BELLE FAMILLE
Ecrit par Phénix
******************* Venance EGNKPON
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Quand je disais à Cécil que cette fille
n’était pas bien pour lui, il pensait que je blaguais ou que je ne voulais pas
qu’il l’épouse par méchanceté. Mais voilà. A peine deux semaines qu’ils sont
mariés et voilà qu’elle fait déjà la difficile. Nous les mères avons cette
capacité à reconnaître une bonne femme. Et cette Anaïs n’en vaut pas la peine.
Je ne l’ai jamais aimée. Elle est très sournoise. Les enfants de riches sont
toujours comme ça : pourris gâtés, se comportant comme si on leur devait
tout. Et cette fille est juste énervante. Cécil faisait toujours tout ce que je
lui disais. Il respectait mes décisions même lorsqu’il s’agissait de ses
copines. Mais il m’a tenu tête à cause d’elle en osant me dire qu’il est fou
d’elle. Une femme qui n’est jamais sur place, toujours entre deux avions. Une
femme qui s’habille en mettant toutes ses atouts dehors. Qui nous garanti
qu’elle ne se fait pas prendre par tous les hommes lors de ses voyages ?
Moi je sais que c’est une femme sans aucune valeur ni dignité. On ne peut pas
faire confiance à une femme qui préfère se pavaner sur scène au lieu de se
chercher un boulot digne du nom. Mais mon fils ne m’écoute plus. Aussitôt
entrée dans la vie de mon fils, elle l’a éloigné de moi. Il ne vient me voir
que très rarement, où lorsque je lui fais appel. C’est vrai qu’elle ne nous a
jamais renvoyé quand nous allons les voir là-bas chez Cécil, mais entre nous,
qui a envie de subir les manières snob d’une petite effrontée pareille ?
En tout cas, pas moi. Mes filles ont bien essayé de la virer. Mais c’est à
croire qu’elle est immunisée. Même Armelle la grande terreur de la famille a
échouée. Si je n’étais pas la mère de Cécil, je suis sure qu’elle m’aurait déjà
insultée ou même porté main. Je ne sais même pas où Cécil est allé la ramasser.
Une femme qui ne sait pas faire la lessive, ni la cuisine, ni le nettoyage de
sa maison. Je me demande si ce n’est pas une autre femme qu’elle paie pour
tenir le lit de mon fils. Une copie pâle comme ça.
-
Eh maman, tu es
ou comme ça ?
Je lève la tête et vois
mes jumelles.
-
Ah les enfants.
Est-ce que j’ai encore la paix de cœur moi ? avec ce que votre frère a
ramassé comme femme.
Chacune d’elle est
allée chercher une chaise pour s’asseoir près de moi pour m’aider à arranger
les légumes.
Amanda :
Qu’est-ce qui se passe encore ?
Maman :
J’ai eu votre frère au téléphone. Il était très en colère
Armelle :
Et pourquoi ? Je pensais qu’il était en lune de miel avec sa chose ?
Maman :
Laisse-moi les bêtises ma fille. Cécil a voulu qu’ils aillent à Paris et il a
échangé leurs billets. La princesse lui a faut le show parce qu’un avion
l’attend dans cinq jours.
Armelle :
quoi ? Paris même-même ? Et elle a refusé ? je dis cette fille
se fout de Cécil. Maman, elle a déjà gbassé ton fils oooo. Nous on veut
seulement aller au Togo tout près ici on ne trouve pas. Mais elle on dit Paris et elle fait la
difficile ?
Amanda :
En tout cas, c’est bien. Au moins Cécil va garder son argent. Moi j’ai besoin
qu’il m’aide hein. Je vous ai déjà parlé de mon restaurant.
Maman :
Cette histoire m’inquiète. Vous vous imaginez qu’elle dit qu’elle n’est pas
prête pour faire des enfants ?
Amanda :
Comment elle s’y prend ?
Maman :
Je ne sais pas, mais Cécil a son plan pour lui faire la surprise. Avant la fin
d’année elle va être enceinte.
Amanda :
Tu es sure de toi maman ? Comment il va faire ?
Maman :
Cécil va s’entendre avec son médecin traitant qui est son ami.
Armelle :
Ce que je ne comprends pas là c’est comment elle peut dire qu’elle n’est pas
prête. Après tout ce qu’elle et sa famille ont exigé pour la marier. Une dot de
deux millions sans compter les pagnes les montres et tout les effets pour les
oncles, les tantes.
Maman :
Laisse ma fille. Comme si je n’ai jamais été une jeune fille. Ils ont même appelé ça dot symbolique.
Amanda
(se levant) : Attends maman je te montre (imitant une voix d’homme) Notre
fille est un bijou, ne la ternit pas. Si sa joie ne peut pas être décuplée, il
ne faut pas non plus t’éteindre. Jamais ne pose la main sur elle car tu auras
affaire à toute sa famille. Tu vois qu’elle ne manque de rien chez nous, alors
elle ne doit manquer de rien chez toi. Traite la bien comme une reine, elle
fera de toi un roi.
Maman :
bande de macaques. Yakamè. Qu’on ne la frappe pas. Si elle est impolie, on la
frappera et je donnerai un coup de main à mon fils pour la dresser. Bijou, ça la, c’est bijou ? Une fille mal élevée comme ça.
Armelle :
Ce n’est pas de sa faute. C’est ton fils qui est allée la ramasser. Elle ne
peut même pas aider ses belles sœurs. Elle reste toujours loin, nous snobant.
Même au mariage vous avez vu comment elle est restée à nous regarder comme des
intrus alors que c’est Cécil qui a payé tout cela. Au moins mes enfants se sont
régalés pendant deux jours avec ce que nous avons ramenés.
Amanda :
les miens aussi. Même si mon mari m’a donné une gifle pour ça. Mais je m’en fous.
Maman :
en tout cas, je vais trouver une bonne excuse pour m’introduire
chez eux. Je vais faire la guerre de l’intérieur, la faire tellement chier
qu’elle voudra s’en aller elle même. Elle va voir comment une femme de soixante
ans mène la vie dure à une effrontée de vingt-huit ans.
Armelle :
Je compte sur toi maman et si tu veux un coup de main, nous sommes là
Amanda :
C’est ça même
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Chez les BATTA ************************
Arielle
Je suis dans le salon
avec mon mari et mon fils Benjamin. Mon fils m’inquiète. A 40 ans il est
toujours célibataire et ne compte pas y remédier. A son âge, moi j’étais déjà
mère. Son père aussi était déjà marié. Mais lui non, parce qu’il est complexé.
Mais je veux l’aider à aller de l’avant. Mon nom c’est Arielle Saka, épouse
BATTA. Je suis l’exemple typique de la femme africaine, avec tous les atouts.
J’ai tout en surplus et cela rend mon cher Maurice complètement dingue de moi,
malgré le temps qui a passé. Comme on le dit chez nous, je suis sa femme de
galère. Nous n’avons pas toujours été riches. Il fut une époque où nous
comptions chaque Centimes et l’inscrivions dans un livre de compte. Un temps où
nous n’avions que le strict minimum.
C’est pour cela que malgré notre grande richesse, nous avons éduqué nos
enfants à la dure. Tous les deux ont dû s’élever tous seuls comme des grands.
Nous étions là pour leur donner des conseils. Anaïs est partie avec son
docteur, j’espère qu’elle a fait le bon choix et que c’est nous qui avons tord.
Maintenant mon plus grand souci c’est Benjie, mon bébé de 40 ans.
Moi :
Benjie, je t’ai déjà dit que tu vieillis non ! Regarde ta sœur s’est
mariée avant toi
Benjie :
Maman, je ne suis pas prêt. Jusque là je n’ai pas encore rencontré celle qu’il
me faut.
Moi :
A 40 ans Benjie ? Mon fils, tu reste à terre alors qu’elle a refait sa
vie ?
Papa :
Arielle laisse-le tranquille. Quand il se sentira prêt il fera ce qu’il faut
Moi :
Ah bon ? Le laisser se morfondre ? Je veux mes petits fils avant de
mourir. Cette fille qui t’a blessé, je
l’ai vu en ville. Elle était heureuse aux bras de son mari, avec deux belles
petites filles. Tu vois, elle ne pense plus à toi mais pourquoi tu ne fais pas
pareil ? Je suis juste inquiète pour toi. Quand trouveras tu celle qu’il
te faut ? Quand fonderas-tu une famille ? Quand auras-tu le
temps de s’occuper de ces enfants ? Tu grandis, tu n’es plus si
jeune.
***************************** Benjie
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Je me déconnecte et
laisse maman parler. A quoi bon tirer avec elle ? eEle ne me comprendra
pas. Vous avez compris. Je suis Benjamin BATTA. J’aurai bientôt 40 ans. Je suis
l’ainé de ma famille et je suis toujours célibataire. Je n’ai aimé qu’une seule
femme et elle m’a fait voir de toutes les couleurs. Je l’ai traité comme une
reine mais elle m’a traité comme un idiot. Au final elle m’a dit qu’elle avait
honte de moi parce que je suis trop petit pour elle. Façon de parler car
j’avais 30 ans à l’époque. Je suis très cous de taille. A peine 1 m 10. Oui vous
avez bien lu. Mais est-ce ma faute ? Ou est-ce une raison pour ne pas
m’aimer ? Je suis un vrai gentleman, un amoureux dans l’âme. Je respecte
trop la femme. Pendant les 4 ans que j’ai passé avec celle dont je n’aime plus
prononcé le nom, je l’ai toujours honorée. Voiture de luxe, voyage en première
classe, maison, fringues, tout y est passé. Il suffisait qu’elle en parle pour
que je le lui donne. Mais elle m’a trompé, est tombé enceinte d’un autre et m’a
mit devant le fait accompli en me disant que j’étais trop petit pour elle, que
les gens me prendrait pour son enfant. Ses mots m’ont fait très mal. J’ai perdu
confiance en moi et j’ai du réapprendre à m’aimer. Aujourd’hui, je n’ai plus
envie de me marier. Il y a des filles qui me font la cour, juste parce que je
suis le directeur d’une maison de production. L’argent ne manque pas. Alors, je
vagabonde, mais évite de m’attacher. Papa me comprends, mais maman ne veut rien
entendre. Elle me demande de lui faire des petits enfants. Comment y arriver si
je n’ai aucune femme dans ma vie ? Dès l’annonce du mariage d’Ana, je
savais que maman allait me rendre la vie dure. Mais je ne suis pas pressé. J’ai
quand même eu un pincement en voyant le bonheur de ma sœur. Je me suis imaginé
aussi, me mariant avec une femme qui serait folle de moi. Je ne dis pas que son
docteur est amoureux d’elle. Je ne suis pas dupe. Il cache bien son jeu. Je ne
sais pas quelle est sa motivation, mais je sais qu’il n’est pas clair. Il ne me
trompe pas. Le jour du mariage j’ai constaté qu’il avait délaissé Ana pendant
un très long moment. Je le suivais de loin. J’ai vu son manège avec la femme de
Kelly. Je ne veux rien avancer, mais je suis sur qu’ils traitent des affaires
louches tous deux. J’espère juste pour lui que ce n’est pas ce à quoi je pense,
parce que malgré ma petite taille, je suis une terreur et il a tout intérêt à
ne pas me mettre en colère. Ana est une vrai tête de mule (sourire) mais je
l’aime tellement cette petite. Elle a un caractère si fort, je sais qu’elle va
mater le gars, mais l’amour peut l’aveugler (si elle ne l’est pas déjà bien
sur).
Maman :
eh, on peut savoir ce qui te fait sourire comme un idiot ?
Moi :
Je pensais à ma petite sœur chérie
Maman : tchip, on
te parle de te marier et toi tu pense à la femme d’autrui.
Moi :
c’est d’abord ma femme avant d’être celle de Cécil, qui soit dit en passant ne
mérite pas une perle pareille.
Maman :
A qui le dis-tu ! Mais en même temps, reconnais qu’il n’a jamais rien fait
pour mériter qu’on ne l’apprécie pas.
Moi :
Il a besoin de faire quelque chose d’abord ? Tout en lui est faux. Sinon,
comment autant de personnes peuvent ne pas l’aimer ? Ana est trop bien
pour lui
Papa :
Laissez les gens respirer. Ana a fait son choix. Ce n’est pas vous qui vivez
avec lui. Si elle a pu lui faire confiance, c’est qu’il le mérite. Si ce n’était pas le cas, je connais ma
fille, elle l’aurait déjà envoyé balader.
Moi :
Depuis quand tu es dans son camp le vieux ? c’est dans ce même salon que
tu as essayé de dissuader Ana. Tu ne parlais pas comme ça hein !
Maman :
J’allais poser la même question
Papa : Je ne suis
dans le quand de personne. Juste que nous ne savons rien de ce qu’ils vivent et
partagent tous deux. Faisons confiance à notre parent. Et laissons-les faire
leur preuve. S’il lui fait de la peine, il nous aura sur son chemin
Moi :
Moi le premier. C’est la prunelle de mes yeux. Il a intérêt à la rendre
heureuse. Vous savez que je ne serai pas tendre avec lui s’il ose la faire
pleurer ne serait-ce qu’une seule fois.
Papa : On dirait
l’oncle Bernard ! ahahah
Maman :
Ah oui, il y a une prunelle dans chaque famille. Je suis la prunelle des yeux
de mon cher oncle, paix à son âme. S’il ne t’avait pas montrer ses yeux rouges,
est-ce que tu allais comprendre même le bijou que tu as ?
Papa :
pardon, quel Bijou ? Tu m’as tellement maltraité que j’ai dû t’épouser
pour avoir la paix.
Moi :
ahahahahahah !!! Papa, tu ne ressembles pourtant pas à un homme qu’on
maltraite hein !
Papa :
est-ce que j’ai le choix ? Elle me maltraite de bonheur. Je suis obligé
d’être heureux ! Regarde malgré son âge, elle me rend toujours aussi bête
que la première fois que je l’ai vu. Tu parles de gbass !!
Maman
(se tenant les côtes) : Pardon Maurice, comment on maltraite quelqu’un
avec le bonheur ?
Moi :
Ah papa, moi aussi je veux savoir.
Papa
(se retenant de rire) : Tu n’as pas vu ces montagnes qu’elle appelle
seins ? Tu as déjà vu ça chez quelle femme en ville ici ? Et ce qui
est derrière là ? Je peux même avoir un AVC à cause de ça. Vraiment, donc j’ai dû l’épouser malgré moi et malgré toute la villageoiserie qu’elle traînait.
Moi :
Hum maman, montre-moi un peu ce dont le monsieur là parle.
Papa :
Ah non ! Va chercher pour toi. Ne viens pas me ganter la femme. Vous les
jeunes, c’est ce qui vous dépasse que vous aimer charger.
Moi (faussement
outré): ah, est-ce un crime de mater ?
Papa :
Va mater ailleurs ! Laisse ma femme tranquille. D’ailleurs rentre chez toi
Maman riait en se
tenant les cotes. Elle est si belle ma mère
Moi :
Mais papa ! Je …
Papa :
rentre chez toi, gbévoun ! Ce n’est pas ma femme tu vas me piquer. Va
chercher pour toi. Lève-toi, je te raccompagne.
Je me levai en riant.
Ces vieux vont me rendre fou. De vrais enfants.
Moi (embrassant
ma mère): Belle dame, je peux avoir votre numéro ? Juste pour vous inviter
à dîner ?
Papa :
Jamais, passe ici ! Tchip, elle dîne tous les jours avec son mari.
N’est-ce pas ma beauté ?
Maman :
oui oooo mon nivaquine.
Moi
(en partant) : ahahah, nivaquine ? C’est trop amer. Moi je suis du
miel.
Papa :
Oui, vas-y faire ça dehors.
Je m’installai au bord
de ma voiture et partit le cœur heureux. J’aime trop ces moments avec mes
parents. Nous discutons comme de bons amis de la même génération. J’ai les
meilleurs parents du monde et je sais que je serai un meilleur père si jamais
j’en ai l’occasion.
************* Arielle
BATTA ************************
-
Il est parti ?
-
Oui Chérie,
heureusement, je ne veux pas qu’il détourne ma femme. Ces jeunes
d’aujourd’hui !
-
Tchip, tu es même jaloux, à ton âge. Tu n’as
pas honte ?
-
Je ne suis pas
ton égal, tu ne me tchipes pas !
-
Sinon quoi ? dit-elle en roulant les
yeux.
-
Sinon, je vais
te bombarder de baisers. Tu sais, ces
baisers qui te rendent encore folle.
-
Rires, regardez
les choses comme ça ! ce n’est plus de ton âge mon cœur.
-
Pardon, ne fais
pas ta timide. Comme si tu n’aimais pas. Tu ne me trompes pas. Je te connais
mieux que personne.
-
Rires, tu es le
meilleur mon mari. Dit-elle en venant lui faire une bise
-
Et toi la
meilleure des femmes. J’ai tellement de chance de t’avoir
-
Oui je le sais.
Je suis spéciale.
-
Hum ! je vois
à qui ressemble ma fille. Même pas une once de modestie.
-
C’est comme ça que tu m’aimes.
-
Oui, c’est comme ça que je t’aime ma chérie.
Il l’attire vers le
canapé, la serre dans ses bras avant de lui demander.
-
Pourquoi tu
t’inquiètes autant pour lui ? c’est un grand garçon ! il sait ce
qu’il fait de sa vie.
-
Je sais que
c’est un grand garçon. Mais il vieillit. A 40 ans, pas de petite amie, rien.
Quand va-t-il se marier et prendre soin de sa famille ?
-
Laisse-le
respirer. Ou il va nous fuir. C’est ce que tu veux ? qu’il ne vienne plus
nous voir parce que nous lui mettons la pression?
-
Je comprends
chéri. Mais j’ai peur pour mon enfant. Il est si seul. A son âge, il a besoin
d’une femme. La nature a été cruelle envers lui en l’affublant de cette petite
taille. Malgré tout son argent et aussi tout son romantisme, il ne trouve
toujours pas sa perle. Je ne veux pas que mon enfant souffre. Je ne le supporte
pas.
-
Calme-toi
chérie. Dieu n’oublie personne. Il finira par rencontrer celle qu’il lui faut.
-
Je l’espère aussi
chéri.
L’amour ! Le vrai,
je le vis au jour le jour avec mon mari. C’est vrai que nous sommes très
amoureux et soudés. Mais avant d’arriver à ce stade, nous avons traversé trop
de chose. J’ai dû être patiente pour rester avec mon homme. Lorsqu’il a commencé
à gagner de grosses sommes, il a changé. Il s’est mis à découcher, me trompant
très ouvertement. Il me mettait les gifles quand j’en parlais. Et je supportais
sans rien dire. Puis un jour, après une semaine sans le voir, il est rentré et
a voulu me toucher, j’ai refusé. Nous nous sommes disputés. Il m’a tellement
battue que je me suis retrouvée à l’hôpital. J’ai fait une fausse couche. Mes
parents sont venus me chercher. Après quelques temps, il est revenu. Il a
supplié pendant près d’un an. Mon feu oncle Bernard lui a fait voir de toutes
les couleurs. C’est à cette époque qu’il m’a dotée une deuxième fois et ce fut
une grande fête. On s’en souvient encore chez moi. De puis, il n’a plus jamais
levé la main sur moi et il est devenu très fidèle. Nous avons eu Benjamin deux
ans après et après avons eu des problèmes de conception. Anaïs a été une vraie
surprise, voire un miracle. On s’y attendait plus. Je remercie le ciel tous les
jours pour ma famille. Les gens m’envient sans savoir que chaque existence a ses
hauts et ses bas. Même mes parents du village pensent que tout est facile parce
que je vis dans une grande maison et que mon mari est compté parmi les 10
premiers riches du Bénin. Je ne les comprends même pas. Chaque fois qu’il y a
une cérémonie, tout le monde compte sur moi, on m’envoie des lettres et des
convocations. On me fait payer dix ou vingt fois plus que les autres. Parce que
« tu dois nous aider Ary, ton mari est riche. Tu vis dans une grande
maison, en ville… »
Si j’écoutais ma fille,
je ne leur donnerai jamais rien. Ana est une fille très économe. Elle n’aime
pas les dépenses inutiles. Elle mène ses affaires d’une main de maître et ça lui marche plutôt bien. Elle n’a jamais eu besoin de nous financièrement pour
monter et réaliser ses projets. Juste des conseils qu’elle suit. Parfois, elle
réalise d’abord avant de nous mettre devant le fait accompli, forçant de ce
fait notre respect et admiration. La seule chose que nous n’avons pas apprécié,
c’est son mariage avec ce médecin. Ça n’a rien à voir avec le rang social,
soyez rassurés. Mais comment elle qui est musicienne, toujours en mouvement
peut choisir un médecin, qui est tout le temps stable ? Si c’était le
contraire, ce serait bien. Mais une femme qui est toujours partie, l’homme ne
le conçoit pas. Et je crains que cela ne soit objet de discorde entre eux.
Pourvu que son Cécil soit vraiment quelqu’un de compréhensif. Elle n’a que lui
et s’il décide de lui faire mal, elle ne recevra aucune aide dans sa belle
famille, vu que personne ne l’aime là-bas. Mais est-ce que cela fait quelque
chose à Ana ? Elle s’en fout de tout son cœur. Je suis une mère. Je ne veux pas que mes
enfants souffrent. Mais quelques soit le degré d’amour que je ressens pour eux,
je ne peux pas choisir à leur place. Je dois juste les soutenir et les
conseiller. Le reste leur revient. Ils feront des erreurs, tireront des leçons
et cela les rendra pus sage. Voilà pourquoi nous n’interférons pas dans leur
choix. Et jamais nous ne le ferons.