~ AT Chapitre 29 ~
Ecrit par Nobody
- Mais c'est une blague non ? Dites-moi que c'est une blague. Comment ça mon compte est bloqué ? s'écria-t-elle en se retenant de taper fortement sur la table.
Son propriétaire lui avait permis de passer la nuit dans l'appartement. Très tôt ce matin il était venu pour lui rappeler de libérer les lieux.
Elle n'avait pas rechigné et était sortie avec son fils et l'avait remercié chaleureusement pour lui avoir permis de passer la nuit dans la maison.
Elle avait eu le temps de charger son téléphone et avait appelé chez elle pour les remercier pour la surprise. Samir avait également parlé avec sa mamie et sa tata Didi.
Elle avait également eu tous ses trois frères au téléphone, Kayal et Mohamed qui lui faisaient la gueule,avaient mis leur fierté de côté et s'étaient entretenus avec elle et Samir.
En partant ce matin,elle avait regardé dans la cuisine et avait pris la quasi totalité de la nourriture présente. Ce n'était pas grand chose mais ça allait les servir.
Ils avaient pris un taxi pour le guichet le plus proche afin de retirer un peu d'argent pour dormir dans un hôtel en attendant.
Nadia avait encore quelques euros dans son sac a main et avait ainsi pu régler la course. Il lui restait suffisamment pour se déplacer et manger dans un petit restaurant avec son enfant.
Quand arrivé devant le guichet elle vit sa carte rejetée plusieurs fois, elle se posa des questions.
C'est ainsi qu'elle s'était dirigée a pied vers la banque la plus proche avec fils et sacs. Son fils se plaignait de la fatigue mais elle était impuissante face a sa détresse. Il fallait qu'elle aille voir se qui se passait et retirer de l'argent pour survivre.
Quelques instants qui durèrent une éternité devant son fils plus tard, ils arrivèrent à la banque.
Immédiatement elle se dirigeait vers le bureau de son chargé de compte.
C'est une fois qu'elle lui apprit ce qui lui était arrivé au guichet qu'il lui informa qu'ils avaient bloqué son compte suite a la demande d'un huissier.
- D'un huissier vous me dites ? Mais pourquoi ?
- Je n'en sais pas plus que vous désolé mademoiselle. Cela s'est fait suite à une décision de justice. Et nous avons été dans l'obligation de le faire sous peine d'entrave à la justice.
Elle ne comprenait pas ce qui se passait ou du moins ne voulait pas comprendre.
C'était sûrement a cause de son arrestation. Margot avait porté plainte pour usurpation et escroquerie. C'était sûrement ce deuxième point qui avait fait qu'on bloque son compte.
Tout ça lui donnait une violente migraine. Samir comme s'il sentait que la situation était particulièrement tendue, resta tranquille sur son siège et ne dit pas un mot. Et elle lui su gré de ça parce que vu son niveau de nervosité, elle l'aurait repris trop durement.
Comment allait-elle faire a présent ? Elle n'avait plus que moins de 200€ dans son sac. Elle n'avait pas encore un travail.
Si elle payait un hôtel, cet argent allait disparaître immédiatement. Mais en même temps il fallait bien qu'ils dorment quelque part.
En ce qui concerne la nourriture il n'y avait pas a s'y faire, en tout cas pas avant trois a quatre jours. Ce qu'elle avait pris pourrait les faire tenir si elle en faisait bon usage.
Son cerveau était en ébullition'. Elle cherchait des solutions un peu partout. Que pouvait-elle faire ? Où pouvaient-ils bien dormir ?
Elle pensait a en informer Éric mais enleva rapidement cette idée de la tête. Il avait déjà fait énormément pour elle,elle n'avait plus envie de le déranger. De plus,il avait les charges de la maison' et de sa famille a supporter, elle n'allait pas venir en rajouter.
Elle commençait a avoir terriblement chaud malgré la température fraiche de la pièce. Elle était au bord des larmes.
Ses actions irréfléchies venaient encore une fois la rattraper. Jusqu'à quand serait-elle poursuivie par le poids de ses erreurs ? Jusqu'à quand !
L'argent qu'elle avait mis sur ce compte c'était l'argent que sa famille avait réunie quand elle venait. Si elle n'avait pas été avide d'argent, elle aurait a cette heure un toit sur lequel dormir, et cette somme, assez énorme, serait encore a sa disposition.
Elle avait tout perdu en voulant s'enrichir coûte que coûte.
Elle avait envie de hurler son histoire pour que cela serve de leçon aux autres.
Plus jamais elle ne se laisserait tenter par le matériel. Plus jamais !
- Je vous en prie monsieur je pense que c'est un malentendu. Il n'y a plus aucune plainte a mon encontre. Alors je pense que vous devriez débloquer mon compte. J'ai terriblement besoin de retirer de l'argent.
- Je suis désolé mademoiselle mais cela ne serait possible, en tout cas pas tant que nous n'aurons pas reçu la lettre de l'huissier de justice stipulant de débloquer votre compte. En tant que responsable de votre compte ce que je peux vous conseiller c'est d'ouvrir un second compte gratuitement. Comme ça tout vos entrées se feront là-bas. Mais sachez que ce compte ci restera toujours bloqué et aucune somme ne pourrait être retirée.
Elle posa une main sur son front et lui demanda de procéder a l'ouverture du second compte.
Étant donné qu'ils avaient déjà ses informations dans leur base de données,il n'eût pas besoin d'un document en particulier.
Pendant qu'il procédait a l'ouverture de compte, elle se tourna vers son fils qui tirait une sale tête.
- Qu'est-ce qu'il y a bébé Samir ? lui demanda-t-elle en passant les mains dans ses cheveux
- J'ai faim répondit-il en fermant les yeux
Avant de lui répondre elle regarda discrètement dans son sac a main et vit les deux billets de 100 qui étaient encore la.
- Écoute chéri tu vas manger d'accord ? Quand on va sortir d'ici on ira quelque part pour manger okay ? Mais en attendant, prend ça dit-elle en lui tendant un paquet de biscuit qu'elle avait fait sorti d'un des sacs
- Merci mama répondit-il en le prenant de ses mains. Tu veux ? lui proposa-t-il
- Non merci mon chéri
- Demande au tonton si il veut murmura-t-il prêt de son oreille
Sacré Samir !
- Le tonton est concentré faut pas le déranger rétorqua-t-elle sur le même ton
- Mais mamie m'a dit de partager ma nourriture avec ceux qui n'en ont pas.
Elle soupira puis posa les yeux sur le responsable de compte qui les regardait avec un sourcil froncé.
- Excusez-moi monsieur je suis assez confuse. Mon fils insiste pour que je vous propose une part de biscuit dit-elle avec un sourire gêné
- Ne soyez pas gênée mademoiselle voyons. Oui je veux bien petit garnement.
Puis il tendit la main et receva le gâteau que Samir lui tendant. Puis il le mit en bouche et le mâcha en faisant des bruits de satisfaction.
- Tu vois je t'avais dit qu'il voulait manger dit Samir en mâchant aussi.
Le responsable éclata de rire et continua ce qu'il faisait.
Quand il eut fini, il lui tendit un papier sur lequel était inscrit ses coordonnés.
- Voila, a présent vous pourriez faire toutes vos transactions dessus.
Elle prit le papier et le remercia.
Avant qu'elle n'atteigne la porte,il l'interpella.
- Attends champion,tiens dis a mama de t'acheter des biscuits avec ça.
Et il lui tendit deux billets de 100€
- Pardonnez moi mais je n'ai pas assez sur moi
- Non monsieur je ne peux accepter, Samir remets ça a tonton.
- Permettez moi d'insister mademoiselle. Sans le vouloir j'ai entendu votre conversation avec votre fils et au son de votre voix,j'ai deviné que votre situation était assez critique. Acceptez ça juste comme ça,j'aurais voulu faire plus mais..
- Je vous en suis vraiment reconnaissante monsieur. Vraiment vous ne savez pas comment je suis heureuse la maintenant. Samir tu as oublié ce qu'on dit ?
- Merci tonton répondit-il en s'abaissant un peu
- Je t'en prie champion. J'aurais aimé qu'on m'aide aussi a votre place. Allez,passez une bonne journée et on en parle plus.
- Merci encore monsieur.
Et ils sortirent.
Samir gambardait joyeusement ne se souciant de rien. Elle se demandait où elle allait trouvé un hôtel.
Elle prit son téléphone et tapa sur Google. Elle vit plusieurs réponses et choisir un qui était réputé pour être le moins cher.
Elle héla un taxi et s'y engouffra avec son fils.
Elle espérait juste que cela ne soit pas très loin,parce que ça allait être très serré pour régler la note.
Arrivée devant l'hôtel qu'elle avait repéré, sa première pensée fut que l'addition avait quand même été salée.
Elle avait dû payer 47€ et avait laissé les 3€ restants.
- Vous êtes sûre ? S'il vous plait regardez bien encore
La réceptionniste lui faisait comprendre que les chambres de 85 et 100€ étaient déjà tous pris et qu'il ne restait plus que des chambres de 215 €. Ce qu'elle ne pouvait clairement pas se permettre.
- Madame je suis désolée mais c'est effectivement complet. Il ne nous reste plus que quelques chambres de 215€. Je pourrais vous recommander un autre hôtel si ce n'est à l'autre bout de la ville.
- Non ça va aller. Merci
Elle ressortit de l'hôtel encore plus dépitée qu'elle ne l'était.
Elle était officiellement a la rue.
Elle qui avait vu l'arrivée de Samir comme une bénédiction ne le voyait plus avec le même oeil. Il n'avait rien demandé dans cette histoire.
Comment elle allait faire avec son fils ? Elle pouvait très bien dormi dehors dans les parcs mais pouvait-elle infliger cela a son fils? Clairement non!
Depuis ce matin,une idée lui trottait a la tête et finalement elle allait suivre cette décision. De toutes les façons,elle n'avait pas trop le choix.
- Viens Samir on va faire les courses
d'accord ?
Ils traversèrent prudemment la route et rentrèrent dans l'épicerie en face de l'hôtel.
Elle fit rapidement les courses,et prit un peu de tout.
Au moment de régler elle appréhendait un peu mais quand elle entendit le total elle fut tout de suite rassurée. C'était pas trop cher par rapport a la tonne de truc qu'elle avait prit.
Ils ressortirent et helèrent encore un taxi.
Elle lui donna une adresse et de nombreuses minutes plus tard,il les déposa a l'adresse souhaitée.
Elle le régla puis avec son fils,pénétraient dans cet immeuble.
Ils prirent l'ascenseur et elle appuya sur le dernier bouton.
Une fois complètement en haut,ils sortirent de l'ascenseur et ils empruntèrent les escaliers pour accéder au toit.
Coup de chance ! Le toit avait une sorte d'antichambre. Elle marcha vers la chambre et pria pour qu'elle soit ouverte. Coup de chance encore une fois,c'était ouvert.
Elle l'ouvrit grandement et découvrit une petite pièce,a peine grande pour recevoir deux personnes adultes.
Il y avait un divan usé et un vélo qui appartenaient sûrement aux habitants de cet immeuble.
Elle déposa ses sacs a l'intérieur et avant de rentrer elle fit une petite prière.
- Samir mon bébé, on va rester ici un moment d'accord ? Tu te rappelles du jeu que tonton Éric t'avait dit ? C'est ça qu'on va faire avec lui. Comme il sait où on vivait, il aurait gagné et nous on allait perdre. Et tu ne veux pas qu'on perde n'est-ce pas mon chéri ?
- Oui on ne doit pas perdre. Je vais m'asseoir sur le divan là-bas mama
Elle l'installa puis défit leur affaire.
Elle prit quelques habits a elle et forma une sorte de lit a terre.
Elle déballa également le sac contenant les courses. Elle prit certains trucs et se releva.
- Samir vas-y couche toi ici,je vais aller te chercher a manger d'accord ?
- D'accord mama. Je peux venir avec toi ?
- Non mon chéri,toi reste ici et repose toi. Je vais laisser la porte un peu ouverte pour que l'air rentre. Je ne vais pas tarder d'accord ? Mama revient tout de suite
- D'accord
Elle joint le geste a la parole puis se retira.
Elle n'avait trouvé qu'une seule solution', revenir dans l'immeuble où elle avait son appartement. Elle allait resté dans la petite chambre jusqu'à ce qu'elle trouve un travail et se sorte de la.
De toutes les façons quand elle aurait fini,elle allait appeler Andi et lui demander de lui transferer un peu d'argent dans le compte ouvert au nom de Samir. Mais cela risquait de prendre un peu de temps. Cest que les administrations béninoises n'étaient pas vraiment réputées pour être très efficaces.
Elle descendit et rentra dans l'ascenseur avec ses provisions en main. Elle tapa un numéro au hasard.
Quand l'ascenseur s'ouvrit, elle prit une grande inspiration et tapa a la porte.
Elle n'eut pas le temps de penser a son discours que la porte s'ouvrit sur une magnifique femme noire probablement de la même génération qu'elle.
Nadia se força a sourire puis prit la parole.
- Excusez-moi vraiment de vous déranger. Je sais que ce n'est pas très commode et que je ne me suis pas présentée lors de mon arrivée. Je suis votre nouvelle voisine du bas. Je suis assez confuse, lors de mon aménagement' je n'ai pas fait attention a la bombonne de gaz et je viens de me rendre compte que c'etait vide.Alors je viens humblement vous demander de me laisser cuisiner un truc rapidement pour mon fils et moi
La fille la regarda longuement puis finit par prendre la parole
- Pas de problème se contenta-t-elle de dire en se poussant pour la laisser passer
- Merci énormément
Et c'est ainsi qu'elle faisait pour nourrir son fils. Pendant trois jours, elle allait demandé à différents locataires et leur racontait le même discours. Tous lui avaient ouvert la porte.
Elle avait eu Andi au téléphone et comme elle le doutait, cela allait être compliquée pour lui envoyer l'argent, compliqué mais pas impossible.
Pendant le temps que cela allait durer,elle priait pour ne pas se faire prendre et expulser de l'immeuble. Elle priait également pour toujours avoir de quoi manger avec son fils en attendant.
Samir ne s'était pas plaint une seule fois. Malgré la précarité et les difficultés des lieux,il ne s'était pas plaint.
Ce jour, elle alla comme d'habitude sonner chez un autre numéro. C'était un jeune homme qui lui ouvrit la porte.
Elle lui raconta la même chose et il la laissa entrer.
- Mais je te connais toi. Eh ne me dit pas qu'elle t'a raconté son histoire de gaz vide la
Elle ouvrit grand les yeux en voyant la personne qui venait de parler.
Comment allait-elle pouvoir s'en sortir a présent !