C'était un jeudi, il était presque onze heures, le soleil brillait d'une façon bizarre avec des rayons transperçant et irradiant les quelques nuages nageant dans le ciel.

Aucun vent ne soufflait, c'était le calme plat, le temps semblait s’être arrêté, les animaux redressaient leurs oreilles, inquiets, comme s'ils attendaient un bruit déclencheur.

Il faisait très chaud ,les deux femmes étaient entrain de dialoguer devant la maisonnette , sous la " tenda" ( hutte en paille), pendant que la mère de Tassy était sur une natte à l'intérieur , se tordant de douleur. il était trop tôt pour l'arrivée du bébé, sept mois d’après les calculs de Tislam. Bonne nouvelle disait elle, mon médicament a fait effet, le bébé ne survivra pas.

LA mère de Tassy: Oumi comment as tu pu me faire ça, m'empoisonner pour que je perde mon bébé? quel genre de mère es tu donc? amène moi au CSI stp, je ne veux pas perdre mon bébé

Tislam: abashishini ! CSI ? ce que les blancs ont apporté sert à quoi ? toi je t'ai bien mise au monde à la maison, Thurrr, et voila tu es ma honte, tu aurais dû mourir même!

Channat: de grâce Tislam, cesse de maudire ta fille, les anges pourraient bien accepter tes vœux et tu pourrais le regretter amèrement

Tislam: heeeey ! prépare toi à accueillir l'enfant, s'il vit , tu l’achèves, fais vite avant que Galib ne revienne du marché

channat: mais tu es folle , je pouvais faire des avortements, mais tuer un bébé, jamais !

Tislam: Oh , c'est la même chose, je te donnerai une vache si tu le fais, allez !

La mère de Tassy , qui écoutait les deux mégères et leur plan machiavélique, se mit à hurler , cherchant de l'aide dans le voisinage , mais personne ne répondait,pensant qu'il s'agissait juste des douleurs de l'enfantement , chacun vaquant à ses occupations.

un homme vêtu de blanc , en turban passait devant la maison et s’arrêta pour demander s'il pouvait aider. Tislam lui fit savoir qu'il s'agissait d'un accouchement difficile .IL se proposa de les aider vue qu'il s'y connaissait, il faisait mettre bas des juments et des vaches en difficulté.

Tislam: mais comment ? ma fille n'est pas un animal ! , elle voulait que ce vieil homme bouge afin qu'elle puisse exécuter son plan.

La mère de Tassy , dans un dernier effort cria pour inviter  le vieil homme à rentrer l'assister, à ce moment précis Galib arriva avec les racines tout essoufflé et assista à la scène;

la mère de Tassy: baba , fait les sortir , je veux être seule avec ce monsieur.

Galib s'exécuta et fit sortir les deux femmes, quelques instants plus tard, le vieil homme sortit avec Tassy,enveloppée dans son turban,elle était bleutée car il l'avait essuyée avec le "tourkoudhi" de sa mère( voile teinté) , elle était si petite, les deux mains pouvaient la couvrir entièrement ! Tislam ayant prévu de faire tuer le bébé n'avait préparé aucun linge pour l'accueillir.

Il remit le bébé à Galib et fusilla les deux femmes qui se mirent à trembler, Galib voulait le récompenser , mais le vieil homme refusa et dit qu'il venait de sauver la vie d'un enfant, il ajouta aussi que nul ne peut empêcher la volonté de Dieu de s'accomplir en s'adressant à Tislam et Channat, et s'en alla

La mère de Tassy appela son père et lui demanda de ne remettre l'enfant à sa mère , sous aucun prétexte;Galib savait que Tislam était aigrie , mais de la à éviter qu'on lui remette le bébé!!! il remit le bébé alors à sa fille, qui le serra contre sa poitrine.

Channat proposa de laver le bébé,mais la mère de Tassy refusa catégoriquement , il est déjà propre, le viel homme a dit de ne pas le laver car il était trop fragile, elle regardait les deux femmes avec un tel mépris. Channat nettoya alors la chambre, vue que aucun de ses services n'était accepté. 

Bizarre! pas de trace de sang! que ce liquide gluant sur la natte, elle voulait soulever les pieds de la nouvelle maman qui se déchaîna comme une lionne, channat eut un haut - le -coeur ,tellement elle eut peur, elle ne reconnut plus la mère de tassy, elle était trop agressive.Elle cherchait le placenta pour l'enterrer, mais ne le retrouvait nulle part.

Channat: où est le placenta ? la mère de tassy ne répondit pas, elle s'était adossée au lit, en tenant son bébé, elle s'endormit avec lui sur sa poitrine 
Tislam ; comment ça ? mais regarde en dessous d'elle 
Channat: j'ai retourné toute la chambre, et pas une goutte de sang ! Channat tressautait de peur et bégayait , il y'a trop de choses bizarres dans cet accouchement

Tislam: le viel homme l'aurait emporté ?

Galib: et puis quoi encore ! il n'avait rien sur lui, un placenta ne passe pas inaperçu

Il eut un silence de mort, les trois se regardaient essayant de comprendre ce qui s'était passé, voila que la mère de Tassy dormait d'un sommeil presque comateux , les bras croisés sur son bébé; elle réagissait seulement quand on voulait prendre l'enfant, ses bras se refermaient avec une telle force, impossible de les dégager.

A ce moment, une odeur de soufre se propagea, impossible de respirer; il venait d’être midi , un nuage noir, tel un drap couvrit le ciel; un équinoxe plongea le village dans les ténèbres, cela va durer des heures;les animaux se ruaient en dehors du village paniqués.

Une tempête s’éleva renversant huttes, cabanes, etc...;elle était si brusque et forte qu'elle emporta les trois en dehors de la concession. Chose bizarre la maison de Galib resta intacte, le reste des habitations s'étaient volatilisées. La terre s'ouvrit, le sable mouvait ,faisant des vagues .

Channat et Tislam furent emportées par la force du vent vers la prairie; Galib s'était  agrippé à un arbre juste à la clôture de sa maison et ferma les yeux pour éviter le sable .

Quelques heures après, la lumière perça le voile noir, Galib ouvrit un oeil pour regarder ce qui se passait; un spectacle affolant se dessina devant sa porte ; une vingtaine de serpents à cornes avaient formé un cercle, dressant leur cous comme s'ils communiquaient entre eux.

Tassy et sa mère étaient restées seules dans la maison, les serpents s’invitèrent tous au dedans sauf un seul qui montait la garde . Galib n'en croyait pas à ses yeux , il était tétanisé!
Galib criait: Ma fille! ma petite fille! au secours! sa voix était couverte par le bruit du vent,personne ne l'entendait et ne pouvait venir à son secours ;les serpents sortirent et disparurent vers la prairie.

La tempête s'était calmée,plus aucun bruit , Galib descendit de son arbre ,il était anéanti convaincu que sa fille et le bébé étaient certainement mortes tuées par les morsures de serpents.Il s’arrêta , tomba à genoux et mordit le sable ,pleurant de toute son âme ; en ce moment il entendit des pleurs de bébé.

Il rampa, perplexe, avec un brin d'espoir jusqu' à la maison et jeta un coup d’œil .Quelle ne fut sa surprise de voir sa fille dormir paisiblement et le bébé qui gigotait à coté d'elle ,tout semblait normal, sauf que le bébé se trouvait sur la natte au lieu d’être sur la poitrine de sa mère.

Il s'approcha et toucha sa fille, elle respirait,il remarqua qu'elle avait des scarifications sur la poitrine, çà saignait.Il prit le bébé et le fixa,il remarqua que la couleur des yeux avaient changé , ils étaient d'un bleu turquois fluorescents, il manqua de lâcher la petite et la déposa brutalement à terre, il remarqua plusieurs entailles au dos et sur le flan du bébé, qui saignaient aussi.

mais que s'est il passé dans cette chambre ?se demandait il ? il sortit ,abasourdi, fit ses ablutions, et se mit à prier sans compter ses soujouds ( génuflexions). Il remercia à gorge déployée le miracle auquel il vient d'assister.

Tislam revint à la maison vers seize heures et trouva Galib beta, couché , regardant le ciel; il était dans ses pensées, il ne répondit pas  au " salam " de tislam.

Tislam: que s'est il passé ? où est ma fille ? le bébé vit ? elle rentra dans la maison et vit un spectacle paisible mère-fille, elle bouillonna ! maudit bébé , il vit toujours !

Channat décida de ne plus fréquenter Tislam, de ne plus pratiquer l'avortement quel que soit le prix , elle avait déjà un pied , elle ne risquerait ,pour rien au monde  de perdre le deuxième ou même sa vie .

Galib décida de garder ces faits secrets, nul ne le croirait, lui même avait du mal à y croire. Il fallait protéger le bébé du mauvais œil et de la mauvaise langue.Il savait qu'il n'était pas un bébé ordinaire, surtout après tous ces tatouages qu'il vit. Celui de sa fille était simple et déchiffrable , les formes étaient claires et signifiaient : "vivre éternellement " d’après l'art mystique berbère, on appelle ce signe " el ayacha", il a toujours refusé le mysticisme que ses aïeuls pratiquaient , il était musulman , croyant et ne voulait plus y penser .

Que se cache derrière les filigranes du bébé ? il semble difficile à Galib de les décoder , qui les a faits ? les serpents à cornes ? comment expliquer ces faits

Découvrons la suite de l'histoire dans l'acte suivant .

Ibtissem ...