Aucune idée

Ecrit par Aura

J’ouvre les yeux et je crois rêver. Mais elle est bien là, les yeux rivés sur moi. J’essaies de me redresser, mais elle me stoppe dans son geste. Elle retire le linge qui était posé sur mon front, que je n’avais pas remarqué tout à l’heure, puis en dépose un autre. Je la regarde faire parce que je suis trop affaibli pour riposter. Je réussis à lui lancer

- Quelle heure est-il ? 

- 12h ! 

- Autant que ça ? 

- Oui !

Je suis complètement étonné. Je venais de fermer les yeux, je ne pouvais m’imaginer que le temps file aussi vite. Elle me tend ensuite un verre d’eau et des comprimés qu’elle seule connait l’efficacité. Je les absorbe et je me couche de nouveau. Elle s’en va les minutes qui suivent pour revenir plus tard avec un plat qu’elle a préparé. Elle a concocté une soupe de poulet qui semble plutôt exquis comme me le signale l’odeur. Elle me réveille et me fait manger. La soupe est délicieuse. Je la déguste avec beaucoup d’appétit et Ari ne cesse de me motiver à avaler chaque goulée. Après avoir débarrassé, elle apprête mon bain et m’aide à me doucher, au point où j’ai un peu honte qu’elle me voit tout nu. 

- Pas besoin de m’accompagner dans la salle de bain, je saurai me débrouiller tout seul

- Ok si tu le dis. Mais je serai juste à côté si tu as un souci. 

- D’accord. 

Après m’être douché, habillé j’ai de nouveau sombré dans le sommeil. Sachant que mon état ne semblait pas s’améliorer, Ari a contacté mon médecin traitant au Maroc. Ce dernier n’a pas pu se libérer et lui a donc donné des instructions en lien avec mon état de santé. Elle a suivi ses directives en achetant les médicaments dont il était question, en veillant sur l’évolution de mon état de santé. 

J’ai passé pratiquement une semaine alité. J’étais complètement incapable de me déplacer. Mes déplacements se limitaient à la chambre, à la salle de bain et des rares fois à la cuisine, où j’ai pu assister aux œuvres culinaires de mon hôte. Etant malade, Ari se chargeait de me nourrir, de me donner mes comprimés bref de veiller sur mon état de santé. Elle ne presque pas si ce n’était qu’indispensable. Au terme de cette semaine, je me suis remis sur pied. Cette fois, j’ai quitté la chambre pour le salon à la grande surprise d’Ari. Je croyais qu’elle serait contente de me revoir valide, mais non, elle s’est terrée de plus bel dans le silence, pire qu’à son arrivée. 

Les jours ont filé comme de l’eau d’une rivière. J’ai repris mes forces et mon rythme de travail. Au fil du temps, j’ai décidé d’accorder de l’espace et plus de confiance à mon hôte. Je me rendais désormais au boulot et rentrai en soirée. A mon retour, je constatai que mon repas avait été préparé, mon linge nettoyé et plus que tout, de la chaleur humaine avait pris possession des lieux. Ces petits changements, ces petites marques d’attention comme l’achat de mon vin préféré, et bien d’autres ont commencé à bouleverser mon quotidien. J’avais l’impression d’être un homme marié qui rentrait aux bercails rejoindre sa nouvelle épouse et cela n’avait pas seulement de l’influence sur moi mais sur Ari aussi. Elle commençait à s’ouvrir petit à petit, à prendre des couleurs. Bien qu’elle ne soit très expressive, elle posait néanmoins des actes qui ne me laissaient pas indifférent. Plus tard, l’inévitable s’est finalement produit. 

C’était un vendredi, ma journée était complètement pourrie et j’avais beaucoup de boulot à rattraper. Au-delà de tout ceci, j’étais bloqué dans les bouchons à ne pas finir. Tout ce à quoi je pensais c’était rentrer chez moi et me reposer. A mon arrivée, toutes les lumières étaient éteintes, des bougies étaient allumées par-ci par-là. Sur le sol se trouvait une couverture, des couverts et le diner. Mon Dieu que c’était magnifique à regarder et l’auteure de cette magie n’est apparu que plus tard dans une robe si moulante que mon troisième pied s’est tout de suite réveillé. Elle était belle à croquer. 

- Alors ça te plait ? 

J’étais abasourdi. Enfin, elle formait des phrases plus longues que merci, ok ou quelque chose de ce genre. 

- As-tu passé une belle journée mon cœur ? 

Seigneur, qui s’appelle son cœur ici ? J’espère que ce n’est pas moi. Elle s’avance près de moi, m’aide à retirer ma veste, mes chaussures et ma mon sac puis s’en va les déposer je ne sais où. 

- Lave tes mains, je reviens. 

Comme un automate, je me suis rendu à la cuisine et j’ai lavé le visage en plus des mains.

Je croyais rêver. Alors avoir l’air éveillé et les idées en place, c’est bien ce qu’il me fallait pour ne rien rater et surtout éviter de mal interpréter les choses. Je suis retourné au salon en prenant place sur cette couverture avant qu’elle ne revienne. 

Nous avions dîné cette nuit-là dans la bonne humeur et au lieu de se séparer, nous avions fait l’amour toute la nuit au point de me demander si je n’étais pas en train simplement de vivre un rêve tellement c’était délicieux. Son corps, son odeur, ses caresses, sa douceur, le gout de ses baisers, tout ça m’avait manqué et ils ne cessaient de m’irradier complètement chaque fois que nous nous y mettions de nouveau. 

Elle m’a consacré chaque seconde, chaque minute, chaque heure de ce week-end pour déguster toutes les saveurs qu’elles dégagent. Chaque fois qu’elle s’éloignait ne fût-ce que pour uriner ou quelque chose de ce genre, ben je perdais complètement la boule. Je ne sais pas, mais j’avais cette fille dans la peau peu importe le nombre d’années de séparation que nous avions vécu. Et cela pouvait simplement s’expliquer par le moindre contact de nos deux corps, plus qu’une étincelle, l’incendie se déclenchait immédiatement.

          Je croyais pour une fois que le destin avait tourné les choses en ma faveur, que désormais j’allais chérir ce bonheur aux côtés de ma déesse, mais je m’étais bien leurré. Lundi soir en rentrant du boulot, j’ai constaté à l’arrivée à la maison que toute la chaleur humaine était absente. Ma maison était nettoyée comme il se doit, il n’y avait pas de dîner, pas de petits cadeaux, pas d’Arielle tout simplement. Elle avait levé le camp et omis de laissé un seul signe de vie si ce n’est qu’un « merci pour tout » collé presque partout. En remarquant l’absence de ses papiers dans mon tiroir et celui de ses effets dans son dressing, j’ai tout de suite déduis qu’elle s’était bien jouée de moi. Mais elle avait été plus rusée au point de jouer de son charme pour me faire tomber. Et j’étais tombé dans le piège la tête, non mon cœur en premier. J’étais le vrai dindon de la farce. Cette nuit-là, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps me promettant au petit matin de ne plus jamais me laisser faire par qui que ce soit, surtout pas Arielle. Dès le matin, le chapitre Arielle LIMANI était clos. Je me foutais désormais de savoir ce qui adviendrait d’elle.   



  
Cœur en chantier