75: I am coming home, back where I belong, part one

Ecrit par Gioia

***Garcelle Ekim***

Maman ne m’a pas raté quand il fallait me gronder mais je tremble comme une feuille maintenant que papa a demandé à me voir dans son bureau. Seul à seul, il a rajouté d’une voix effrayante quand Maman voulait s’installer. J’ai supplié cette dernière du regard mais elle est partie, me laissant en proie ici.

— Papa c’est le stress, je commence à pleurer de peur qu’il me la fasse à la Toni. Ce faux-jeton a d’ailleurs déserté le coin depuis on ne sait quand. Il n’était pas présent au dîner d’hier.

— Le stress Garcelle ? Quel stress ? J’ai payé ton billet d’avion pour que tu rentres parce que tu te dis au chômage. Tu dors dans une chambre climatisée, il continue de dire et se lève pour s’approcher de moi. Je fais de même et recule instinctivement comme une biche apeurée. Tu commandes ce que tu veux manger dans cette maison. Ta mère a dépensé mon argent pour acheter un parc pour qu’un enfant dont je me fiche complètement dorme sous mon toit parce que tu ne cessais de l’emmerder avec ton histoire de couple. Me suis-je déjà impliqué dans tes gamineries ?

— Non pa..pa

— Alors pourquoi tu ne peux pas te tenir ? Pourquoi tu ne peux pas me ressembler et faire preuve d’un soupçon d’intelligence ? il dit tout bas et me tire si fort la joue que j’éclate en sanglots

— Je t’en supplie papa, ne me frappe pas, j’étais juste stressée parce qu’on a dû emmener d’urgence la fille de Thierry à la clinique le matin du dîner organisé par Ray et…

— Et j’ai dit m’en foutre de cette gamine. Ce qui m’importe c’est la réussite de mon plan alors tu vas pleurer plus fort pendant cinq minutes, ensuite poser tes fesses sur cette chaise pour que je t’explique ce qu’on va désormais faire

— pa..par..don…, j’ai pas.. com…pris

— J’ai dit tu pleures, il me menace tout bas et me tire la seconde joue. Je pleure de plus belle et m’installe après ce qui doit être cinq minutes dans ma tête

Il pousse vers moi sa boîte de Kleenex, s’assoit au bord de ma chaise et se met à me câliner la tête.

— Tu peux être capricieuse mais hors de question que tu y rajoutes la bêtise, me suis-je fait comprendre ?

Je hoche en vitesse la tête, toujours perplexe concernant ce qui se passe actuellement.

— Pendant que tu cours derrière un gosse de pauvre qui se permet de te tromper en plus, je pense à l’avenir de cette famille. Donc tu vas te décider à me rejoindre ou pas ?

— Je te rejoins, mais si tu pouvais m’expliquer un peu…, parce que je ne comprends pas, dis-je un peu déconcertée. Maintenant que j’y pense, il était furieux ce matin lorsque nous avons appris les nouvelles du cambriolage et là, il paraît plutôt serein

— À l’heure actuelle Ray est au commissariat de Belle vue II afin de déposer une plainte relative au braquage dont nous avons été victimes. Et je fais confiance au système pour nous dénouer cette affaire lorsque je n’aurais plus de dents dans la bouche. Mon contact qui travaille à la banque où je suis assuré se chargera de retarder autant que possible le remboursement. Le but c’est que Ray soit dépourvu au maximum pour que sa belle-famille s’implique financièrement dans nos affaires.

— Tu es sûr de ton plan ? rétorquai-je dubitative. Je pense que la fille là est pingre hein. Ma robe de demoiselle d’honneur a coûté exactement 103 euros et elle ne m’a même pas donné un dix euros par-dessus pour que j’achète un rouge à lèvres.

— Ils ne sont pas pingres, j’ai été chez eux. Ils nous avaient bien reçus et son père adoptif est gestionnaire d’un grand hôpital à Lomé. En plus le nombre d’années qu’ils font ensemble, malgré la distance, est une preuve qu’elle l’aime réellement et lorsque les femmes sont amoureuses, elles ont tendance à s’accrocher jusqu’à la dernière minute

— Hum si tu le dis mais quand même, rappelles à ton assureur qu’il ne devrait pas trop retarder le remboursement. On ne sait jamais, ce n’est pas sage de mettre tous ses œufs dans un panier

— Je te reconnais enfin, dit-il avec un sourire satisfait. Et mes œufs sont bien répartis. J’ai commandité ce cambriolage

— MAMO !! Tu ???

— Les effets sont en route vers la RDC où ils seront vendus à un fournisseur là-bas, il continue naturellement comme s’il ne venait pas de m’annoncer une nouvelle assommante. Je m’attendais déjà aux petites réactions des oncles et tantes hier et comptais dessus pour montrer à Ray que j’étais de son côté, en prenant sa défense. Mais tu as fait fort ! On ne manque pas de respect à un aîné et à cause de ton intervention, rajoutée à l’attitude des autres, Ray nous a jetés dehors. Mais bon ce n’est pas plus mal en fin de compte. Il sera plus réceptif à ton soutien vu qu’il est actuellement ébranlé.

— Tu as fait voler ta propre marchandise ? je répète abasourdie

— Aux grands maux les grands remèdes. Vois-tu j’ai commis une erreur de calcul en acceptant de confier la boutique à Ray comme tu me l’avais proposé. Je veux dire, en le faisant, je n’avais pas de grandes attentes pour lui. Mais j’avoue que sa faculté à s’adapter m’a étonné. Mais Ray reste rancunier en dépit des années. Et ce fut mon erreur. Depuis qu’il est petit, je n’avais pas de grandes attentes pour lui. J’ai eu beaucoup de mal à obtenir le pardon de ta mère quand ma famille me l’a imposé dans cette maison. Disons que pour récupérer l’amour de ta mère, j’ai mis sciemment de la distance entre lui et moi. Puis il ne s’est jamais démarqué sur le plan académique comparé à vous. Et il a gardé en mémoire, ses petites choses bêtes comme le fait que j’appelais Toni et Denola mes héritiers ou que je n’allais pas le voir en chambre pour discuter avec lui comme les autres. Donc il ne se gêne jamais pour me rappeler qu’il ne travaille pas pour la famille et qu’il ne fait pas partie de nous. Étrangement, il est le seul à s’être trouvé une partenaire digne de ce nom, dit-il comme s’il me lançait une pique. Pique que je reçois en plein cœur. Est-ce que c’est de ma faute si Thierry n’est pas nanti ? Je l’aime quand même pour ses nombreuses qualités mais mieux je la ferme sur ce sujet.

– Donc tu veux en quelque sorte lui forcer la main ? je l’interroge

— Je lui avais donné une option simple en mentionnant la possibilité que sa femme construise une clinique ici à Libreville. Il avait même accepté ton terrain, pour finalement me dire qu’elle fera ce qu’elle veut. J’ai conclu qu’il se laisse mener par les envies de sa femme, par contre, elle me semble plus réfléchie et très impliquée vu qu’elle est ici chaque année depuis son retour à Libreville. En plus j’ai remarqué que la mère de la fille aime beaucoup Ray donc je ne doute pas qu’ils lui porteront main forte bientôt. En plus ils seront mariés, donc les problèmes de l’un deviennent ceux de l’autre

— Dans ce cas je dois faire quoi ?

— Tu vas voir Ray, t’excuser pour ton attitude et essayer d’être l’oreille dans laquelle il pourra se pleurnicher au besoin. Maman et moi allons rencontrer les parents de Perla aujourd’hui donc tu vas nous y suivre pour t’excuser avec humilité. Le plus important c’est que ce mariage se fasse avant qu’ils ne rentrent

— OK mais c’est obli.. gé que ça soit maintenant ? Parce que la fille de Thierry est…

— Tu sors avant que je ne porte la main sur toi

Je détale en vitesse et rentre dans ma chambre sur la course. Non mais, on peut être aussi fourbe et calculateur ? Mon propre père m’effraie soudain. Je le savais dur mais pas sournois. Un coup est donné à ma porte et c’est mon petit frère qui entre quelques minutes plus tard.

— Il paraît que tu as fait fort hier, dit-il en s’installant sur mon lit

— Je te dis, j’ai trop merdé, la petite de Thierry est à la clinique El Rapha et j’avais le cerveau en compote

— Punaise, elle a quoi ?

— Quand on l’y a conduit, elle faisait de la fièvre et ne cessait de pleurer. Thierry m’a seulement dit qu’ils l’ont mis sous perfusion et attendent les résultats des tests

— OK, j’y vais après avoir vu Ray

— Tu as entendu les nouvelles sur le cambriolage ?

— Oui. Je ne sais même pas ce qu’est ce vent sordide qui décide de souffler seulement ce week-end mais il est anéanti

— Amen oh. En tout cas, je ne pensais pas te revoir un jour à Loubev, façon tu zappais toutes les vacances

— C’est mon pays après tout, dit-il avec un sourire que je trouvais un peu crispé

— S’il te plaît, est-ce que tu peux aller à la clinique maintenant, et je te tiens au courant dès que Ray revient ? Je dois moi-même aller voir la belle famille de sa copine avec maman pour m’excuser

— D’accord, on fait comme ça dans ce cas, dit-il avant de prendre la porte

Je me place devant mon miroir pour pratiquer mes mimiques et sortir j’espère mon meilleur rôle d’actrice dans quelques heures.

***Elikem Akueson***

Je suis avec Ray au poste de police depuis presque quatre heures maintenant. Quatre j’ai bien dit, pourtant le Major qu’il venait voir lui avait donné rendez-vous, il y a trois heures de ça.

— on s’en va bientôt bébé, je te promets

— Ce n’est pas grave Ray, murmurai-je en guise de réponse. Qu’est-ce qu’on y peut de toute façon. Comme nous l’avait fait sèchement comprendre l’officier à l’accueil, on reste assis et on nous appellera au bon moment.

Après une heure additionnelle à poireauter, le Major nous reçoit enfin. De ce que Ray m’a dit, il est le mari d’une des tantes présentes hier.

— J’ai entendu les nouvelles petit, qu’est-ce qui s’est passé ? il s’enquiert

— J’étais avec la famille de ma copine à la cité de la caisse, quand un de nos vendeurs m’a appelé pour rapporter que quatre hommes cagoulés ont intercepté le camion transportant notre marchandise. Un des conducteurs que j’ai pu voir au CHU avant de venir ici m’a dit qu’ils s’étaient arrêtés à un stop pour pisser et c’est comme ça qu’ils se sont fait attaquer par des hommes cagoulés armés de gourdins et machettes. Je suis persuadé qu’ils se faisaient suivre ! Mais en plus, notre boutique à Glass aussi s’est fait attaquer hier dans la nuit. Ils ont fait des dégâts et pris quelques effets.

— Wah ce pays, ce sont les effets du chômage ça. Vous aviez des caméras de surveillance à la boutique non ?

— Oui bien sûr, j’ai déjà tout remis aux officiers qui sont venus faire le constat. Mais le plus important c’est la marchandise volée tonton. On parle d’un stock avoisinant trois cents millions, c’est sûr qu’ils vont essayer de le revendre. Si tu peux, pardon essaie de mettre des hommes sur les boutiques concurrentes

— OK. Et c’est la petite que tu veux épouser ça hein, il dit brusquement et me dévisage comme si j’étais un bout de fiente collé à sa chaussure

— Tonton l’affaire est grave. J’ai des employés au CHU sans parler des dettes des gens sur ma tête. Certains clients avaient déjà donné une avance pour recevoir quelques électroménagers dans ma commande. J’encoure de gros risques si tu ne regardes pas ce dossier de près

Je le regarde automatiquement à cette révélation. Il ne m’en avait pas du tout parlé et vu son ton nerveux je sens qu’il ne bluffe pas.

— S’il vous plaît monsieur, nous avons besoin d’aide, je renchéris

— Hein, je vais faire de mon mieux. Mais c’est quoi cette histoire que ma femme m’a dite sur toi les jetant dehors hier Raymond ? Il faut m’expliquer un peu

— Est-ce que c’est l’heure des futilités ! il dit sèchement et je le piétine sous la table

— Ce qu’il veut dire monsieur, c’est qu’on a eu des différends hier, mais actuellement notre esprit est chaud

— Han, OK oh, je te tiens au courant Raymond, il dit du bout des lèvres

— Pourquoi tu m’as piétiné ? il me demande dès notre sortie du commissariat

— Je sais pas, peut-être parce que celui qui demande un service à quelqu’un doit apprendre à le faire poliment au lieu de s’enflammer ? dis-je sans pouvoir retenir le sarcasme

— S’enflammer ? Demander qu’on parle du pourquoi je suis là au lieu des commérages de vieux croutons qui ne savent rien faire de positif c’est m’enflammer ? J’avais inclus dans cette commande, une grande partie du mobilier pour mon resto. Je n’ai rien sur mon compte sinon cent mille francs. Dis-moi un peu en quoi je n’ai pas le droit de m’enflammer quand on me pose des questions stupides.

— Je… je ne dis pas ça, répondis-je sur un ton plus doux, face au colérique sur lequel il venait de me gueuler chaque mot en face

— Tu dis quoi alors ? MERDE ! il dit, me donne le dos, tourne en rond tout en débitant toutes les insultes au monde et chute une pierre.

J’attends quelques secondes, m’approche puis entoure sa hanche de mes bras et pose ma tête contre son dos.

— Respire Ray, on va traverser ça ensemble, je lui murmure

Petit à petit, sa respiration redevient normale. Il me câline la main et me bredouille des excuses en retour. Je le retourne, lui dépose un bisou sur la bouche et nous tire vers sa voiture.

Nous arrivons à la villa et l’ambiance est tout aussi lourde. Les parents de Ray sont présents ainsi que sa sœur. Les trois sont à table avec mes parents, le couple Wiyao et Adamou.

— Ray tu peux nous rejoindre s’il te plaît, dit son père

Je lui câline la main pour qu’il se calme et obtempère. Il le fait, tout en gardant la mâchoire contractée et salue les miens

– Quelles sont les nouvelles ? demande papa tandis que je les rejoins

— La plainte a été déposée, nous n’avons plus rien à faire sinon attendre, siffle Ray

L’air désolé que portent ses parents me fait tellement de la peine. Si Ray se sent frustré, j’imagine difficilement ce qu’eux doivent ressentir. C’est leur activité économique principale de ce que Ray m’a dit donc j’imagine qu’ils nourrissent leurs enfants avec. Enfin Denola je suppose, vu qu’il est le dernier même s’il doit avoir 24 ou 25 ans. En plus ils doivent avoir d’autres charges. C’est un peu comme si on pillait notre hôpital. C’est une longue file de bouches qui se retrouveraient en précarité, sans compter le temps et la sueur que les gens ont investi pour le faire tourner jusqu’à présent. Je maudis une dernière fois ces voleurs tandis que papa essaie d’encourager la famille de Ray.

— Nous sommes certes frappés, mais Dieu reste souverain, dit la maman. Il veut certainement nous élever par cette épreuve

— Nous espérons que tout se réglera au plus vite, commente papa

— Bien sûr, le programme est maintenu. Si le diable veut nous mettre à terre c’est à nous de lui montrer que son esprit est plus faible que le nôtre. Et quoi de mieux que de célébrer avec une double joie le mariage de nos enfants, dit le papa. Nous sommes justement là en famille pour présenter nos excuses concernant l’écart de notre fille hier. Elle n’a aucune excuse et je me suis personnellement assuré de la réprimander comme il se doit

— Ce n’est pas réellement à nous d’accepter ses excuses, vu que la faute a été commise envers la femme du père de notre fille, dit papa

— Soyez sans crainte, nous comptons également nous rendre à l’hôtel Crystal comme il avait demandé. Mais nous tenions à bien faire. Garcelle ?

— Je suis vraiment désolée, dit-elle d’une voix remplie de regrets après son père

— Je m’excuse également, poursuit sa mère face déconfite. Je me suis appliquée de lui donner une bonne éducation mais elle m’a honni hier. Nous espérons que vous trouverez la place dans votre cœur pour ne pas nous condamner

— Les jeunes sont comme ça, on s’efforce de leur donner des valeurs mais de temps en temps ils n’en font qu’à leurs têtes. Mon propre garçon a disparu au dîner hier, et depuis ce matin, j’ignore où il se cache, pourtant c’est la première fois qu’il met pied dans cette ville, commente maman pour témoigner du soutien à celle de Ray

— Je vous comprends madame, mon Toni est pareil, elle dit avec un petit sourire

— Parfait. À quelle heure passe la décoratrice demain Ray ? son père demande

— Vers sept heures, je pense bien

— Bien, je vais faire livrer des viennoiseries demain matin par mon chauffeur

— Je peux appeler une copine qui travaille à la parisienne, rajoute Garcie

— Avant d’en arriver là, je vous recommande de rencontrer le père d’Elikem en premier, intervient papa, coupant cet échange que je trouvais convivial. Sa réaction me surprend, ce n’est pas son habitude mais je ne m’interpose pas.

Je raccompagne les invités, et pendant notre câlin, je susurre à l’oreille de Ray que je suis avec lui.

— Je t’aime, il me susurre en retour

— Moi aussi, je réplique et me permets un baiser devant sa famille. Nous en avons besoin.

Nous nous séparons sur ça et je retrouve les miens à l’intérieur. Je répète les évènements de la journée aux parents qui se lancent aussi dans les théories sur les potentiels malfaiteurs. Toutefois papa et tonton Tao ne participent pas. J’apprends aussi que Romelio et sa femme sont partis chercher Ida qui arrive aujourd’hui avec Asad ainsi que Bobby, le fils de tata Héloïse. Les deux garçons étaient en vacances chez la grande sœur qui n’a eu le droit de prendre l’avion qu’après avoir rendu son dernier projet pour un cours. Ordre de son père qui a refusé de la laisser venir plus tôt, sous-entendant qu’elle serait éparpillée ici. Et il n’a pas tort. Maman m’informe aussi que tous les jeunes sont sortis faire une balade avec Océane comme chaperon. Je lui demande si ce n’est pas elle qui a dit qu’elle ignorait où se trouve Mally. Elle me dit qu’elle essayait de conforter seulement celle de Ray pour qu’elle ne se sente pas trop mal d’avoir un diablotin comme enfant. Les choses des mamans.

Quand je pensais enfin avoir un peu de répit, c’est mon papounet qui m’apporte le genre de nouvelles qui te retourne l’estomac.

– Comment ça tu rentres demain ? je lui demande au téléphone

— J’ai donné jusqu’à vingt heures à la famille de ton copain pour qu’ils se pointent ici en convoi tel qu’hier et présentent proprement des excuses à tata Lou. Il est 20 h 1, ils n’ont pas fait signe. Je n’ai donc plus rien à faire ici

— Mais donne-leur un peu plus de temps, tu ne sais pas ce qui s’est passé. Ils ont eu des problèmes familiaux

— Ils auraient pu demander un sursis, ce qu’ils n’ont pas fait. Ton copain a laissé sous-entendre qu’il ne fera pas plus d’efforts pour obtenir notre pardon parce que c’est toi qu’il épouse et pas nous. Je suppose que tu te sens complète avec lui, vu que tu ne t’es pas gênée pour me rabrouer au téléphoné la dernière fois que je t’ai eu concernant ta dot, donc bonne chance avec lui. Tu fais comme bon te semble

— Papa attend, ce n’est pas ce que j’ai insinué, toi aussi

— Je vais me reposer un moment Perla, j’ai un vol à prendre dans quelques heures, il dit et me raccroche au nez

Pour la première fois, j’ai envie de pleurer sans raison. C’est quoi cette grosse merde. Maman sortant de nulle part, pose sa main sur mon épaule et je me laisse aller, pleurant tout en lui racontant ce qui vient de se passer

— Hey tu me ravales en vitesse ses larmes ! Antoine n’est pas ton unique père, s’il veut continuer à faire son gonflé, je vais continuer à lui montrer que je peux me gonfler aussi

— Je veux juste de la tranquillité maman. Pourquoi tout se ramasse sur nos têtes maintenant ?

— J’ai dit tu arrêtes de pleurer ! La terre ne tourne pas autour de lui, il va l’apprendre un jour. Pour le moment, allons voir papa, elle me dit confiante et nous retrouvons papa dans leur chambre

Le petit espoir que je nourrissais se fracture en morceaux quand papa lui dit qu’il ne prendra aucune dot à la place de mon papounet.

— ELI ! maman lui dit au bord de la crise

— Belle rassied-toi, il lui répond d’une voix calme qui ne permet pas que tu contestes même si l’envie voulait te prendre

Elle se rassied les épaules bien raides et le visage concentré.

— Est-ce que tu me fais confiance ? il me demande et me fixe. Ma gorge est trop serrée pour lui répondre. Elikem Perla Xena Akueson, je t’ai demandé si tu me fais confiance ?

— O…UI papa

— Bien. Les gens se marient tous les jours mon ange. Le mois dernier j’ai assisté à deux unions. Tu sais ce que les gens ont du mal à faire par contre ? Sortir des mariages sans séquelles. Ta mère et moi n’avons pas tenu ensemble parce qu’on s’aime plus que ceux qui ont divorcé mais parce qu’on fait tout à deux. Les problèmes nous les créons ensemble, les enfants nous les faisons ensemble, les soucis nous les affrontons ensemble et les joies nous les partageons ensemble. Et notre duo n’a tenu que parce qu’il était respecté. Bien que ma famille soit immense et nous sommes attachés les uns aux autres, aucun membre ne s’est jamais impliqué dans nos affaires à moins d’y être invité. Je sais que tu es amoureuse et amoureuse comme tu l’es, tu es prête à prendre les armes au moindre cri pour ton amoureux. Seulement ton amoureux vient avec un lourd bagage qui est son entourage. Il n’est visiblement pas considéré et malheureusement, il ne sait pas mettre de la distance entre ses émotions et les actes que pose les siens. Je ne le blâme pas. J’ai souvent dit à ta mère que si nous nous étions rencontrés plus tôt, j’aurais probablement fait n’importe quoi avec elle. Tout simplement, il y’a des habitudes dont on se débarrasse vite et d’autres qu’on traîne malgré nous.

— Don..c je dois juste l’aba.. ndonner ? dis-je la mort dans l’âme

— Je n’ai pas dit ça non plus. Ce que tu dois faire reste ta décision. Ce que je te dis, c’est que se précipiter dans une union quand vous avez encore d’immenses défis dans votre relation ne sert pas à grand-chose. Des défis vous en aurez certes toujours mais une relation avec une base solide a plus de chance de bien tourner qu’une un peu vacillante. L’amour c’est cute hein, mais il n’est pas présent régulièrement. Je sais qu’actuellement par exemple, c’est ta présence qui me protège sinon maman m’aurait peut-être arraché les yeux tellement je l’énerve. Demain elle sera potentiellement plus en colère, tout dépendra du déroulement de la journée. Puis dans une semaine, par un geste anodin que j’aurai posé, elle se rappellera que je suis l’homme de sa vie et un autre tour d’amour reprendra jusqu’à ce que l’un de nous gaffe. Ça a toujours été comme ça entre nous et nous ne nous sommes jamais quittés, parce que notre base est solide. J’ai mis presque six ans avant de demander ta mère en mariage. J’aurais techniquement pu rentrer des Etats-Unis bien avant, lui faire la cour et en deux ans commencer à pomper des enfants. Autour de moi, une bonne partie était déjà casée d’ailleurs et ce n’est pas l’envie qui me manquait. Mais elle n’était pas prête, et je ne l’étais pas. Ne me demande pas te dire comment je le sais. J’en avais la conviction. Tout comme j’avais la conviction que si dans mon attente, je devais la perdre, c’est qu’elle n’était pas faite pour moi. Et depuis que nous sommes ensemble, je n’ai pas perdu cette conviction qu’elle était faite pour moi, malgré les épreuves. Jamais je n’ai remis en question notre couple ou commencé à émettre des doutes sur nous une fois devant les problèmes. Ou je mens, madame ?

— Non, dit-elle les dents serrées

— C’est ce que je veux pour toi. Je ne te vois pas dans une union où tu dois réprimer régulièrement tes émotions pour porter l’autre. C’est épuisant à la longue. Je te parle en connaissance de cause. Je sais qu’en tant que fille, tu n’aimeras pas entendre ceci, mais si c’est dix ans que ça lui prend pour arriver à cette maturité émotionnelle, il est mieux d’attendre dix ans si tu l’aimes, pour établir cette base où chacun peut respirer autant dans la fournaise que sous les cascades. En plus tata Lou est membre de cette famille. Autant ton père et moi ne sommes pas les meilleurs amis du monde, autant je respecte sa position dans ta vie et sa femme a été offensée. Quel message veux-tu passer à ton amoureux en allant te marier demain sans une partie de ceux qui se sont déplacés pour toi ? Que tu t’enfiches d’eux ? Si c’est ton message, je ne vais pas me mettre sur ton chemin. Mais je n’y participerai pas. On peut déposséder un homme de tout mais jamais ses actes et je refuse de m’identifier au mépris. De surcroît, nous ne sommes pas pressés. Il y’a une affaire de braquage en cours qui m’intéresse particulièrement. Quand elle sera réglée, nous pourrons festoyer dans la joie et Dieu merci, j’ai les moyens de payer les billets de ceux qui se sont déplacés pour toi donc, ne t’en fais pas, on sera présent à nouveau, au bon moment pour bien faire les choses. C’est bon comme ça madame ? Ou tu veux me gifler ?

Maman jette son visage sur le côté et garde les bras croisés tandis que papa la taquine et m’entoure l’épaule de son bras avant de m’embrasser la tempe. Cette scène arrive à m’arracher un sourire bien qu’à l’intérieur je suis meurtrie. Je sais qu’il n’a pas menti. Je le sais pertinemment mais j’ai du mal à me faire à l’idée. Je pense à Ray qui n’attend que demain pour qu’on soit enfin un. Je sais que plus que jamais, il a besoin d’une bonne nouvelle et ne pas pouvoir la lui donner, me brise à un point que je ne peux expliquer.

Je suis tellement en proie au désespoir que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Mes parents avaient proposé de présenter ma décision à la famille de Ray mais j’ai décliné. Du moins, je veux parler à Ray en premier puis nous aurons l’assise entre familles. Ma nuit était si tourmentée, que la voix de Romelio a résonné comme celle d’un ange à mes oreilles quand je l’ai entendu faire sa prière matinale. Il m’ouvre automatiquement les bras à la fin quand il me voit et je m’y engouffre pleurant bien que je me pensais psychologiquement préparée.

-I am going to postpone the wedding and Ray is going to flip the fuck out (je vais repousser le mariage et Ray va péter une durite)

— Shhh, il me console tout en me tapotant le dos. Pourquoi il péterait une durite quand tu ne fais que repousser ? It kinda makes sense with everything currently happening (c’est plutôt logique vu tout ce qui se passe)

— Parce qu’il… il est frustré depuis un moment, et il ne va pas comprendre, comme toi tu le comprends là. Il va le prendre personnellement et… OH God, dis-je me passant la main dans mes tresses

Je me dégage vivement quand j’entends qu’on tousse et il dit bonjour chérie.

— Tu veux que je sois là quand tu lui expliqueras ? me demande Romelio tout en gardant son bras dans ma taille bien que je me sois reculée

— Non, je vais gérer, bye, dis-je à la va-vite avant de partir

Je n’ai pas le temps de souffler. Le gardien nous annonce que Ray est déjà présent. Maman non plus n’a pas fermé l’œil. Elle ne cessait de faire les va-et-vient entre ma chambre et le salon où se trouvait tata Ciara qui aussi a passé une bonne partie au téléphone avec tata Lou, qui apparemment essayait de calmer mon papounet sans succès. Dire que c’est pour moi que tout ce beau monde s’est privé me fait mal. Océane avec qui j’ai passé la nuit, n’a cessé de me convaincre qu’il fallait s’enfuir comme dans les films et mettre tout le monde devant le fait accompli. Chose que je ne ferais pas. En dehors des problèmes externes, Ray et moi en avons un, bien réel, celui de la compréhension. Et je me suis souvent encouragée avec l’idée que le temps arrangera ça, mais il est bel et bien là. Mariage ou pas, il ne disparaîtra pas si on n’y travaille pas ensemble.

— ça va aller hein ma petite Perle, je suis derrière toi, me rassure maman de sa voix fatiguée

J’essaie de la rassurer aussi par un sourire que je voulais confiant et elle nous laisse en intimité.

— hier le ton est un peu monté chez ton papounet bébé, j’ai essayé de me contenir mais il ne voulait absolument rien entendre tant qu’on ne ramenait pas la racaille qui me sert d’oncles et tantes

— je sais, il m’en a parlé

– Ah…, tu ne m’as rien dit

— Je préférais le faire de vive voix. Raymond je…. , avec tout ce qui se passe, je pense que ralentir la cadence serait meilleur pour nous ? Tu ne crois pas ? On peut se concentrer sur une chose en premier, le cambriolage et ensuite nous ? Je ne suis pas pressée tu sais, je t’aime avec ou sans titre

— Perla pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que ce foutu cambriolage à avoir avec nous ?

— Mais c’est de ton gagne-pain qu’il s’agit. En plus…

— Ne me sers pas cette daube comme excuse ! Nous avons invité des gens, louer une salle à Port-Gentil, fait déplacer du monde ! Ça fait presque cinq putains d’années que j’attends comme un toutou derrière toi. Tes études, l’admission de ton frère, tu m’as fait passer après tout ça ! C’est quoi maintenant la vraie raison ? La femme de ton père ? C’est moi Raymond qui l’ait insulté Elikem ?

— Je t’en prie calme-t…

— Non je ne me calme pas ! J’en ai marre. Qu’est-ce que…

— Frangin calme-toi, j’entends Romelio dire

— Toi tu dégages, Ray lui crie en retour

— Ray baisse le ton, nous ne faisons que discuter

— Il se prend pour qui pour parler dans mes affaires Elikem ? il me tonne au visage

— Romelio, laisse-nous, je vais…

— Je ne partirai que lorsque Ray sera calme, lui aussi me coupe sur ce ton qu’il prend quand il ne compte pas abdiquer

— Elle ne veut pas de toi bon sang, quand est-ce que tu vas comprendre qu’elle m’aime moi ?

— Personne ici ne veut te la prendre mec. C’est devant toi qu’elle est, tremblante mais devant toi, parce qu’elle essaie de te tempérer. Si je la voulais, je l’aurais ravi avant que vos chemins se croisent.

— Alors va baiser ta femme…

— Ça suffit RAYMOND ! Je hurle ne pouvant plus me contenir. Tout ce que j’essaie de t’expliquer c’est que je préfère aller doucement.

— Tu es sûr que c’est ce que tu veux ? il me demande après une longue pause à observer mon visage. Papa et maman m’avaient rejoint entre temps.

— Oui, je t’aime, je lui rappelle parce que j’en ai besoin, ou j’ai peur. Je ne sais pas. Il est rarement calme et je ne sais pas ce qui se trame dans sa tête actuellement. J’ose mettre une main sur sa poitrine. Son cœur cogne aussi vite que la grosse veine dans son cou.

— Tu sais ce que je crois ? C’est que tu ne veux pas parce que ta famille n’a pas eu ce qu’elle voulait. Tu préfères me punir et n’arrêteras que lorsque je serai derrière toi avec des excuses, comme d’habitude

— Mon grand tu te trompes, intervient papa.

— Permettez, il lui répond et continue à me regarder avec déception ainsi que rage. Je me suis efforcé de te donner tout de moi, de construire une vie pour nous, mais tu ne veux pas uniquement de moi. Aujourd’hui tu m’appliques le jugement de ta famille alors que c’est la mienne qui s’est mal comportée. L’ironie c’est que je les aurais gardés à l’écart comme j’ai souvent fait si je n’avais pas voulu te montrer que je peux faire des efforts. Et peut-être qu’aujourd’hui je n’allais pas me retrouver dans cette position. Mais les efforts sont finis. Je te laisse une dernière chance. Demain à la mairie de Libreville, tu as le choix de m’y trouver à dix heures. Si je ne te vois, je vais me considérer comme un homme libre

Il s’en va sur cette phrase, me laissant en larmes silencieuses et ne revient sur ses pas que pour foutre une droite à Romelio nous arrachant un cri de stupeur. Ce dernier m’avait juste enlacé quand Ray se détournait.

— Ça, c’est pour les fois où je t’ai dit de ne pas toucher ma femme. Je voulais le faire depuis sale con, lui crache-t-il sur un ton haineux.

Le temps que je me déchaîne sur Ray, Romelio s’est déjà redressé et lui a retourné son coup. Ray trébuche et manque de tomber, pris de surprise par le coup sec de Romelio.

***Romelio Bemba***

Je ne lui ai rien donné comme message à part le coup. D’ailleurs je lui ai retourné pour le principe. On ne me frappe pas et je laisse passer. Toutefois, j’ai ressenti chacun des mots qu’il lançait à Elikem comme si j’étais à sa place. J’aurais probablement détesté ma fiancée aussi si elle prenait une décision aussi brusque que celle qu’Elikem a prise. Et d’un côté je comprends aussi mon amie. En plus tonton et moi suspectons que ce vol soit l’œuvre d’un membre de sa famille. S’ils nous ont insultés en face ce n’est pas un braquage qui sera au-dessus d’eux. Il y’a aussi le timing qui est suspect.

– Reste tranquille non, me dit Jen quand je grimace dès que le coton imbibé d’alcool touche mon menton où j’ai une égratignure

— ça me fait mal

— Demain, va encore te jeter dans la bagarre. Hum ? Vas-y. Pour quelle raison d’ailleurs ? Un mariage ? comme si c’était une fin en soi

— Des fois il faut réfléchir avant de l’ouvrir, je lui dis après un juron et lui retire même le coton pour nettoyer ma chose

— Hayi, j’ai menti ? C’est toute sa vie le mariage et vous en faites un drame ?

***Denola Ekim***

Je n’ai pas vu Ray depuis mon retour bien que j’essaie. J’ai juste entendu de maman en rentrant de la clinique tout à l’heure que la dot était apparemment annulée. Elle et papa s’affolaient et criaient à Garcie de se presser parce qu’ils doivent retourner à la villa pour convaincre les parents de Perla. Le numéro de Ray était inaccessible encore une fois. Je me suis rendu sans tarder à Angondje, où il réside comme me l’avait indiqué Thierry, mais son gardien m’a informé qu’il n’était pas là. Je récupère quand même des effets pour Vita, que j’ai rencontré en allant voir la petite. Je m’apprêtais à montrer dans le véhicule de maman avec lequel je me déplace mais je me suis fait accoster par une folle furieuse. Ou plutôt la furieuse qui vit dans le même immeuble que moi à Perth. J’ai d’abord entendu un hey tout près et dès que je me suis retourné, elle m’a saisi par le col.

— Adama on peut faire ça ?

— J’ai dit que mon nom c’est Ida Adamou, et je veux le reste de mon argent ! elle gronde, ce que je trouve bien mignon et amusant. Ce n’est pas notre premier échange concernant cette question d’argent

— Hey Ida, depuis quand on agresse les gens dans leurs pays ? Pardon chef, ma sœur a souvent les comportements de rhinocéros quand elle a faim, dit un jeune qui essaie de s’interposer entre nous

— Je le connais, c’est lui qui m’a bousculé, cassant au passage de 3000 AUD (dollars australiens). C’est la providence qui veut que je sois restituée

— J’aime comment tu ne précises pas que c’est toi qui m’es rentrée dedans avec ton appareil

— Qui a idée de transporter une grande échelle dans un couloir étroit en pleine journée sans s’annoncer ?

— Qui a idée de courir derrière un ado dans un couloir étroit en pleine journée ? je lui retourne la question

— Oui qu’as-tu à répondre ? By the way, je suis Mally, son frère de cœur, se présente le jeune homme à ses côtés

— M’en fous de ses histoires, il doit me rembourser, c’est tout, elle réplique sur un ton bourru

— Lol l’argument des sourds. Je t’ai au moins donné mille dollars, au lieu de t’estimer heureuse, tu viens faire la force ici, bouge, dis-je en essayant de me dégager mais c’est maintenant qu’elle voulait me montrer sa force.

Résultat, nous avons fini dans ma voiture. Son frère de cœur aussi était de la partie bien qu’il essayait de la raisonner.

— Les choses de l’Australie traversent jusqu’ici aussi Ida ? On doit rentrer hein, je te signale qu’on doit commencer à faire nos valises, vu que la dot d’Elikem est annulée

— Elikem ? je fais étonné. Est-ce que son fiancé c’est Ray ?

— Tu connais ma sœur ? me demande Mally

— Oh donc c’est toi la Ida à qui je devais remettre la robe de mariée au début hein, quelle surprise, dis-je amusé.

— De quoi tu parles ? elle réplique avec un petit air confus bien drôle

— Dire qu’on vivait dans le même immeuble depuis ce temps et j’ignorais qu’on était presque de la famille

— ça ne va pas annuler ta dette si c’est ce que tu essaies de faire

— Vraiment Adama tu…

— C’est Adamou !

— D’accord Adamou, tu ne perds pas le nord en tout cas

— Comme c’est la mif, tu peux nous laisser à la villa non ? Et on annule la dette ?

— Hey qui a dit ça, elle rétorque après Mally

— Je peux vous déposer mais j’ai un tour à faire à une clinique pour voir un ami

— Ce n’est pas que je te presse mais ça va durer ?

— Presse-le, c’est un endetté.

— Adama, on ne fait pas les choses comme ça, lui dit Mally, me faisant rire

Je m’arrête aussi à un supermarché pour faire quelques courses, vu que la maman de Thierry et Vieira sont arrivés de Franceville. Ida a laissé mon col pour un pan de ma veste et me suivait de près, m’imposant du coup son parfum légèrement fruité qui me donnait envie de me rapprocher d’elle. Je mets l’étrange sensation sur le côté et nous conduis enfin à la clinique.

— Tu vas aussi me suivre dans la chambre miss ? tu es déterminée hein, je te dis je n’ai pas d’argent

— je te suis, si c’est la salive que tu dois transformer en billets, tu le feras aujourd’hui seulement

— Ah si tu le dis oh, répondis-je et la laisse donc me suivre. Son frère également est derrière.

— Je suis de retour, dis-je en entrant dans la chambre de la petite

— Merci mon fils. Titi, il faut aller toi avec Deno vous apprêter pour le mariage. Je vais rester avec Vieira et la maman pour veiller sur Lucille

— Non maman, je reste ici, c’est mon bébé. Deno, tu m’excuseras auprès du grand s’il te plaît

— Ne vous inquiétez pas, il comprend déjà, dis-je sans rentrer dans les détails. Ils n’ont pas besoin d’entendre ça maintenant.

— Euh, Vita, vient t’asseoir à côté, comme ça les amis de Deno peuvent s’installer là-bas

— Oh umm… oui, dit la maman de sa fille qui se lève et le rejoint

C’est comme ça que je souviens qu’effectivement j’étais accompagné. Je me retourne et les deux sont non seulement à la porte mais en plus nous fixent l’air livide, comme s’ils étaient en face de fantômes. Non un fantôme, quand je suis leurs regards. Ils sont braqués sur Thierry qui me lance des coups d’œil perplexes.

— Pou… Pou… rq… oui… pou..qu..oi… ton…ton… Tao…. Iddddaaaaa ????? Le garçon balbutie d’une voix tremblante tout en pointant Thierry

Ida recule de plusieurs pas, se laisse choir au sol et couvre sa bouche de ses mains, et pousse un cri strident, comme si elle hyperventilait. Je détale vers elle sans réfléchir.

D’amour, D’amitié