Alice FOTSO (suite)

Ecrit par Badgalkro


Maman a un tempérament bien trempé contrairement à papa qui préfère le calme à l'agitation. Après ça, Boris a vite compris qu'il fallait se faire tout petit pour ne pas avoir maman sous le dos.

Un an plus tard, nous accueillons Maeva FOTSO, ma petite sœur. Maman a eu une grossesse très compliquée, car après moi, elle a attendu longtemps avant de concevoir à nouveau et les myomes se sont installés dans son ventre. Du coup, ce n'est pas par voix basse qu'elle a accouché de Maeva mais par césarienne. Heureusement toutes les deux se portent très bien.

Bénédiction après bénédiction, papa et maman s'offrent un local à Bastos qui sera désormais leur restaurant. C'est un quartier assez huppé, la clientèle sera plus sélective mais les parents décident de continuer avec des mets traditionnels. Ils décident aussi de ne pas trop chercher et le nomment '' Chez FOTSO ''. En prenant un local, ils recrutent un cuisinier pour varier le menu et deux serveurs.

Un jour alors que je termine la vaisselle au restaurant, je vois un monsieur assis à une table. Il a commandé une tasse de café mais depuis que je l'observe, il ne l'a pas touché et en y prêtant bien attention , il est soucieux, le regard dans le vide.

Quand je veux m'approcher de lui, papa me retient

Papa : n'y va pas

Moi: stp papa juste quelques secondes

Papa: c'est un étranger Alice, tu sais que ta mère et moi t'avons interdit de parler aux étrangers

Moi: oui je sais papa. Mais il a l'air très soucieux. Juste un instant et je reviens stp

Papa: tu es très têtue Alice. Mais si tu veux te faire gronder par ta mère, passe plus de 5 min avec lui. Après ne m'appelle pas à l'aide.

Rapidement je me dirige vers lui.

Moi: bonjour Monsieur.

Il me regarde un instant puis porte son regard vers l'extérieur. Je tire la chaise et m'assoie.

Moi: euh, je vous ai un peu observé, vous avez un problème ?

Il ne me répond pas

Moi: monsieur... Qu'est ce qui vous tracasse?

Il soupire et me regarde

Lui: tu ne vas pas lâcher l'affaire n'est-ce pas ?

Je souris.

Moi: non

Il me regarde longuement

Lui: il me semble que tu as un bon coeur ma petite. Si seulement tout le monde pouvait l'avoir.

Moi: ma maman m'a dit que lorsqu'on est inquiet, on doit se confier pour se soulager. Ainsi on évite les maladies, vous savez

Il rit

Lui: OK. Ta maman est de bon conseil. Mais tu es très petite pour comprendre certaines choses.

Moi: par contre j'ai vite compris que vous avez un souci

Lui: mais je ne t'ai rien dit moi

Moi: et si vous commenciez maintenant? Allez, je vous écoute!

Lui: tu n'as rien à faire? Tes parents ont sûrement besoin de toi

Moi: j'ai fini ce que j'avais à faire. C'est quoi votre nom?

Lui: quelle impertinence !

Je lui tends la main

Moi: Alice FOTSO

Il me regarde et regarde la main. Un instant plus tard il me serre la main

Lui: Claude MBA

Moi: ravie de faire votre connaissance

À ce moment M, j'entends la voix de maman m'appeler au loin. Je relâche sa main

Moi: vous êtes quelqu'un de bien, revenez quand vous voulez. Ça sera un plaisir de vous écouter. Bonne soirée monsieur MBA

Il sourit et je m'en vais..

Lorsque j'arrive en cuisine, maman me fait ma fête. Reproches auxquels papa assiste sans broncher. Il m'a prévenu ; quoique j'aurais souhaité qu'il demande à maman de laisser ainsi.

Un soir à table, à la fin du repas, papa prend la parole

Papa: ça fait deux semaines que monsieur MBA passe au restaurant, et à voir sa tronche il est déçu de ne pas voir Alice.

Maman: et que voudrais-tu qu'on fasse de ses humeurs?

J'ai oublié de vous dire qu'elle m'a interdit de mettre pied au restaurant après avoir remarqué qu'à chaque fois qu'il vient on se parle lui et moi, même si ce n'est que pendant quelques minutes. Bien évidemment, Christine FOTSO ne le prend pas d'un bon oeil et m'a demandé de ne plus y mettre pied jusqu'à nouvel ordre.


Papa: je lui ai demandé pourquoi il est tant intéressé par le fait de discuter avec une petite fille... Il m'a répondu qu'il n'a aucune intention malsaine.

Maman: et tu le crois ? Tu es sérieux ?

Papa : On peut lui laisser le bénéfice du doute chérie

Maman : je ne le connais pas. Il est certes un client régulier mais il reste un inconnu. D'ailleurs il est régulier grâce à elle, sinon on ne le verrait pas. Et c'est la raison pour laquelle je ne voudrais plus qu'ils soient en contact.

Papa: tant que c'est au restaurant ça ne dérange pas chérie. Il ne tentera rien devant nos yeux si c'est bien ça ses intentions .

Moi: il souffre maman

Elle me regarde méchamment

Maman : tu es déjà médecin toi ?

Moi: non maman... Mais à l'écouter ça se ressent

Maman: ah je vois... Et c'est toi, du haut de tes 12 ans qui vas l'aider à se sentir moins souffrant?!

Papa : je te comprends parfaitement, mais après tu devrais au moins lui laisser sa chance.

Maman : c'est juste une apparence... Je suis sûr qu'il va finir par l'enlever. On les connaît... Une inattention de notre part et on la cherchera sans plus la trouver. Des crimes rituels on en parle. Et moi je ne veux pas mettre ma fille en danger.

Papa soupire de lassitude. On sort de table tout silencieux. Avec Boris on va faire la vaisselle et on la range. Lorsqu'on s'installe dans nos lit respectifs, la porte s'ouvre sur maman. Elle s'approche de mon lit

Maman: tu recommenceras à aller au restaurant demain. Mais j'aimerais que tu nous informes si monsieur MBA tente quelque chose d'incorrect avec toi.

Moi: d'accord maman.

Maman : dormez bien

Boris et moi: Bonne nuit

Une fois qu'elle sort, je souffle un '' merci papa''.

Il m'a retrouvé un autre jour au restaurant. Tout heureux de me voir. Et sans que je lui mette une quelconque pression, il m'a raconté ce qu'il lui arrive.

Claude: je l'ai rencontré pendant des vacances aux États-Unis. Je suis tout de suite tombé amoureux d'elle. Lorsque je rentrais au Cameroun, elle a tout plaqué pour me suivre. J'avoue que j'ai été agréablement surpris. Ma famille ne l'a pas trop apprécié car ils l'ont jugé trop superficielle et assez matérialiste. J'avais déjà monté ma boîte, du coup j'avais assez de sous pour me prendre un endroit pour nous deux. Je n'avais d'yeux que pour elle. Sans comprendre comment, du jour au lendemain nous nous sommes mariés. Ce qui a énormément déçu mon petit frère. Il ne m'adressait presque plus la parole. J'avais mis ça sur le compte du même ressenti que la famille et j'ai laissé couler. Ma femme m'a par la suite donné un fils. Il a 17 ans aujourd'hui... Et deux ans après sa naissance, elle a accouché d'un autre fils. Son comportement avait déjà quelque peu changé. Nous ne passions plus que notre temps à nous disputer et puis la grande annonce , mon deuxième fils n'est autre que le fils de mon petit frère.

Moi: quoi ????

Claude: cette nouvelle m'a dévasté. Je l'ai su dans une lettre qu'elle m'a laissé il y a un an. Et depuis, je ne sais plus où me mettre

Moi : wow

Claude: ce qui m'a fait plus mal c'est que mon petit frère était amoureux d'elle. Et il m'a trahi au point de faire un enfant avec ma femme.. Ma femme. J'ai renvoyé le petit chez lui après ça

Moi: mais pourquoi

Claude : elle m'a montré son vrai visage. C'est quand je découvre qu'elle a vidé nos comptes, qu'elle enfonce le clou en me laissant cette lettre. Le comble, elle a tellement monté mon fils qu'il a déjà lui aussi commencé à me mépriser. Par contre, le deuxième je le considère toujours comme mien. Sauf que n'ayant plus de moyen et étant sur le point de faire faillite , j'ai contacté son père, et en face de lui on s'est expliqué et il a compris pourquoi il devait être dorénavant avec lui.

Moi: qu'est ce que vous a dit votre petit frère quand vous parliez?

Claude: c'était une erreur. Il avait trop bu et elle était là. Il n'a jamais planifié quoique ce soit. Oui il était amoureux mais ça n'a jamais été son intention de me la prendre. Pfffff ! Le culot! J'ai eu envie de le dévisager, mais c'est mon petit frère, je l'aime mais la déception est toujours dans mon coeur .

Moi: et votre femme?

Claude: elle s'est enfui avec mon argent et mon fils.. Sûrement pour les États-Unis.

Moi: vous allez les poursuivre?

Claude: si ça peut l'aider à élever mon fils, je ne ferai rien.

Moi : et vous, comment vous sentez vous ?

Il me regarde les yeux rouges de chagrin

Claude: mal!

J'ai de la peine pour lui. Comment qualifier ce comportement de celle qui se disait être sa femme ? 

VICTIMES DE CIRCONST...