8: what I need

Ecrit par Gioia

Tao Adamou 


Encore un matin étrange  ici depuis notre retour à Marseille. Farida qui parle tout haut et range pour une énième fois sa vaisselle. Ida mange tranquillement ses céréales. Pas de petite discussion entre mère et fille. Pas de petites demandes d’Ida concernant une activité scolaire. Je finis mon toast et avale en vitesse ma tasse de thé quand elle se lève avec son bol de céréales déjà vide. 


Farida: donne le moi je vais le rincer 


Ida: ok


Tao: on y va mon ange 


Ida: d’accord 


Farida: tu veux faire quelque chose après l’école aujourd’hui? Aller au parc? Ou faire les magasins? 


Ida: j’ai des devoirs à faire quand je vais rentrer


La petite pointe d’espoir dans la voix de Farida durant sa proposition laisse place à un petit air de déception. J’enchaîne pour l’encourager. 


Tao: une heure maximum ça te ferait du bien. Tu n’es pas sortie depuis deux semaines. 


Ida: je vais à l’école toute la semaine papa. C’est déjà sortir ça non? 


J’allais faire une autre proposition  mais Farida me fait non de la tête. 


Tao: On y va, tu vas être en retard 


Ida: j’arrive, elle dit et va chercher dans sa chambre son sac à dos 


J’enlace Farida et la garde pour un moment dans mes bras tout en lui chuchotant de ne pas pleurer, avec le temps ça s’arrangera. Je la relâche et quitte la maison avec Ida qui a quand même fait un câlin à sa mère. 


Une fois dans l’intimité de ma voiture, je décide d’aborder le sujet avec ma fille d’une manière différente. 


Tao: tu sais dans ma jeunesse il m’arrivait de détester ma maman quand elle m’empêchait de faire ce que je voulais. 


Ida: c’est pas bien de détester, elle réplique sur un ton de reproche 


Tao: je sais, mais on ne fait pas toujours le bien dans la vie. Ça nous arrive de penser ou faire des mauvaises choses. Comme toi qui a mal fait en désobéissant à maman et elle qui aussi en te frappant. 


Je ne dis rien pour un moment. Je lui laisse l’opportunité de me parler. 


Ida: je ne déteste pas maman. C’est elle qui ne m’aime pas 


Tao: maman t’adore mon ange. 


Ida: c’est pas vrai, quand on adore quelqu’un on lui fait pas du mal. Elle m’a giflé très fort, elle dit d’une voix larmoyante  pendant que je me gare devant son école. J’éteins le contact et je descends pour la rejoindre en arrière. 


Tao: on peut aimer et mal s’y prendre. Vraiment mal s’y prendre. Mais je te jure....et tu sais que je ne jure pas souvent n’est ce pas? 


Ida: Oui 


Tao: Je te jure que tu lui es aussi vital que l’air qu’elle respire. Tu vois tout ce qu’elle fait pour nous non? Combien de fois elle se lève avant nous pour préparer à manger? 


Ida: tous les jours 


Tao: combien de fois elle vient te chercher à l’école, t’emmène faire des sorties, t’aide à étudier, discute avec toi, prépare tes goûters à toi et tes amies, célèbre tes anniversaires, regarde des films avec toi? 


Ida: tous les jours 


Tao: tu pourrais passer toutes tes journées avec le chat de notre voisine? 


Ida: non papa tu sais que je déteste les chats 


Tao: alors maman ferait comment pour passer toutes ses journées avec toi, courir partout pour te chercher ce que tu veux si elle ne t’aimait pas? 


Ida: je.....je sais pas. Elle dit doucement. Son visage est rempli de doutes et un peu de peine. 


Tao: Donne lui une chance de te montrer. Elle ne peut pas si tu la tiens à distance. 


Ida: Ok. 


Tao: tu viens, on y va? Je dis en ouvrant la porte 


Elle prend ma main et la laisse une fois devant son école. Je reste un moment après qu’elle soit déjà entrée. Il y’a plein de choses que j’aurais pu rajouter. Notamment le fait que Farida pleure des fois dans son sommeil à cause de cette gifle qu’elle regrette beaucoup. Geste pour lequel beaucoup l’ont jugé. Silencieusement pour certains et vocalement pour d’autres comme Hana. Mais je ne pourrais jamais la juger pour. Moi je sais que Farida fait des efforts. Je sais que des fois elle n’arrive pas à dépasser son anxiété et doit prendre des anxiolytiques pour s’aider. Je sais que des fois le sommeil se fait rare et qu’elle est extrêmement à fleur de peau. Je sais qu’elle s’en est voulu énormément de s’être assoupie à l’agence de Ciara. Et Si je le sais c’est parce qu’elle m’a demandé pardon à genoux le soir même où je suis rentré de mon déplacement. Elle s’est excusée pour son inattention comme si la petite fugue de notre fille était de sa faute. Je ne peux pas juger l’amour de ma vie quand elle se flagelle déjà et doit en plus subir le détachement d’Ida malgré les excuses qu’elle a présenté à notre fille. Mais je me suis retenu de dire tout ça à Ida. Je me dis qu’on lui a déjà vendu assez le, “on vit uniquement grâce à toi”, “tu es notre seul but aujourd’hui”. C’est peut-être beau à entendre mais avec le recul je me dis que c’est une pression assez grande sur de si jeunes épaules. Dans un monde parfait, elle devrait être libre d’aller chez ses amies tout comme certaines viennent de temps en temps chez nous, côtoyer d’autres adultes en dehors de nous. Dans un monde parfait oui. Mais voilà nous n’avons confiance en personne. L’aimer et la protéger tout en lui donnant la possibilité d’expérimenter le monde un peu comme tous les enfants de son âge. J’aimerais bien ça. Je remonte en voiture pour continuer au travail. 


Elikem Perla Xena Akueson 


Cette rentrée est bien bizarre. Je ne suis pas dans la même classe que Romelio. Erreur à la con que personne n’arrive à expliquer malgré qu’on ait remonté ça jusqu’au niveau du surveillant général. Mon nom de famille commence par A. Le sien B. On était tous les deux dans les cinq premiers de la classe en première. Donc je répète erreur complètement débile, surtout qu’on ait dans la même classe depuis le collège. Du coup je me retrouve dans le banc avec un type qui me saoule déjà. Un banc pour deux et je ne me sens pas à ma place tellement le type écarte grandement ses jambes. Il sifflote doucement quand le prof dicte le cours. La meuf devant moi lui a déjà dit de la mettre en sourdine. Moi je lui ai exigé le jour même. Le type nous a bonnement ignoré. Le prof principal n’avait rien d’intelligent à dire quand je lui ai rapporté. Apparemment c’est toujours moi! Je fais trop d’histoires pour rien. On ne va pas me changer de place parce qu’ici ce n’est pas l’école de mon père! Et il a bien précisé mon père Antoine Akueson! D’où il connaît mon vieux, je l’ignore parce que le type n’a juste pas répondu. 


Dès qu’on sonne la première récré, je sors en pressant le pas et vais vers les A4. J’ouvre les yeux d’étonnement quand je vois Romelio déjà en bas de l’escalier menant aux A4, avec Océane.


Elikem: faut m’expliquer, tu te télétransportes? 


Elio: lol pourquoi? 


Elikem: pourquoi? On a sonné il y’a moins de cinq minutes. On est dans le même coin de l’école mon frère mais tu débarques toujours avant moi. Toujours. 


Océane: mais il court plus vite que toi. Elle répond mais je ne suis pas convaincue. Ok, il a des jambes plus grandes mais lui court à quelle vitesse? Je laisse sur le côté en tout cas. On a plus important à discuter 


Elikem: alors des nouvelles d’elle?


Océane: bof. 


Elikem: bof? Ton père te dit que ta mère va venir te voir et c’est juste bof? 


Océane: elle n’est pas venue voilà. Elle dit impassible 


Elikem: oh......je regarde Romelio qui me dit du regard qu’elle ne va pas bien. Je reprends sur un ton plus doux. Peut-être qu’elle avait un empêchement ou....


Océane: ou qu’elle n’avait aucune envie. C’est papa qui force de toute façon. Moi je m’en fous. Elle répond en haussant les épaules 


Elikem: Tu....sinon la journée? Ça se passe? Je demande ne sachant pas quoi dire face à son détachement 


Océane: à chier. J’ai trop sommeil 


Elio: Interro de SVT ce matin. 


Elikem: ehh on vous a demande quoi? 



Romelio Tchaa Bemba 


J’aimerais moi aussi savoir ce qu’on nous a demandé sauf que je n’ai pas assisté au cours. J’ai rejoint Océane dans la grande salle (lieu de prière du collège protestant de Tokoin) et on a pas vu l’heure passer. Si elle est aussi détachée devant Elikem c’est parce qu’elle a passé la matinée à me vider son cœur rempli de déception et colère suite au lapin que sa mère lui a posé. Plus les jours passent plus je commence à détester cette dame sans même l’avoir vu. Troisième lapin qu’elle pose à sa propre fille. On se demande bien ce qu’elle gagne à lui donner de l’espoir pour la laisser en plan. 


Maintenant il me faut trouver un moyen pour reprendre le dessus sur l’école avant que ça ne remonte aux oreilles de mon oncle Magnim. Une interro manquée donc un zéro en perspective si je ne trouve pas une façon de justifier mon absence en classe. 

Pour le moment, j’ai réussi à obtenir les cours que j’ai manqué pour les photocopier. J’écris à Océane pour lui rappeler d’en faire autant. Je file dès la sonnerie de fin pour éviter Elikem. Je ne peux pas risquer qu’elle me voit entrain de faire des copies. Elle est fouineuse et me connaît trop bien donc elle se doutera facilement d’un truc. Je finis les copies et retourne à l’intérieur pour remettre les cahiers au proprio. J’allais enfin rentrer quand quelqu’un me retient par derrière en tenant mes hanches. Je me retourne et c’est ma meuf. 


Elio: ton chauffeur n’est pas encore passé? 


Océane: je lui ai dit de rentrer. On pourrait aller chez toi? 


Elio: non pas aujourd’hui, on a beaucoup à faire 


Océane: mais on pourrait le faire ensemble non? Elle demande d’une petite voix. Ses yeux de biche et sa bouche rosée sont ma kryptonite. Elle le sait si bien, preuve elle fait même la moue. Mon entrejambe réagit quand elle presse son corps au mien. Heureusement le collège est bruyant et je me rappelle qu’on est en public. Je détache ses mains de mes hanches et la redresse légèrement 


Elio: on est encore à l’école bébé, tu sais que les surveillants se cachent souvent pour nous prendre sur le coup


Océane: raison de plus pour aller chez toi chouchou. Tes parents ne sont pas encore là. Où je me trompe? 


Elio: lol on se connaît et surtout on sait ce qui s’est passé quand on a essayé d’étudier ensemble 


Océane: je vais pas te toucher promis 


Elio: sauf que moi j’aurais du mal à garder mes mains loin de toi. Finissons chacun ce qu’on a à faire et on se fait plutôt une sortie à la pizzeria le week-end. C’est plus intéressant non? 


Océane: hum


Elio: lol fais pas la tête. Tu verras qu’on va bien s’amuser ce week-end. Appelle ton chauffeur pour qu’il revienne te chercher. 


Elle boude mais le fait quand même. J’attends avec elle le temps que son chauffeur arrive. Comme elle insiste, je monte avec eux mais refuse quand elle demande encore qu’on aille chez moi. 


Je descends avant que son chauffeur prenne le corner de Todman puis j’hèle mon taxi. Je descends au niveau du camp et continue le reste à la marche. Je réfléchis tellement que ça prend du temps à mon cerveau pour reconnaître que c’est moi le Romelio qu’une voix féminine crie depuis. Dès que je me tourne, Jennifer est déjà à mes côtés dans une tenue scolaire et un grand sourire aux lèvres.


Elio: alors alors, la plus jolie élève des cocotiers hein? C’est ça le nom de l’école? 


Jen: c’est le cocotier, elle dit en rigolant 


Elio: jusqu’à tu corriges même mon français? Ouais l’école a vraiment commencé 


Jen: lol tu es bête. Tu ne m’entendais pas crier ton nom? 


Elio: désolé, j’avais les soucis plein la tête 


Jen: souci à ton âge? Il se passe quoi? 


Elio: quand tu es un vieux père de famille comme moi, les soucis ne te laissent pas 


Elle pousse un juron tout en souriant et me frappe le bras. On fait un bout de chemin ensemble vu que nos maisons sont sur le même alignement 


Jen: alors ça va la terminale? Tu es sage? 


Elio: c’est à moi de te demander ça. Tu ne vas pas transporter tous les bancs de l’école en classe hein 


Jen: façon tu es con toi c’est pas possible, elle réplique amusée 


Elio: avec toi on ne sait jamais. Mieux je vérifie. Sinon pour te répondre la terminale me fait ça sans vaseline pour le moment 


Jen: te fait ça sans vaseline? 


Je pouffe de rire à cause du ton confus sur lequel elle le dit puis passe un bras autour de son épaule 


Elio: faut jamais écouter les petits bandits à l’école hein. Il faut rester comme tu es pour moi. 


Jen: tu m’as trouvé le travail d’abord avant de me demander quelque chose? 


Elio: Mameh les femmes et l’argent! Il y’a quoi dedans qui vous travaille le cerveau comme ça? 


Jen: lol l’argent c’est bien. 


Elio: bon je cherche toujours ne t’en fais pas. Dès que je trouve je te dis 


Jen: merci 


Elio: faut rajouter papa 


Jen: faut dégager 


Elio: regarde moi ça. Je t’éduque mais tu refuses d’accepter l’éducation 


Jen: ho mais c’est pas une traduction littérale du mina ça? Tu parles? Elle demande les yeux arrondis 


Elio: la surprise vient d’où? Je suis togolais 


Jen: ah ouais? Elle dit encore plus surprise. J’ai toujours pensé que tu étais étranger parce qu’une fois lorsque j’étais au salon de coiffure de ma tante, ton père est venu avec ta mère et je l’ai entendu parler une langue étrange au téléphone. 


Elio: lol le kikongo probablement. Je suis congolais de père et togolais de mère 


Jen: donc un gros emmerdeur comme toi est frère de Fally. Le monde est trop étrange 


Elio: cache un peu ta déception la chérie de Fally. Je suis de Brazza plutôt comme Singuila. Mais oui je suis bel et bien un frère de ton chéri oh. Tu vas supporter 


Jen: Un frère de Singui c’est plus juste. Vos têtes de noyau de mangues même le prouvent. 


Elio: lol non mais. Dis moi plutôt comment va la santé. 


Jen: ça va. Je tiens le coup 


Elio: sûr? Tu sais que tu peux tout me dire. Je dis plus sérieusement 


Jen: oui je t’assure tout va bien. L’école aussi se passe bien. Comme c’est pas loin de la maison je m’y rends facilement à pied. Et des fois ma tante passe me chercher si son heure de fin coïncide avec la mienne. 


Elio: je suis content pour toi. Je dis avec la joie au cœur. 


Elle se met à me raconter son quotidien en classe en passant par son amour pour les langues et les difficultés pour la physique chimie. Je me note mentalement que je dois demander à Océane ses anciens cahiers pour Jennifer vu qu’elle aussi fait la série A. Nos chemins se séparent et je continue jusque chez moi. 


Je passe la soirée à copier mes cours et ignorer mon cahier de correspondance. Puis je craque finalement avant de dormir. Je consulte ma liste de péchés. J’en suis déjà à quarante pour cette semaine et il reste trois jours avant de la boucler. Je les compte parce qu’il faut bien s’améliorer non? C’est ça qu’on dit de la parole divine. Elle t’expose tes manquements et te montre la voie du juste. Je souffle un bon coup. Je ne suis vraiment pas fier de la façon dont je gère ma vie. J’ai l’impression de perdre mes bâcler mes priorités mais je dois être là pour ma copine aussi. C’est pas mauvais de l’être ça je le sais. Je gribouille un mot d’excuse dans mon carnet en imitant l’écriture ainsi que la signature de mon père. Pour justifier mon absence à l’heure de SVT. Puis j’éteins la lumière en espérant que ça va fermer le clapet à ma conscience criarde. C’était ça ou un zéro. 



Océane Ajavon 


Romelio ne rigolait pas au final. Toute la soirée je n’ai vraiment pas eu de messages. Il n’était même pas connecté. Je n’ai pas perdu le temps pour chercher Elikem. Mon amie est réglée comme une montre depuis qu’on a commencé le lycée. Elle s’accorde un trente à quarante minutes pour papoter quand elle rentre. Ensuite elle se douche, se fait un truc à manger si le menu de sa mère ne la tente pas puis c’est études jusqu’à 21h30. Elle se connecte pour une trentaine de minutes encore histoire de traîner sur Facebook, WhatsApp et vers 22h tu ne la trouveras plus. Réglée comme une montre je dis. Je n’ai jamais compris comment elle y arrivait. J’ai essayé pour ma part et ça n’a pas fait long feu. 


Là il n’est que 19h et je n’ai aucune envie d’étudier. J’ai ouvert le cahier depuis que je suis à la maison et je n’ai pas tourné la page depuis. Je n’ai même pas recopié les cours manqués. Pourtant on a un contrôle de philo la semaine prochaine. Mais j’y arrive pas. J’ai demandé à papa par message s’il pourrait rentrer plutôt aujourd’hui pour me tenir compagnie mais il n’a pas encore répondu. J’en ai juste marre d’être seule avec mes nombreuses questions. C’est vrai qu’il y’a des gardiens mais à l’intérieur je suis seule. On a pas de bonnes qui restent à la maison. Papa est contre. Habitude qu’il a gardé de sa vie passée à Pittsburgh. Une compagnie envoie ses employés par semaine pour l’entretien de la maison. Concernant la cuisine, je fais quelques trucs à la va vite. Sinon c’est ma tante qui gère les recettes compliquées ou papa passe commande chez son resto habituel. Sa poche lui permet. Innocent Ajavon est cadre chez CimTogo depuis quelques années. En plus je pense qu’il se fait le chef de ce resto. Ou du moins il veut. Parce que depuis un an il l’évoque ici et là dans les conversations. Et elle me sourit un peu trop quand on va dans ce resto. 


Je ferme mon cahier et me lève pour aller me dégourdir les jambes. Une fois au salon, j’entends le klaxon de mon père. Je sors le rejoindre, soulagée qu’il ait décidé de revenir. Je freine dans mes pas quand il descend de la voiture et du côté chauffeur une femme fait pareil. Une inconnue. 


Innocent: ça va ma puce? Il demande en me prenant contre lui 


Je me laisse aller et j’hoche la tête tout en regardant cette inconnue qui me fixe. Je prends le sac de papa et nous entrons à l’intérieur. 


Océane: elle c’est qui? Je chuchote à papa avec le cœur qui bat à tout rompre 


Innocent: c’est elle Océane. 


Mon cœur continue à se comprimer tandis que je dévisage cette femme. Annie, papa m’avait dit qu’elle s’appelait. Annie  SILIVI. Son ma chérie m’a révolté.


Océane: ma chérie tu dis? Je crie d’une voix tremblante 


Innocent: Océane baisse d’un ton! 


Océane: elle ose me dire ma chérie après m’avoir planté pas une, deux ou trois fois? C’est comme ça que tu chéries tes personnes madame Annie? 


En plus elle se permet de prendre un air apeuré puis regarde papa. Ce dernier me tient par les épaules et me conduit en chambre mais je me débats. Je veux la regarder droit dans les yeux et qu’elle me dise ce que je lui ai fait. Qu’elle me réponde clairement. Quelle partie de moi elle chérit. Papa arrive tout de même à me conduire dans ma chambre et me poser sur mon lit. 


Innocent: Elle est là pour discuter ma puce. Tu dois faire un effort 


Du fin fond de mes entrailles je veux crier mais ma tête m’ordonne de rester calme. Je dis ok puis ressors avec lui après un tour dans la salle de bain pour me nettoyer le visage. Nous revenons au salon où elle est installée et ne semble plus apeurée. Je pensais que papa nous aurait laissé mais il est resté. 


Océane: désolée pour tantôt 


Annie: pas de problèmes. Je comprends. Je m’excuse pour les rendez-vous manqués. J’avais quelques soucis de santé 


Océane: tu vas bientôt mourir? 


Innocent: enfin Océane! 


Océane: c’est une question papa. 


Annie: Je.....je souffre de la maladie de Lyme. Tiens....voici, elle dit en fouinant dans son sac puis en ressort des papiers. 


Je les prends, lis la liste des médicaments ainsi que les résultats d’examens. 


Océane: je suis désolée. Est-ce que c’est une maladie grave? 


Annie: Elle m’épuise énormément. Je dois faire des longues journées au lit des fois à cause de ça. 


Océane: et tu vis où? Tu as quelqu’un pour t’aider? 


Annie: oui ma ché....je veux dire oui. Je vis avec ma sœur. 


Océane: lol donc j’ai même une tante maternelle. Merveilleux. Je dis sans pouvoir sortir l’ironie de ma voix 


Annie: je te demande pardon Océane. J’ai dû te laisser à ton père parce qu’une opportunité s’était présentée pour que j’aille à l’étranger. Ma sœur aînée avait demandé que je la rejoigne parce qu’ici je n’arrivais pas à me prendre en main. 


Océane: donc j’étais mieux avec un homme plutôt que toi? 


Encore une fois elle regarde papa comme si elle cherche son soutien. Je suis tellement remplie de déception. Elle est ici et juste me raconter semble la dépasser. 


Innocent: j’étais docker au port à cette époque ma puce. Je gagnais au moins quelques sous par mois même si c’était la misère. 


Océane: tu m’as raconté tout de ton côté papa. Je veux entendre ce qu’elle a à me dire. Ok tu vas à l’étranger mais il y’a des gens qui partent tout en gardant contact avec leur famille. Je me trompe? 


Annie: Je pensais bien faire à cette époque. À l’époque Je ne comptais pas revenir quand je partais. Tu n’avais que trois ans. Je me disais que tu n’aurais pas senti mon absence et certainement ton père t’aurait trouvé une autre maman. 


Et ce ne fut que ça. Des excuses bidons. encore et encore. Toute la nuit, je me suis rejouée ses mots. Le matin mon père s’est excusé en voyant ma face. Il regrettait d’avoir ramené cette dame ici. L’ironie c’est qu’apparemment elle avait choisi mon prénom. Océane. Parce qu’elle voulait Annie comme surnom pour moi. Au final je n’ai que ça d’elle. Son deuxième prénom. 


En classe je m’écoutais rien. Cette phrase ne cessait de trotter dans ma tête. « Ton père y’aurait trouvé une autre maman ». Je me suis levée pour aller à l’infirmerie quand ma respiration se faisait difficile. Une fois là, je ne me sentais toujours pas mieux. L’infirmière n’avait que du paracetamol. Je me suis levée pour retourner en classe mais le vertige m’a pris d’un coup donc je me suis rassise. 


J’ai reconnu un camarade de Romelio qui passait par là et l’intéressé faisait son entrée dans l’infirmerie quelques minutes après. Tout ce que je voulais c’est rentrer mais l’infirmière disait que je devais probablement aller à l’hôpital. Il semblait que j’avais le corps chaud. Romelio m’a aidé avec mon sac à dos avant d’appeler mon chauffeur. Je lui ai demandé de ne pas alerter papa. Pas besoin de l’inquiéter pour rien. Je suis finalement rentrée à la maison aidée par Romelio. C’était le compromis sinon il allait prévenir papa, il a dit. Il m’a aidé à monter, me changer puis me coucher avant de descendre. Il remontait quelques minutes plus tard avec un plat de pâtes réchauffé. 


Elio: fais un effort. Tu dois manger. Il dit quand je tourne la tête après qu’il m’ait présenté la fourchette 


Océane: je ne veux rien romelio. 


Elio: ok. Il se lève, sort son téléphone et je le stoppe en prenant sa main


Océane: n’appelle pas papa. Je vais faire un effort 


J’ai essayé mais je n’ai pas pu prendre grand chose. Il a au moins compris et n’a pas insisté. Comme il devait s’en aller, j’ai profité pour aller me doucher avant. Je sors dans mon peignoir blanc et fond dans ses bras. 


Elio: tu te sens un petit peu mieux?


Océane: durant tout son discours j’ai cherché un signe sur son visage ou dans son ton. Un indice pour me conforter qu’elle regrettait. Mais je n’ai rien ressenti. Ce fameux lien maternel entre enfant et maman je ne l’ai pas senti. 


Elio: c’était une première rencontre. Peut-être il faut du temps pour que le lien apparaisse 


Océane: tu imagines, elle m’a laissé au final pour une vie à l’étranger. Pour elle papa allait me trouver une autre mère. Comme si j’étais un animal à qui on pouvait attribuer n’importe quelle mère. Je ne lui ressemble même pas. On a rien en commun. 


Les larmes contre lesquelles j’ai lutté depuis hier ont commencé à couler. Ma gorge était sèche et déglutir me semblait douloureux. Il m’a serré contre lui au point avec force et me frottait le dos comme on console un bébé. J’ai décollé ma tête de son torse pour lui présenter mes lèvres. Il m’a embrassé avec douceur et fermeté à la fois. Ses mains avaient quitté mon dos pour encercler mon visage. Puis il a arrêté notre baiser pour un moment. Le temps de  m’observer et pour moi de me perdre dans son regard si bienveillant et protecteur. 


Elio: Je suis là pour toi mon cœur. Je sais que tu as mal mais tu n’es pas seule tu comprends. Ça aussi passera. On va le surmonter ensemble. 


Océane: fais moi l’amour 


Elio: bébé......, il dit surpris 


Océane: je....je veux faire l’amour. Je veux que tu m’aimes et me fasse oublier 


Elio: .....tu sais qu’on....enfin que je...je voulais qu’on attende après le bac....


Océane: je n’en rien à foutre d’attendre Romelio. Ce dont j’ai besoin maintenant c’est toi. 


Elio: mais je suis là. On a pas besoin de faire l’amour pour...


Océane: ok tu ne veux pas. Je ne te dis rien, j’ai compris, je dis déçue et me détache mais il me retient en m’attrapant le bras 


Elio: ne dis pas de bêtises. Je t’aime tu le sais 


Océane: tu m’aimes et tu ne veux pas me faire l’amour? Je ne te plais pas c’est ça? Tu n’as pas envie? 


Elio: bébé l’amour c’est pas juste le sexe. Ça fait partie mais c’est mieux quand on est prêt et maintenant tu es déprimée. En plus on est chez toi. Je ne veux pas qu’on passe à l’acte et tu regrettes un.....


Je fais tomber mon peignoir au sol et suis devant lui dans le plus simple appareil. Je serre les poings pour contrôler mon tremblement intérieur.


Océane: j’ai besoin de toi Elio. 


Elio: o.....ok. 


Quelque chose dans mon bas ventre s’attache de temps en temps quand ses yeux admirent mon corps. Je fais un pas timide vers lui. Il réduit la distance entre nous et me tient par les fesses pour me coller à lui. Il recueille dans sa bouche le soupir qui sort de la mienne. Sa main quitte mes fesses puis remonte sur mon ventre et vient prendre un sein. Les noeuds reprennent dans mon bas ventre. Mes soupirs s’intensifient. J’ai l’impression que mon corps devient léger au fur et à mesure qu’il masse mes seins et taquine les bouts. On se retrouve au lit et ses mains sur ma poitrine sont remplacées par sa bouche. Je garde la bouche ouverte et le regarde faire. J’aime tellement que je ne sais pas quoi faire. Il descend sur mon ventre qu’il parsème de baisers. 


Océane: tu te déshabilles? Je veux sentir ton corps contre le mien 


Elio: je m’occupe de ton plaisir d’abord 


Océane: romelio je ne veux pas me faire doigter. J’ai dit que je voulais faire l’amour. 


Elio: bébé sois raisonnable. On est chez toi. Je....j’aurais du mal à regarder ton père....enfin tu vois.....il dit gêné.


Océane: on s’est déjà embrassé ici un tas de fois et tu as salué papa après 


Elio: oui mais c’est différent


Océane: tout ça fait partie du sexe arrête de tourner autour du pot. Si tu n’as pas envie de moi, rhabille toi alors et pars 


Il continue ses caresses et m’enfile un doigt. Cette fois il me lèche par contre le petit point rose. C’est la deuxième fois qu’il le fait. Mais cette fois je me lâche. Je gémis fort. Je ne retiens rien. Je veux juste ressentir ce truc que j’ai lu dans les livres où on dit qu’un mec peut te faire tout oublier avec le sexe. J’ai déjà touché celle de Romelio. Avant la sienne je n’avais touché aucune autre. Juste vu en film. Mais je pense que sa taille c’est suffisant pour faire oublier. Quand il remonte vers moi, son visage est différent. Plus dur, comme s’il souffre. Il m’embrase avec un peu plus de rudesse aussi. Je tire sur son t shirt du colpro. Il le retire ainsi que celui qu’il met toujours en bas de ses tenues. J’accueille son corps ferme et tout chaud sur moi. Le temps qu’on se câline et s’embrasse. Il se relève, ôte sa ceinture puis le pantalon et de son portefeuille il retire un préservatif. Il me fait dos puis baisse son boxer pour enfiler la protection. Mon cœur s’affole d’excitation quand j’imagine ses reins souples se creuser et faire entrer puis sortir son sexe du mien. Il se redresse et la crainte se mélange à l’excitation en moi. Il est tout droit. Il se penche vers moi et emprisonne un sein en bouche encore. L’excitation reprend le dessus. Je la sens même sortir d’entre mes jambes. Si c’était juste ça le sexe je suis prête à en avoir tous les jours. Il me vole un baiser avant de se redresser un peu et aligner son bassin vers mon entrejambe. 


Elio: je vais peut-être te faire mal. Je suis désolé 


Océane: c’est pas grave, c’est ce que je veux bébé. Je t’aime 


Elio: moi aussi mon cœur. 


Il continue à me parler tout en bougeant sa bite contre l’entrée de mon antre. Ça me prend du temps pour comprendre qu’il essaie de me distraire. Puis il pousse un peu et la surprise me fait crier. Mes jambes tremblent toutes seules. Je tiens fort ses bras et lui dis de continuer. Il pousse encore et cette fois la douleur est vive. Il me donne des doux baisers dans le cou et se met à bouger. Ma respiration se bloque. Je sens jusque dans mon bassin qu’on me visite le minou. J’ai l’impression que mon cœur sortira de ma bouche bientôt. Chaque poil sur mon corps est tendu. Autant j’ai mal, autant j’ai le corps entier en feu. Un doux feu interne qui me fait serrer son cou de toutes mes forces avec mes bras. Tout bruit autour de moi me semble lointain. Mais j’arrive à l’entendre et lui aussi respire difficilement. Je lâche son cou et serre ses bras aux muscles saillants quand mon corps se met à trembler plus fort. Je ferme fort les yeux et laisse le mélange d’émotions me saisir si fort que je me mets à grincer les dents. Il va vite, encore et encore puis gronde d’une voix caverneuse des mots incohérents avant de se contracter pour un moment. Ses muscles que je tiens sont si durs que la pierre, puis sa respiration revient brusquement, comme s’il l’avait coupé pour un bon cinq minutes. Il me tombe dessus. Sa tête dans mon cou. Chacun reprend son souffle sans rien dire pour un moment. Je sens qu’il tourne la tête puis m’embrasse la joue.


Elio: dis-moi quelque chose Océane. Il dit un peu inquiet 


Je tourne la tête vers lui et lui donne un tendre baiser sur les lèvres. 


Océane: merci de m’avoir donné ce dont j’avais besoin. Tu es le meilleur 



Romelio Tchaa Bemba 


Elle s’est endormie par la suite. Même pour se lever elle a dit qu’elle n’avait pas la force. J’ai essayé de l’arranger et la couvrir avant de descendre. Elle semblait plus reposée quand elle se couchait. Elikem m’attendait quand je suis descendu. J’ai finalement raté tout le reste des cours et elle avait demandé à sa mère la permission de passer voir Océane. Tata Belle a proposé de me ramener à la maison. Sur le trajet, j’ai essayé de participer à la conversation avec les petits. Mais le cœur n’y était pas trop. Je ne vais pas mentir que j’allais attendre toute une vie pour coucher avec ma copine mais c’était la blague et aussi notre petit truc qu’on se disait concernant notre première fois. On allait le faire après le bac pour célébrer doublement. Donc faire ça comme tantôt, c’est......je sais pas. Je me sens déçu d’avoir cédé même si c’était enivrant comme sensation et elle me dit que je suis meilleur. Je l’ai fait par amour pour elle mais je ne comprends pas pourquoi ça ne me rend pas heureux. 

D’amour, D’amitié