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Ecrit par Loraine valérie
Chapitre 9 : FEU ET GLACE
En cette
soirée, Duran se mit en route pour aller récupérer sa belle-sœur qu’il traitera
à présent comme sa petite sœur, celle qu’il n’a jamais eue. En attendant, ses
pensées s’envolèrent vers la scène de cet après-midi, ces jeunes femmes à
l’appétit de loup. C’était de loin le meilleur moment depuis qu’il est dans ce
pays. Ce plat lui a d’ailleurs manqué… Le chauffeur roula une bonne trentaine
de minutes avant de stationner sur le parking de l’aéroport. Ils sortirent de
la voiture pour attendre Pamela.
Elle sortit
une heure plus tard avec ses deux valises posées sur le chariot. Duran n’eut
aucun mal à la reconnaitre. C’est une copie conforme de sa sœur. La
ressemblance à présent qu’elle avait pris de l’âge était très choquante. Il
pressa les pas et alla à sa rencontre. La fille laissa de côté son chariot pour
se jeter dans les bras de Duran. Ils restent longtemps dans cette position puis
il sentit des larmes silencieuses sur la joue de la jeune femme.
-
Mais
pourquoi tu pleures princesse ? tu ne vas donc jamais changer ?
-
Désolée,
je m’étais promis de ne pas pleurer. J’ai tout laissé dans l’avion pourtant
-
Lol.
Viens là ma chérie, c’est fini…shut… ne m’as-tu pas dit au téléphone que tu
venais me faire sortir de mon cocon ? c’est ainsi que tu comptes y arriver
-
Non
non, pas du tout. Allez, on y va Mr BRONE. Les gens ont eu leur dose de spectacle
en ce qui nous concerne.
-
Ok,
je préfère ça
Ils
montèrent tous en voiture puis mit le cap sur la maison. Duran était assis avec
Pamela à l’arrière. De temps à autre, il jetait des coups d’œil à la jeune
femme juste pour se demander si elles n’étaient pas jumelles par hasard.
-
Doudou
la prochaine fois que tu me lance ce regard, je te jette de ta propre voiture
et tu rentres à pied
-
Tu
n’es pas possible toi
Ils font la
route en discutant de tout et de rien jusqu’au domicile de Duran. Pamela se
pressa de sortir de la voiture et courut jusqu’à l’intérieur oubliant ses valises.
Elle huma l’odeur de la maison comme pour se familiariser puis ferma les yeux.
La main de son frère à présent la ramena à elle.
-
Mais
Duran tu es sérieux ?
-
Quoi ?
-
Il
y’a plus de photos de morts que de vivants
-
PAMELA
-
Oups,
je me tais. La thérapie se fera pas à pas
-
Ta
chambre est prête. Vas te changer, je t’attends ici. Fais vite je dois
retourner au bureau
-
Toujours
accro au boulot ? dans ce cas, trouve moi des cours de vacances s’il te
plait je ne compte causer aux murs ici
-
On
en parlera plus tard
-
Hein
hein. Maintenant même BRONE.
-
Bon
tu veux suivre quoi comme cours ?
-
Pourquoi
pas l’informatique ?
-
Ok,
ça marche
-
Et
je veux commencer lundi
-
A
vos ordres chef
-
Accro
au boulot comme ça, j’aurais quand une belle sœur et des nièces moi ?
-
Quoi ?
-
Non,
j’ai rien dit
-
Bien.
Tu commences lundi, je suis d’accord à présent
Au
restaurant en ce temps…
A la vue du
sang de sa fille, Jason la souleva puis le mit sur ses épaules. Alémia avait
des milliers de questions mais voyant la petite touchée, son seul souci était
d’aider et elle ne fera pas ça en posant des questions. Elle garda alors ses
mains dans celles de Jason qui les dirige vers sa voiture. Il lui tend ses clés
et demande à Alémia de conduire pendant qu’il installait sa fille à l’arrière.
-
L’hôpital
le plus proche est à moins d’un kilomètre.
-
Pas
d’hôpital, je vais la soigner moi-même
-
Mais…
-
Tu
te souviens de la localisation du château ?
-
Oui
-
Tu
vas nous y conduire
-
Mais
elle a besoin de soins
-
Je
t’ai dit que j’allais la soigner moi-même. La blessure n’est pas profonde, la
balle s’est logée dans son bras
-
C’est
toi qui voit, je ne t’ai jamais vu en blouse moi
-
C’est
parce que je soignais sur les champs de bataille et là, on n’a pas le temps de
s’encombrer de blouse. A présent tais-toi et conduis
Sommée par
cette réponse, elle fait silence et se concentre sur la route. Elle pouvait lui
balancer des insultes à son tour, le recadrer mais elle essayait en ce moment
précis de se mettre à sa place. C’est sa fille qui est touchée et comme le dit
cette dernière, son trésor alors il a bien le droit de s’emporter. Elle passa
une boite en dessous du siège à Jason comme il l’avait demandé. A croire que
celui-ci était préparé à cette circonstance.
Jason
essayait de garder son calme mais on dirait que c’est perdu d’avance. Il sait
qu’il s’est mal comporté avec Alémia et il s’excuserait plus tard. Il savait
que ce n’était qu’une question de temps que l’un des camps ne débarque, soit
les méchants, soit les gentils et là il est sûr que ce sont les méchants. Il
prit la boite puis sortit la pommade anesthésique qu’il passa sur le bras de sa
fille. Il fit une incision et farfouilla un peu pour sortir la balle. La
température de cette dernière chutait un peu plus. La panique commençait par
gagner Jason. Il pressa alors Alémia de rouler plus vite, ce qu’elle fit sans
broncher. Une vingtaine de minutes plus tard, ils étaient arrivés.
C’était
magnifique et Alémia ne s’y attendait pas. Une longue allée les menait à la
cour. Aucun doute, elle était plantée là depuis des siècles, l’architecture le démontrait
bien. Le plus impressionnant est qu’il est caché et bien éloigné de la route. Les murs étaient assez hauts. Des idées
commencèrent par germer de l’esprit de la jeune femme avant qu’elle ne se
rappelle de ce qui l’a emmené ici. Le temps qu’elle ne revienne à elle, Jason
s’éloignait déjà avec sa fille. Elle les suivait en pressant le pas. L’intérieur
était impressionnante mais elle fit tout pour refouler cette admiration et
reporta son attention sur la petite Mia.
-
Vous
avez pu retirer la balle ?
-
Oui,
c’est bon. Elle va s’en remettre.
-
Ok,
il faut que je reparte toute suite si je ne veux pas conduire de nuit. je
passerai vous voir demain
-
Euh
Alémia, désolé mais il y’a un problème
-
Comment
ça, quel problème ?
-
Nous
étions ensemble quand ces hommes ont débarqués, ce qui veut dire pour m’avoir,
ils seront prêts à s’en prendre à ceux qui m’entourent, toi y compris
-
Je
ne te suis pas là,
-
Il
va falloir que tu restes ici le temps que je contacte des amis. C’est un bien
que je n’ai pas mis en mon nom donc nous y sommes en sécurité
-
Et
on parle de combien de temps ?
-
Deux
à trois semaines…
-
Non
mais tu es malade ? j’ai une vie à mener dehors. Je ne sais pas dans quoi
tu t’es fourré mais je ne vais pas te servir de couverture, cria la jeune femme
-
Oui,
il n’y en a que pour elle, Mlle Alémia JHONSON. Tu penses que moi j’ai envie de
m’isoler ici. De te mettre à dos ? je t’ai mis dans cette situation alors
je suis responsable de toi. Dès que les amis arriveront tu pourras partir, je
ne te retiendrai pas, réplique Jason
-
J’ai
une boite à faire tourner, tu es au courant Jason ?
-
Et
moi, j’ai des vies à sauver. Je t’ai observé à ton boulot et crois-moi, tu n’es
pas à la hauteur comme on le dit et tu sais pourquoi ? tu ne sais pas
déléguer, tu fais tout toi-même, des négociations aux élaborations. Quand apprendront-ils ?
-
…
-
La
vie est pleine de surprises et c’est pour ces moments qu’il faut déléguer. A présent
qui dirigera ta boite? laisse les faire sans toi et s’ils ne réussissent
pas, c’est que tu as été mauvais comme leader
-
…
-
Tu
as plus de trente chambres ici, choisis celle qui te plait et fais ce que tu
veux mais désolé tu ne mettras pas un pied dehors tant que je n’aurai pas réglé
tout ceci. Une dernière chose, éteint ton portable, jette la carte Sim, demain
on trouvera un moyen plus sur de contacter qui tu veux
Jason après
avoir fini de crier monta les escaliers laissant Alémia ainsi plantée au salon.
Elle n’en revenait pas. C’était comme une gifle double sur la joue. Elle se
laissa glisser sur le sol poussiéreux de cet immense salon pour se replonger
dans ses souvenirs. Une seule personne pouvait se permettre de lui crier dessus
et c’était son père. Cet honnête homme qui les a élevés d’un bras de fer. Elle
soupira et se leva de là à la recherche d’une chambre dans un autre appartement.
Il ne partagerait pas celui de cet homme, ça c’est sûr.
Jason avait
passé la nuit au chevet de sa fille et a fini par fermer les yeux qu’aux
aurores. A son réveil, il fut paniqué de ne pas voir sa fille à ses côtés.
A-t-elle été kidnappée ? ces malfaiteurs ont-ils découverts le
château ? Il descendit du lit sans prendre la peine de mettre son haut et commença
par crier le nom de sa petite fille dans tout le château. Des minutes plus
tard, il eut l’idée d’aller sur la cour malgré le froid. Là il retrouva sa
fille attablé pour un déjeuner copieux à en juger l’odeur avec Alémia à ses côtés.
Il s’approcha d’elles et s’abaissa au niveau de sa fille :
-
Bonjour
toi ! comment te sens-tu ?
-
Beaucoup
mieux papa. Je n’ai pas voulu te réveiller mais Alémia s’est occupée de moi.
Elle m’a fait prendre mon bain, a changé mon bandage et m’a fait un bon petit déjeuner.
Tu veux gouter ?
-
Plus
tard mon petit cœur. Merci Alémia
-
Je
vous en prie Mr KAYENDE. bonjour
C’était à
présent au tour de Jason d’être surpris. Mr KAYENDE, carrément ! C’est
vrai, il aurait bien pu s’excuser, mais à présent il compte bien apprendre à
cette fille ce qu’est la vie. Il fit la bise à sa fille puis remonta dans ses appartements.
-
Au
fait Mlle JHONSON ?
-
Oui
Mr ?
-
Il
y’a des tenues ici qui vous irons à merveille, elles se trouvent dans l’appartement
à côté du mien, n’hésitez pas
-
C’est
noté
Il reprit de
nouveau son chemin avec un sourire sur les lèvres à la pensée que Mlle n’est en
fait qu’une petite fille qui essaie depuis toujours de s’immiscer dans la peau
d’une adulte.
Alémia vit Jason
s’éloigné et se demanda si elle pourra tenir ici pendant deux semaines
minimum ? Elle avait compris hier que sa fille était dans un état critique
mais le minimum ce matin aurait été de s’excuser. Monsieur n’a visiblement pas
ce temps. Elle reporta de nouveau son attention sur Mia qui déjeunait dans le
calme. Alémia était du genre à s’ennuyer facilement et il fallait qu’elle
travaille.
-
Dis-moi
Mia, vu que nous sommes déjà ici, on peut ensemble réfléchir à comment rénover
tout ça
-
Oui,
j’y ai pensé aussi mais nous n’avons rien sous la main
-
C’est
immense cette demeure, des outils doivent être stockés quelque part, on peut
toujours commencer en attendant les experts
-
Oui,
c’est vrai
-
Allons
donc faire le tour de la propriété. Tu me diras en chemin ce que tu veux au
final
-
Je
veux rendre ce lieu plus moderne mais tout en gardant l’idée de départ. Je
voudrais que l’âme reste
-
Eh
ben Mia, tu m’étonne de plus en plus. tu m’expliques un peu parce que là c’est
moi qui me perds
-
C’est-à-dire
que vous n’allez toucher à aucune pierre dans ce château, on peut ajouter des
choses mais ne pas enlever des choses
-
Je
vois plus claire Mme. On verra si c’est possible.
Les deux, main
dans la main commencent par faire le tour du domaine. La journée prit fin sans
qu’elle ne s’en rende compte. Les deux filles de la maison préparent le diner
auquel n’assistera pas Alémia prétextant ne pas avoir faim.
Une fois le
diner fini, Jason se dirigea vers les appartements occupés par Alémia. Elle
trouva celle-ci au coin du feu un roman à la main. Elle a dû surement s’en
servir dans la grande bibliothèque. Jason resta ainsi sans faire du bruit. Il contemplait
la jeune femme, les flammes dansant devant elle, sa robe mi longue et ses
cheveux relâchés qui retombaient sur ses épaules. Il ferma très vite les yeux
chassant ainsi ces images. Il toussota
pour signaler sa présence :
-
Vous
n’avez pas mangé Mlle JHONSON
-
Je
n’ai pas faim Mr KAYENDE, répond Alémia sans lever les yeux de son roman
-
C’est
comme vous voulez. je ne vais pas crier après vous comme une gamine pour vous
nourrir
-
Je
ne vous ai jamais demandé de le faire à ce que je sache. Je suis assez adulte
pour savoir quand l’envie me prend
-
Alors
comportez-vous en adulte
-
Ah
oui, comme vous c’est ça ? l’adulte qui sait mettre des vies en danger…
-
Vous
ne savez rien de ce qui se passe... hurla Jason
-
Et
croyez-moi, je m’en porte mieux ! mais que pensez-vous à la fin ? que
vous êtes le seul à savoir crier ? je ne vous ai pas demandé de
l’hospitalité, je suis ici malgré moi alors arrêtez de me traiter comme bon vous
semble. Restez de votre côté et je ferai de même, on se portera tous mieux
ainsi
-
Calmez-vous,
Mia est au lit
-
Fallait
y penser avant de commencer par crier en premier. On se respecte et ce sera
vivable, dans le cas contraire ce sera FEU et GLACE et Vous n’allez pas du tout aimer, rassurez-vous.
Jason ne
répond rien et reprit le chemin vers son appartement. Si son but était de voir
à quel point Alémia JHONSON pouvait contenir sa colère, il était servi. Il se
mit à se promener dans le château tout entier se rappelant des histoires que sa
mère lui racontait. Les beaux jours disait-elle… c’était une reine pleine de
vie mais elle a commis l’erreur que nous tous nous commettons un jour ou l’autre :
celui d’AIMER, elle a aimé leur père, cet homme si ignoble…
A SUIVRE…