Cynthia (4)
Ecrit par Cynthia
Depuis près de deux mois que l'incident avec Antonio s'est produit, je revis de nouveau. Et c'est beau de vivre, tout simplement.
J'ai commencé il y a de cela quelques jours mon stage à l’hôpital. Je suis de très près mon tuteur, le docteur Semprini. Un homme très jovial, étrange et très gros. C'est le meilleur de l’hôpital, je suis donc heureuse de faire mon stage avec lui.
Et comment je le passe ce stage? Très bien, je dois avouer. Il y a un de nos patients de soixante-dix-sept ans qui m'a fait une demande en mariage en bonne et due forme avec la vie en rose d'Edith Piaf en fond sonore, j'ai aussi eu droit au fleurs et aux chocolats. Le tout préparé par sa fille. Rires, c'était tout un spectacle à l’hôpital.
Je gère bien les patients qui me sont assignés, ce travail est une passion tellement si grande que quand j'y suis je ne vois jamais le temps passer. J'en suis heureuse.
J'ai appris à meubler mes silences en travaillant très dur et beaucoup, cela m'évite d'avoir des pensées qui me feraient comment pourrais-je le dire?... Rechuter. Je m'occupe donc l'esprit, Je me mets à fond dans la préparation de mes examens que j'ai laissé les années précédentes. Cela me permet aussi de réparer certaines de mes erreurs.
Je suis toujours mes séances avec Alva, elle me dit que je traverse une étape de maturité inconsciente ce qui est un plus pour moi. Car cela me permet de voir la vie sous un angle différent. Comme vous l'auriez sans doute deviner , je suis maniaco-dépressive ou encore bipolaire, mais je suis plus dépressive que maniaque.
Il peut m'arriver des moments ou je n'ai envie de ne rien faire ou je peux quitter d'une puissante euphorie à une tristesse non feinte. Je suis émotionnellement instable. Mais je me soigne, comme tous ceux qui en souffrent comme moi.
J'ai décidé il y a de cela un mois avec Alva, ma psychiatre de d'essayer une nouvelle thérapie basée sur la joie tout simplement. J'ai donc dû changer ma façon à moi de voir le monde, ne recherchant que le bon en tout et en tous. C'était pénible au départ mais après une semaine de persévérance, la chose s'est faite plus facile. Et je dois avouer que ça marche.
La meilleure façon d'éloigner de nous la dépression est d’être comblé de joie de l'intérieur et d'avoir une base de vie solide. Pas centrée sur les évènements de la vie ou autrui, mais sur la valeur que nous voudrions ou désirions donner à notre vie. L'évaluant comme étant la chose la plus importante, aussi importante que l'univers. De vivre la vie en un instant de vie, car l'instant de vie renferme toute la vie en elle-même et toute la vie est un instant de vie. Là je viens de citer Alva.
Je m'y plais bien dans cette nouvelle perspective de vie et ce changement qui pour le moment est encore précaire mais qui me sonne comme une pseudo-stabilité dont je me contente pour l'instant. Elle est certes faible mais elle m'est précieuse. Marcher et respirer l'air frais sans avoir à devoir me justifier de sourire face à la clarté du soleil, sans aucun motif apparent est tout nouveau pour moi. J'ai parfois l'impression que j'étais dans une cage, chaque jour j'étais libérée, mais la peur du vent sur ma peau, du chant des oiseaux que je ne connaissais pas et de ce monde tout grand et tout entier que je ne maîtrisais pas, me faisait rebrousser chemin dans ma cage. Car elle...elle, je la connaissais et je la comprenais, je la vivais. Avec cette thérapie, je virevolte dans le vide et je danse au son du tam-tam, j'entends les rires des enfants qui m'invitent à courir avec eux et je me laisse aller. Je cours avec eux, car c'est ça vivre, c'est sourire et c'est être en joie.
Je me suis instaurée une routine pour pouvoir en finir avec tous ces examens et chaque matin, je ne suis pas croyante mais je prie de toute mon âme afin de la respecter. J'ai même commencé à faire des projets pour le futur... le futur.
J'arrive aux urgences avec le docteur Semprini, lorsque je vois une jeune fille avec un bras cassé. Elle hurle de toutes ses forces, décidément elle a mal.
L'infirmière qui est à l'acceil prend sa documentation et la passe au docteur Semprini. Vu son état le docteur me faire signe de l'amener dans une de nos salles de service.
_Veillez-nous suivre mademoiselle?
Je n'avais pas sa fiche.
_Chiara, Chiara Bernadini.
_Ok, Chiara. Allons dans la salle quatorze B. Nous verrons quoi faire pour vous mettre votre main en place. Ok?
_Ok, mais il y a mon petit-ami qui arrive, il est juste allé répondre à un coup de fil.
_Ce n'est pas grave. Je vais l'attendre pour vous, pourriez-vous me le décrire? Ainsi vous pourrez aller avec le médecin pour votre osculation.
_Bien sur. Il porte une chemise bleue et un pantalon gris. Il est grand un mètre et quatre-vingt-cinq environ.
_Bien, je reste là et vous suivez le médecin, à tout de suite.
_Ok.
Elle s'en va et je reste à l'accueil en attendant son petit-ami. Elle pourrait avoir besoin de soutien. Ou si ce n'est pas de la compétence du docteur Semprini, elle pourrait être envoyé chez un des ostéopathes de l’hôpital.
J'attends lorsque je vois, non, pas lui.
Si c'est bien lui. C'est Antonio qui correspond à ma description.
_Antonio? Le petit-ami de Chiara?
_Euh...Cynthia? Tu es médecin?
_Pas encore. Suis-moi.
Ce qu'il fait.
_La voici.
je me tourne vers lui, le visage satisfait. Et lui n'en revient toujours pas. Il ne cesse de me regarder. Tout le monde l'a remarquer, je veux par là dire. le docteur et sa petite-amie.
_Amour?
_Chiara.
Il a prononcé son nom entre ses dents. Cela néanmoins lui a permis de détourner de moi son regard.
_Comme je le disais donc, je vous envoie chez l'ostéopathe Morri, il est libre et prendra soin de vous. Tenez ces anti-inflammatoires, ils vous aideront pour la douleur.
_Merci docteur.
_On peut y aller?
Demande Antonio.
_Oui, bien sur chéri.
Ils sont sortis.
Je suis rentrée chez moi ce soir là et je allée sous la douche et j'ai pleuré de toutes mes larmes.
Je crois que je suis jalouse d'une fille qui sort avec un homme qui ne m'a jamais fait la cour. Un homme que je n'ai jamais embrassé ni connu. Je crois que je viens de bousiller pour la première fois en un mois ma thérapie de la joie.
Une fois ma douche finie, je m'essuie le corps et décide de sortir. Je fais une sortie improvisée avec Laura. Elle veut aussi qu'Alex soit de la partie mais non, je ne veux pas. Je ne veux pas voir des gens amoureux.
Nous nous retrouvons dans un bar dans la zone universitaire, il y a de la bonne musique, il ont mis en boucle l'album de Daughter. Ça parle, rit et danse, je me change les idées.
J'ai décidé de vivre et de ne plus rentrer dans cette cage. J'ai décidé de vivre et d’être heureuse. Et c'est ce que je veux faire. Ou du moins essayer, ou je mourrais en essayant.
J'ai goutté à la liberté et je ne compte pas l'abandonner.