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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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« J'en ai marre de cette maison. Espèce de jalouse.
Incapable de parler avec la bouche tu es obligée d'utiliser les poings. Sunita
a raison : vous êtes vraiment des connasses ! »
« Qu'en ai-je à foutre de ce que pense Sunita ? Vous êtes
toutes les deux des imbéciles. Ce n'est pas pour rien que sa mère l'a envoyée à
Ndjolé. Sors de ma chambre. T'auras qu'à dormir au salon ou à la terrasse,
espèce d'idiote. Je suis sûre qu'on ne voudra pas de toi dans cet avion pour
Paris tellement tu es idiote. »
« Voilà, je savais bien que t’étais jalouse. C'est quoi le
plan ? Allez secouer les arbres au Cap Lopez pour que je ne parte pas en France
? JALOUSE tu l'as toujours été. Je ferais la belle à Paris pendant que tu souffriras
de la chaleur et des délestages à Accra. Pourquoi : parce que c'est tout ce que
ton cul mérite. »
« Et comme le tien mérite tous les sexes blancs, tu
monteras forcement dans cet avion ! On t'emmène quelque part où t'as jamais mis
les pieds et tout ce qui t’intéresse c'est d'aller te faire sauter par
quelqu'un dont tu ne connais même pas le nom ! »
« Oh, elle est jalouse parce que moi, j'arrive à plaire
sans soucis aux blancs et qu'elle est obligée de se cantonnée à un métisse.
Oui, j'ai fait l'amour avec lui ! Et alors. Tu voulais être ma place, c'est ça
! Ton pauvre Miro n'est pas assez efficace au lit, n'est-ce pas ? »
La gifle qui a atterri sur son visage, elle ne l'a pas vu
venir.
Je sors de cette chambre avec la ferme intention d'aller
m'installer ailleurs pour les jours qu'il me reste à passer à Port-Gentil.
Qu'est ce qu'il ne faut pas entendre comme bêtises !
Quand je me retrouve dans le couloir, Julien est là, les
bras croisés adossé& contre un mur. Il me regarde et me dit :
« Qu'est ce qui ne va pas avec cette fille ? Il faut
trouver un moyen de lui parler sinon, elle ira de bêtises en bêtises là-bas en
France. Il n'y aura personne pour la surveiller, donc, on ne sait pas. J'ai
peur qu'elle finisse dans la rue à Paris. »
« Ce n'est pas mon problème, Julien. Elle n'a qu'à partir
d'ici. »
« Ok ! Ok ! Je vais en parler à maman. Je n'aime pas du
tout son comportement. Ça m'énerve et ça m'inquiète en même temps. »
Nous arrivons au salon. Maman me regarde sans parler.
C'est grand-mère qui me demande :
« Tu te sens mieux maintenant que vous vous êtes battues !
»
« Non ! Elle m'énerve toujours autant. »
« Mais dans ce cas, tu auras donc compris que la violence
ne vous mènera nulle part ! Apprenez à vous parler, ou sinon, ignorez-vous. Je
ne veux plus entendre que vous vous êtes battues, entendu ! Le vampire commence
comme ça ! »
« Ok, mamie. On ne se battra plus. Si elle m’énerve là
avant que je ne sois partie, je prends ses affaires et je les mets dehors. »
« On ne parle pas comme ça, Tania. Maîtrise-toi. », me
fais grand-mère.
« Tu t'imagines, Mamie. Elle a osé dire que j'ai fétiché
pour avoir Miro ! »
« Est-ce que c'est vrai. »
« Bien sûr que non ! »
« Alors, calme-toi ! Nous avons des choses plus
importantes à faire. Ce soir tu viendras dormir chez moi. Tu y resteras au
calme jusqu'à samedi. Maintenant, assieds-toi. »
Pendant deux heures, mesdames ma grand-mère et Georgeline
me prennent la tête avec les conseils de femmes. Comme tous les deux ont été
mariée, elles en savent long. On me parle de l'attitude que je dois avoir, de
comment je dois apprendre à gérer les conflits. Il faut que je sache quoi dire,
quoi faire et j'en passe. J'écoute sagement sans réagir. Je me demande
intérieurement ce que Jileska ferait si elle était à ma place. Elle trouverait
sûrement la parade pour rire et mettre plus de peps à cette séance.
« ta robe est prête », me fait maman.
« Comment ça, ma robe. »
« Je t'ai fait faire une robe spécialement pour
l'occasion. »
« Oh ! Je vois que vous avez pensé à tout. »
« Oui, nous avons pensé à tout », me fait maman.
« Je pensais que c'était juste une formalité, comme tu as
dit. »
« Raison de plus pour que tu n'y assiste pas toute nue !
Tu vois ce que je veux dire ? »
« J'ai l'impression que vous ne me dites pas tout. Y a
quelque chose que vous me cacher. Je sais pas, c'est une intuition. »
« Non, nous ne te cachons rien. C'est comme je te l'ai
dit. Il y aura ta grand-mère, ton père, ton oncle et moi. Voilà »
« Hum ! Y a quelque chose qui se trame. Miro a tellement
insisté pour que ses deux cousins soient là ! »
« Oh ! Je ne saurai te dire, ma chérie. Tu pourras lui
tirer les vers du nez. Pour ma part, c'est comme je te l'ai dit : ils viennent,
on parlemente, on boit un verre ensemble, et voilà. »
« Ok ! D'accord. »
Georgeline m’entraîne dans la douche pour m'appliquer un
gommage intégral sur le corps. Pendant que nous sommes là, nous entendons maman
qui parle avec Pupuce.
« Ça va mieux, mademoiselle ! »
« Elle m'a cassé deux dents. »
« Reste un peu tranquille Pupuce. Tu veux perdre toutes
tes dents avant de monter dans cet avion pour Paris ? »
« Surtout pas ! Bon, je vais me taire. »
Dans la douche, Georgeline me confie :
« Je vous regarde et j'ai l'impression d'assister aux
dispute d'Agnès et Bernadette quand nous étions au collège. »
« Ah bon ! Maman se disputaient avec tante Agnès. »
« Ta tante la faisait tourner en bourrique. Elle lui a
piqué trois petits copains. Elle avait cette beauté diabolique qui mettait tous
les hommes à ses pieds.»
« Non ! Elle a fait ça ! »
« Oui, c'était vraiment étrange. Elle attendait toujours
que ta mère tombe amoureuse pour venir derrière lui faire enlèvement. »
« Non ! Maman ne m'a jamais raconté tout ça ! Tu veux dire
que Pupuce et moi reproduisons le même schéma ? »
« J'espère que non, ma fille. Parce que cela a coûté à ta
mère un mariage. Elle serait mariée aujourd'hui et tranquille. »
« C'est quoi cette histoire, Georgeline ? »
« Euh, je n'aurais pas dû te dire tout ça ! C'est juste
que te voir te disputer avec ta sœur m'a ramenée des années en arrière. »
« Je t'écoute étant donné que tu as trop parlé. Va
jusqu'au bout. », lui fais-je.
« C'est ta mère que devais épousé Mr Mbeng. Personne ne
parle plus de cette histoire mais on ne l'oublie pas. »
« Non ! C'est une blague ! Ce n'est pas possible. »
« Tout est possible, ma fille. Tout est possible. La femme
qui vous a mises au monde avait ce côté espiègle et surtout vicieux qui fait
qu'elle n'a même pas eu peur d'aller coucher avec le fiancé de sa sœur. Elle
est tombée enceinte de la grossesse de votre frère Éric. Le type l'a alors
épousée, elle, au lieu de ta mère on a vu ça comme le vampire. »
Je reste sans voix face aux révélations de Georgeline.
Comment parler après cela ? Que dire ?
« Georgeline, dit moi que c'est une blague ! Tante Agnès
détestait sa sœur au point de lui VOLER son fiancé ? »
« Oui ! Pupuce et toi faites la même chose qu'elles,
lorsque nous étions jeunes. Il ne se passait pas un jour sans qu'Agnès ne vole
les habits de ta mère ou ne lui envie son petit copain. »
« Jusqu’à faire un enfant pour se faire épouser ? »
« Oh ! Elle a dû faire plus que tomber enceinte, si tu
vois ce que je veux dire. »
« Euh ! Je crois que j'en sais assez ! »
« Tu comprends mieux pourquoi ta grand-mère a toujours
pris grand soin de toi ; »
« Explique. », lui fais-je.
« Oh ! Elle a toujours pensé qu'il ne pouvait rien sortir
de bon d'Agnès. Elle s'est donc focaliser sur ton éducation et espérait que tu réussisses
pour que tous les espoirs que Bernadette a mis en toi, soient fructueux. Et, je
crois qu'elle a bien fait. Regarde les effets que l'éducation d'Agnès ont eu
sur Pupuce ! On ne sait même pas si elle marchera droit où elle va en France,
vu comment elle délaisse ses enfants. »
« Je n'en reviens pas. »
« C'est la vie. Tant que tu n'es pas passé par certaines
réalités, tu te dis que tout va bien. Il m'a fallu vivre ce que j'ai vu avec
Agnès pour savoir que le mal existe. »
« Je n'en reviens pas ! »
« Heureusement pour toi, Pupuce n'est pas aussi folle et
perfide que ta mère. Elle aurait sinon couché avec Miro dès le premier jour. Il
y a encore de l'espoir pour ta sœur. Il faut juste trouver le bouton sur lequel
appuyer pour qu'elle redevienne raisonnable. Elle n'a pas l'esprit aussi mal
tourné que sa mère. Elle est simplement bête et désespérée. »
« Je lui fous un couteau dans la gorge si elle me fait ce coup-là
avec Miro ! Je ne suis pas aussi gentille que maman. J'aurais tué tante Agnès
si j'avais été à la place de maman. »
« Oh ! Ce n'est qu'un homme ! La vie a continué. Même si
ta mère n'a plus eu du tout envie de se mettre en couple avec quelqu'un
d'autre. »