aime moi
Ecrit par leilaji
Denis
Mais
que va-t-elle s’imaginer donc ? Ai-je l’air aussi insensible que ça pour que
toute bonne action soit interprétée comme découlant d’un sentiment amoureux?
— Je ne suis pas amoureux de la
petite togolaise. J’ai juste beaucoup de respect pour son courage. J’en suis le
premier étonné, t’inquiète, parce que ça faisait longtemps que ça m’était
arrivé.
— Tu en es sûr ? Parce que ton
attitude laisse supposer le contraire.
— Elle, j’ai 42 ans. J’ai été
marié pendant 10 ans. J’ai habité avec femme et enfant et accueilli le frère de
ce dernier sous mon toit. Puis quand Sean mon fils est tombé malade et qu’il
lui fallait une greffe, avec les examens le secret qui m’était caché depuis le
début a été révélé au grand jour. J’ai découvert que mon fils n’était pas le
mien mais celui du prétendu « frère de ma femme ». J’ai pris soin de lui, pour
découvrir qu’il n’était rien d’autre que l’amant de ma femme, qu’il la baisait
sous mon toit, dans mon lit. La cupidité des femmes est sans bornes, Elle. Je
ne me laisserai plus jamais abuser de la sorte. Je suis juste stupéfait d’en
découvrir une qui se bat pour qu’on la respecte. Ne va pas t’imaginer autre
chose.
Je
n’aime pas beaucoup parler de cette période de ma vie. Elle a été très
douloureuse et le demeure même après toutes ces années. Mais il fallait que je
remette les choses dans leur contexte pour qu’Elle ne sème pas la zizanie avec
ces allégations. Je connais Alexander. L’argent, les biens matériels et tout le
reste, pour lui c’était une question de fierté pour sa famille.
Mais
Leila ! Je ne m’amuserai pas à jouer les perturbateurs. Quand j’étais à Londres
et que je pensais éloigner la jeune femme de lui, je ne savais pas encore à
quel point ces deux là s’étaient liés. Alexander est un mec bien. Mais ses
colères sont terrifiantes.
Je
regarde l’heure à ma montre. Ca fait plus d’une heure qu’ils l’ont emmenée et
on n’a plus eu aucune nouvelle. Je me rapproche d’une infirmière qui sort de la
salle de déchoquage.
— Alors ?
Je
sais que je n’ai plus besoin de me présenter ni même de demander précisément
Leila. J’ai gueulé une fois et maintenant j’ai toute leur attention.
— Oh Monsieur Onbinda, votre
femme n’est pas sous ma responsabilité mais je crois avoir entendu le docteur
dire qu’elle est enceinte.
Je
ne relève pas l’erreur, je n’en ai pas le temps. Je suis abasourdi et la laisse
repartir sans plus rien demander quand on la rappelle d’urgence. Leila,
enceinte ! Je croyais sincèrement que c’était le genre de femme à contrôler
parfaitement toute éventuelle maternité.
— Alexander va être papa.
Malgré
la surprise, elle garde la tête froide et dit avec un air de manipulatrice qui
m’effraie.
— Il faut le lui dire Louis. Il
ne l’abandonnera pas s’il la sait enceinte.
— Tu veux qu’elle le retienne
avec un enfant ? Sa famille n’acceptera jamais cet enfant.
— Mais lui l’acceptera.
Et
elle retourne s’asseoir sur le banc de la salle de réception. J’essaie d’appeler Alexander mais il ne
décroche pas. Je lui envoie un message sur son BBM.
— TU VAS ETRE PAPA. PRENDS LA
BONNE DECISION. NOUS SOMMES A EL RAPHA.
****Alexander****
Je
suis tellement fatigué que je dois m’adosser un instant aux parois de
l’ascenseur. Je ferme les yeux et passe une main nerveuse dans mes cheveux.
J’ai besoin de retrouver Leila. Il faut qu’on parle.
J’ouvre
la porte de l’appartement et suis surpris de le trouver dans le noir. Leila
n’est pas là. J’ai comme un mauvais pressentiment. Pourquoi n’est-elle pas là ?
Lui a-t-on déjà tout dit et si c’est bel et bien le cas, elle devrait être là à
m’attendre, ivre de colère. Mais l’appartement est silencieux et ce silence me
glace le sang. Je l’éclaire en allumant les lampes. Je suis tétanisé à l’idée
qu’elle pourrait aussi avoir pris ses affaires et foutu le camp. Pour Leila,
tout a toujours été question d’orgueil, bien ou mal placé, elle tient plus que
tout à éviter toute humiliation et la scène de tout à l’heure en était une,
n’est-ce pas Xander ? Après avoir tout préparé pour faire venir ta mère, se
voir reléguée à l’arrière plan !
Avant
d’avancer plus en avant, je lance une dernière fois un appel. Personne ne
décroche. Elle ne veut pas me parler ? Je n’ai qu’à faire quelques pas et je
saurai la vérité. Je traverse le couloir et j’entre dans notre chambre. Je ne
prends même pas la peine d’allumer. J’ouvre fébrilement les placards.
Dieu
merci. Tout est là. C’est un soulagement tellement immense que j’en ai le
vertige.
Je
titube en reculant jusqu’à notre lit et je m’y assois. Elle n’est pas partie.
Tout est encore possible.
Le
téléphone vibre dans ma poche et quand je l’en sors, l’écrin tombe à mes pieds.
Je ramasse la petite boite. Si les choses s’étaient bien passées, on aurait dû
à cette heure être fou de joie et tellement heureux d’être enfin d’accord pour
avancer ensemble. Mais les choses ne se passent jamais comme on espère. Jamais.
Je
débloque le téléphone et lis le message de Denis « TU VAS ETRE PAPA. PRENDS LA
BONNE DECISION. NOUS SOMMES A EL RAPHA ».
Je
ne peux dire combien de secondes il m’a fallu pour descendre sept étages
d’escaliers à pieds et me rendre à ma voiture. J’ai complètement oublié qu’il y
avait un ascenseur dans l’immeuble.
Bien
plus tard
****Alexander****
J’ECOUTE
LE MEDECIN ME METTRE A TERRE. JE L’ECOUTE HACHER MON CŒUR A VIF.
Je
suis sagement assis comme un enfant devant cette femme qui détruit par des mots
scientifiques le rêve en couleur que j’ai fait en venant à la polyclinique.
— Il s’agissait d’une grossesse
extra utérine que nous avons diagnostiquée grâce à un touché vaginal, une
échographie et une prise de sang pour vérifier son taux de HCG. L’utérus était
vide mais il y avait une présence anormale au niveau de sa trompe gauche.
L’évolution de l’œuf a entrainé un éclatement de la trompe et une hémorragie
massive qui à ce moment engageait son pronostic vital. Votre compagne a failli
mourir mais elle a été sauvée in extremis. Elle en était à six semaines. Le
chirurgien a dû pratiquer une salpingectomie, c’est à dire enlever totalement
cette trompe qui était complètement abimée pour éviter tout risque de récidive.
Je sais que pour le moment vous êtes sous le choc. Mais elle pourra concevoir
ne vous en faites pas, dans trois mois minimum vous pourrez vous y remettre.
Mais en attendant évitez la pilule ou le stérilet. Je lui ferai les mêmes
recommandations quand elle se réveillera.
J’ECOUTE
LE MEDECIN NOUS METTRE A TERRE LEILA ! IL N’Y A PAS DE BEBE. Il n’y a plus de
bébé.
Quand
je suis sorti de son bureau, Denis et Elle m’attendaient devant la porte. Mais
je ne supportais pas de les voir s’apitoyer sur mon sort. Je me suis éloigné
d’eux sans rien dire et ils ne m’ont pas suivi. Ils savent que je ne suis pas
d’humeur à écouter quiconque.
Leila
est en salle de réanimation et je ne peux pas encore la voire. Je ne sais pas
comment elle va digérer tout ça. A peine enceinte, elle perd le bébé, et j’ai
failli la perdre. Putain, j’ai failli la perdre.
Je
ressens comme une violente envie de réconfort et compose le numéro que ma mère
m’a donné avant que je ne la quitte. Puis je me rends compte que c’est une
erreur de vouloir me confier à elle et raccroche avant qu’elle ne décroche.
Elle me rappelle automatiquement et je m’épanche d’une voix hachée par la
douleur. C’est ma mère, elle peut me soulager de cette douleur comme quand
j’étais enfant. Cela fait tellement de temps qu’elle n’a pas joué ce rôle de
consolatrice. Elle peut le reprendre maintenant que j’en ai tellement besoin.
Nos divergences sont à mettre de côté.
Oh
mère j’ai tellement mal pour elle et pour moi !
— Dieu soit loué… Mais mon fils
tu ne te rends pas compte de ce que tu fais. C’est une aberration, de la pure
folie, tu ne peux pas mélanger notre sang avec celui de cette … femme.
— Tu traites mon enfant…
d’aberration ? je lui demande avec
stupeur.
— Devdas réveille-toi ! Il n’y a
pas d’enfant. L’illustre lignée de ton père qui a déjà subie tellement
d’altération mérite mieux. Il te faut une fille de ta caste. Devdas tu m’écoutes
?
…
Les choses s’éclairent dans mon esprit. Ma famille qui m’a quasiment abandonnée
essaie de mettre la pression sur moi pour que j’abandonne « mon bonheur ». Mais
je ne peux pas me soumettre à leur seule volonté. Ce n’est pas ce que j’ai
appris en Grande-Bretagne Je ne peux me soumettre parce qu’en me construisant
loin d’eux, j’ai bâti mes propres valeurs. Je ne quitterai jamais Leila. Je
suis un indien c’est vrai. Mais je suis aussi un homme avant tout. Un homme qui
aime éperdument une femme et qui sait à quel point elle a voulu tout donner
pour lui. Je suis un indien c’est vrai et je dois le plus grand respect aux
dernières volontés de mon père et à celles de ma mère. Mais je suis avant tout
un homme. Et je dois le plus grand des respects à mon propre bonheur.
— Dès aujourd’hui, considère que
toi non plus tu n’as plus d’enfant ! je dis d’une voix dure et sur un ton que
je n’avais encore jamais utilisé pour parler à ma mère.
Et
je raccroche. J’assumerai les conséquences de mon acte après. Pour le moment
Leila et moi avons besoin de nous retrouver.
****Trois
mois plus tard. ****
****Leila****
J’ai
du mal à me remettre.
Le
médecin avait parlé de choc psychologique, de stress, de nausée liée à
l’anesthésie, de gêne dans l’épaule… Mais tout ça est passé. Je ne m’attendais
pas à cet enfant et d’ailleurs je ne comprends même pas comment j’ai pu tomber
enceinte sans le savoir, sans en ressentir aucun symptôme ! Je pensais
réellement que tout ça était sous contrôle. J’ai peut-être oublié de prendre la
pilule à un moment donné, je ne sais plus, et de toute manière…Ca n’a plus
d’importance.
J’ai
du mal à me remettre.
Je
n’ai pas envie de parler de la soirée de mariage avec Xander. C’est trop dur
d’évoquer tout ce qui a basculé dans le chaos ce jour là. Quand je pense que je
m’attendais tellement à ce qu’il soit en colère contre moi que je n’ai pas
prévu que le mal pourrait venir des siens.
Xander
fait de son mieux pour ne pas me brusquer.
J’ai
du mal à me remettre de tout ce qui s’est passé parce que sa famille est
toujours là. Aux aguets ! Je ne supporte pas cette épée de Damoclès au dessus
de ma tête.
Denis
et Elle, me disent qu’il a fait son choix, que je devrais tout oublier et me
concentrer sur mon bonheur, notre chance… Il a fait son choix mais est-il
heureux de l’avoir fait ? Pourquoi ces parents ne partent pas ?
Nous
sommes à table et je n’ai pas encore touché mon assiette. Alexander a commandé
des plats chinois très épicés pour que j’y goute. Je n’ai pas très faim. Tout à
un gout de carton. J’ai perdu un peu de poids. Je suis horrible à voir en ce
moment, j’en ai largement conscience mais j’ai du mal à reprendre pied.
— Tu vas m’arrêter ça tout de
suite Leila !
— De quoi tu parles ?
— Ca fait des semaines que ça
dure et j’en ai assez. Je ne compte pas épouser cette jeune fille combien de
fois vais-je devoir te le dire ?
Je
dépose mes couverts sur la table et me lève.
— Est-ce que tu sais ce que ça
fait de voir dans les yeux de ta mère que pour elle, je ne vaux pas la peine
qu’elle s’attarde ? Je suis tout simplement … insignifiante à ses yeux. Mais je
n’ai rien demandé moi. Cette histoire que je vis, je n’ai rien demandé. Les
sentiments que j’ai pour toi me sont tombés dessus. Ce n’était pas un calcul,
pas un moyen de lui arracher son fils. Je n’ai eu d’autres choix que de
succomber alors pourquoi elle n’a pas d’autres choix que de m’accepter. Je suis
déçue de ne pas lui avoir plu Xander. Ici tout le monde estime que j’ai tout
pour moi et naïvement j’ai cru qu’elle le remarquerait aussi. Si je me suis
battue toute ma vie, que j’ai travaillé comme une chienne, c’est pour toujours mériter le respect de
tous. Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais … mais qui
voudrais déplaire à une personne qui compte dans la vie de celui qu’il aime?
Avant même de la connaitre, j’ai eu du respect et de l’estime pour celle qui a
donné le jour à l’homme que j’aime. Du respect malgré tout ce que tu m’as
raconté sur ta famille. Qu’est-ce qu’elle a cette fille que je n’ai pas ? Elle
est très belle c’est vrai. Mais je le suis aussi. Je suis intelligente, tu peux
compter sur mon soutien en toute occasion. Quoi ? La longue chevelure ? Même
ça, Dieu soit loué je l’ai. Pourquoi ta mère l’a emmenée ? Qu’a –t-elle que je
ne peux donner à son fils ?
Et
je quitte la table pour rejoindre notre chambre. Je n’en peux plus tout
simplement. Etre celle pour qui encore une nouvelle fois il allait subir
l’exclusion était dur à porter et me faisait me sentir égoïste.
Je
prends une valise posée dans un coin de la chambre depuis que j’y avais
emménagé mes affaires et je l’ouvre sur le lit pour pouvoir y mettre mes vêtements.
Il me faut un peu de distance entre nous.
S’il
n’arrive pas à me convaincre de rester et de me battre, je n’y arriverai pas.
Alexander
m’a suivie, est rentré et m’a arraché des mains les vêtements que je venais
d’enlever de la penderie. Il est très en colère. Il jette la valise au loin
avec les vêtements.
— Qu’est-ce que ça signifie ? dit-il
d’une voix sourde, sans crier.
— Que veux-tu que je fasse bébé?
Je ne serai jamais elle
— Mais pourquoi tu te tortures
autant ? Elle non plus quoi qu’elle fasse, elle ne sera jamais toi.
Je
veux m’éloigner de lui et il m’en empêche. Dans sa colère, sa main retient la
fine bretelle de mon tricot qui cède. Il me prend dans ses bras et me serre
tellement fort que je suffoque presque. Mes seins s’écrase contre son torse. Sa
main s’insinue dans mon intimité. Je porte toujours ma jupe lisse et mon slip
en coton.
LA
CARESSE EST EXQUISE. TOI SEUL SAIT JOUER AISNI DE MON CORPS MON AMOUR. TOI
SEUL.
— Elle ne sera jamais celle qui
rend fou d’amour ton Xander. Elle ne pourra jamais me faire perdre la tête
comme tu le fais. Et tout ce qu’ils feront ne pourra rien y changer. Tu n’as
rien à lui envier.
Il
m’allonge sur le lit. Et ses baisers me font aussi perdre la tête. Il ne prend
pas la peine de se déshabiller complètement, son désir est urgent, je le vois à
la couleur de ses yeux qui lentement s’obscurcit. Cela m’a tellement manqué. Ce
regard de fauve posé sur moi. Cette fièvre dévorante. Ce désir à assouvir
urgemment !
AIME-MOI
ALEXANDER. J’AI TELLEMENT MAL. AIME-MOI.
Je
veux l’arrêter et prendre un préservatif dans le petit tiroir de mon côté
puisque je ne suis plus sous pilule mais il arrête ma main et me pénètre ainsi.
Je ferme les yeux sous le plaisir qui envahit mon corps et s’étend dans tout
mon être. Il boit mon soupir à la source de mes lèvres.
— Écoute-moi Leila. Tu vas me
donner une belle petite fille à chérir, tu comprends. On va se marier et être
heureux. C’est tout ce qu’il y a à dire…
Pourquoi
parle –t-il d’enfant maintenant. Ca fait mal ! Je m’arrête de bouger. Je lui
refuse ce qu’il prend sans l’avoir demandé et détourne mon visage de lui pour
lui cacher ma détresse…
— Ton corps est mon temple Leila.
Lorsque plus rien n’a de sens pour moi, que la tempête souffle et tente de me
balayer. C’est en toi que je me réfugie. Ne me refuse pas ça. Pas maintenant
que c’est si difficile pour nous.
TOUT
CEDE EN MOI, TOUTES LES FRUSTRATIONS, LES COLERES, LES REGRETS SONT BALAYES PAR
LES PAROLES D’ALEXANDER.
Il
me caresse les cheveux comme lui seul sait le faire pour apaiser ma souffrance
et dès qu’il comprend que j’ai rendu les armes, le feu a de nouveau brulé en
nous. Le temps du doute est révolu et la faim qui nous habite reprend le
dessus. Nous sommes fous et passionnés. Tandis que nos langues se mêlent une
nouvelle fois en une danse érotique et complètement électrisante, je noue mes
jambes autour de ses reins pour mieux répondre à chacune des rencontres de nos
deux corps.
— Je sais à quel point tu
souffres, murmure-t-il. Mais aime-moi Leila. Ne t’arrête jamais de m’aimer.
Aime-moi plus fort chaque jour. Aime-moi, j’en ai besoin.
Il
me creuse aussi fort qu’il peut et perd les pédales peu à peu quand je réponds
à ses assauts en cambrant les reins. J’aime quand je lui fais perdre la tête.
Le rythme s’accélère et les gémissements se font plus intenses et sauvages. Nos
corps ont besoin de se retrouver comme hors du temps et de l’espace tandis que
nos esprits communient.
L’extase
finale nous couple le souffle à tous les deux. Nos âmes se mêlent comme si
elles avaient été originairement qu’une seule et même âme.
Il
m’aime et je l’aime.
QU’IMPORTE
LE RESTE DU MONDE.
a suivre.
un petit commentaire? Merci