À l'atterrissage
Ecrit par Jereda
Pour la énième fois, je recoiffe du bout des doigts les mèches lisses qui retombent sur mon front en repensant au choix de ma coiffure pour ce jour si spécial. Je suis à la fois excitée et impatiente de voir sa réaction sachant qu’hier encore, j’avais des nœuds crépus. D’ailleurs, tout me parait nouveau aujourd’hui. N’est-ce pas bon signe ? Je vérifie mon reflet à travers la porte vitrée du kiosque de téléphonie mobile installé à quelques mètres de la sortie des voyageurs. Ma robe a un effet défroissé rassurant qui ne me donne pas un air trop apprêtée. J’y balaie…du vent. J’avoue, je dois occuper mes mains pour éviter qu’ils ne tremblent davantage.
Je regarde avec anxiété la bande passante et lumineuse, annonçant l'heure d'arrivée du vol Douala-Malabo. Oui, pour la première fois, il me rejoint ici en Guinée équatoriale. D’ici quelques minutes, je le verrai de mes yeux et plus seulement derrière un écran. Je toucherai sa peau, caresserai son visage, cette fois-ci, aucun obstacle de verre ni même électronique ne se dressera entre nous. Je le prendrai enfin dans mes bras. À cette idée, je sens naître en moi une pointe de désir longtemps retenu et qui s’accentue lorsque je vois de l'autre côté du hall, une file de nouveaux arrivants. Certains accueillis par leurs proches avec cris, joie et larmes. La totale. Je me déplace et scrute la masse qui se dirige soit vers la sortie soit pour récupérer les bagages et prendre des photos.
Je presse mes mains l'une contre l'autre, ne sachant pas comment je vais pouvoir le repérer en dépit de ma taille moyenne. Je regrette de n'avoir pas beaucoup insisté la veille pour qu'il me décrive sa tenue. Comme d'habitude, il veut me surprendre. Et il sait très bien le faire même en se trouvant dans un autre pays. En y songeant, plein de jolis souvenirs me viennent à l'esprit. Mais je ne leur cède pas de place. Je ne me considère pas comme fragile, mais en ce moment, il y a trop d’émotions accumulées qui se disputent la première place. Alors, pas maintenant.
Mais où est-il?
Malgré mon inquiétude, j'hésite à avancer jusqu'à la limite indiquée pour les accueillants; ne voulant pas attirer l'attention sur moi ni provoquer le courroux du personnel. Je réfléchis encore à un moyen d'agir lorsque soudain je sens un souffle à la limite de mes cheveux juste avant que des lèvres effleurent ma nuque. Je me fige une seconde entière avant de me retourner brusquement, prête à déverser mon seau de frustration sur l'audacieux personnage. Sauf que…c'est lui. Alex!
Mon irritation s'évanouit comme par magie aussitôt que je rencontre son regard malicieux. Un sourire tel que je ne peux le décrire, s'épanouit sur ses lèvres, ses sourcils se lèvent très haut sur le front - une mimique difficile à reproduire – et ses bras finement musclés s'ouvrent enfin pour m'arracher du sol. Alors je m’ancre à son cou avec un cri dont seul le cœur détient la source.