Acte 11: le retour de Attaher à Abalak

Ecrit par Ibtissem

                                            L'entrée du village était vide,pas une âme qui vive, ce n'était pas normal disait Attaher qui ralentit sa course, il fallait aller prudemment; la troupe de Aboubacar les arrêta à quelques trois cent mètres. Parmi eux se trouvait son homme de main:

l'agent: Halte ! étrangers, qui êtes vous et où allez vous ?

Attaher: moi étranger ? nous sommes d'ici soldat , à qui ai je l'honneur ?


Attaher et ses amis étaient habillés en tenue touareg et en turban, il était resté fidèle à sa tradition, il ôta son turban pour se faire scruter par l'agent

L'agent: sergent Koulibaly ! pourquoi on ne vous a jamais vus par là?

Attaher: tu es djerma n'est ce pas ?et c'est moi l'étranger ? je comprends pourquoi tu es court et vilain !

les djerma étant les cousins à plaisanterie des touaregs, le courant passa entre eux de suite.Le sergent tout solennel se mit à rigoler à son tour.

Sergent koulibaly: Haba! tu es touareg , c'est pour ça que je sentais une mauvaise odeur depuis la, bon passez, il ne faut pas nous tuer ici

Attaher: je vais chez le chef du village, il y'a urgence

Sergent koulibaly: Ah ok, vous êtes les médiateurs du conflit? vous aurez du pain sur la planche, car le commandant Aboubacar veut aussi que le chef lui paie tout ce qu'il a investi sur Tassy . Il rentra dans des détails comme si une mouche l'avait piqué

Attaher: Aboubacar ? un soupirant déchu ? c'est plus sérieux que ce que je pensais

Ils se dirigèrent d'abord ses amis et lui chez tassy et trouvèrent la maison vide. Il courut à l’arrière cours pour découvrir le message, il sourit et l’effaça.

Elle et ses grands parents étaient partis,au moins, elle était loin, mais où sont ils actuellement?Il y'a tellement de possibilités pour aller à Assamaka. Il décida de se rendre chez le chef du village pour voir de lui même de quoi il s'agissait.

Il fut choqué de voir un tel monde, et même des militaires devant la cour du chef.Il s'approcha et demanda à un villageois ce qui s'était passé; ce dernier lui raconta tout y compris le changement de Tassy et les rumeurs sur la morsure faite au commandant.

Un vieux du village le reconnut et cria son nom, bientôt tout un groupe se détacha pour l'entourer;il était aimé de tous pour son talent de guitariste et pour sa gentillesse.

Aboubacar qui avait suivi la scène demanda qui il était, un jeune homme lui répondit:

" lui, c'est Attaher Aboudjedide Abikhezer, un prince du nord, c'est le petit copin de Tassy "

A ces mots, le commandant sentit la moutarde lui monter au nez:" tient, tient se dit il...le fiancé pour qui elle m'a rejeté? je vais m'amuser un peu et me venger sur lui; je vais frapper Tassy la ou ça fera très mal.Il prévoyait de torturer Attaher.

Ce dernier partit vers la prairie avec ses amis, jugeant l'endroit trop houleux, il fallait décider d'un plan, il n'avait plus rien à faire à Abalak, il fallait qu'il retrouve sa fiancée

un de ses amis: mais tu veux toujours d'une fille possédée par le démon?

Attaher: je me battrai pour elle,je ne peux pas l'abandonner,je lui ai fait une promesse

Le 2 e ami: tu n'as pas peur qu'elle te morde aussi?

le 3 e ami: encore faudra t - il que ces histoires soient vraies

Attaher: vrai ou pas , je tiens à cette fille et je vais la rejoindre où qu'elle soit.

Ils étaient assis sous un arbre à parler , quand les aigles atterrirent sur lui, contents de le retrouver.

Il n'avait pas encore mis de gant de protection à son avant- bras, fait de peau de vache. Tanné et portant des ficelles, il servait de lieu d’atterrissage des aigles; ils le blessèrent avec leurs griffes aux avant- bras.

Il prit le soin de les calmer en leur parlant et détacha les messages accrochés à leurs pattes.Ils étaient en Tifinagh et codés pour éviter toute interception par un camp ennemi de la tribu.

Son père disait:

" fils ,tu viens d'avoir 21 ans, tu es un homme, il faudra rentrer à Inguezzam afin que je finalise ton initiation à nos traditions pour te préparer à me seconder quand je ne serai plus de ce monde.Il te faut une princesse pour régner sur la forteresse, sur notre tribu et perpétuer notre race. Je t'ai choisi une très belle fille,une princesse,tu vas apprécier mon choix, ton père AA..."

Attaher n'aimait pas du tout l'idée de régner dans le désert , ni être roi , trop de protocoles qui empêchent de vivre , il voulait être un artiste.Cela faisait trois ans qu'il n'avait pas revu son père, ils correspondaient par l'intermédiaire des aigles.

Son père ne voulait rien savoir de cette maudite guitare,il lui disait:" tu es un prince et non un charlatan, les princes ne jouent pas aux instruments".

Attaher avait appris à jouer à la guitare avec son garde de corps quand il était tout petit, c'était lui aussi qui lui apprit à se battre et à manipuler les armes blanches telles que le javelot, le poignard et l'épée. A 15 ans ,il lui était arrivé de donner des raclées à son maître; il cachait une carrure musclée derrière sa tenue bleue.

Il prit du papier et répondit à son père:

" Père, j'ai reçu ton message, je suis actuellement à Abalak, mais je m’apprête à aller à Assamaka, de là je viendrai jusqu'à toi; J'ai trouvé ma femme ici et elle est en danger, je l'aime père , c'est elle que je vais chercher à Assamaka ; je lui ai offert l'anneau de cheville de feue mère. 
Je garde Aguerzam ( aigle à tête blanche) pour me guider et te renvoie les autres; Ton fils"

Il enroula le message en deux exemplaires pour être sur que son père le reçoive et renvoya les deux aigles à Inguezzam.

Ils comprenaient le berbère et appliquaient à la lettre ce qu'on leur disait;le plus intelligent de tous était Aguerzam qui veut dire léopard, il était le plus rapide et le plus futé, il était très grand et avait dans les 2 m 5 d'envergures, il pouvait soulever une proie de 5 kilos sans problèmes.

Attaher était entrain de préparer son départ avec ses amis, quand Aboubacar et sa troupe débarquèrent dans la prairie pour les provoquer. Ils étaient plus nombreux, il offensa Attaher en ces mots:

Aboubacar: j'ai pris ta fiancée justement là où tu te tiens, ce n'est plus la fillette que tu as laissée

Attaher: ah oui ? et c'est pour ça qu'elle t'a laissé dans le coma par une simple morsure ? tu m'étonnes

Les amis de Attaher pouffèrent de rire, ce qui énerva Aboubacar, qui lui proposa un duel à mains nues .

" je n'ai pas le temps dit il , une autre fois peut être...Il allait monter à cheval quand le commandant lâcha:

" quoi tu as peur ? tu vas aussi pleurer comme Tassy quand je l'ai mise à terre"

Attaher renonça à sa monture et piqua une colère noire, il se dévêtit faisant ressortir ses muscles énormes, ce qui étonna son adversaire qui l'avait sous estimé dans sa tenue. Ils se frappèrent à tour de rôle sous les encouragements des spectateurs.

Pendant ce temps , Galib et son convoi entrèrent à Tchintabaraden saints et saufs; Tassy se mit soudainement à gémir de douleur, son corps lui faisait mal et se couvraient de bleus , de petites griffures étaient déjà apparus sur ses avant- bras qu'elle cacha durant le voyage.Elle avait du mal à respirer.

En fait chaque fois que Attaher recevait un coup, elle le ressentait avec la même intensité, elle finit par s'évanouir.

Le combat continuait de l'autre coté, Aboubacar fléchissait et mordit la terre , ce qui mit fin au combat. Attaher se rhabilla et s’apprêtait à monter son cheval .

Les troupes voulaient l'en empêcher quand le sergent koulibaly s'interposa, il décréta que le combat était singulier et que Attaher pouvait partir.

Aboubacar sortit son arme, prêt à tirer sur lui.

Aguerzzam,qui regardait le combat d'une branche d'arbre piqua telle une flèche sur son visage;le défigura et lui creva un œil avec son bec.

Aboubacar,se débattit avec l'oiseau, il hurlait, insultant tout le monde, il commença à tirer dans tous les sens blessant plusieurs de ses hommes et tuant un au passage.

Un autre conflit venait d'éclater entre les militaires qui se subdivisèrent en deux clans, ceux qui supportaient le commandant et ceux qui étaient contre ses agissements (quatre d'entre eux dont le sergent Koulibaly).

Ces derniers savaient que c'était fini pour eux, ils seraient déshabillés et démis de leur fonction pour insubordination.
Ils s’allièrent à Attaher et le suivirent à cheval hors de la ville, ils étaient maintenant huit cavaliers , ils chevauchèrent sans but, la priorité étant de quitter vite Abalak, ils s’arrêteront plus tard pour décider.

A Tchinta, Galib était installé chez son frère, ce dernier n'avait jamais gobé Tislam car elle rendait la vie impossible à Galib. Il lui expliqua tout ce qui se passait et pourquoi il devait aller à Assamaka le plus tôt possible.

L'état de Tassy était inquiétant, elle était revenue à elle mais avait vraiment mal,Channat lui prépara des infusions pour soulager les douleurs et lui passa un baume fait à base de feuilles de basilic sur ses bleus.

Gaisha jouait du violon au dehors de la tente qui leur avait été dressée, elle demanda à Tassy si elle n'avait aucun bijou en argent sur elle.

Tislam: pas que je sache, elle ne porte jamais de bijoux

Galib: elle a un " Ardif " en argent dans son Albaye

Gaisha: enlevez le de son cou, c'est ce qui la fait souffrir, où a t-elle eu ça ?

Galib: c'est son fiancé qui le lui avait offert

Gaisha continua à jouer de son violon,et s’arrêta: le destin de ces enfants est lié par cet Ardif, tant qu'elle le portera, elle sentira tout ce que le garçon vit.

Tislam et Galib se regardèrent : quoi ? mais c'est risqué pour tassy, et si le jeune homme mourrait?

Gaisha: tant qu'elle ne le porte pas , il n'y'a aucun risque.
Ils décidèrent de passer quelques jours à Tchinta le temps que Tassy soit rétablie. 

Attaher et ses hommes chevauchèrent des heures, puis s’arrêtèrent pour se reposer, il fallait trouver à manger, ils n'avaient rien prévu vue la manière dont ils avaient quitté Abalak.

Le sergent koulibaly était le guide de la chevauchée, il avait la maîtrise du terrain pour être allé plusieurs fois à Aderbissinat et dans les environs. Il connaissait un petit hameau non loin où ils pouvaient trouver à manger et se reposer surtout.Ils furent très bien accueillis par un villageois qui leur dressa une tente, il leur apporta de la viande de chèvre, des dattes et leur fit du thé.

Une autre nuit s'annonce très longue pour Attaher, il fallait décider de la suite et de la direction à prendre, il avait très mal en pensant que Tassy errait quelque part sans défense.

Vont - ils enfin se rencontrer ? nous le saurons la semaine prochaine !

Ibtissem...

ETRANGE DESTIN DE TA...