Antonio(3)
Ecrit par Cynthia
Ce soleil d'été me brûle la peau! A croire que cette crème anti-solaire n'est pas assez efficace. J'ai dû m'endormir car lorsque mes membres s’animent, je sens une légère fraîcheur, je suis recouvert de sable. J'ouvre les yeux et je suis frappé de plein fouet par les rayons de la lumière. Je vois des yeux verts émeraude comme ceux de ma mère me fixer intensément avant de me lancer un mauvais regard:
_Papa, c'est pas juste tu devais faire le mort, pas dormir et en plus tu ronflais! Il devait y avoir du silence.
Je crois que ma fille est une extraterrestre, du haut de ses quatre ans, elle n'a pas de jeux normaux comme tous les enfants de son âge, au lieu de construire des châteaux de sable, elle veut ensevelir son papa. Soupir et croire qu'elle n'a que quatre ans.
_Amore (amour), viens récupérer ta fille s'il te plaît, elle veut m'enterrer vivant.
_Anto, à croire que je l'ai faite toute seule.
_Allez, madame Salvenini! Fais-moi cette faveur, je t'en pris.
Cynthia se tourne vers moi, elle qui était allongée au bord de la mer et qui avait les pieds trempés dans l'eau,
_Déjà il y a ton fils qui me fatigue, tu ne pourrais pas supporter Cami et ses envies bizarres pour deux heures? Tu exagères Toni!
Elle grimace, je sais que mon petit champion vient de lui donner un coup de pied très violent, ce petit sera un catcheur! Je souris la voyant grimacer avec sa touffe de cheveux indomptable, l'effet est encore plus spectaculaire.
_Je te vois sourire, Toni, lorsque je l'accouche je me casse et je te laisse avec ces deux extraterrestres à gérer!
_Oh, pas si vite madame! Je te signale que tu dois encore m'en faire cinq! Si c'est pour les moyens ne t'inquiète pas, j'en ai assez pour.
Je lui dis cela en lui faisant un clin d’œil, elle me toise et murmure en français un:
_Quel est ce blanc que j'ai décidé d'épouser?
_Je t'ai entendue chérie!
_Je m'en fiche!
Elle me le dit en amarrant sa bouche, j'éclate de rire, c'est plus fort que moi!
_Cami-chou, viens voir maman! Je crois qu'il est temps de parler à ton petit frère, il doit sûrement être agité pour cela. Laisse ton papa se reposer!
_J'arrive maman!
Cami, court et va rejoindre sa mère avant de se pencher et de parler à son frère de je ne sais pas quoi! Je regarde ce spectacle de loin, je suis un homme comblé. Je suis heureux!
Nonno Giorgio, me met une tape à l'épaule droit:
_C'est beau hein Anto!
_Oui, nonno, c'est merveilleux!
Je lui réponds avec un sourire sincère!
_Je parie que tu vas encore faire pipi au lit!
_Nonno, je suis un grand homme maintenant et de plus je ne fais plus pipi au lit depuis que j'ai six ans et je ne dors pas qu'est-ce tu racontes?
"Bip bip bip"
Je rêvais , je rêvais, je rêvais. Je ne sais pas si je devrais être heureux, soulagé ou bien paniqué.
Merde, je rêvais, pas de ces rêves banals, mais plutôt de ceux là qui me laissent une certitude au réveil comme une empreinte qui ne veut point s'effacer, une sensation d'avoir été pris au piège par le destin. Je viens d'avoir un rêve prémonitoire. Oui je les ai souvent! Et non je n'en parle pas beaucoup, qui me croirait sinon? Elles sont originaires à ce qu'il parait de mes ancêtres siciliens mais je ne sais pas, personne ne me croyait lorsque j'en parlais à mon enfance mais lorsque ce que je rêvais venait à se réaliser, tous me regardaient bizarrement. Alors, ils m'ont emmené chez les psy et c'est mon Grand-père giorgio qui m'a demandé de ne plus jamais en parler mème plus à mes parents. Et c'est ainsi que j'ai dû nier , toutes les sensations et tout ce que je voyais, j'attendais patiemment que cela arrive ou bien je faisais de mon possible pour que le malheur n'arrive pas. Mais malheureusement je ne choisis pas quoi voir, ni quand, ni où, ni comment.
Je prends mon chapelet et je prie. je fais ma routine quotidienne mais ces images sont dans mon cerveau, moi avec deux mômes, la bonne blague! Et j'en veux sept, c'est impossible. Je veux dire pas avant mes cinquante ans, je suis jeune maintenant, je ne veux pas me marier, et fonder une famille, pas pour l'instant.
Putain! Et dire que je ne l'ai rencontré qu'hier. Je vais sur son profil wattsap, elle a un manteau rouge et du rouge à lèvres ce qui rehausse la beauté de ces dernières, les cheveux en queue de cheval, elle sourit à l'objectif.
_Ah!
Je suis surpris, je m'attendais à voir un de ses dessins et non elle, aussi belle, à l'air libre. Elle doit être aux états-unis ou en Angleterre selon la structure des bâtiments qui sont derrière elle.
_Je suis désolée, tu es vraiment jolie et vraiment bonne, mais je ne veux pas me passer la corde au cou.
Et rien qu'à y penser j'en frissonne. Grrr. Non!
Je supprime son numéro et je la mets dans un fichier sellé dans mon cerveau et je ne m'y attarde plus.
La semaine va de bon train et mes dossiers et mes sortis avec mes associés ou encore avec Chiara, m'occupent l'esprit. Je ne vais plus dans la villa de Nonno Giorgio car je ne veux plus la revoir ou encore avoir à faire à toute cette folie. Ah ça non!
Je vivais sereinement jusqu'à ce que je tombe littéralement ou presque sur Cynthia. Comme quoi on n'échappe pas à son destin.
Je devais me rendre urgemment chez Chiara, car elle m'avait chauffé par sms! J'étais tendu comme un cheval et il y avaient toutes ces pensées proprement impudiques qui me passaient par la tète. Je me devais d'appuyer sur l'accélérateur et y arriver en vitesse. Jusqu'à ce que je manque de rouler sur une jeune fille, c'est par justesse que j'ai freiné.
Quel ne fut ma surprise de savoir que cette jeune fille n'était nul autre que Cynthia.
Je retire mon casque et elle émet un:
_Oh!
De surprise, je lui fais un sourire gêné avant de lui dire un:
_Ciao Cynthia.
Je ne sais pas quand est-ce qu'elle s'est mise à pleuré mais toujours est-il que deux sillons de larme traçaient leur chemin le long de ses joues.
_Tu pleures?
Elle passe son pouce et son index sur sa joue avant de me lancer un regard méchant et plein de tristesse, je crois que je ne me suis jamais senti aussi mal d'avoir fait du mal à une personne. Son silence m'alarme. Je sais que nous ne nous sommes rien promis mais sous ce toit il y'a une semaine, nos silences et nos regards impliquaient beaucoup plus que des promesses, c'étaient des mots non-dits! Je le sais et elle le sait!
_attends!
Je pense que je veux effacer cette tristesse sur son visage, je lui dois au moins ça! Mais je crois qu'elle est remontée contre-moi.
_Tu vas bien?
Cette question était impulsive et instinctive, je crois que si ma conscience prenait vie, elle applaudirait et me dirais un: "Bravo Antonio, pire que ça, tu ne pouvais pas faire! Bien-sur qu'elle ne va pas bien!"
Elle m'ignore, ça m'énerve.
_je t'ai posé une question!
_Que t'importe?
_ça m'importe!
_Et bien, c'est ton problème pas le mien.
Je vois, elle est fâchée!
_Désolé si je ne t'ai pas appelé, euh.....j'avais à faire! C'était une semaine chargée au boulot.
_Tu n'es pas obligé de me mentir, je veux dire, ça va, tu n'étais pas obligé de le faire, je veux dire, si tu ne veux pas le faire, tu ne le fais pas. Je comprends. C'est okay.
Comment a-t'elle su que je mentais? Et elle parle en baladant ses yeux et les lèvres tremblantes. Comment fait-elle pour être aussi fragile?
_Non c'est pas ça!
Elle semble lasse et regarde fixement vers la route, elle se lève prestement et attends le bus qui arrive.
_Au revoir Antonio!
_Attends!
_Quoi?
Elle se tourne vers moi et me regarde comme si elle était lasse de tout ceci.
_Pardonne-moi!
je suis sincère.
_Je ne t'en veux pas, du moins je ne t'en veux plus. Bonne continuation.
Ces paroles m'atteignent comme des flèches en plein cœur. C'est fini! C'est bien ce que je voulais! Mais la tristesse que je lui ai causé me fait remettre en question toutes mes appréhensions. Je suis égoïste, ce n'est pas un scoop, mais avec elle c'est différent, ce trait de caractère ne me rend pas fière de moi, j'en ai honte!
Je reviens à moi lorsque je vois le bus s'en aller au loin.
Je ne sais pas à quel moment j'ai débandé mais je verrai Chiara un autre jour, pour l'instant je n'en ai pas besoin.
Couché sur mon lit à compter des moutons imaginaires. Je n'ai qu'une phrase qui me revient en tête:
_J'ai fait le con!