Acte 39: quand les mauvaises graines pourrissent

Ecrit par Ibtissem

Acte 39: Quand les mauvaises graines pourissent…

Dans la salle d'attente les chuchotements avaient pris de l'ampleur, les regards étaient inquiets, Assir se pencha à l'oreille de Rahim :

Assir: bro, je sais que la génétique est bizarre et que certaines personnes qui ne sont pas de ta famille peuvent te donner du sang,mais n' as-tu pas remarqué quelque chose ?

Rahim: si…..

Assir: est ce que tu penses à la même chose que moi ?

Rahim: j'en ai bien peur Assir , il était bien trop sûr d'être compatible alors qu'il ne connaissait pas mon père

Assir: hum… c'est ca , to dey ! Nos parents là……

Le kiné sortit du laboratoire abattu, non pas par la prise de sang mais parce qu’il allait devoir expliquer son "body langage" fulgurant pour avoir hurler:" moi, je peux lui donner mon sang!!"

Rahim le fardait d'un regard interrogateur ainsi que tous les autres , le kiné se contenta de s'asseoir et de baisser la tête.

Rahim: Amir… n'as-tu rien à nous dire par hasard ?

le kiné: patientons que M. Mayaki réagisse d'abord, là je n'ai vraiment pas la tête à ça

L'opération chirurgicale prenait du temps, cela faisait déjà 5 heures de temps qu'ils étaient là, le couteau avait perforé le rein de Mayaki.

Il fallait le lui ôter car il était irrécupérable, sans compter qu'un nerf sciatique était touché réduisant ainsi les chances de le revoir remarcher un jour.

Rahim demanda aux filles de rentrer , surtout à Feryel qui avait laissé le bébé à la maison. Conduites par Fouta , Nayla et Naima l'accompagnèrent à la maison, elle se souvint ne pas avoir informé ses parents et le fit une fois rentrée.

Elles étaient si fatiguées qu'elles sombrèrent d'un trait. Fouta continua à l'hôtel dormir un peu avant de revenir plus tard dans la journée.

Les parents de Feryel vinrent prendre des nouvelles à l'hôpital, elles n'étaient pas bonnes du tout : Mayaki ne réagissait pas et son état devenait critique chaque minute qui passait.

Le père de Feryel demanda à ce qu'on l'évacue , malheureusement , dans son état rien n'était possible avant une stabilisation.Ils repartirent affligés ,rendant visite au passage à leur fille avant de rentrer chez eux.

Des gardes de corps entrèrent dans l'hôpital demandant de dégager les lieux, c'était le président et quelques ministres qui vinrent prendre aussi des nouvelles.

Apres quelques échanges , Rahim et les garçons se retrouvèrent sur la terrasse laissant les autorités discuter avec les médecins.

Rahim demanda au kiné aussi de rentrer , en le remerciant d'avoir aidé son père, il lui lança un sourire du coin des lèvres en disant " c'est naturel tu sais", je n'ai fais que lui redonner ce qu'il m'avait donné….

Rahim: peux tu enfin m'expliquer toutes ces intrigues, quelque chose te lie à mon père ? Je sais que par sollicitude tu peux te conduire ainsi, mais je sais qu'il y'a autre chose

le Kiné: tu as peur d'accepter ce qui est si évident n'est ce pas ? Mon frère !!!

Rahim eut un mouvement de recul, donc c'était vraiment cela , Amir était son demi frère, comment cela était il possible ?

Amir commença à couler des larmes en voyant le regard hébété de Rahim et prit une grosse inspiration en tournant son regard.

Darius et Assir étaient désormais des intrus, ils étaient là tous les quatre à savoir que Rahim et Amir étaient frères, il eut un silence de cimetière.

Tantie sipti faisait des va et vient , téléphone collé à l'oreille et n'avait pas capté la conversation des garçons. Ils se relayèrent pour aller se doucher et revinrent soutenir les 2 frères affligés.

Amir et Rahim refusèrent de bouger, chacun voulant parler à Mayaki dès son réveil.
La journée se passa ainsi et jusqu'à 19h , les filles leur envoyèrent à manger. Seul Amir refusait quoi que ce soit , il ne se contentait que de boire de l'eau.

Il avait aussi appelé ses parents pour les informer du drame. Sachant que leur fils était dans un état émotionnel fragile, ils décidèrent de descendre sur Niamey.

M.Mayaki réagit enfin aux environ de 22h, il ouvrit les yeux , les médécins vinrent donner l'information à la famille mais interdirent toute visite, il fallait attendre le lendemain matin.

Il eut un ouf de la part de tous y compris d'Amir , qui décida de rentrer enfin à la maison et de revenir le lendemain , tous rentrèren, laissant tantie sipti et Fouta à l'hôpital. Une fois installé dans la voiture, Assir poussa Rahim à proposer à Amir de le déposer .

Rahim: et pourquoi devrai je ? C'est si bizarre cette tension entre nous, je ne sais plus comment lui parler

Assir: bon, là on sait que c'est ton frère, donc t'arrête de jouer au gâteux jusqu'à ce que votre père s'explique, peut être qu'il ne sait même pas qu' Amir existe 
Rahim, soupira et décida de faire la proposition au kiné.

Rahim: le kiné, tu viens ? On te dépose ?

le kiné: je préfère prendre un taxi , allez y vous… on se voit demain ici . Il commença à marcher vers la sortie 
Assir: allez! Insiste, on ne peut pas le laisser dans cet état…

Rahim descendit de la voiture et contra Amir: arrête ça tu veux, tout allait bien avant que tu ne saches ce que tu sais, pourquoi t'éloignes tu subitement

le kiné: je suis l'indésirable, l'intrus, comment veux tu que je me sente ? Je veux juste être seul

Rahim: on le respecte, on veut juste te déposer chez toi, rien d'autre. Darius et Assir se joignirent à Rahim pour négocier Amir, qui finit par lâcher prise et s'installa dans la voiture.

le trajet se fit le plus calmement possible , personne n'osait parler jusqu'à destination, Darius décida de briser le silence:

Darius: écoute Amir, on est ensemble dans les bons et les mauvais moments, je peux rester avec toi si tu veux, je n'aime pas te savoir seul dans ton état, tu peux compter sur nous ici

le kiné: oui je sais, mais vous pouvez partir, je vais dormir, je suis fatigué, et il tourna les talons avec des pas nonchalants

Assir: il a besoin de compagnie, il faut que Nayla vienne avant qu'il ne fasse une bêtise, vous ne pensez pas ?

Darius: oui appelle la .

Rahim: mon père, un enfant inconnu ? Hum ils vont me surprendre chaque jour un peu plus

Ils partirent chacun dormir en attendant le lendemain matin. Rahim ne put fermer les yeux de la nuit , il imaginait plein de choses, il passa le temps à contempler son fils qui dormait paisiblement dans le berceau… Il n'imaginait pas le décevoir un jour ...

Feryel lui demanda ce qui n'allait pas vue la tête qu'il faisait ; Il lui expliqua ce qu'il venait de découvrir sur Amir, ils plongèrent tous dans un silence profond, ils se couchèrent en se serrant l'un contre l'autre.

Le matin, Rahim se rua hors de son lit avec hâte pour aller à l'hôpital. Il ne prit pas la peine de petit déjeuner, Feryel était encore assoupie quand il sortit.

Il trouva Tantie sipti au chevet de son père. Mayaki était maintenant transféré dans une chambre, son état était toujours critique, les médécins avaient fait ce qu'il pouvaient, mais leur pronostics étaient peu encourageant.

Amir était entrain de discuter avec le chirurgien dans le bureau s'inquiétant de l'état de Mayaki. Tantie Sipti ne tenant plus sur place lâcha la question douloureuse à Rahim:

tantie sipti: mais qui donc est ce jeune homme ? Il semble si inquiet pour ton père, il est là depuis 6 h du matin

Rahim: c'est un bon ami ma tante…

tantie sipti:en tout cas, des gens comme lui, on en trouve pas de nos jours hein…

Rahim se disait intérieurement , si seulement tu savais…

Les parents du kiné vinrent à l'hopital, ils étaient arrivés tard dans la nuit, avaient cherché à joindre Amir, qui avait fermé son téléphone pour se déconnecter de tout.

Ils décidèrent de venir directement à l'hôpital trouver Amir, qui sauta de sa chaise dès qu'il les aperçut. Il tomba dans leurs bras , tête baissée, des larmes coulaient de ses joues. Ce spectacle fit chaud au cœur de Rahim qui observait de la fenêtre ce qui se passait .

Tantie sipti ayant reconnu l'ambassadeur et sa femme fut choquée: quoi, ne me dit pas que ce sont les parents de ton ami ?

Rahim: si maman, tu les connais ?

Tantie sipti: et comment ? Bien sûr

Elle hâta ses pas vers eux et les remercia d'être les parents d'un si gentil jeune homme, elle commença à déballer les compliments sur Amir sans fin…Les parents se contentèrent de sourire.Ils demandèrent à visiter Mayaki , ce qui leur fit possible .

Ils étaient maintenant tous dans la chambre, Rahim, Amir, tantie sipti et le couple Cissé…Ils chuchotaient à voix très basse pour ne pas déranger Mayaki. Ce dernier se réveilla en sentant la présence de monde autour de lui, il demanda de l'eau .

Il parlait pour la première fois , ce qui réjouissait tout le monde. Rahim se précipita pour lui parler, Mayaki souleva sa main difficilement pour prendre la main de Rahim, il avait des larmes aux yeux, tellement il se sentait impuissant dans la sitution actuelle:

Rahim: papa, papa ! Parle moi stp…

M.Mayaki: umm…Raaaahim…mon fils

Rahim: oui papa, je suis là, on est tous là, avec Amir qui t'a donné du sang

M.Mayaki: Amir, ton ami… il tourna la tête vers lui pour lui adresser un signe de reconnaissance lorsqu'il reconnut le couple . Il se raidit d'un coup.Le couple se leva pour lui serrer la main et demander de ne pas faire trop d'efforts.

La tension était à son comble dans la salle, Amir angoissait , il savait que l'heure fatidique était arrivée, celle de la vérité , il décida de rompre le silence:

le kiné: M.Mayaki, ne me remerciez pas de vous avoir donné ce que vous m'avez donné

M.Mayaki: je ne comprends pas ce que tu dis , je ne te connais pas, comment ai-je pû te donner quelque chose, pour que tu veuilles me le rendre aujourd’hui ?

l'ambassadeur toussota et déclara qu'il était temps de se dire les vérités, tantie sipti sauta: de quelle vérité vous parlez ?

la femme de l'ambassadeur: vous le saurez bientôt, j'invite tout le monde à rester calmes svp pour le bien de Mayaki…

l'ambassadeur: Amir est notre enfant adoptif, il nous a été amené par notre gardien qui est son oncle direct

tantie sipti: et alors quel lien avec nous ? Ou voulez vous en venir?

Rahim: tu veux bien écouter stp ma tante ?

l'ambassadeur: comme vous le savez notre gardien était le frère de la fille qui travaillait chez M.mayaki à l'époque.

Ce point interloqua Mayaki qui se concentra plus sur la conversation, craignant de comprendre la suite qui semble si logique .

M.Mayaki: non ce n'est pas possible: Sidonie est morte en accouchant et l'enfant qu'elle portait aussi

l'ambassadeur: ça c'est bien la version qu'on vous avait donné pour épargner la vie d' Amir et éviter un scandale

un silence s'abattit dans la chambre, M.Mayaki fondit en larmes.

Amir enchaina: je suis l'enfant que tu n'as jamais désiré Papa…. Qu'ai-je fais pour mériter tant de mépris ?

Tantie sipti: quoiiiiiiiiiiiiiiii ? Toi Mayaki? Coucher avec une boniche , stafouroullah…

le kiné: que tu ne veuilles pas de moi et de ma mère, je pouvais le comprendre, mais pourquoi l'avoir fait violentée au point de la tuer, est ce parcequ'elle était étrangère ? Était ce une honte à ce point ?

M.Mayaki: euhhhh…….. Je ne ………

le kiné : non, je sais tout, je ne veux pas d'excuses, rien que la vérité stp, il pleurait en implorant Mayaki

Rahim avait attrapé sa tête , la honte le submergea , son père fut capable de faire tuer une pauvre femme pour eux ?!! Quelle autre face cachée de l'histoire il ne connaissait pas ?

Rahim: papa, de grâce, je pense que c'est bon là , tu dois tout nous dire , tu es dans un état assez critique, ne nous condamne pas tous stp…

M.Mayaki: j'étais jeune, je venais de fouler la cour des grands, et je ne voulais surtout pas perdre ma femme. Elle était aussi enceinte à l'époque. malgré tout , elle finit par l'apprendre, j'ai tout fait pour le lui cacher, mais il a fallu que votre satané gardien vienne tout lui raconter, dévasté par la perte de sa sœur.

J'ai dû aussi me débarrasser de lui . Ma femme voulait me quitter avec Rahim, je ne l'ai pas supporté,et je l'ai frappée, elle est tombée en se brisant la nuque des escaliers...et j'ai simulé un accident

Rahim regarda méchamment son père, cette nouvelle vient achever le peu d'estime qu'il avait pour lui , il se mit à hurler dans la chambre comme un fou manquant d'étrangler Mayaki, Amir le rattrapa en le bloquant contre lui, jusqu'à ce qu'il lâche prise.

Tantie sipti à son tour voulut l'étrangler: comment as-tu oser pu faire ça ? Tu as tué ma sœur et en plus tu l'avais si bien masqué, puisse Dieu te punir pour tout ce que tu as fait Mayaki. Elle fut bloquée par l'ambassadeur

Les médécins ayant entendu le brouhaha et les hurlements vinrent dans la chambre pour vider les vsisteurs: sortez, que se passe t il ? Le patient a besoin de repos

M.Mayaki: laissez les ,je n'ai pas beaucoup de temps dorénavant, je le sens, il faut que j'évacue tout, laissez nous svp

les médécins se résolurent à la volonté de Mayaki et sortirent malgré eux .Il enchaîna son récit en passant par l'agression du PCA qu'il avait commanditée, ce qu'il a fait à Feryel, absoulument tout …

Les récits étaient tels que plus personne ne parlait, il finit avec le couple de l'ambassadeur en disant: j'ai tout fait pour qu'on te fasse partir du Niger, car je ne savais pas à quel niveau vous étiez au courant de l'affaire.

Je sais que j'ai été mauvais ,que je suis malade, mais que j'avais refusé de l'assumer pour une prise en charge rapide. J'en avais honte, à vous tous je demande pardon pour le mal que j'ai pu vous faire... Pardonne moi Amir, si tu peux.

Tout le monde se mit à pleurer, M.mayaki était en quelque sorte entrain de faire ses adieux à ses proches. Il fut soudainement pris d'un spasme qui le secoua si fortement qu'il fit un arrêt cardiaque.Les médécins tentèrent de le réanimer, mais en vain, il s'en était allé définitivement .....

Ils décidèrent ensemble de ne pas ébruiter tout ce qu'ils savaient des méfaits de Mayaki. Il fallait faire fi du passé et continuer comme si de rien était .

Cinq mois passèrent, Mayaki n'était qu'un sombre souvenir dans la tête de ses enfants et de ses proches.

Les garçons décidèrent de se marier enfin , en grande pompe. Ce fut le plus beau mariage de l'année à Niamey .

Chacun repris le cours normal de sa vie sans ambages, le petit Rahamane rampait maintenant à 4 pattes, il était un bel enfant mais très nerveux, il cassait tout et brisait tout ce qu'il touchait.

Feryel avait un petit chaton de race qu'elle avait eu d'une amie . Elle le ramena à la maison pour Rahamane.
Elle vint trouver le chat mort un jour, personne ne pouvait expliquer ce qui s'était passé.

Rahamane tenait le chaton dans ses mains.Personne ne pouvait se douter à quelques mois seulement que ce bout de chou pouvait être animé d'un instinct de psychopathe....

il avait tout simplement étranglé le chaton et ça l'amusait quand il le faisait....................Comme quoi, les gênes de Mayaki étaient bien là, les mauvaises graines ne meurent jamais…….





Ainsi s'achève cette histoire chers lecteurs , les leçons à tirer:
la politique est un cercle vicieux, regadez juste les gens , vous ne pouvez pas imaginer les montagnes de secrets qu'ils renferment.

L'amour est au dessus de tout , Feryel a su l démontrer avec ardeur cette conclusion

Le pardon et le repentir ont une force indéniable, vous l'avez certainement remarqué avec Nayla

Continuez les conclusions , chers lecteurs…. On se dit à bientôt dans une autre nouvelle, ce fut agréable de partager une si belle histoire avec vous....

Ibtissem……………

                                                                                                    Fin

LE SILENCE DES HOMME...