Alice FOTSO (suite)

Ecrit par Badgalkro


C'est très déstabilisant comme histoire. Lorsqu'on pense qu'on a une mauvaise vie, il y en a qui vivent pire que nous. Après, qui sommes-nous pour juger ces comportements ignobles?

Après ce récit, Monsieur MBA a pris congé de moi et je ne l'ai plus revu. Il m'arrive parfois de me demander ce qu'il devient; est-ce qu'il a pu sauver son entreprise de la faillite? Est-ce qu'il a pardonné à son frère? à sa femme et son fils?

Un an après

Nous sommes en fin août, et les vacances s'achèvent d'ici peu. Entre temps, à l'Ouest du pays beaucoup de familles font des réunions familiales. Et cette année papa a décidé d'y aller.

Moi: on va tous y aller alors ? Je dis toute émerveillée

Papa: non. Maman, Maeva et moi uniquement

Je m'en doutais. Il se dirige vers sa chambre

Moi: mais pourquoi? Je veux aller au village moi aussi

Maman: Boris

Boris: oui tata

Maman : c'est à toi que je confie la maison. Nous y allons demain (samedi) à l'aube et serons de retour très tôt dimanche.

Il la regarde

Maman: vous restez à la maison, y aura assez à manger dans la marmite pour la journée. Tu sais comment réchauffer, quand vous en voudrez. Et vous fermez le portail, toutes les portes et fenêtres à 18h. De toutes façons j'appellerai pour m'en rassurer. D'accord ?

Boris: tout est ok

Moi: je peux aller dormir chez Coralie demain?

Elle me lance un regard qui me fait rejoindre papa toute honteuse.

Je colle papa telle une sangsue afin qu'il change d'avis mais ça ne marche pas. Il fait plutôt l'indifférent et s'occupe plus de Maeva que de moi. Lorsque maman rentre dans la chambre, je déguerpis en disant bonne nuit.

Très tôt le matin ils nous disent au revoir et prennent la route. Là, je découvre un Boris tout autre que celui que je connais.

Brusquement, Boris se pavane à la maison uniquement en caleçon boxer, Boris croise les pieds sur la table basse au salon, Boris n'utilise pas de verre pour les boissons, il boit au goulot. Je suis sidérée. Chaque fois je le suis au pas et tout ce qu'il fabrique me fait ecarquiller les yeux mais j'arrive pas ouvrir la bouche.

Boris: je voudrais ton avis

Cette phrase a comme qui dirait l'effet de me faire revenir sur terre et je le regarde avec plus d'attention

Boris: tu me trouves comment?

Moi: euh... C'est-à-dire ? Comment ça je te trouve comment ?

Boris: allez, ne la joue pas avec moi. Tous les deux savons très bien que tu es très intelligente. Un peu comme tes copines là... Tu as bien compris ce que je voulais dire... Alors?

Je le regarde stupéfaite. Non mais c'est qui ce gars ?

Moi: tu... T'es... Euh... Tu es... Comme tu es.. Voilà

Il explose de tire me faisant sursauter au passage

Boris: voyons ça! Mademoiselle qui a toujours à dire, ne sait plus employer les mots...

Il redevient sérieux

Boris : t'as un amoureux à l'école?

Je réponds du tic au tac

Moi: non

Boris: au quartier ?

Moi: non!... Et puis c'est quoi toutes ces questions?

Boris: tu veux dire que tu n'as le béguin pour personne ? À 13 ans?

Je fuis son regard

Moi: et alors? C'est une prescription?

Boris: OK OK ok... Je vais inviter une amie ici. Ça pourrait rester entre nous ?

Moi: quoi? Mais les parents vont nous tuer s'ils l'apprennent.

Boris: qui va leur dire? Toi?

Je baisse misérablement la tête. Ce qu'il veut faire n'est pas bien et c'est contre le règlement des parents... En même temps si je le dénonce il va me haïr pourtant il est comme mon frère. On ne trahit pas les frères...

Moi: mais elle s'en ira avant le coup de fil de maman non ?

Boris: je t'adore tu sais.

Il se lève du fauteuil et attrape le téléphone fixe posé sur l'armoire et compose un numéro. Je l'entends demander à quelqu'un au bout du fil de venir à la maison dans 1h. Je regarde l'horloge, il est 11h. Je le laisse au salon et je vais faire ma toilette. En revenant l'odeur de plantain en friture envahit mes narines, je me tiens au seuil de la cuisine la question dans le regard

Boris: c'est pour mon amie

Moi: hummm. Quand maman posera la question faudra répondre. Y a assez à manger dans la marmite, tu la connais très bien Boris.

Je le laisse là et je vais mettre la télévision. L'odeur des œufs remplace celle du plantain. Quelques temps après il dresse la table à manger, en y déposant ses oeuvres. Pile poil, on sonne. Quel timing !

Je ne me gêne pas et il va ouvrir. Une minute après, il entre suivi d'une jeune fille. Ce qui me frappe en premier chez elle c'est sa bouche reluisante on dirait qu'elle y a versé de l'huile blanche dessus, tellement ça brille. Elle porte une casquette, un mini top qui lui arrive au dessus du nombril et une mini jupe. Je lui donnerai bien 15 ans. Comment elle s'habille. C'est indécent.

Boris: Alice, Estelle.

Estelle : bonjour Alice

Elle fait sa timide

Moi: salut...

Il lui demande de s'installer à table pour manger. Parfois je lance des coups d'oeil et je vois comment ils se taquinent. Ce qui m'énerve un peu. Je hausse le volume de la télévision pour ne plus les écouter. Ils finissent de manger, elle vient s'asseoir sur le fauteuil en face de moi pendant qu'il débarrasse.

Estelle: tu pourrais baisser le volume stp?

Je lui lance un regard rapide, je saisis la télécommande et baisse le volume.

Estelle : merci...

Petit flottement

Estelle : tu vas dans quelle classe ?

Moi: 3ème

Estelle : super.

Moi: hmh-hmh

Boris la rejoint sur le fauteuil en poussant un soupir d'aise. Je m'allonge sur le fauteuil. On regarde tous la télévision dans un silence bizarre. Un moment, je vois les doigts de Boris se promener sur ses bras, puis sur ses cuisses. Là il s'y attarde ; beaucoup trop même je dois dire. À cet instant, un peu gênée, je me retourne leur donnant mon dos.

Quelques instants plus tard, j'entends comme des bruits de succion. On dirait qu'il s'embrassent. Sans comprendre comment ma tête bascule et mon regard se fige sur ce mouvement que fait leurs lèvres entremêlées. Je suis écœurée. Mais comment peut-il faire ça devant moi? Ils ont tous les deux les yeux fermés et ont l'air de savourer ce qu'ils font. Mon coeur se pince...

Je reprends ma position initiale et je me racle la gorge. Je sens leurs regards sur moi mais je ne bouge pas. Et là, Boris chuchote

Boris: viens on va dans la chambre

Quoi? C'est ma chambre aussi. Il peut pas faire ça.

Estelle: et ta sœur ?

Je ne suis pas sa soeur

Boris: c'est pas une enfant, elle va comprendre.

Estelle: nooon Boris, je ne le sens pas trop. Si encore nous étions seuls..

Boris: t'es venue pour qui ?

Estelle: pour toi, mais..

Boris: et qu'est ce que tu me fais là?

Estelle: pas comme ça

Boris: tu te fous de moi là ?

Estelle : je pense que je devrais rentrer.. Je suis pas à l'aise

Je me lève d'un bond

Moi: oui c'est mieux ! Rentre chez toi ! Maman pourrait arriver d'un moment à l'autre et il n'est même pas autorisé à faire venir des gens à la maison.

Ils me sortent tous les gros yeux. Quoi ? Qu'est ce que j'ai dit de mauvais si ce n'est la stricte vérité?

Elle se lève et prend la direction de la porte. Il me lance un mauvais regard et la suit. 10 minutes plus tard, il entre en claquant la porte.

Boris : c'était quoi ton petit numéro Alice?

Je le regarde sans broncher

Boris : toi la pipelette de la famille tu as perdu ta langue ?

Alice: pourquoi tu voulais faire ça devant moi ?

Boris: t'as 13 ans et tu en sais bien des choses. Alors le fait que j'embrasse une fille ne devrait pas autant de gêner ou te mettre mal à l'aise.

On se regarde et je baisse la tête.

Boris: t'as jamais embrassé c'est ça ?

Il pose la question comme s'il lisait dans mes pensées

Moi: j'ai 13 ans

Borid: oui mais, même pas un bisou volé ?

Je dis non de la tête

Il explosé de rire... Une fois de plus. Ça m'agace

Boris: je pourrais t'apprendre tu sais

Il me fait un clin d'œil

Je le regarde choquée par ce qu'il vient de dire... Comment ça il veut m'apprendre? À embrasser ? Lui ? Boris ? Ses lèvres sur les miennes? 

VICTIMES DE CIRCONST...