Bienvenue aux jumeaux
Ecrit par elsa
Chapitre 39 : Bienvenue aux jumeaux SACRAMENTO
***Yannick MIKALA ***
« Stella…Ma Stella…Revoir son beau sourire, respirer son parfum, la toucher, sentir sa peau toute douce, et entendre son cœur battre contre le mien…Voilà ce à quoi je m’accroche, là, dans ce bois où j’ai été laissé, comme un vulgaire individu, alors que je suis grièvement blessé.
La douleur me paralyse. Je ne peux plus vraiment avancer. Épuisé je suis arrivé à bout de mes forces. Je ne peux pas faire un mètre de plus. Je suis vidé. J’ai rampé aussi loin que j’ai pu. Retrouver la voie principale était mon seul but, je l’ai presqu’atteint…Presque...»
J’entendais le bruit des voitures qui roulaient. Mais je n’arrivais plus bouger. Faire ne serait-ce qu’un mètre était pour moi impossible. Mes deux jambes me faisaient affreusement mal. Je pris le téléphone portable d’Hélène.
« Il faut que j’informe Stella et Francine de ce qui m’arrive. L’écran était tout noir. Merde ! Il n’y a plus de batterie ! J’ai vraiment la poisse ! »
Je sentis mon cœur se serrer et l’espoir auquel je m’étais accroché vaciller.
« Il ne me reste plus qu’à prier pour que des personnes mal intentionnées ne viennent pas dans ce bois pendant la nuit. Mon ardoise est déjà assez chargée. J’ai eu ma dose de mésaventures ».
Et dire que j’avais théoriquement rompu avec Hélène. Il fallu que je fasse parler mon empathie et que je promette de l’aider à sortir de l’enfer que lui faisait vivre son mari.
Pourquoi n’ai-je pas hérité du côté sans cœur et sans pitié de mon père Daniel MIKALA ? Cela m’aurait facilité les choses. Je ne me serais pas emballé, je n’aurais pas eu envie de boxer Victor OVONO, je n’aurais pas accepté de garder l’argent volé. Si j’avais le cœur aussi dur que celui de mon père, je n’aurais pas donné ma parole à Hélène. Je ne me serais pas aventuré ici, sur la route nationale à essayer de l’aider à s’enfuir…
J’aurais dû me détacher, j’aurais dû jouer franc jeu et lui dire que j’avais désormais une femme dans ma vie.
Pourquoi ne l’ai-je d’ailleurs pas fait ? Est-ce par oubli ? Par négligence ? Ou est-ce parce que je désirais encore la posséder ? Les pulsions sexuelles…Elles m’ont entrainé dans un précipice. Dans le gouffre : voilà où elles m’ont mené.
Comment vais-je rattraper le coup avec Stella ? Je l’aime vraiment. Je reconnais que j’ai fait le con, je n’aurais pas dû coucher avec Hélène. Si je n’avais pas céder, Stella ne nous aurais jamais surpris en plein acte.
Si je sors vivant d’ici, j’irai en premier voir Stella. Je me plierais en quatre pour me faire pardonner. Et j’espère de tout cœur qu’elle me pardonnera. J’espère que l’amour qu’elle a pour moi est suffisamment fort pour qu’elle veuille bien effacer l’ardoise et qu’elle accepte de me donner une autre chance.
Avec des si on referait le monde…Mais moi je compte m’en sortir, pour refaire mon monde avec Stella.
***Francine MIKALA***
« Aujourd’hui, je suis fatigué…je t’ai regardé dormir
Et si ma voix peut t’apaiser
Je chanterai pour toi toute la nuit
Je t’entends dire à tes pines-co
‘Will, je ne peux plus me passer de lui’
Hey, tout va glisser sur ta peau
C’est comme si je te passais de l’huile
Et s’ils ne sont pas de nous, c’est tant pis pour eux
Et s’ils sont jaloux, c’est tant pour eux
Fais le moi savoir quand c’est douloureux
Je suis là s’il faut encaisser pour nous deux »
La voix masculine qui chantait tout doucement près de mon oreille me tira de mon sommeil. Un large sourire étira mes lèvres même avant que je n’ouvre les yeux. J’adorais cette chanson de Dadju et entendre William me le chanter si facilement mit mon cœur en joie. Il était là. Je pouvais sentir son parfum et sa présence si envoutante.
-Il est temps que je fasse de toi ma Reine Francine murmura-t-il en posant un bisou sur ma joue.
-Tu es venu, fis-je tout doucement.
-Comme promis et cette fois-ci, même Dieu n’aurait pas pu m’en empêcher.
J’ouvris tout doucement les yeux. Mon regard brouillé de larmes se posa sur son visage. Il m’avait tellement manqué. En une fraction de secondes, toute la douleur que j’avais ressenti suite à sa fausse disparition me submergea. Will me sourit me laissant voir ses dents de bonheur.
-Tu m’as manqué fit-il. Je suis vraiment désolé pour la peur et la douleur que j’ai fait naître en toi. Ressasser les mêmes choses n’arrangeraient rien du tout. Tu ne crois pas ?
-Tu es en vie Will et au final, c’est tout ce qui compte. Je suis tellement grosse que je ne peux même pas te serrer comme il le faut dans mes bras fis-je en me mettant à pleurer.
-Ne sois pas ridicule. Tu es énorme parce que tu portes mes enfants. Quand je t’ai revue il y a quelques mois, tu étais splendide.
-Donc maintenant, je suis moche fis-je en tiquant.
-Je n’ai pas dit ça…Ton apparence physique finira par revenir à la normale. Pour moi, tu es la plus belle femme du monde. Pas parce que tu l’es, mais parce que tu es la seule qui compte à mes yeux. Tu as quand même chassé deux femmes de ma vie pour m’avoir !
On éclata de rire tous les deux. Les larmes coulèrent sur mon visage. Le ton léger sur lequel on discutait ne donnait pas une idée réelle de la profondeur de ce qui se passait entre nous. Will essuya mes larmes du bout des doigts.
-Je ne peux pas te promettre que tu seras la femme la plus heureuse, ni que les problèmes ne manqueront pas entre nous. J’ai déjà été marié une fois, contrairement à toi et je sais que parfois la vie est vraiment difficile. Les défauts de l’un étouffent le partenaire ainsi que certaines attitudes et j’en passe. Tout ce que je peux te promettre est de faire de toi ma compagne dans tous les sens du terme. J’essayerai toujours de desarçonner la bombe que tu représentes.
Il éclata de rire…Il faisait allusion à la manière dont il m’avait amadoué pour que je ne le chasse pas d’ici dès son arrivée. Mais ce qu’il ne savait pas était que j’avais déjà décidé de ne pas jouer à la sauvage. Il m’avait expliqué ses raisons de long et large et je n’avais plus besoin de lui prendre la tête.
-C’est une demande en mariage ? fis-je sérieusement.
-…
-Will ?
-Oui c’en est une. J’aurais préféré la faire dans de meilleures conditions (plongeant la main dans sa poche et en sortant une petite boîte) mais je préfère me lancer maintenant.
-Attends…Tu ne peux pas faire ça maintenant lui répondis-je en baissant les yeux.
-Pourquoi pas ? fit-il surpris.
-Parce que je vais me faire opérer dans peu de temps et je ne veux pas que cela devienne une obligation pour toi. Si les choses se passaient mal pour moi ou les petits…Si yasmine ne recevait pas sa greffe parce que…
-Je t’ai connu plus optimiste fit-il en m’interrompant délibérément.
-Je dois être réaliste ! objectai-je.
-Alors tu ne te feras pas opérer
-Quoi ?
-Je refuse que tu montes sur une table d’opération avec des idées pareilles. Tu connais la loi de l’attraction ? Tu veux mourir maintenant après tout ce qu’on a traversé pour être ici ?
-Je ne veux pas mourir ! Mais j’ai peur Will…On sait que tout le processus est risqué.
-Tu as peur. Okay mais ne laisse pas cette peur t’envahir. Tu as un homme dont tu dois t’occuper et trois enfants. Un restaurant à diriger. Le jour ou Yasmine recevra sa dot, tu dois être présente.
-Tu es déjà là-bas ? fis-je en souriant
-Il faut apprendre à voir loin dans la vie.
-Blagueur.
-Je suis sérieux. On a déjà failli passer à côté du bonheur. J’ai failli vivre avec la pensée de ne jamais avoir d’enfant dans ma vie. Mais tu m’as comblé de bonheur. Francine dit-il en posant un pied sur le sol. Voudrais-tu être ma compagne pour le restant de nos jours sur terre ?
Pendant qu’il ouvrait la petite boîte, je laissai les souvenirs affluer à moi. Les insultes, la douleur, le ressentiment, la jalousie et tant d’autres émotions que j’ai supporté, rien que pour que Will puisse côtoyer sa fille. Le rejet de ma famille, ma culpabilité vis-vis de Stella et d’Alex…Même l’indifférence de Will a un moment donné. Oui j’avais supporté tellement de choses pour cet homme. Et au final, il demeurera le seul homme que j’ai connu de toute ma vie. Ce n’était pas bien de le détourner de son foyer. Mais Alex a trouvé son bonheur aurpès d’un autre et pareil pour Stella. Cela m’aurait fait bizarre si ce n’avait pas été le cas.
-J’accepte.
Des larmes coulèrent sur mon visage tandis que Will poussait un cri de victoire. Il sortit la bague de sa petite prison et prit ma main pour me la passer. Elle était simple ornée d’une petite pierre très belle.
-Merci Will…merci de faire de moi une femme respectable. Merci d’être un homme de principes
Il m’attira à lui et m’embrassa. Je lui rendis son baiser avec plaisir. Mes larmes étaient des larmes de joie.
-Yasmine sera tellement contente de te voir. Elle a failli me manger parce que tu ne venais pas.
-Je l’ai déjà vue. Avant de venir ici, je suis passé l’embrasser mais elle se trouvait déjà en salle neutre. Je l’ai embrassée de loin.
-Et maman ?
-Elle est auprès d’elle. Je lui ai demandé ta main d’abord et elle me l’a accordée. J’ai fait pareil avec les triplés parcequ’ils sont les représentants de ton père.
-Malheureusement, tu n’as plus de famille du côté des parents. C’est triste.
-Je sais…Plusieurs de mes oncles et tantes se trouvent actuellement derrière les barreaux. Joelle les a vendu avant de se tirer une balle dans la tête. Ils savaient ce qui se passait mais préféraient recevoir de l’argent sale.
-Je suis désolée chéri.
-Ne le sois pas…Ils ont fait des choix et maintenant ils doivent l’assumer. Ainsi va la vie.
-Je n’ai pas de nouvelle de Yan. Je n’ai rien dit de tout ça à maman pour ne pas l’inquiéter. Je l’appelle mais il ne décroche pas.
-Appelle alors Stella.
-Je n’y avais même pas pensé. J’ai peur que cet homme là…
-OVONO
-Voilà ! J’ai peur qu’il s’en prenne à lui. Je sais que Yann se tapait sa femme en secret.
-Avec toutes les femmes qui existent…Pourquoi elle ?
-Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Tu peux me passer mon portable s’il te plaît ?
Will s’éxécuta. Quelques secondes après, je lançai l’appel vers le numéro de Stella. Je laissai sonner pendant des secondes mais elle ne décrocha pas. Je repris le processus deux autre fois avant de baisser les bras. Je décidai de lui laisser finalement un message.
-Tu crois que Stella est au courant du fait que Yann s’est tapé la femme d’OVONO ?
-La question qu’il faudrait se poser est surtout s’il a arrêté avec elle. La dernière fois qu’on a parlé, j’ai eu une impression bizarre.
-Il n’est pas assez fou pour jouer sur les deux tableaux !
-Tu crois ? C’est tellement facile de le faire pourtant.
-Tu parles en connaissance de cause n’est-ce pas ?
-…
-Bon je laisse un message à Stella en espérant qu’elle ne répondra avant que j’aille au bloc. Yann peut-être tellement têtu parfois mais il est comme toi, bourré de principes. J’ai peur qu’il se soit fait embarquer dans l’histoire de cette femme rien que pour lui venir en aide.
-Il nous appelera. Tu as déjà tout apprêté pour la venue des petits ?
-Oui. Ils resteront pendant quelques semaines en néonatologie probablement. Mais tout est prêt. Dis…Le compte en banque des petits…
-Je vais m’en occuper. Je devais couper l’herbe sous le pied de ma cousine. J’ai pensé à faire don de cet argent à la police. Fitz m’a vraiment aidé. Sans lui, je serais mort aujourd’hui.
-Ne m’en parle plus. Okay…débarrasse toi vite de ça. J’ai assez d’économie pour qu’on vive sur ça en attendant.
-Sûrement pas répondit Will en riant.
-Pourquoi pas ?
-Je ne suis pas le genre d’homme qui laisse une femme prendre soin de lui.
-Ah bon ? C’est pourtant si mignon.
-Mignon ? Tu te fiches de moi Francine ? C’est mignon pendant quelques semaines puis tu commenceras par tirer la tronche. Du genre…Will est un vendeur d’illusions. Il m’a fait miroiter une vie de rêve et je me retrouve maintenant avec toutes les charges sur mon dos.
J’ai éclaté de rire tellement il était comique. Qu’on le veuille ou non, l’argent a toujours été un sujet de désaccord dans un couple. Quand c’est la femme qui débourse, l’homme le vit souvent mal et les problèmes surviennent.
-J’ai mis de l’argent de côté Francine.
-Que feras-tu maintenant comme travail ?
-Ce que je sais faire de mieux ! Editer des livres. On ne restera pas en France pour toujours. Donc une fois qu’on sera au Gabon, je ferai construire un nouveau bâtiment. Il y a plein d’écrivains là-bas aussi.
-En effet…Le Gabon et ses choses. Le pays n’est pas facile à vivre. On y voit de tout. Surtout en ce qui concerne la musique. Si tu voyais un gaboma en train de danser (rire), tu risquerais de t’étouffer Will.
-J’ai hâte.
-Je suis heureuse que tu sois là chéri. Et rassurée.
Il posa un bisou sur mon front. Je me collai à lui et il m’enlaça. J’étais vraiment rassurée par sa présence. D’ici deux heures, je serais emmenée en salle d’opération. Le stress est à son comble mais je dois être optimiste comme l’a dit Will.
-Tu connais leurs prénoms n’est-ce pas ?
-Tu leur diras toi-même.
-Will…Les prénoms qu’on a choisi pour les petits sont ?
-Jules-Andress Dylan et Karl-Andress Palcy
-Bah voilà. N’oublie pas le SACRAMENTO d’abord.
On éclata de rire. Je savais l’importance que ses enfants avaient pour lui. Il n’avait plus qu’eux maintenant comme famille. Sa vraie famille…Le sang de son sang. Il n’allait pas reproduire avec eux, les erreurs de son père. Il allait être un bon père.
-Je voudrais te demander quelque chose.
-Je t’écoute bébé.
-On pourrait demander au gynécologue ligaturer mes trompes ?
-Quoi ? Pourquoi ?
-Je ne veux plus d’enfant Will.
-Trois enfants ne me suffisent pas Madame. On aura au moins cinq !
-Qui te fera cinq enfants ? Tu veux juste me fatiguer.
-Qui va t’utiliser si ce n’est que moi Francine ? Plus sérieusement, on n’en fera rien. Si Dieu nous envoie d’autres bébés, on accepte. Je veux une famille nombreuse.
-Avec la cherété de la vie actuelle ? Tu imagines si tous vont au collège, combien tu vas devoir payer comme scolarité ?
-On ne te ligatureras pas les trompes.
-Okay.
***Hélène OVONO***
« Victor a été arrêté ! Je n’y croyais plus. J’étais vraiment convaincue qu’il allait me tuer. Vu comment c’était parti, je n’avais aucune chance de m’en sortir. Je ne remercierais jamais assez le chauffeur de bus pour son courage et sa détermination. Sans lui je n’aurais pas pu arriver jusqu’à la gendarmerie ».
Assise en face du Général De NTONGA, je lui relatais les événements des dernières quarante huit heures. Il notait tout dans les moindres détails.
-Mon Général…j’ai ici des preuves accablantes qui pourraient vous aider…
Il me regarda curieux
-Je veux bien les voir.
Je fouillai dans mon sac et sortis la fameuse clé usb, dans laquelle j’avais enregistré toutes les preuves que j’avais trouvées.
-Nous passerons le relai à la police judiciaire. Votre maison sera perquisitionnée. On trouvera certainement des éléments supplémentaires contre Victor OVONO et ses complices.
-Il y autre chose….
-Oui…
-Mon mari m’avait inscrite sur une liste noire…
-Oui j’ai été mis au courant par un collègue de la PAF (police de l’air et des frontières). Le réseaux des flics pourris a été démantelé.
J’eus un soupir de soulagement.
-Vous n’aurez pas besoin de partir jusqu'au Cameroun pour prendre votre avion, pour aller en France. On repart à Libreville ce soir.
-Merci beaucoup mon Général !
-Ne remerciez pas Madame, je ne fais que mon travail.
Quand il eut fini de noter tout ce que j’avais déclaré, on sortit de son bureau.
-Heu mon Général, dis-je en le suivant dans le couloir qui menait à l’extérieur. J’ai un ami qui m’a aidée à m’en fuir de Libreville afin que j’arrive jusqu’ici…Mais il y a eu un problème, mon mari nous a rattrapé et je suis descendue de voiture et comme vous le savez déjà, j’ai terminé ma course à pieds et par les transports en commun. Je crains que Victor l’ait tué. Tenez, voici son téléphone portable.
-Ok. Dit-il en prenant le téléphone. Je vais envoyer mes hommes passer la zone au peigne fin.
-Merci mon Général…Les personnes à prévenir sont sa sœur Francine et…Sa compagne Stella GAGNON…Je ne peux pas le faire parce que…
-Parce que Yannick MIKALA est votre amant ?
-Oui…Dis-je honteuse.
-Je le ferai.
Il ne rajouta rien. Ne fit pas de commentaire sur Yannick et moi. De toutes les façons il n’y avait rien à rajouter.
Je suis sortie de la gendarmerie, j’ai aperçu Victor torse nu les menottes aux mains. J’aurais dû me réjouir en le voyant maîtrisé, mais au lieu de cela, j’éprouvais de la pitié pour lui.
(…)
***Stella GAGNON ***
Je me tournais et me retournais dans mon lit. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil.
« Grrr ! Et dire que je travaille demain matin très tôt… »
Mon téléphone s’est mit à sonner.
« Qui peut bien m’appeler à cette heure-ci ? »
-Stella GAGNON ?
-Oui…A qui ai-je l’honneur ? Demandai-je en me redressant sur le lit, le cœur cognant fort dans ma poitrine.
-Général De NTONGA à l’appareil.
-Il y a un problème ?
-Nous avons retrouvé votre compagnon Yannick MIKALA. Inconscient et grièvement blessé. Il a reçu une balle à une jambe et il s’est pris l’autre dans un piège.
Mes oreilles se sont mises à bourdonner. Je n’entendais plus que des mots à moitié. J’ai eu l’impression que mes poumons manquaient d’oxygène. Yannick mon Yannick est en danger !
-Mais… comment est-ce arrivé ? Qui peut très bien lui en vouloir au point de vouloir le tuer ?
-La personne qui en voulait à Mr MIKALA a été arrêtée.
-Dieu merci !
-Je vous ai surtout appelée pour vous prévenir de l’état de santé de Mr MIKALA. Il est actuellement à l’hôpital militaire.
-Bien…Je vous remercie…balbutiai-je.
J’ai raccroché et j’ai sauté du lit. Je me suis habillée à la quatrième vitesse et j’ai filé à l’hôpital militaire.
(…)
Dans sa chambre d’hospitalisation, Yannick dormait profondément. J’ai discuté avec le médecin qui m’a dit qu’il était hors de danger. La balle qui a reçu dans la jambe lui a été retirée des son arrivée au centre hospitalier.
Je suis entrée sans faire de bruit et je me suis assise dans le fauteuil réservé aux visiteurs.
-Stella…Stella…Trésor…
J’ai bondi sur mes jambes lorsque j’ai entendu Yannick m’appeler…Sa voix était faible. Les yeux mi clos, il me regardait et a essayé de sourire. Mais la douleur dans ses jambes, l’en a empêché.
-Je suis là Yann…
-Tu es venue….Trésor…Écoute je suis sincèrement désolé pour hier….
-On en parlera quand tu iras mieux…Coupai-je
-Mais je vais mieux…insista t-il.
-Alors c’est comme tu veux.Tu peux parler, je t’écoute….
Il s’est lancé dans un long récit. Je ne l’ai pas interrompu une seule seconde.
-Alors comme ça tu as couché avec la femme d’ami mafieux de ton père qui a voulu te tuer et t’a finalement laissé la vie sauve, quand il t’a entendu faire tes dernières prières, en citant Daniel MIKALA ?
-C’est exact…
-Tu as eu de la chance…Finalement ce n’est pas si mal d’être le fils d’un gangster…
-Cette fois-ci oui.
-Tu sais Yannick…Tu m’as fait beaucoup de mal…Si je suis venue là te rendre visite c’est parce que ce qui t’ai arrivé est très grave…Et au-delà du fait que tu aies couché avec une autre femme, je ne souhaite pas te voir mourir...
-Alors tu ne m’en veux plus ?
-Ce n’est pas ce que j’ai dit Yannick…Tu m’as fait énormément de la peine. J’étais à peine partie de chez toi que tu t’envoyais déjà en l’air avec une autre femme… Il va falloir du temps Yannick pour que je puisse te refaire confiance à nouveau…
-Je comprends…
Il afficha une mine triste.
-Les médecins ont dit que tu as perdu beaucoup de sang. Tu seras transfusé. Je vais donner mon sang.
-Je ne sais pas quoi dire Trésor…
Ses yeux s’embuèrent.
-Quand je repense à mon comportement d’hier j’ai honte…Je te promets de ne plus recommencer Stella…
-Ne fais de promesse dans le vent Yannick…
-Ce ne sont pas des promesses dans le vent, crois-moi…
-Je ne demande qu’à te croire Yannick…Mais je crois que j’aurais besoin qu’on fasse une pause …
-Trésor…
-J’ai vraiment besoin de savoir où on va Yannick…
-Mais moi je le sais ! C’est toi que je veux Stella ! C’est toi et personne d’autre.
-Il faut que tu te reposes Yannick…Je reviendrai te rendre visite dans la journée.
-D’accord…C’est gentil…
(…)
***William SACRAMENTO****
Je jette un coup d’œil à ma montre et soupire. Finalement je me lève et me mets à faire les cent pas. La mère de Francine s’est rendue à la cafétaria donc je suis seul pour le moment. Cela fait près de deux heures de temps qu’ils ont emmené Francine pour la césarienne et depuis je suis sans nouvelles. J’ai le cœur qui bat à une vitesse terrible et des contractions d’estomac. Je prie sans cesse. Les vibrations de mon portable dans ma poche m’ont fait sursauter.
-Allô ?
-Will ? Comment allez-vous ?
-Fitz, je vais bien…Vous avez des nouvelles pour moi ? J’ai besoin de distraction.
-Pourquoi ? Un il y a problème ?
-Francine est au bloc actuellement et je suis super stressé.
-Je peux pas comprendre votre stress. Mais je suis sûr qu’il n’y a pas de problème. S’il y en avait, vous auriez déjà été informé.
-C’est vrai fis-je en soupirant.
-OVONO a été arrêté.
-Quoi ? Comment ça ?
-Il s’est conduit de façon totalement idiote. Figure toi qu’il a pourchasser sa femme jusque dans une centrale de police dit-il en riant . Le con ! Le plus drôle est qu’il était armé mais quand il a voulu tirer, la réserve était vide parce qu’il avait épuisé ses balles plus tôt en tirant sur le bus dans lequel se trouvait sa femme.
Fitz éclata de rire…J’étais tellement stressé que je n’arrivais pas apprécier le côté ridicule de la scène.
-Il s’est donc jeté seul dans la gueule du loup
-Exactement…j’avais imaginé une arrestation plus musclée et plus longue. Je n’en reviens même pas. Il est actuellement en garde à vue. Quant à moi, je voyage demain. Je vais à Libreville.
-Tu pars pour apporter tes preuves ?
-Oui…je veux m’assurer qu’OVONO ne sortira pas de la prison de si tôt. Quand tu retourneras au Gabon, tu pourras aller lui rendre visite.
Il s’était mis à me tutoyer spontanément. Je suppose que l’émotion donnait des ailes. Cet élan me fit sourire. Je vis un medecin en blouse verte s’approcher de moi.
-Je te rappelle fis-je avant de couper brusquement l’appel.
-La famille de Francine MIKALA ?
-Je suis là fis-je en me précipitant vers lui. Comment va ma femme ?
-Elle va bien fit le docteur en me fixant droit dans les yeux. Elle a beaucoup saigné après l’extraction des deux bébés, donc on a dû la transfuser. Elle est en salle de réveil actuellement.
-D’accord fis-je en me serrant mes doigts les uns contre les autres. Et les bébés ? Comment vont-ils ?
-L’un d’eux n’a pas crié après l’extraction. On a dû le réanimer et il a fini par crier. On l’a envoyé en néonat. Le second va parfaitement bien et c’est chez lui que la greffe de la moëlle a été faite. Ils ne vont pas tarder à l’emmener en néonatologie également.
-Donc ils sont tous en vie.
-Oui tous les quatre sont en vie. D’ici deux heures, votre femme se réveillera. Et vous pourrez la voir.
-Mais je peux déjà voir le bébé qui est en néonat ?
-Oui. Vous pouvez y aller mais vous le verrez de loin.
-Merci beaucoup docteur ! Que Dieu vous bénisse !
-Merci. Par rapport à Yasmine, elle devra rester dans la chambre stérile le temps que son corps accepte la greffe. Et on la protége également contre les petites infections nosocomiales.
-C’est compris.
Il me fit un sourire avant de s’éclipser. J’attendis que la mère de Francine me rejoigne et je lui donnai les bonnes nouvelles. Ensemble, on se rendit à la néonat. Je pus voir mon fils de loin. Il était tout petit et dormait paisiblement. La mère de Francine se mit à pleurer.
-Je ne sais pas si c’est habituel, mais on a quatre personnes importantes à nous, hospitalisées dans cet hôpital.
-On sortira tous d’ici en forme. Ne vous en faites pas. J’y crois.