8 - Yacine
Ecrit par ACLIRL
Coucou Tout le monde ! J'espère que vous appréciez toujours autant ! C'est toujours bon de vous répondre (ça me fait très plaisir haha ! ). Désolée de mon absence (je suis assez occupée). Bonne lecture. Bises _ ACLIRL
***
Un
peu plus tôt dans la matinée.
Un énorme nœud s'est formé
dans ma poitrine au courant de la nuit. La première raison, c'est le temps
restreint avant les résultats finaux d'affectation. Ensuite, il ne reste plus
que 3 jours avant les résultats du bac. Je sais pertinemment que l'épreuve de
philo va plomber ma moyenne alors que je me suis donnée un mal olympien dans le
but d'avoir une bourse. En plus, je n'ai aucune envie de recroiser Thomas. J'ai
déjà prévu de m'enfuir après avoir aperçu le panneau d'affichage.
Mais le nœud ne tient que par
la pensée d'Edinson.
Toute la nuit, je n'ai cessé
de penser à lui. Je sais que ce n'était pas un baiser que nous avons échangé
mais, c'était... juste trop. Après le bisou, il n'a rien ajouté et est parti
sans se retourner, sans faire la moindre remarque. Ce qui m'inquiète beaucoup,
c'est à quel point je mourrais d'envie qu'il m'embrasse. J'aurais voulu qu'il
ne change pas de trajectoire.
Je n'ai jamais été une
professionnelle en ce qui concerne les mecs. Je n'ai aucune idée de ce qu'il
veut. Ma maigre expérience en amour se limite à ma relation avec Thomas. Je ne
sais pas si je dois lui montrer qu'il est une réincarnation de tous mes
fantasmes réunis ou si je dois continuer à agir en amie. Après tout, nous
sommes de sombres inconnus l'un pour l'autre.
Je m'apprête à aller courir.
J'ai deux jours pleins de repos et je n'ai pas fais de sport hier.
Alors que je noue mes
chaussures, j'entends la porte de la maison se refermer.
Je vais assassiner Martin !
Non seulement il sort la nuit, mais en plus il n'est pas fichu de rentrer en
douce. J'entrebâille ma porte dans le but de le surprendre. Je m'apprête à sauter
sur mon frère dès qu'il tentera de franchir la porte de sa chambre. Rien ne se
produit. Dans la fine embrasure de ma porte, je vois Maman (oui, maman) se
faufiler dans la salle de bain sur la pointe des pieds, chaussures en main.
Encore? C'est la deuxième
fois en une semaine que je la vois adopter un tel comportement.
Et si elle l'avait fait les
jours où je dormais encore à cause du bar ?
Je n'ai pas envie de vivre
l'affrontement tout de suite. Je ne suis pas prête à affronter un nouveau
problème. Je m'en vais plus discrètement que maman et dévale les escaliers en
quatrième vitesse.
Lorsque j'arrive dehors, une
bouffée d'air frais me parviens mais le nœud ne redescend pas pour autant. Je
repense à l'appel qu'elle échangeait avec Martin, lorsqu'il m'avait menti. Et
s'ils me cachaient tous les deux quelque chose?
Je marche en direction du
Parc. J'accélère le pas. Je cours, et bientôt je fonce. Comme si la vitesse
allait extraire la haine qui bout en moi.
Oui, c'est bien le mot. La
Haine. Je suis en colère car tous les deux savent pertinemment que je serai
toujours là pour eux.
C'est la principale raison
pour laquelle je me suis engagée à bosser tout l'été au lieu de profiter de mes
dernières vraies vacances avant les études supérieures. Mais je suis surtout en
colère qu'ils me fassent cela alors que je n'ai qu'eux. À qui vais-je me
confier ? Une amie? Je n'ai jamais eu que des camarades de classe en CDD
jusqu'aux grandes vacances - et encore - si ce n'est des connaissances comme
Mélissa de la Fruitbox avec maman. Et à présent, je n'en
étais même plus sûre.
J'ai couru pendant au moins
une bonne heure et demi car le soleil est désormais pleinement levé.
L'adrénaline a pris du temps à redescendre. Je me suis donc permis de
travailler mes muscles ramolis. J'enchaîne les fentes, le gainage, les abdos,
et maintenant les squats. A tous les coups,je dormirai comme un bébé ce soir.
Le parc est tellement
paisible. Je me suis posée prêt du chêne, et étrangement je n'ai pas vu Mélissa
en passant devant la Fruitbox.
C'est sans doute la première fois depuis...depuis toujours.
Je décide de ne pas trop me
poser de questions et de me concentrer sur mes exercices. Descend. Inspire.
Remonte. Expire. Répète.
- T'en a encore pour
longtemps? Quand tu parlais de faire du sport...tu ne blaguais vraiment pas.
Je m'arrête en cours de
descente et me tort la nuque pour voir Ed. Wow! J'aperçois son regard admiratif
et d'un coup je... je tombe. Littéralement. Je fais une chute désinvolte et
complètement ridicule. Je tombe sur les fesses, les bras battant l'air des deux
côtés. Ça fait un mal de chien ! Encore sous l'effet de la surprise, je ne
parviens même pas à me rattraper sur les coudes et ma tête rencontre le sol.
Aïe.
Avant d'avoir la moindre
chance de me redresser, je sens deux mains saisir ma taille et le faire à ma
place. Assise, je vois Ed me tendre une bouteille d'eau dont je m'empare
immédiatement pour en boire une grosse goulée.
- Merci, je souffle.
- Ca va aller? demande Ed.
Je hoche la tête
vigoureusement et me relève avec l'aide d'Ed, les mains fermes sur ma taille.
Une fois debout et mes
esprits revenus, j'observe Ed en détail. Je n'en crois pas mes yeux. Il ne
porte aucun T-shirt. Il faut le reconnaître, il peut se le permettre. La seule
chose que je vois, ce sont ses pectoraux extrêmement bien tracés, une exquise
tablette de chocolat accompagnée d'un beau traçage d'obliques, et, pour le
dessert, des muscles en V avec un soupçon de poils qui mènent vers le short qui
dissimule son intimité.
Ce qu'il est sexy. Je relève
lentement les yeux - il
faut bien que j'apprécie la vue- en espérant qu'Ed ne m'ait pas vue le
reluquer.
Je vois que son regard
alterne entre mes seins et mon ventre. Par réflexe je croise les bras en
dessous de ma brassière et m'improvise un push up, ce qui a pour effet de
diriger son regard vers le mien. On
progresse en politesse !
- Ça fait longtemps que tu es
là ? je lui demande, l'air de rien.
- À te regarder ou à courir?
me demande-t-il en essuyant une goutte de sueur d'un revers de main. Parce que
dans les deux cas, la réponse est oui.
Il ne prend pas la peine de
sourire pour souligner la blague, en supposant que c'en est une bien sûr.
Il n'a pas l'air essoufflé.
J'en conclus qu'il a arrêté depuis un moment ou qu'il est un habitué, comme
moi.
Je ne sais pas quoi répondre
à sa remarque.
Je pense que je commence à
prendre l'habitude qu'il me fasse de telles remarques. Je ne suis pas aussi
choquée que devant le KFC. En fait, je crois que j'aime bien ses remarques. Ce
n'est pas tous les jours que l'on tombe sur un mec aussi bien tracé qui prête
attention à nous. Et tout de suite, je pourrais donner n'importe quoi pour le
toucher. Il parle de sa beauté avec humour et je commence à croire qu'il ne se
rend pas compte de sa splendeur. Putain...il est magnifique!
- J'avais fini de toute
manière, je finis par dire. Tu en as encore pour longtemps?
- Non, je m'en allais.
Mais puisque tu es là...
J'attends la suite de sa
phrase.
- Je te raccompagne (Il ne
propose pas. Non. Il m'informe)
- Ça me va. Je crois que je
peux te supporter jusque chez moi! je plaisante.
- Regardez-là ! Même
pas fichue de montrer son épanouissement...
Il creuse sa fossette et
plante ses dents dans sa lèvre inférieure, sans manquer de l'humecter d'abord.
Je ne serai absolument pas
contre l'idée de m'en charger. Si
tu as besoin Edinson, je suis là.
Nous décidons de trottiner
pour décrasser. Sur le chemin, j'apprends qu'Edinson était au parc avant moi.
- Je pensais que t'étais un
lève tard, je lui lance. Tu m'as fais toute une histoire samedi !
- C'était exceptionnel.
Je venais d'arriver et j'étais exténué, il dit entre plusieurs souffles.
Nous continuons en silence et
lorsque l'on tourne à l'angle près de mon bâtiment, on marche.
Arrivés devant la porte
d'entrée, nous nous arrêtons et nous regardons. Je plonge dans l'intense
émeraude de ses yeux et je n'y trouve pas la joie habituelle que j'y vois. Il
hésite avant de me demander :
- Je sais que tu travailles
mais...
Il fait une brève pause et
souffle, la tête levée vers le ciel.
- Je me disais que ça serait
sympa qu'on se voit.
Edinson m'invite. Je suis
probablement dans un rêve. Je ne sais pas quelle expression faciale afficher :
tout dépend du type de l'invitation. Ed affiche une expression si neutre que je
ne distingue pas s'il veut sortir en amis ou s'il veut un rencard. J'ai peur de
mal interpréter ce qu'il dit alors je ne prends pas de risque. Je choisi la
neutralité, comme lui.
- Tu tombes bien, c'est mon
jour de congé.
- Génial (son visage
s'illumine, et je suis fière d'avoir produit cet effet). Hum, je passe te
prendre à 15h40?
15h40? C'est une heure de
rendez-vous ça?
- C'est parfait.
Edinson n'ajoute pas un mot.
Il sourit et feint m'envoyer des baisers dans l'air avant de s'en aller en
trottinant.
***