Assumer
Ecrit par Farida IB
Yumna…
Je suis dégoûtée, je vis dans l’angoisse totale depuis trois semaines. Papa nous a fait venir à Abu-Dhabi pour glander, tchuipp ! Depuis que nous sommes rentrés nous n’avons pas encore eu le privilège de le rencontrer, il nous fait venir alors qu'il est pris par son boulot, ses consultations et ses visites. Ça me fout tellement les boules que je n’arrive même pas à réviser correctement. Il faut ajouter à cela le stress de l’attente des résultats de l'examen final. D’habitude je ne m’en soucie pas, mais cette fois avec ce qui s’est passé, je doute très fort de la crédibilité de mes réponses. Ce qui me met encore plus en émoi, c’est l’attitude des habitants de cette maison. Dès l'instant où nous sommes arrivée, tout le monde a commencé à me traiter comme une reine et ce jusqu'à présent. Mes repas sont servis dans ma chambre et à l’heure s’il vous plaît, on me coule des bains et je n’ai droit à toucher à aucune corvée, tout est fait selon mes désirs et de ce que j'ai entendu dire, ce sont les ordres du Cheikh. Par ailleurs papa, je veux dire le Cheikh Al-Amine m’a laissé une petite fortune pour me faire plaisir. Vous y croyez vous ? En tout cas, je n’y ai même pas touché. Je veux d’abord connaître le fin fond de cette histoire. Lol depuis quand la terre est carré ? Pardon s’il sait pour mon incident qu’il vienne qu’on se dise les vérités, il est trop suspect. Non seulement lui, mais maman qui s’arrange de son côté à préparer uniquement que mes plats favoris. J’ai essayé de la cuisiner, mais vous la connaissez bien. Du coup, je les boude tous, encore que Ussama joue à fantomas depuis que nous sommes là. Il a même entraîné notre cousin qui était censé me tenir compagnie avec lui.
En gros, je m’ennuie à mort et tout ça fait que je sors à peine de ma chambre, je suis fourrée dans mes révisions la plupart du temps et le reste du temps, c’est Eddie et Elias qui subissent. C’est vrai que vous ne le savez pas, mais je me suis fait un nouvel ami entre temps. C’est le type qui m’a sauvé des griffes de ce pervers, nous avons sympathisé et je dois dire qu’il est intéressant. Depuis que nous nous sommes échangé de numéro à la station métro, nous parlons souvent. Quand je dis souvent, c’est qu’il nous arrive de passer toute la nuit à converser par plusieurs canaux. On peut commencer par un simple appel téléphonique pour passer sur Facetime et si ça ne suffit pas, on se retrouve devant nos ordinateurs portables. En résumé, nous avons passé le cap de la connaissance pour discuter à fond sur mon agression et il m’a bien expliqué l’affaire là. Il m’a dit que des filles se faisaient tout le temps violer dans cette rue et que je n’étais pas la première qu’il sauvait. C’est ça qui l’a même conduit en prison, ces espèces de malade l’ont envoyé au trou parce qu’il les avait empêché de finir leur forfait. Il a finalement été libéré pour bonne conduite, quoiqu’ils le guettent pour le renvoyer en taule de nouveau. C’est la raison pour laquelle il a décidé de se supprimer de la circulation, fin, ce sont ses mots. Il est toujours à Los Angeles dans l'espoir de parvenir à effacer ses traces le temps que tout ça se tasse. Cela ne saurait tarder parce que selon les dernières informations que j’ai reçues d’Eddie, la gang sera bientôt mise en arrestation par les forces de l’ordre. J’ai trop hâte que ça arrive.
C’est grâce à eux que je n’ai pas encore pété les plombs, en fait, je vis par procuration de leurs vies. Eddie passe ses vacances avec Ian, ils font une tournée en quelque sorte. En ce moment, ils sont à Hawaï. Oui l’enfant là fait la belle vie sans moi hmm, il n’a même plus mon temps. J'ai voulu qu’on termine la conversation d’avant l’appel en catastrophe de papa, mais il m’a juste donné un argument bidon pour zapper. Je suis sur restée ma soif depuis vu qu’on a que des discussions qui terminent en queue de poisson, quand je vous dis qu’il n’a plus mon temps pff !! Heureusement que j’ai Elias de saint Louis pour me tenir compagnie. C'est avec lui que je cause actuellement sur WhatsApp tout en commentant les photos qu’Eddie m’envoie toutes les cinq minutes. Pendant que je leur réponds, j’entends la porte de ma chambre s’ouvrir et regarde Ussama qui s’approche du coin de l’œil. Lui, je ne veux même pas lui parler.
Il arrive et prend place sur le lit en prenant le soin de pousser les papiers épars devant moi.
Ussama : princesse
Moi sèchement : qu’est-ce que tu veux ?
Ussama : ça te dit un safari ?
Moi levant mes yeux sur lui : tu as trouvé du temps pour moi ?
Ussama : rhoo Yumna arrête, j’avais du travail à rattraper.
Moi : trois semaines ?
Ussama : mais je passe mes soirées avec toi.
Moi précisant : quelques soirées !
Ussama se grattant la tête : bah, il fallait trouver du temps pour Cartia aussi. D’ailleurs, c’est elle qui a organise le safari et elle tient à ce qu’Abdallah et toi veniez.
Moi (d’un coup intéressée) : les choses évoluent vraiment à vitesse grand V entre vous dis-donc.
Ussama : c’est pour de faux.
Moi : quand même ça a l’air de marché.
Ussama : weh, avec elle j'assume.
Moi : peut-être parce que tu la connais elle.
Ussama : weh c’est vrai.
Moi : je suis tout même fière de toi. Si papa rentre et que tout va bien inch’Allah, on ira tester tout ça au club des Singh.
Ussama soupirant : je suis vraiment obligé ?
Moi : je ne te laisserai pas le choix.
Ussama : que papa ne rentre plus alors !
Moi : tchiipp, il ne rentre pas moi je pars. Je ne vais pas l’attendre indéfiniment. Quand le moment sera venu pour moi d’aller composer, je partirai sans son autorisation.
Ussama haussant le sourcil : tu ne vas pas faire ça !?
Moi avec conviction : c’est ce qu’on verra.
Ussama : en tout cas (pause) je dis quoi à Cartia ?
Moi : j’irai si Abdallah n’est pas de la partie. C’est trop un casse couille lui.
Abdallah, c’est l’un des fils de l’unique frère de notre père.
Ussama (levant les yeux au ciel) : des gamins que vous êtes !
Moi : je ne suis pas une gamine, c’est lui le gamin.
Ussama : alors prouve-nous que tu n’es pas une gamine en venant avec nous.
Moi : pfff.
Ussama : top ! Comme ça, on aura de quoi rivaliser Eddie.
Moi : il te bombarde aussi de photos ?
Ussama hochant la tête : mouais.
Moi (le regardant fixement) : c’est moi ou tu veux m’arracher mon pote ?
Ussama : crois-moi il n’est pas "arrachable" celui-là, et ton nouveau pote ?
Moi : Elias ? (oui de la tête) Ça va !
Il me lance un regard interrogateur, je le regarde les yeux plissés ensuite, il me retourne un regard intrigué.
Moi lasse : quoiii ?
Ussama haussant l’épaule : rien, bon, je vais prévenir Abdallah et Cartia.
Moi : ok, je vais finir cette fiche et me préparer.
Ussama se levant : tu as vingt minutes Yumna.
Moi : quoi ? Vin…
Ussama m’interrompant : les domestiques s’occupent de tout.
Moi : mais il me faut plus que vingt minutes.
Ussama : trente alors, j’espère que ce n’est pas pour ressembler à une carnelevara.
Moi roulant des yeux : tchuipp !!
Il s’en va en riant.
…….
Cartia et moi faisons virevolter des foulards à travers la vitre semi-ouverte de la 4x4 qui nous conduit vers le désert de Liwa en criant comme des folles. Un vent paradisiaque frappe de plein fouet nos visages et ça, c’est juste le bonheur. Il faut dire que nous sommes en plein mois d’Avril et la sécheresse est plutôt clémente. Nous ne nous calmons qu’une fois que le conducteur coupe son moteur devant les tentes bédouines installées pour notre passage.
On descend de la voiture au moment où la 4x4 au bord duquel se trouvent Ussama et Abdallah arrive à son tour et s’aligne derrière la nôtre. Dès qu’ils descendent, Cartia se jette au cou d’Ussama qui la regarde surpris.
Cartia minaudant : je pensais que tu allais monter avec moi.
Ussama me fixant : je devrais ?
Moi sourire en coin : oui.
Ussama à Cartia : excuse moi, je ne savais pas que je devais le faire.
Cartia : ne t’inquiète pas, il y a toujours le voyage retour.
Moi : mouais, mais ça veut dire que je vais devoir me taper (tapant la nuque d’Abdallah) ton faux-cul de cousin durant trente longues minutes.
Abdallah (enroulant son bras autour de mon coup) : comme ça, nous aurons le temps de parler de notre amour.
Moi : tchiipp dans quoi même ? (me dégageant) Enlève tes sales pattes sur moi.
Abdallah (se frottant les barbichettes) : alala elle m’aime trop cette fille.
Moi lui lançant : dans tes rêves Abdi !
Je le toise et me dirige faussement furieuse vers l’une des tentes bédouines installées pour notre passage.
Abdallah criant après moi : les cousines sont faites pour leurs cousins, dit l’adage.
Moi : tchiipp !!
Ils rigolent en me rejoignant sous la tente. Les domestiques s'activent et nous sert le buffet en attendant que les chameliers arrivent. Quand tout le monde fini de manger, on part tous nous changer pour le safari et on revient attendre sous la tente blanche. C’est Abdallah et moi qui amusons la galerie, Ussama est concentré à passer des crèmes à Cartia. Là, ils en sont à la crème antidouleur qu’il lui passe sur le dos. La chance même qu’on est dans le désert et que les conservateurs d’Abu-Dhabi ne risquent pas de les voir. Cela n’empêche pas que le frère soit raide comme un piquet, on dirait même qu’il va se casser au toucher. Ce qui nous fait rire sous capte Abdallah et moi.
Abdallah : mon amour, si tu le désires également, je peux enduire ton corps d’huiles, de crèmes et de lotions (voix suave) parce que je n’aimerais pas que ton si joli corps soit abîmé par quoi que ce soit.
Moi : Go casse Abdallah, va voir ailleurs si j’y suis d’accord ?
Abdallah (m’enroulant les épaules) : j’irai partout où tu seras Habibi (mon amour).
Je tape sa main qu’il dégage en un éclair.
Abdallah sourire narquois : rhololo, elle m’aime trop cette nana.
Moi : ouais, c’est ça !
Je ne sais pas comment, mais il me soulève brusquement et je me retrouve dans le sable chaud.
Moi lui criant dessus : ABDALLAH !!! MA VIE, TU VAS ME PAYER ÇA !! WALLAH QUE TU VAS PRENDRE CHAIRE. JE VAIS TE ZIGOUILLER LES BURNES.
Il rigole et les autres aussi, j'arrive à me relever avec toute la peine du monde et bondis sur lui très furax pour lui mettre une balayette. Il ne s’y attendait du tout, du coup il se retrouve par terre comme une patate. J'en profite et je me jette sur lui avant de me mettre à lui donner des coups-de-poing de toutes mes forces. Il rit en se tenant le ventre, il faut dire qu’avec ses biceps mes coups-de-poing lui font sûrement l’effet d’une chatouille. On se met à se rouler dans le sable pendant que Cartia nous filme de son téléphone en riant de concert avec les autres. Il y a Ussama qui se tient même le ventre, au moins ça le détend. On continue sans tenir compte d'eux, c’est lorsque je me retrouve au pied d’un chameau que je me rends compte que les chameliers sont finalement arrivés. On se lève précipitamment les sourcils arqués d’interrogation.
Moi : vous n’êtes que deux ?
Cartia qui répond : il n’y avait que deux de disponible (me fixant en clignant de l’œil) tu sais que c’est la saison des excursions.
Moi comprenant : oui oui (au tac) Abdi, tu montes avec moi ?
Abdallah : avec plaisir bébé.
Je roule des yeux.
Ussama (regard circulaire sur nous) : et moi alors ?
Moi : bah, tu montes avec Cartia.
Cartia : natürlich ! (bien sûr)
Cette fille suit Wallah !
Abdallah et moi changeons de vêtements avant de les suivre.
Vous voulez comprendre ?
Bon, Cartia s’est portée garante pour simuler une relation avec Ussama et la thérapie marche plutôt bien. Le frangin se donne à fond dans cette histoire. Bon, il se mélange encore les pinceaux, mais bon c’est vachement mieux qu’au début. Enfin, je pense que ça l’effraie moins parce qu’il se dit sûrement que c’est pour de faux. Sauf qu’il ne pas peut se douter que la fille a simplement trouvé un moyen de faire un rapprochement et pourquoi pas finir gagnante de son cœur. Bon moi je dis ça, je dis rien inh ! (rire).
Nous parcourons le désert dans une ambiance bonne enfant, on se fait quelques photos et vidéos que j’ai hâte d’envoyer à mes potes au State et à Khalil une fois que j’aurai retrouvé le réseau. Je fais des prises chouettes avec Abdallah, ne suivez pas nos sauvageries hein, c’est mon préféré parmi nos cousins et mon vrai combi de tous les temps. C’est d’ailleurs le seul qui nous fréquente vraiment dans la famille, les autres ont trop peur du Cheikh. À propos, il est ici en partie pour se trouver une femme. Le gars a seulement 25 ans, mais il veut déjà se caser. Pour celles qui sont intéressées n’hésitez pas à poser vos candidatures. Je vous signale qu’il représente à la perfection le symbole de la beauté arabe avec un supplément de lèvres roses, les cheveux hirsutes. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est le sosie d’Omar Borkan Al Gala, l’homme qui s’est fait expulser de l’Arabie Saoudite parce que sa beauté était une menace pour les femmes, mais c’est vraiment un BG, sérieux, il est chef d'entreprise et surtout galant. J'ai fini de vous donner son CV lol.
Quand on se lasse de la ballade, les gars nous embarquent à bord des 4x4 pour une conduite d'adrénaline dans les dunes. Ensuite, on se défie dans un tour en quad remporté par Ussama. Le temps qu’il savoure sa victoire, on se retrouve à nous empiffrer de délices sous la tente. On lève le camp avant le coucher du soleil dans l’optique d’arriver à temps pour la prière du crépuscule. C’est plus tard après le dîner que je me pose pour envoyer les photos et quelques vidéos aux gars.
Drinng Drinng.
C’est Elias qui appelle, je décroche avec tout sourire.
Moi : Martin (lire Martine).
Elias : je vois qu’on s’est bien amusé aujourd’hui.
Moi : et comment ? C’était trop chouette !
Elias : je l’ai remarqué, tu rayonnes sur les photos.
Moi ravie : thank you my savior.
Elias : lol arrête de m’appeler ainsi.
Moi : comme ça je te suis redevable tout le temps.
Elias : il n’y a pas de quoi ma belle, des nouvelles de votre père ?
Ping SMS.
Moi : toujours rien, je fais comme j’avais dit.
Elias : et tu connais ma position par rapport à cela.
Moi soupirant : en tout cas, on verra, sinon ta journée à toi ?
Il commence à raconter ce qu’il a fait et par la suite, je lui raconte notre safari avec tous les détails croustillants (rire). C’est ce qu’on fait d’habitude, on se raconte nos journées. Parfois, on parle de nos familles, il sait presque tout sur moi en dehors de notre statut bien sûr. Je sais qu’il est de Saint-Louis où ses parents ainsi que ses frères résident toujours et qu’il est à New-York depuis trois ans pour se construire. Actuellement, il fait de petits jobs et aussi des entraînements à domicile pour envoyer quelques sous à sa famille. Étant donné qu'il est l’ainé d’une fratrie de cinq enfants, il fait pieds et mains pour mettre la main à la pâte. Son histoire me touche beaucoup, mais ce que j’aime le plus chez lui, c’est qu’il prend toujours la vie du bon côté. Il sourit tout le temps et je dois dire que son sourire, c’est quelque chose.
Elias : donc je compte sur toi pour ne pas faire de bêtises comme ça, tu peux rentrer pour qu’on commence tes cours de self défense.
Moi : promis, je serai là dans moins d’un mois inch’Allah.
Elias : cool, bon ma belle, on se dit à toute. Je dois me rendre au taf.
Moi : ok, à toute !
On se raccroche et je jette immédiatement un coup d’œil au message d’Eddie. Il a répondu à la vidéo dans laquelle Abdallah et moi nous roulions dans le sable avec l’émoji rouge de colère. Je souris juste, celui-là va finir par me dire un jour ce qu’il a comme problème. Je lui réponds par l’émoji sourire avant de lancer un appel vers son numéro. Ça sonne un moment dans le vide. Je coupe et lance celui de Khalil qui décroche au moment où Ussama pénètre la chambre.
Khalil…
Yumna (appel vidéo) : le compte à rebours commence dès maintenant, s’il ne rentre pas moi, je pars.
Nous : lol
Yumna avec conviction : je vous le conjure.
Moi : tu l’attendras.
Yumna : et mon examen ?
Moi me voulant rassurant : il n’est pas sans ignorer que tu dois repartir pour composer. En plus au loin que je me souvienne, vous aviez convenu que tu repartirais exprès pour le faire, où est-ce que je me trompe ?
Yumna boudant : toi-même, tu n’es pas convaincu de ce que tu avances, c’est papa inh.
Moi exaspéré : Yumna tu gaze ça te coûte quoi d’attendre encore un peu ?
Ussama : vraiment !
Elle toise Ussama.
Yumna : c’est toujours comme ça avec vous deux, vous ne prenez jamais mes préoccupations en compte.
Ussama : parce qu’il n’y a pas lieu d’être préoccupé.
Moi renchérissant : voilà ! Il t’a donné sa parole et la parole du Cheikh est une référence ne l’oublie pas.
Yumna dans un soupir : ok, si vous le dites.
Ussama : moi, je t’ai dit ce que je pense. Papa n’a aucun problème avec toi. Il ne t’aurait pas laissé de l’argent sinon.
Yumna : ça aussi c'est suspect, depuis quand papa me donne autant d'argent ?
Moi : c’est parce qu’il est heureux pour tes résultats.
Yumna évasive : il faut d’abord que ces résultats sortent pour que cette hypothèse soit vérifiée.
Moi : il les a déjà et il paraît que tu es majeure de ta promotion dans ta spécialité.
Yumna ouvrant grand les yeux : vous délirez ou quoi ?
Je remue la tête et elle se retourne vers Ussama qui lui fait un sourire contrit.
Yumna (fixant Ussama) : tu le savais ?
Il acquiesce de la tête.
Yumna (se tournant vers moi) : et toi comment le sais-tu ?
Moi perdu : maman !
Yumna : non mais vous êtes mauvais dans cette famille hein.
Ussama éclate de rire et moi, je les regarde perplexe.
Yumna avec humeur : donc vous m’avez laissé stresser tout ce temps alors que vous aviez mes résultats ? Même maman ?
Moi plissant les yeux : ils ne t’ont rien dit ?
Ussama narquois : au moins tu l’as ramené un peu moins depuis, tu ne peux pas imaginer le répit que c’était pour nous !
Yumna : tchiipp, d’ailleurs, je ne vous adresse plus la parole. Des traites comme ça tchiipp !!
Moi : j’ignorais que tu ne le savais pas.
Yumna faisant la moue : c’est vrai, mais tu aurais pu me le dire dès l’instant où tu l’avais appris.
Moi plissant les yeux : mais nous parlons là de te résultats, comment pouvais-je savoir que tu n'en savais rien ?
Yumna : si tu m'avais féliciter tout au moins ça aurait attirer mon attention.
Moi (passant la main dans mes cheveux) : bon excuse-moi princesse, actuellement, j’ai la tête en l’air.
Elle se redresse et prend sa posture de pointue (une main repliée sous le menton).
Yumna ton plus calme : est-ce que ton évasion a quelque chose à voir avec miss Nahia ?
Ussama sarcastique : ça y est, elle est guérie !
Elle le tchipe.
Moi lui répondant : ce n’est pas ton problème.
Yumna : je demande seulement, ça fait quand même un bout de temps que je ne l’ai vu dans les parages alors qu’avant, vous étiez tout le temps collé. (elle penche sa tête sur le côté) Le grand, j’espère que tu n’as pas déjà créé là-bas inh.
Moi : mêle-toi de tes oignons Yumna.
Yumna la petite voix : je veux savoir !?
Moi : je dois vous laisser, j’ai boulot demain.
Yumna claquant la langue : en tout cas, tu auras beau fuir cette conversation, quand ça va pourrir…
Click !
Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase, je n’ai pas besoin qu’elle en rajoute. Je mets l’ordinateur en mode veille prolongée et le range sur la commode avant de m’allonger de travers sur le lit. Depuis hier, je traîne un gros sac de nœuds indémêlable, votre Nahia va me rendre fou. Je ne sais pas comment ni quand est-ce que je suis tombé dedans, mais je n’ai plus aucun doute que je l’aime et démesurément en plus, pff quelle galère ! D’hier nuit à cette heure, j’ai essayé de me convaincre du contraire. J’ai même expliqué la situation à son beau-frère en me faisant passer pour un ami, le même verdict est sorti. Ce soir, j’ai passé un test psycho Sexo avec un docteur en ligne pour avoir la confirmation définitive, il en est lui aussi convaincu. Enfin, c’est ce que disent les résultats. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle a passé la journée à m’éviter, je crois qu’elle a honte de m’avoir montré sa vulnérabilité. Elle est partie très tôt ce matin et n’est revenue qu’à l’heure de sortie. Nous étions rentrés chacun avec son véhicule et le temps que je gare le mien et de monter, elle s’est enfermée dans son appartement (soupir).
J'analysais tout ça lorsque l’appel de Yumna est venu m’interrompre dans ma réflexion. Au fait, ça ne m’offusque pas vraiment de me savoir amoureux de Nahia. C’est une fille qui en vaut vraiment le coup. Elle m’a fait traverser des zones de turbulences comme jamais personne auparavant, mais en dehors de tout ça, c’est une femme exceptionnelle. Elle a la force mentale et la patience de ma mère, en plus d’être une vraie femme. Autant vous dire que je peux passer toute la nuit à vous parler d’elle tellement je l’apprécie cette fille.
Sauf que là, je somnole, et je vous dirai simplement que je ne sais pas ce que je ferai de mes sentiments pour le moment. Si je le peux, je saisirai ma chance avec elle, cependant il y a trop de paramètres à prendre en compte. Notamment, il faudrait que je m’assure de ne pas courir après une chimère. Aussi bizarre que ça puisse paraître, c'est ma première fois de tomber amoureux donc si je peux je lui donnerai tout ce que je n'ai jamais donné aux autres.
Le problème n’est pas son faux boy là, loin de là. Le vrai problème, c’est Nahia elle-même. Je ne sais pas si je vous ai déjà dit qu’il faut un tour de magie pour donner un nouveau souffle à son cœur. Si ! Je l’ai déjà dit et l’illusionnisme ne me tente toujours pas.
*
Le lendemain, je me retrouve à l’attendre adossé à la porte de mon appartement. Elle met du temps plus que d’habitude pour sortir et prend tout son temps pour avancer. Je prends aussi tout mon temps pour la sonder, elle a plutôt bonne mine. Elle a plus que bonne mine, je dirai. Elle porte une robe Abaya blanche avec un hidjab rose, elle juste magnifique. Elle…
Nahia (du bout des lèvres) : bonjour,
Moi avec enthousiasme : bonjour princesse, bien réveillée ?
Nahia : oui.
J’attends qu’elle passe devant moi pour la suivre. Elle fait quelques pas et se tourne pour me regarder les sourcils froncés avant de continuer son chemin sans émettre un commentaire. On se retrouve très vite sur le parking de l’immeuble, c’est pendant qu’elle avance vers la Mercedes que je lui lance.
Moi : c’est moi qui conduis.
Elle s’arrête de marcher et se tourne vers moi perplexe.
Nahia : ta voiture a quoi ?
Moi : c’est la tienne également, je te signale.
Nahia (balayant l’air de la main) : je te la laisse.
Moi calmement : c’est la Mercedes que je veux conduire aujourd’hui.
Nahia me tendant les clés : ok tiens, je vais prendre la Range Rover.
Moi (sourire en coin) : économisons de l’essence, prenons une seule voiture aujourd’hui.
Nahia froissant la mine : je…
Moi la coupant net : ce n’est pas une demande.
Nahia me toisant : tchiipp !!!
Je me saisis enfin de sa clé et la dépasse amusé. Elle passe le portail et va m’attendre dehors pendant que j’ouvre le garage. Je fais sortir la voiture avant de revenir refermer les portes du garage. Elle me regarde faire le tour pour m’installer au volant avant de s’asseoir à côté la mine attachée. Je fais le manœuvre et attend de démarre pour entamer une conversation.
Moi (lui jetant un coup d’œil) : ça va ?
Nahia hautaine : ne te sens surtout pas obligé de me parler parce que tu m’as vu pleurer.
Moi narquois : je ne t’ai pas seulement vu pleurer, je t’ai entendu couiner et je t’ai porté dans mes bras comme un gros bébé.
Elle se crispe et se reprend aussitôt, lol elle veut ramener la carte de la grande gueule. Cette fois ça ne marchera pas.
Moi sérieux : je ne te parle pas parce que tu as exposé ta faiblesse, je te parle parce que je trouve puéril qu’on se fasse la tronche.
Nahia sur la défensive : c’est toi qui m’as fait la tronche. Je me suis excusée et j’ai essayé d’arranger les choses, mais tu t’es braqué !
Moi : ok, je le reconnais, c’est ça qui t’a fait pleurer ? (enchaînant) Great, je te promets de ne plus jamais jamais jamais te bouder alors.
Elle met sa tête de côté avant d’égrener un sourire.
Moi : tu n’as pas besoin de te cacher pour sourire.
Nahia ton de défi : je ne souris pas.
Moi : lol.
Elle tourne sa tête et regarde droit devant pendant les trois minutes qui suivent.
Moi lui jetant un coup d’œil : maintenant, tu vas me bouder parce que je t’ai boudé ?
Nahia : oui et pour beaucoup d’autres choses.
Moi curieux : comme ?
Nahia : entre autres les vents que tu m’as fait encaisser.
Elle le dit en tirant sa bouche devant comme sa nièce, je vous aime la tête amusé.
Moi : Aynia arrête, c’est enfantin ce que tu fais.
Nahia ton agacée : tu recommences avec ton Aynia !
Moi : oops, c’est…
Nahia : un lapsus, drôle de lapsus quand même parce qu'à chaque fois, c’est sur le même mot. (ton agacé) Ça devient embêtant, mais vraiment.
Moi : mais c’est jolie. (ajoutant) Tout le monde t’appelle Nahia. Je peux t’appeler comme ça pour changer.
Nahia catégorique : nan !! Nahia, c’est le prénom que m’ont donné mes parents !
Moi : je n’en disconviens pas, ça fait quoi si moi je te donne un surnom ?
Elle me regarde genre tu te fiches de moi ?
Moi la voix aiguë : s’il te plaît…
Nahia : lol
Moi : ça veut dire oui ?
Nahia : non, tu m’as boudé.
Moi : roohh ça, c’est pour que tu apprennes la leçon une fois pour de bons.
Nahia : tchiipp !!
Moi souriant : on dirait ma sœur avec tes tchiipp !
Nahia : pffff.
Je souris.
On roule un moment en silence, seule la sourate Khaf meuble le silence. En fait, je veux qu’elle se dégonfle un peu pour attaquer le vif du sujet. J’ai une série de questions qui me taraude la tête, toutefois, c’est par ordre d’urgence. Je finis de bifurquer sur le pavé avant de m’enquérir.
Moi : tu étais où hier ?
Elle me coule un regard.
Moi biaisant : je demande parce qu’après tout, je suis ton collègue et je fais un rapport fidèle à notre patron chaque vendredi.
Nahia amusée : oui, c’est ça !
Moi sérieux : réponds-moi s’il te plaît.
Nahia : j’étais à la plage.
Moi : toute la journée ?
Nahia (me jetant un coup d’œil) : non.
Moi : ok, alors tu étais où ? Et pourquoi tu ne décrochais pas ton téléphone ?
Nahia : j’avais besoin d’être seule pour faire le point sur ma vie.
Moi : je vois (du tic au tac) tu as donc passé toute la journée à la plage à réfléchir à ta vie ?
Elle me regarde les yeux plissés.
Moi : réponds à ma question.
Nahia soupire lasse : j’ai passé la matinée là-bas ensuite, je suis allée au spa et dans la soirée, je suis allée dans un restau manger un bon plat de tchiep, un gâteau choco coco et de la glace. Bref, je voulais prendre du bon temps pour moi.
Moi : et tu devrais penser à le faire plus souvent, tu as très bonne mine ce matin.
Nahia : merci.
J'aurais bien aimé enchaîner dans ma quête d’information, mais son téléphone sonne en ce moment. Elle décroche et pendant toute la conversation elle semble lasse et agacée, je l’écoute distrait par ma conduite. Je l’épie avec l’intention de connaître l’interlocuteur et la réponse ne tarde pas à venir. C’est son faux boy, elle vient de dire son nom ce qui me fait lever les yeux au ciel.
Nahia : qu’est-ce qui t’agace ?
J’arque le sourcil.
Nahia : tu fais tes yeux de merlan frit.
Moi : rien, j’ai pensé à quelque chose.
Nahia : ah ok, je crois que nous sommes arrivés.
Moi : oui malheureusement.
Nahia : en tout cas, tu peux continuer si tu veux. Moi, je descends ici.
Je lui lance un regard amer, elle hausse simplement les épaules avant de descendre. La raclée de cette petite n'est plus loin je vous jure.