service, il essaye de se rattraper mais je l’ignore ce n’est pas parce que nous sommes amis que ça lui donne le droit de me parler comme il le veut.

Il n’y a pas trop de monde alors on ferme plus tôt, je laisse Daniel le faire et ne l’attends pas pour rentrer, il fait une de ces fraicheurs et le ciel est plutôt nuageux d’ici peu il va pleuvoir mais j’espère pouvoir avoir un taxi avant.


C’est à peine si les taxis circulent vu l’heure c’est tout à fait justifiable, une Range Rover se gare de l’autre côté et suis pas sereine vu l’heure tardive, je marche en direction du snack pour aller chercher Dani


- Dounia !?


En me retournant je vois Jules-Yoann qui est le conducteur il baisse la vitre, je suis plus que surprise. Voyant que je ne bouge pas il fait le tour et viens se garer en face de moi


- Salut. Reprend t-il

- Salut, que fais tu ici et à cette heure ?

- Si je te dis que je passais par là tu me crois 

- Non 

- Je te raccompagne ?

- Ça ira je vais prendre un taxi

- À cette heure et vu la qualité du temps ?

- …

- Ne me dis pas que tu hésite, je ne suis pas un étranger voyons.


J’ouvre la portière et monte dans cette belle voiture, je ne m’y connais pas en automobile mais ça c’est une voiture elle est juste sublime. Il démarre et monte le son c’est du vieux zouk qui passe, je regarde le paysage par la vitre suis un peu mal à l’aise.


La playlist me rappelle nos instants musiques ce sont ces zouk qu’on écoutait pour se détendre, je vois qu’il n’a pas perdu son amour pour la musique. Alors que le zouk finis c’est le son de Bryan Adams « Never lets’go » qui passe et par surprise je regarde l’endroit d’où passe la musique.


- Tu t’en souviens ? demande t-il

- Oui


Comment veut-il que j’oublie cette musique qui a été la notre, celle qui a été à l’origine de notre histoire d’amour.


- J’ai l’album si tu veux je te le prête

- Oui pourquoi pas.

- Au faite je ne t’ai pas demandé où tu vas ?

- À la compagne

- Tu y vis seule ? je demande parce que je ne veux pas tomber sur un baraqué qui va me tabasser

- Non t’inquiète


Je sais à quoi il fait allusion, c’est une façon assez rusée de savoir si j’ai un petit copain, eh bien qu’il le demande directement.

Le reste du trajet on ne parle pas beaucoup jusqu’à ce que je lui indique où se garer


- Merci de m’avoir raccompagné 

- Ce n’était pas grand-chose.

- Bon passe une bonne nuit


« J’ouvre la portière et veux descendre »


- Attends, je peux avoir ton numéro

- Mon numéro ?

- Oui, rien d’ambigu juste garder le contact et aller manger ou prendre un verre

- C’est que je ne crois pas que…

- Tu veux que je te supplie Doudou ? 


Je rigole, c’est ainsi qu’il m’appelait quand il voulait me taquiner. Je secoue la tête et prends un stylo et mon carnet dans mon sac, j’écris mon numéro avant de déchirer la feuille et la lui tendre.


- Et ne m’appelle plus doudou juju ! lance–je en descendant


En refermant la portière je le vois rire, il s’énervait à chaque fois que je l’appelais ainsi. Je rentre et vais directement dans ma chambre et alors que je me couche mon portable s’illumine c’est un SMS d’un numéro inconnu en ouvrant je comprends que c’est JY il me souhaite une bonne nuit, je souris et range mon portable avant de m’allonger je suis bien trop fatiguée

Elónga ya bolingo