Au sol 4
Ecrit par ngengeti
Au Sol ! 4
- J'y vais tout de suite.
- Merci beaucoup. J'attends ton coup de fil...
Je raccroche, et me tourne vers la salle à manger, sans poser un pas vers l'avant pour y aller. Mon amie me comprend sans que je ne dise rien.
- Moi qui pensais manger ta sauce et mes légumes, j'y pensais depuis,...quoi? Depuis le jour de l'invitation même, chez moi.... se plaint une autre des invitées qui nous rejoint.
- Heureusement que vous êtes passées en cuisine tout à l'heure pour voir toute la préparation et avez même goûté une partie....
- Oui! On a bien vu toute cette nourriture!
- Et ça sentait tellement bon !
- C'est vrai en plus, je me léchais déjà les babines pour déguster à ...
- Ne me dis pas que la sauce de noix palme...
- Si ma chère... Au sol.
- Nooon...
- C'est pas vrai!
Elles se lamentent et s'étonnent pendant que je les écoute en attendant le retour téléphonique de l’aide ménagère par rapport à la solution improvisée.
- D'ici là qu'on dise que tu n'avais rien cuisiné, il n'y aurait eu qu'un petit pas...
Je les écoute et soupire encore, et je me rappelle qu’un enfant comme beaucoup d’autres, a toujours faim. Je me tourne alors vers les invités. Le devoir m'appelle.
- Mesdames et messieurs, vous avez entendu comme moi, hm... l'incident... on va dire ça comme ça.
Je souris jaune. En mettant mes paumes de mains en l'air d'un air résigné. Je continue:
- Je ne sais ce qui en est à l'origine. Mais...
En fait, sur le moment j'aurais bien voulu y aller franco et dire :
- S'il s'agit d'une personne qui a intentionnellement décidé de jeter cette nourriture et le temps et l'énergie de plusieurs personnes qui ont contribué à ce repas, sans compter le gâchis de ressources, ainsi que votre patience... je ne sais pas quoi lui dire...
Je m’arrête, fronce les sourcils de colère et continue toujours dans ma tête :
- Comment çà, je ne saurais quoi dire ? Si! Bien sur que Si ! En fait. C'est quoi ces conneries?! Pourquoi? Hm?! Pourquoi a-t-elle fait ça?
Je ne peux pas concevoir ce manque total de respect chez moi. Le culot!
Je continu à me chauffer seule dans mes pensées. Gesticulant également dans ma tête, comme mon assistante en pleine rue, tout à l’heure lorsque je lui annonçais la nouvelle. Alors que mes invités attendent.
- Et maintenant ? La personne coupable se sent accomplie?
- Elle a gagné un trophée du geste le plus stupide de l'année?
- Elle se sent bien de gaspiller la nourriture et de l'argent si bêtement?
- D'affamer des gens innocents?
- D'ajouter du travaille inutile aux hôtes de cette maison?
- Se trouve-t-elle intelligente en posant cet acte?
Me reprenant, quand même un peu au bout de deux, trois secondes, je respire un grand coup. Expire....
Bien que j'aurais voulu sortir ma frustration et ma colère. A la place j'ai plutôt poliment dit:
- Bref... excuse-moi pour ce désagrément. C'est sensé être une fête et vous voilà en plein drama... digne de cameras cachées... Je débite le tout avec un petit sourire faux, et à la fois désolé. Espérant dérider mes invités. Alors que moi-même je ne paye pas de mine...
- Je vais m'assurer que vous puissiez vous remplir la panse correctement dans plus très longtemps, ne vous en faites pas. Mais, vous allez encore devoir patienter un petit peu. Merci de votre compréhension.... En attendant, servez vous des boissons et amuses bouches.
Je vais devoir faire avec les restes dans les marmites en cuisine pour calmer les estomacs des plus petits. Les adultes vont patienter même sils seront surement grognons.
- S’il vous plait, les mamans, suivez-moi pour trouver de quoi nourrir les petits en attendant. Donnez-moi, juste quelques minutes avant. Merci.
Je veux me diriger vers le portail pour prévenir que j'attends ce personnel de maman sauce et des plats, parce que je me veux optimiste. Je pense fortement que la mama sauce pourra me dépanner, quand mon amie m'interpelle et me rapporte que l'enfant et la mère qui ont causé ce désastre me demandent....
A ce moment là, je ne sais pas si je dois rire, pleurer ou m'énerver. Je viens de comprendre de qui, il s'agit et ce qui se serait passé. Et cela me frustre encore plus !
Je n'ai vraiment pas envie de la voir. A ce moment précis, elle est la dernière personne à qui je souhaiterais m'adresser. Mais, pas le choix. Je soupir encore et demande :
- Elle est où?
- A l'intérieur. Près des toilettes.
- Merci. Allons-y…
Le téléphone sonne au même moment. En répondant au coup de fil de celle qui m'avait donné un coup de main pour préparer ce festin renversé au sol, je fais signe à mon amie de patienter. Je demande à mon interlocutrice en ligne, qui s’est renseigné auprès de la restauratrice, si ma demande est possible ? Elle répond par l’affirmatif et nous discutons un peu avec la restauratrice. Enfin, tout a été arrangé tel que je lui ai demandé. L’aide ménagère me confirme encore, plus tard, la commande passée auprès de la mama sauce, et la prochaine livraison avant de finalement rentrer chez elle. Je la remercie. Je vais ensuite au portail, donner mes instructions. Cela fait, je reviens vers mon amie et la sollicite :
- Accompagne-moi s'il te plaît....
Une pensée me vient à l'esprit et je m'arrête. J'ajoute envers mon amie.
- Mais avant, appelle d'abord mama pilon et maman douceur...
- oh?!
- ... S'il te plaît....
- Et je leur dis quoi?
- Dis leur ce que tu viens de voir et d'entendre en résumé... avant qu'on ne la retrouve.
- D'accord, ma chère.
- Moi, je ne veux pas ouvrir ma bouche. Ça risque de ....
- Ok. Je vois. Ça va aller...
Elle me répond, compatissante, en me tenant le bras, comme pour me donner un peu de son calme, pendant qu'elle lance l'appel. Je lui confie cette tâche parce quelle n’est pas seulement mon amie mais également et tout d’abord, une de mes belles sœurs.
Ces deux mamans que je viens de mentionner sont des dames âgées, matriarches respectées de tous, parmi les invités présents et surtout, de la personne qui m'a fait appeler.
L'appel téléphonique est lancé et reçu vers les mamas. Les salutations sont faites. Mon amie et leur fille, leur fait un topo rapide de la situation de ma part, en expliquant également mon silence. Enfin, elle leur demande de bien vouloir patienter pendant que l'on sert en priorité de quoi bien caller les estomacs des enfants affamés parmi les invitées.
Elle me rejoint dans la cuisine ou je m’active, pendant son appel en distribuant les assiettes en plastique aux enfants et aux mamans des plus petits. Nous finissons notre service rapide improvisé, avant de nous diriger ensuite vers la mère et son enfant qui nous attendent. Le téléphone en main, est en mode vidéo conférence et le haut parleur activé.
Nous retrouvons la femme d'un autre des cousins, en compagnie de son gosse turbulent à souhait, qui n'est jamais ou très rarement réprimandé ou recadré par sa mère. Et je pense très fortement :
- Pourquoi ne suis-je pas surprise finalement ?!...
En la regardant avec les yeux plissés, tout en croisant mes bras sur ma poitrine, l'air très peu avenante, j’attends qu'elle parle. Elle se lance, très innocemment (hm, c’est ça!):
- Heu... ma chère.... heu, ... Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai sorti le petit des toilettes, dès qu’il a fini. Lui ai dit d'attendre un peu que je finisse de me soulager pour qu'on retourne ensemble au jardin.
Elle fait une pause et reprend les mains de son fils très actif. Elle poursuit:
-A peine une minute. Et j'ai entendu le grand bruit.
- Boooum! Bim ! Bim, Pim, et Bam ! Cassé !
Ces onomatopées étaient l’intervention, et la contribution illustrative au récit, faite par son fils. La mère continue sans se départir de son air maniéré.
-J'ai eu peur... j'ai cru que ... je ne sais pas. J’ai accouru hors des toilettes, dès que je me suis réajusté. Et j'ai vu le petit assis et tout … au sol....
Elle prend ensuite un air effarée.
- ... Il... je l'ai tâté, voir s'il avait été blessé avec tous les plats en verre au sol. Et les sauces chaudes. Le pauvre chou. Je... Il, il s'est fait mal...
…. Donc je voulais te demander la boîte à pharmacie.
Elle a débité tout son discours avec à la fois, la rapidité d'une mitraillette quand elle mentionnait les faits visibles par tous, et la lenteur d'une personne sûre de ne rien devoir à qui que ce soit, en parlant de son cher et adorable petit bébé.
Je l'ai regardé, ensuite son fils qui était sensé s'être fait mal... Selon elle. Je cherchais des yeux où exactement, au cas où il pourrait montrer des signes de douleur.
...
Au Sol ! © Ngengeti ~ A la Volée – On a Fly -