aise huye ab hum fida (C’est ainsi que je suis tombé amoureux de toi)

Ecrit par leilaji

Chapitre 14

 

****Leila****

 

C’est la deuxième semaine qu’il passe à l’hôpital. Je me rends chaque soir à El Rapha mais je n’ose l’approcher de trop près. Il s’est fracturé la jambe et le bras gauches et on a dû l’opérer. Pour les fractures, il a été plâtré et après l’opération tout s’est remis en place. Mais le souci c’est le traumatisme crânien qu’il a subi. Il ne se réveille pas. Pourquoi ne se réveille-t-il pas ?

 

Aujourd’hui, j’ai un peu trainé au boulot donc je suis en retard à El Rapha. L’heure des visites est dépassée de quarante bonnes minutes et l’infirmière de la réception refuse de me laisser passer. Mais je ne peux pas ne pas le voir. J’en ai besoin. Je sors mon téléphone du sac et compose le numéro de Monsieur Baillard, c’est le PCA d’El Rapha. Il est présent à Libreville, je le sais, je viens de traiter un de ses dossiers. Il peut donner des consignes. Je lui dis ce qui se passe et que j’aimerai bien pouvoir exceptionnellement rendre visite à Alexander. Il me demande de lui passer l’infirmière. Quelques minutes après, c’est elle-même qui m’accompagne auprès d’Alexander.

 

J’ai poussé la porte 7 et je suis rentrée après avoir remercié l’infirmière d’un sourire.

 

L’odeur de médicament qui règne dans sa chambre est, certains jours, comme aujourd’hui insoutenable. La blonde est là, assise sur le fauteuil visiteur. A ma vue, elle se lève prestement. Je lui demande de rester assise. Après tout, il l’a choisi elle, après que je sois partie. J’ai juste besoin de le voir. Tout ce qui nous arrive est de ma faute. Entièrement de ma faute.

 

Je m’approche de son lit et caresse son visage. Il a l’air paisible. Une barbe hirsute lui mange le visage. Il faudrait qu’on le rase.

 

La blonde finit par se lever. Si elle est gênée par ma présence, je n’y peux rien, ce n’est pas à moi de m’en aller et de la préserver. Je me retourne de nouveau vers Alexander. Quand je le vois allongé sur ce lit, avec tous ces appareils qui le traversent de part et d’autre la peau si pâle, j’ai envie de le secouer pour lui dire de se réveiller.  Je commence à pleurer… Tout doucement. J’oublie cette autre femme qui est dans la chambre avec moi. Je n’ai pas honte de pleurer devant elle. C’est mon homme.

 

Elle se lève et me parle :

 

    Je suppose que c’est à cause de vous qu’il me trouvait trop grande, trop blanche, trop blonde…

 

Je la regarde mais ne dis rien parce qu’elle me parle sans méchanceté. Je veux qu’il se réveille, c’est tout ce qui m’intéresse, elle je n’en ai rien à faire. Dieu je t’en prie.

 

     Dis lui ce qu’il a envie d’entendre…. Quand il se réveillera… dis lui qu’il me manquera. Je vais vous laisser.

     Je lui dirai.

 

Puis elle s’en va et nous laisse seule. Aujourd’hui, c’est la première fois que je l’approche. Habituellement, je reste juste devant la porte et j’attends que quelque chose se passe. Mais, il ne se passe jamais rien. Je ne sais plus à quel saint me vouer. J’approche mon visage du sien. Je ne vois plus le temps passer. Un moment après, l’infirmière rentre et se racle la gorge :

 

     Excusez-moi madame mais il est temps de partir…

 

Je ne lui réponds pas. Je presse mes lèvres sur celles d’Alexander. Elles sont froides et sèches. Les douces lèvres de mon homme sont froides et sèches. J’ai de la peine mais je reste forte.

 

    Je veux voir tes yeux verts me fusiller du regard. Ouvre les yeux bébé. Je t’en prie ouvre les yeux !

 

    Madame…

 

Je le regarde et j’insiste : Ouvre les yeux, Xander.

 

Un regard vert me transperce : Alexander.

 

*

**

 

Il ne m’a pas dit quand il rentrait, ni qui venait le chercher de l’hôpital. Il ne me parle pas. Depuis son réveil, il ne m’a adressé aucun mot. Il m’ignore tout simplement.

 

CA ME FAIT MAL.

 

Mais je m’accroche, cette fois-ci je n’abandonnerai pas aussi vite.  J’ai toujours la clef de chez lui. Je peux l’utiliser. Et c’est ce que je fais.

 

***Deux mois plus tard***

 

Je suis chez lui et je regarde la télévision. Il s’est bien remis de son accident mais je commence à me demander pendant combien de temps son manège va durer. Ce soir, je sens que je lui tape vraiment sur les nerfs, il a envie de me dire de foutre le camp de chez lui mais comme il s’est décidé aussi à ne pas me parler, il ne sait plus sur quel pied danser. Tout ça ne m’amuse plus. Je suis au bout du rouleau. Je fais mon job au boulot et en même temps je m’occupe de lui quand il me laisse faire, ce qui n’est pas très évident.

 

Il s’est douché et habillé pour sortir. Son téléphone ne fait que sonner depuis qu’il l’a abandonné sur la table du salon. J’ai une de ces envies de lire le nom qui s’affiche sur l’écran mais je me retiens.

Il est revenu au salon et prend son téléphone. Il lance un appel et dit à la personne qu’il arrive.

 

Mais qu’est-ce qu’il fout ?

 

    Tu vas où ? je lui demande d’un ton acerbe.

 

Il m’ignore.  Je me lève et me place devant lui.

 

    Tu vas où ?

 

Il essaie de passer outre ma présence mais je ne peux pas le laisser partir comme ça devant moi et applaudir des deux mains. Ca ne peut pas se passer comme ça.

 

    Quoi t’es sérieux là Alexander ? C’est à moi que tu fais ça ?

 

****Alexander****

 

La colère explose en moi et je me mets à hurler alors que depuis plus de deux mois je ne lui ai adressé aucun mot.

 

    Oui c’est à toi que je fais ça ! Quand tu partais pour New York tu as pensé à moi. NON. Je t’ai donné la clef de cet appartement ce que je n’avais encore jamais fait et toi … toi … Putain. Laisse moi passer, je ne veux plus te voir ici. Tu prends tes affaires et tu dégages d’ici !

    Je ne savais pas pour la clef… Je te le jure, je ne savais pas, dit-elle d’un ton suppliant, (c’est bien la première fois qu’elle m’implore mais je ne cèderai pas).  Je ne l’ai vu qu’à l’aéroport et dès que j’ai compris. J’ai couru ici pour te dire combien je voulais aussi rester avec toi. Et je t’ai trouvé avec elle… Alors qui se moque de l’autre dis moi qui ?

    Je n’ai pas à me justifier pour Nathalie. Je ne te dois aucune explication. Je ne veux plus te voir c’est tout ce que j’ai à dire.

    Alexander. Ne fais pas ça. Je sais que j’ai été orgueilleuse et que tu veux me le faire payer. Mais toi aussi avoue que dès le départ tu m’as mise en garde, qu’il ne fallait pas que je m’attache à toi. Tu es le premier homme pour qui je ressens ce que je ressens. Je ne sais pas quoi faire de tels sentiments. J’ai beau essayer de m’en débarrasser, je n’y arrive pas. Parce que tu es là dans mon cœur. New York c’était… une récompense pour mon travail soit mais si tu m’avais parlé au lieu de tout simplement me glisser la clef sur le trousseau, nous n’en serions pas là.

    NOUS N’EN SERIONS PAS LA. DONC C’EST DE MA FAUTE ? Mais Leila. C’est une muraille que tu as bâti autour de toi, de ton cœur. Toute tendresse doit t’être arrachée. Comment te dire ce que je ressens quand tu me donnes l’impression que je suis une charge pour toi. Je n’ai plus l’âge de batailler pour des miettes. Je ne reviendrais plus en arrière… Prends tes affaires et vas-t-en ! Tu laisseras la clef sur la table.

 

Ma décision est prise. Je tourne les talons et me rapproche de la porte.

 

    Regarde-moi et dis-moi que tu ne m’aimes plus.

    Je n’ai pas besoin de faire ça. Tu le sais déjà.

 

Elle me suit et me rattrape avant que je ne puisse ouvrir la porte. Elle s’adosse à la porte et me repousse loin de cette satanée porte.

 

    Dis-le !

 

Je me rapproche d’elle. Elle veut que je sois plus convaincant ? D’accord. Je vais lui donner ce qu’elle veut. Mais que fait-elle ?

 

     Dis-moi que tu ne m’aimes pas.

 

Elle enlève la chemisette qu’elle porte tout doucement, son regard plongé dans le mien. Puis elle défait un à un les boutons de son pantalon avant de l’enlever et de l’envoyer valser loin de nous.

 

« Dis le moi, que tu ne m’aimes pas »

 

Elle enlève son soutien et libère ses seins. Je recule d’un pas.

 

-       Arrête ça Leila, ca ne sert à rien, je lui dis d’une voix incertaine.

-       Je veux t’entendre dire que tu m’aimes.

 

Elle revient vers moi. J’ai le cœur qui bat la chamade. Elle empoigne le revers de ma veste et me tire vers elle. Sans ses habituels talons, elle est tellement plus petite que moi. Elle m’embrasse et un brasier s’allume entre mes reins. Ca fait tellement longtemps qu’on ne s’est pas touché. Je n’en pouvais plus de passer toutes ces nuits dans cet appartement avec elle et de ne pas pouvoir lui faire l’amour.  Elle m’embrasse encore plus fort, sa langue s’enroule autour de la mienne. Elle m’embrasse comme si sa vie dépendait de ma réponse. Elle ne m’avait encore jamais embrassé comme ça !

 

    Dis-moi que tu m’aimes, murmure-t-elle tout contre mes lèvres.

 

Je la regarde et je ne dis rien. Je veux la voir aller jusqu’au bout. Elle passe une main caressante dans mes cheveux, puis les tire en arrière.

 

« Dis le ! ».

 

    Je ne le dirai pas. Tu ne connais pas la valeur de ces mots, tu ne mérites pas de les entendre.

 

Elle me sourit et m’entraine vers la chambre. A peine on y est qu’elle me pousse sur le lit. Mutine ! Je ne l’ai jamais vu aussi sure d’elle. Elle me déshabille complètement et détache ses cheveux. Cette masse noire coule sur son corps et lui donne l’air d’une déesse. Les pointes de ses seins sont tendues vers moi. Je n’ai qu’une seule envie, les prendre dans ma bouche et leur infliger une douce torture avec mes lèvres, ma langue et mes dents. Ca la fait gémir et moi l’entendre gémir m’excite à un point fou. Elle sait que ses cheveux me rendent dingue. Elle le sait. Elle m’embrasse puis descend … tout doucement sur mon corps. Au fur et à mesure qu’elle parcourt ma peau de baiser puis de petites morsures, ses cheveux suivent son parcours et glissent sur moi. C’EST LA PLUS DOUCE DES CARESSES. Je n’ai jamais été aussi excité de ma vie. Elle descend toujours puis embrasse mon sexe. Je me relève et la retient par les cheveux. Elle en profite pour revenir à mes lèvres et m’enserrer dans ses bras. Puis tout doucement, elle s’empale sur moi. Elle descend aussi lentement qu’elle peut et son intimité si douce et chaude m’enveloppe et me plonge dans l’abime. Je la regarde, j’observe ses moindres réactions. Elle a les yeux fermés et se mord la lèvre inférieure pour mieux apprécier le plaisir de m’avoir en elle. Je m’attends à ce qu’elle se mette en mouvement mais elle reste posée et me regarde avec un air de défi.

 

    Dis-le.

    Tu ne mérites pas de l’entendre.

 

Elle contracte son sexe et ce simple geste fait courir un long frisson sur ma colonne vertébrale. A mon tour, je laisse échapper un gémissement. Puis elle se met à aller et venir. Doucement, puis la cadence s’intensifie et devient infernale. Ses seins tressautent pour chaque va et vient qu’elle fait sur moi.

 

« Dis le moi ». Elle le répète encore et encore.

 

Jusqu’à ce que l’extase nous emporte tous les deux. Je n’ai rien avoué. Mon corps est secoué de tremblement. Je me sens dans un autre monde… Oh Leila !

 

****Leila****

 

J’ai les yeux fermés et n’ose plus les ouvrir. Je laisse ma respiration se calmer, mon corps se détendre après l’orgasme et je le serre encore plus fort dans mes bras. Il m’a tellement manqué, son corps m’a tellement manqué. Si ce doit être la dernière fois pour nous deux, j’espère qu’il en gardera un souvenir  impérissable.

 

Si j’ouvre mes yeux, je suis sûr que je tomberai sur son regard vert méprisant. Je ne le supporterai pas. Il ne m’a rien dit. Il s’est juste laissé aller.

 

ALORS, IL NE M’AIME PLUS ?

 

Je dois m’en aller maintenant. Il faut que j’y aille.

Je pose mon bras sur mes seins en un geste de pudeur insensé après ce qu’il vient de se passer.

 

     Leila. Ouvre tes yeux.

    Non, je ne veux pas.

 

Il rapproche sa bouche de mon oreille et me murmure :

 

Lui : DIEU M’EST TEMOIN QUE TU M’ES PLUS PRECIEUSE QUE MA VIE, LEILA.

Puis il s’est mis à me parler dans une langue indienne. Et il traduisait à chaque fois.

 

shukran allah wallah alham dulillah

Merci Dieu, que Dieu soit glorifié.

 

lab ne jo lab chhoo liya to aasmaan se barsi duaaien

Quand nous nous sommes touchés de nos lèvres, les prières ont apparus du ciel

 

teri saanson mein chain mil gaya

j’ai trouvé la paix dans ton souffle

 

kaise rahein ab hum juda,

Comment puis-je resté loin de toi? 

 

aise huye ab hum fida

C’est ainsi que je suis tombé amoureux de toi

 

tere saaye mein mili har khushi, teri marzi meri zindagi, le chal tu chaahe jahaan

J’ai trouvé la joie dans ta nuance, ton désir est ma vie, emmène moi où tu voudras

 

 

Qui a –t-on déjà aimé ainsi ?

 

Les amoureux du Taj...