6 - Yacine
Ecrit par ACLIRL
Coucou lecteurs! Pardonnez-moi de ne pas être présente ces derniers temps. Je suis assez prise par les cours. Je tente de remédier à mon absence.
Vos commentaires et kiff m'ont fait très plaisir !! Je suis vraiment heureuse de les lire et de savoir ce que vous pensez et ce qui pourrait m'améliorer! Allez-y critiquez (cela ne peut être qu'instructif encore une fois), aimez, commentez! Bonne lecture et bon dimanche. Bises
_ ACLIRL
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"...les après-midi...
salaire moins important...servir dans les box...tenue différente...contre ma
volonté...".
C'est à peu près tout ce que
je réussis à capter. Quand Nora a dit qu'il fallait que l'on parle, je
n'imaginais aucunement que mon salaire allait baisser. La journée s’est révélée
moins amusante que la veille. En rentrant chez moi hier, Martin n'a rien dit
pour le code de son portable et maman s'était maquillée et habillée étonnamment
bien pour sortir avec une amie - C'était la première fois depuis le départ de
papa. La dispute qui aurait pu avoir lieu avec mon frère a laissé place à une
invitation pour son prochain match de basket. C'était ça ou me faire bouder par
mon frère pendant une éternité.
Aujourd'hui c'était une toute
autre affaire. Le travail de la veille m’a exténuée et Nora a demandé à me voir
avant le service de cet après-midi pour avoir la discussion que nous venons de
terminer. En plus, maman s'est chopée un rhume, ce qui n’a fait qu’empirer
l’ambiance piteuse de ce matin. Ma mère a toujours de gros doutes sur la
sincérité de Gilda. Martin a toujours foncé tête baissée dans sa relation avec
Gilda. Elle, elle ne voit que son petit garçon qui lui échappe un peu plus
chaque jour.
J'ai préféré ne pas m'immiscer dans leur
dispute et me suis renfermée dans mon coin. Pas de footing pour moi ce matin.
Je me suis allongée dans ma chambre, prétendant que la dispute n’avait pas
lieu. Aujourd’hui comme pendant d’autres journées, papa me manque. En sa
présence, Martin se tiendrait sûrement plus carré. Et en dehors de ça, j’aurai
bien besoin d’un soutien en ce moment.
Nora a clairement ajouté la cerise sur le gâteau.
Mon salaire sera revu à la
baisse. Je passe en service pour les box. Et pour le grand final je partage le
service avec Morgane (une fille qui parle vraiment, vraiment beaucoup) dans une
nouvelle tenue : jupe serrée à la taille et chemise blanche plissée sur le col.
Après la révision de mon contrat,
je débute sur ma nouvelle plage horaire et termine à 21h.
J'en tirerai au moins un point positif : moins d'horaires tardifs.
Je salue brièvement Nora qui affiche une moue. Elle a pitié de moi, c'est
flagrant. Je ne me laisse pas abattre et franchis la porte.
J'hésite à me balader. Il
fait encore jours et le temps est très doux pour un début d'été. Le soleil
commencera à se coucher d'ici une heure seulement. Je me dirige lentement en
direction des Coteaux. Je ne tarde pas à arriver au Parc et je bouquine sur un
banc, non sans consommer une boisson de la Fruitbox.
L’air est doux. Je me mets à
l’aise et tourne machinalement la tête lorsque des pas se rapprochent de moi.
-Yass ? Hey je ne m'attendais pas à te croiser ici! me dit Gilda tout sourire.
- Moi non plus! Comment vas-tu?
-Pas trop mal, elle répond. Je te croyais au travail. Martin m'a dit que...
- C'est normal. Mon contrat a changé. C'est assez…compliqué.
Je lui explique la situation
et elle accepte de ne rien dire à Martin avant que n'en ai eu le temps. Elle
semble légèrement distraite et regarde en direction de la Fruitbox.
Mais qu'est-ce qu'elle cherche à la fin ?
-Mhhh... tu cherches quelqu'un? je tente.
- Ouai...Quelqu'un que j'ai perdu de vue apparemment. J'ai de la visite en ce
moment... te voilà! elle dit en parlant à quelqu'un derrière moi.
Une voix qui ne m'est pas
inconnue lui répond.
- C'est plutôt cool comme
parc. J'aurais pu courir ici ce matin! dit Ed.
- Yass je te présente...
-Edinson, je termine à sa
place.
Ed vient se placer devant moi
puis s'assois de mon côté. Ses lèvres esquissent un sourire et il s'approche
pour me donner un baiser sur la joue, à la commissure de mes lèvres comme si
nous étions intimes. Je deviens toute raide lorsqu'Ed place sa main derrière
mon dos, prenant appuis sur le banc.
Je le regarde avec de grands yeux, lui demandant intérieurement : Qu'est-ce que
tu fous?!
- Détends-toi, il dit comme
s'il avait entendu mes pensées.
Il m'a soufflé cette parole près de l'oreille, comme un copain soufflerait des
mots doux à sa dulcinée sans que les autres ne puissent comprendre, mais qu'ils
saisissent qu'ils sont de trop. Et c'est ce qu'il se passe.
-Euh...hum (Gilda tente de
s'imposer en se raclant la gorge). Vous vous connaissez tous les deux ?
Je m'apprête à répliquer mais
Ed me devance.
- Disons qu'on s'est déjà
rendu des petits services.
Il est si sûr de lui que je doute de l'attitude à adopter. Dois-je affirmer ?
Sourire et me taire? Nier ? Je choisis la seconde option.
Nous discutons quelques
minutes. La discussion me permet de comprendre que la mère de Gilda est la
tante chez laquelle réside Ed. De son côté, je lui apprends que Martin et Gilda
sont ensemble depuis un bon bout de temps et sa réaction laisse penser qu'il
n'a rien du type protecteur.
Ed devient plus silencieux et Gilda se lève.
- Bon je vais vous laisser.
Yass, ça m'a fait plaisir de te revoir! À toute Edinson.
Je salue Gilda avec une brève
étreinte pendant qu'Ed feint lui envoyer des baisers en guise de réponse. Gilda
enfin partie, nous nous retrouvons seuls sur le banc du parc. Il n'y a plus
beaucoup de monde et le soleil couchant indique qu'il n'est pas loin d'être
22h.
- Tu crois au destin, Yacine
?
- Ca dépend de ce que tu vas dire, Edinson.
En lui répondant je mets de
la distance entre nous sur le banc.
- D'abord je prends ton
portable en otage, ensuite je découvre que nos deux familles ont des relations,
et maintenant je me retrouve seul dans la pénombre du parc dans lequel tu te
promènes.
- Quel rapport avec le destin?
Je le questionne, curieuse.
- Dieu nous envoie un signe. Je suis un mec, tu es une femme sublime dans la
fleur de l'âge. Je veux dire : il n'y a pas 36 issues possibles.
Il comble l'espace que j'ai
placé entre nous en une unique glissade.
- Tu dis ça à toutes les
filles que tu croise ? je demande en faignant être horrifiée.
- Quoi?! Je pensais que tu me
connaissais mieux que ça; on se connaît quand même depuis (il regarde sa
montre) 43 heures maintenant. Je ne le dis seulement à celles qui me plaisent.
Bah voyons! I dit en levant les yeux au ciel.
J'éclate de rire et sa
fossette apparaît lentement.
Je lui dis devoir rentrer et ne refuse pas lorsqu'il propose de m'accompagner.
- Tu ne vas pas te perdre?
- Au pire des cas j’appellerai ma Tante.
- Alors 'Monsieur je-peux-me-permettre-de-me-vanter-tellement-je-suis-attirant'
n'est pas fichu de s'orienter lui-même? Pa-thé-tique.
- Alors tu me trouve attirant ? demande-t-il.
J'accélère le pas. Je n'ai
quand même pas dis ça à haute voix ? J'émets un grognement qu'il n'entend pas.
Je ne réponds pas à la question et étrangement, il ne relève pas.
Après quelques instants sans
que nous ne parlions, j'essaie de faire mine de rien et lui demande en quelle
classe il est. Il me dit qu'il double sa première année d'études supérieures.
Sur le chemin de la maison je lui montre quasiment tous les endroits où j'ai
passé mon enfance : ma primaire, mon collège et je lui parle des Coteaux.
- C'est un peu mon...domaine. Je m'y sens bien. C'est si paisible. Villy est
une sorte de trou perdu et je trouve ça génial d'avoir un refuge pareil.
Il sourit et lève le menton vers le ciel comme si mes paroles lui évoquaient de
vagues souvenirs.
- C'est là-bas que tu courais hier?
- Ouai. J'y cours régulièrement, je réponds.
Nous sommes arrivés au pied
de mon bâtiment.
- J'habite ici, je souffle. C'est sympa de m'avoir accompagnée.
- Ça m'a fait plaisir, il réplique sans aucune trace d'humour dans sa voix.
Ed et moi nous regardons. Et
je me dis que j'ai envie de le connaître un peu plus. Du plus lointain de mes
souvenirs, mes relations amicales ne se sont basées que sur des groupes de
travail. À chaque fin d'année, les vacances signifiaient que l'on entrait
officiellement dans la période où le 'bonjour' passait en option facultative.
J'ai envie de continuer la
balade. Je me rends compte que tous les problèmes auxquels j'ai fait face
depuis ce matin étaient passés aux oubliettes, avec lui. Je n'ai pas envie de
les laisser revenir. Je ne veux pas lui dire au revoir, pas encore.
- Alors...on se revoit
bientôt? je demande d'une voix que j'aurais espéré moins désespérée.
Ed me sourit.
- Ça sera avec grand plaisir, ma belle.
Je me retourne et me dirige
vers la porte. J'entends Ed me suivre et je me retourne de nouveau. Ed se
trouve juste derrière moi et dépose une main délicate de chaque côté de mes
hanches. Il se penche légèrement. Il s'approche dangereusement de mes lèvres.
Il va m'embrasser. Je ne me sens absolument pas en mesure de pouvoir contourner
le baiser : je ne sens plus que son eau de cologne, je ne vois plus que ses
lèvres humectées à la juste dose et le seul son que j'entends est celui de mon
cœur qui bas dans mes tympans, menaçant de s'échapper de ma poitrine.
La tension est insoutenable. Je décide de me désintéresser et d'attendre qu'il
agisse, patiemment.
Je me remercie intérieurement d'avoir pris cette décision lorsqu'au dernier
moment il change sa trajectoire pour déposer un baiser au coin de mes lèvres
avant de s'éloigner.
- J'en avais trop envie, il
me chuchote.
Je fixe ses lèvres de la
manière la plus indécente qu'il puisse exister. Comme si je ne contrôlais plus
ma voix, je m'entends lui révéler d'une voix quasi-inaudible : 'moi aussi '.
***