aime moi

Ecrit par leilaji

chapitre 25

Denis

 

Mais que va-t-elle s’imaginer donc ? Ai-je l’air aussi insensible que ça pour que toute bonne action soit interprétée comme découlant d’un sentiment amoureux?

 

   Je ne suis pas amoureux de la petite togolaise. J’ai juste beaucoup de respect pour son courage. J’en suis le premier étonné, t’inquiète, parce que ça faisait longtemps que ça m’était arrivé.

   Tu en es sûr ? Parce que ton attitude laisse supposer le contraire.

   Elle, j’ai 42 ans. J’ai été marié pendant 10 ans. J’ai habité avec femme et enfant et accueilli le frère de ce dernier sous mon toit. Puis quand Sean mon fils est tombé malade et qu’il lui fallait une greffe, avec les examens le secret qui m’était caché depuis le début a été révélé au grand jour. J’ai découvert que mon fils n’était pas le mien mais celui du prétendu « frère de ma femme ». J’ai pris soin de lui, pour découvrir qu’il n’était rien d’autre que l’amant de ma femme, qu’il la baisait sous mon toit, dans mon lit. La cupidité des femmes est sans bornes, Elle. Je ne me laisserai plus jamais abuser de la sorte. Je suis juste stupéfait d’en découvrir une qui se bat pour qu’on la respecte. Ne va pas t’imaginer autre chose.

 

Je n’aime pas beaucoup parler de cette période de ma vie. Elle a été très douloureuse et le demeure même après toutes ces années. Mais il fallait que je remette les choses dans leur contexte pour qu’Elle ne sème pas la zizanie avec ces allégations. Je connais Alexander. L’argent, les biens matériels et tout le reste, pour lui c’était une question de fierté pour sa famille.

 

Mais Leila ! Je ne m’amuserai pas à jouer les perturbateurs. Quand j’étais à Londres et que je pensais éloigner la jeune femme de lui, je ne savais pas encore à quel point ces deux là s’étaient liés. Alexander est un mec bien. Mais ses colères sont terrifiantes.

 

Je regarde l’heure à ma montre. Ca fait plus d’une heure qu’ils l’ont emmenée et on n’a plus eu aucune nouvelle. Je me rapproche d’une infirmière qui sort de la salle de déchoquage.

 

   Alors ?

 

Je sais que je n’ai plus besoin de me présenter ni même de demander précisément Leila. J’ai gueulé une fois et maintenant j’ai toute leur attention.

 

   Oh Monsieur Onbinda, votre femme n’est pas sous ma responsabilité mais je crois avoir entendu le docteur dire qu’elle est enceinte.

 

Je ne relève pas l’erreur, je n’en ai pas le temps. Je suis abasourdi et la laisse repartir sans plus rien demander quand on la rappelle d’urgence. Leila, enceinte ! Je croyais sincèrement que c’était le genre de femme à contrôler parfaitement toute éventuelle maternité.

 

   Alexander va être papa.

 

Malgré la surprise, elle garde la tête froide et dit avec un air de manipulatrice qui m’effraie.

 

   Il faut le lui dire Louis. Il ne l’abandonnera pas s’il la sait enceinte.

   Tu veux qu’elle le retienne avec un enfant ? Sa famille n’acceptera jamais cet enfant.

   Mais lui l’acceptera.

 

Et elle retourne s’asseoir sur le banc de la salle de réception.  J’essaie d’appeler Alexander mais il ne décroche pas. Je lui envoie un message sur son BBM.

 

   TU VAS ETRE PAPA. PRENDS LA BONNE DECISION. NOUS SOMMES A EL RAPHA.

 

****Alexander****

 

Je suis tellement fatigué que je dois m’adosser un instant aux parois de l’ascenseur. Je ferme les yeux et passe une main nerveuse dans mes cheveux. J’ai besoin de retrouver Leila. Il faut qu’on parle.

 

J’ouvre la porte de l’appartement et suis surpris de le trouver dans le noir. Leila n’est pas là. J’ai comme un mauvais pressentiment. Pourquoi n’est-elle pas là ? Lui a-t-on déjà tout dit et si c’est bel et bien le cas, elle devrait être là à m’attendre, ivre de colère. Mais l’appartement est silencieux et ce silence me glace le sang. Je l’éclaire en allumant les lampes. Je suis tétanisé à l’idée qu’elle pourrait aussi avoir pris ses affaires et foutu le camp. Pour Leila, tout a toujours été question d’orgueil, bien ou mal placé, elle tient plus que tout à éviter toute humiliation et la scène de tout à l’heure en était une, n’est-ce pas Xander ? Après avoir tout préparé pour faire venir ta mère, se voir reléguée à l’arrière plan !

 

Avant d’avancer plus en avant, je lance une dernière fois un appel. Personne ne décroche. Elle ne veut pas me parler ? Je n’ai qu’à faire quelques pas et je saurai la vérité. Je traverse le couloir et j’entre dans notre chambre. Je ne prends même pas la peine d’allumer. J’ouvre fébrilement les placards.

 

Dieu merci. Tout est là. C’est un soulagement tellement immense que j’en ai le vertige.

 

Je titube en reculant jusqu’à notre lit et je m’y assois. Elle n’est pas partie. Tout est encore possible.

 

Le téléphone vibre dans ma poche et quand je l’en sors, l’écrin tombe à mes pieds. Je ramasse la petite boite. Si les choses s’étaient bien passées, on aurait dû à cette heure être fou de joie et tellement heureux d’être enfin d’accord pour avancer ensemble. Mais les choses ne se passent jamais comme on espère. Jamais.

Je débloque le téléphone et lis le message de Denis « TU VAS ETRE PAPA. PRENDS LA BONNE DECISION. NOUS SOMMES A EL RAPHA ».

 

Je ne peux dire combien de secondes il m’a fallu pour descendre sept étages d’escaliers à pieds et me rendre à ma voiture. J’ai complètement oublié qu’il y avait un ascenseur dans l’immeuble.

 

Bien plus tard

 

****Alexander****

 

J’ECOUTE LE MEDECIN ME METTRE A TERRE. JE L’ECOUTE HACHER MON CŒUR A VIF.

 

Je suis sagement assis comme un enfant devant cette femme qui détruit par des mots scientifiques le rêve en couleur que j’ai fait en venant à la polyclinique.

 

   Il s’agissait d’une grossesse extra utérine que nous avons diagnostiquée grâce à un touché vaginal, une échographie et une prise de sang pour vérifier son taux de HCG. L’utérus était vide mais il y avait une présence anormale au niveau de sa trompe gauche. L’évolution de l’œuf a entrainé un éclatement de la trompe et une hémorragie massive qui à ce moment engageait son pronostic vital. Votre compagne a failli mourir mais elle a été sauvée in extremis. Elle en était à six semaines. Le chirurgien a dû pratiquer une salpingectomie, c’est à dire enlever totalement cette trompe qui était complètement abimée pour éviter tout risque de récidive. Je sais que pour le moment vous êtes sous le choc. Mais elle pourra concevoir ne vous en faites pas, dans trois mois minimum vous pourrez vous y remettre. Mais en attendant évitez la pilule ou le stérilet. Je lui ferai les mêmes recommandations quand elle se réveillera.

 

J’ECOUTE LE MEDECIN NOUS METTRE A TERRE LEILA ! IL N’Y A PAS DE BEBE. Il n’y a plus de bébé.

 

Quand je suis sorti de son bureau, Denis et Elle m’attendaient devant la porte. Mais je ne supportais pas de les voir s’apitoyer sur mon sort. Je me suis éloigné d’eux sans rien dire et ils ne m’ont pas suivi. Ils savent que je ne suis pas d’humeur à écouter quiconque.

Leila est en salle de réanimation et je ne peux pas encore la voire. Je ne sais pas comment elle va digérer tout ça. A peine enceinte, elle perd le bébé, et j’ai failli la perdre. Putain, j’ai failli la perdre.

 

Je ressens comme une violente envie de réconfort et compose le numéro que ma mère m’a donné avant que je ne la quitte. Puis je me rends compte que c’est une erreur de vouloir me confier à elle et raccroche avant qu’elle ne décroche. Elle me rappelle automatiquement et je m’épanche d’une voix hachée par la douleur. C’est ma mère, elle peut me soulager de cette douleur comme quand j’étais enfant. Cela fait tellement de temps qu’elle n’a pas joué ce rôle de consolatrice. Elle peut le reprendre maintenant que j’en ai tellement besoin. Nos divergences sont à mettre de côté. 

 

Oh mère j’ai tellement mal pour elle et pour moi !

 

   Dieu soit loué… Mais mon fils tu ne te rends pas compte de ce que tu fais. C’est une aberration, de la pure folie, tu ne peux pas mélanger notre sang avec celui de cette … femme.

   Tu traites mon enfant… d’aberration ?  je lui demande avec stupeur.

   Devdas réveille-toi ! Il n’y a pas d’enfant. L’illustre lignée de ton père qui a déjà subie tellement d’altération mérite mieux. Il te faut une fille de ta caste. Devdas tu m’écoutes ?

 

… Les choses s’éclairent dans mon esprit. Ma famille qui m’a quasiment abandonnée essaie de mettre la pression sur moi pour que j’abandonne « mon bonheur ». Mais je ne peux pas me soumettre à leur seule volonté. Ce n’est pas ce que j’ai appris en Grande-Bretagne Je ne peux me soumettre parce qu’en me construisant loin d’eux, j’ai bâti mes propres valeurs. Je ne quitterai jamais Leila. Je suis un indien c’est vrai. Mais je suis aussi un homme avant tout. Un homme qui aime éperdument une femme et qui sait à quel point elle a voulu tout donner pour lui. Je suis un indien c’est vrai et je dois le plus grand respect aux dernières volontés de mon père et à celles de ma mère. Mais je suis avant tout un homme. Et je dois le plus grand des respects à mon propre bonheur.

 

   Dès aujourd’hui, considère que toi non plus tu n’as plus d’enfant ! je dis d’une voix dure et sur un ton que je n’avais encore jamais utilisé pour parler à ma mère.

 

Et je raccroche. J’assumerai les conséquences de mon acte après. Pour le moment Leila et moi avons besoin de nous retrouver.

 

****Trois mois plus tard. ****

 

****Leila****

 

J’ai du mal à me remettre.

 

Le médecin avait parlé de choc psychologique, de stress, de nausée liée à l’anesthésie, de gêne dans l’épaule… Mais tout ça est passé. Je ne m’attendais pas à cet enfant et d’ailleurs je ne comprends même pas comment j’ai pu tomber enceinte sans le savoir, sans en ressentir aucun symptôme ! Je pensais réellement que tout ça était sous contrôle. J’ai peut-être oublié de prendre la pilule à un moment donné, je ne sais plus, et de toute manière…Ca n’a plus d’importance.

 

J’ai du mal à me remettre.

 

Je n’ai pas envie de parler de la soirée de mariage avec Xander. C’est trop dur d’évoquer tout ce qui a basculé dans le chaos ce jour là. Quand je pense que je m’attendais tellement à ce qu’il soit en colère contre moi que je n’ai pas prévu que le mal pourrait venir des siens.

 

Xander fait de son mieux pour ne pas me brusquer.

 

J’ai du mal à me remettre de tout ce qui s’est passé parce que sa famille est toujours là. Aux aguets ! Je ne supporte pas cette épée de Damoclès au dessus de ma tête.

 

Denis et Elle, me disent qu’il a fait son choix, que je devrais tout oublier et me concentrer sur mon bonheur, notre chance… Il a fait son choix mais est-il heureux de l’avoir fait ? Pourquoi ces parents ne partent pas ?

 

Nous sommes à table et je n’ai pas encore touché mon assiette. Alexander a commandé des plats chinois très épicés pour que j’y goute. Je n’ai pas très faim. Tout à un gout de carton. J’ai perdu un peu de poids. Je suis horrible à voir en ce moment, j’en ai largement conscience mais j’ai du mal à reprendre pied.  

 

   Tu vas m’arrêter ça tout de suite Leila !

   De quoi tu parles ?

   Ca fait des semaines que ça dure et j’en ai assez. Je ne compte pas épouser cette jeune fille combien de fois vais-je devoir te le dire ?

 

Je dépose mes couverts sur la table et me lève.

 

   Est-ce que tu sais ce que ça fait de voir dans les yeux de ta mère que pour elle, je ne vaux pas la peine qu’elle s’attarde ? Je suis tout simplement … insignifiante à ses yeux. Mais je n’ai rien demandé moi. Cette histoire que je vis, je n’ai rien demandé. Les sentiments que j’ai pour toi me sont tombés dessus. Ce n’était pas un calcul, pas un moyen de lui arracher son fils. Je n’ai eu d’autres choix que de succomber alors pourquoi elle n’a pas d’autres choix que de m’accepter. Je suis déçue de ne pas lui avoir plu Xander. Ici tout le monde estime que j’ai tout pour moi et naïvement j’ai cru qu’elle le remarquerait aussi. Si je me suis battue toute ma vie, que j’ai travaillé comme une chienne,  c’est pour toujours mériter le respect de tous. Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais … mais qui voudrais déplaire à une personne qui compte dans la vie de celui qu’il aime? Avant même de la connaitre, j’ai eu du respect et de l’estime pour celle qui a donné le jour à l’homme que j’aime. Du respect malgré tout ce que tu m’as raconté sur ta famille. Qu’est-ce qu’elle a cette fille que je n’ai pas ? Elle est très belle c’est vrai. Mais je le suis aussi. Je suis intelligente, tu peux compter sur mon soutien en toute occasion. Quoi ? La longue chevelure ? Même ça, Dieu soit loué je l’ai. Pourquoi ta mère l’a emmenée ? Qu’a –t-elle que je ne peux donner à son fils ?

 

Et je quitte la table pour rejoindre notre chambre. Je n’en peux plus tout simplement. Etre celle pour qui encore une nouvelle fois il allait subir l’exclusion était dur à porter et me faisait me sentir égoïste.

 

Je prends une valise posée dans un coin de la chambre depuis que j’y avais emménagé mes affaires et je l’ouvre sur le lit pour pouvoir y mettre mes vêtements. Il me faut un peu de distance entre nous.

 

S’il n’arrive pas à me convaincre de rester et de me battre, je n’y arriverai pas.

Alexander m’a suivie, est rentré et m’a arraché des mains les vêtements que je venais d’enlever de la penderie. Il est très en colère. Il jette la valise au loin avec les vêtements.

 

   Qu’est-ce que ça signifie ? dit-il d’une voix sourde, sans crier.

   Que veux-tu que je fasse bébé? Je ne serai jamais elle

   Mais pourquoi tu te tortures autant ? Elle non plus quoi qu’elle fasse, elle ne sera jamais toi.

 

Je veux m’éloigner de lui et il m’en empêche. Dans sa colère, sa main retient la fine bretelle de mon tricot qui cède. Il me prend dans ses bras et me serre tellement fort que je suffoque presque. Mes seins s’écrase contre son torse. Sa main s’insinue dans mon intimité. Je porte toujours ma jupe lisse et mon slip en coton.

 

LA CARESSE EST EXQUISE. TOI SEUL SAIT JOUER AISNI DE MON CORPS MON AMOUR. TOI SEUL.

 

   Elle ne sera jamais celle qui rend fou d’amour ton Xander. Elle ne pourra jamais me faire perdre la tête comme tu le fais. Et tout ce qu’ils feront ne pourra rien y changer. Tu n’as rien à lui envier.

 

Il m’allonge sur le lit. Et ses baisers me font aussi perdre la tête. Il ne prend pas la peine de se déshabiller complètement, son désir est urgent, je le vois à la couleur de ses yeux qui lentement s’obscurcit. Cela m’a tellement manqué. Ce regard de fauve posé sur moi. Cette fièvre dévorante. Ce désir à assouvir urgemment !

 

AIME-MOI ALEXANDER. J’AI TELLEMENT MAL. AIME-MOI.

 

Je veux l’arrêter et prendre un préservatif dans le petit tiroir de mon côté puisque je ne suis plus sous pilule mais il arrête ma main et me pénètre ainsi. Je ferme les yeux sous le plaisir qui envahit mon corps et s’étend dans tout mon être. Il boit mon soupir à la source de mes lèvres.

 

   Écoute-moi Leila. Tu vas me donner une belle petite fille à chérir, tu comprends. On va se marier et être heureux. C’est tout ce qu’il y a à dire…

 

Pourquoi parle –t-il d’enfant maintenant. Ca fait mal ! Je m’arrête de bouger. Je lui refuse ce qu’il prend sans l’avoir demandé et détourne mon visage de lui pour lui cacher ma détresse…

 

   Ton corps est mon temple Leila. Lorsque plus rien n’a de sens pour moi, que la tempête souffle et tente de me balayer. C’est en toi que je me réfugie. Ne me refuse pas ça. Pas maintenant que c’est si difficile pour nous.

 

TOUT CEDE EN MOI, TOUTES LES FRUSTRATIONS, LES COLERES, LES REGRETS SONT BALAYES PAR LES PAROLES D’ALEXANDER.

 

Il me caresse les cheveux comme lui seul sait le faire pour apaiser ma souffrance et dès qu’il comprend que j’ai rendu les armes, le feu a de nouveau brulé en nous. Le temps du doute est révolu et la faim qui nous habite reprend le dessus. Nous sommes fous et passionnés. Tandis que nos langues se mêlent une nouvelle fois en une danse érotique et complètement électrisante, je noue mes jambes autour de ses reins pour mieux répondre à chacune des rencontres de nos deux corps.

 

   Je sais à quel point tu souffres, murmure-t-il. Mais aime-moi Leila. Ne t’arrête jamais de m’aimer. Aime-moi plus fort chaque jour. Aime-moi, j’en ai besoin.

 

Il me creuse aussi fort qu’il peut et perd les pédales peu à peu quand je réponds à ses assauts en cambrant les reins. J’aime quand je lui fais perdre la tête. Le rythme s’accélère et les gémissements se font plus intenses et sauvages. Nos corps ont besoin de se retrouver comme hors du temps et de l’espace tandis que nos esprits communient.

 

L’extase finale nous couple le souffle à tous les deux. Nos âmes se mêlent comme si elles avaient été originairement qu’une seule et même âme.

 

Il m’aime et je l’aime.

 

QU’IMPORTE LE RESTE DU MONDE.


a suivre.


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