Bonus 2
Ecrit par Annabelle Sara
Ceci est un retour en arrière
Fabrice était mon oxygène, je l’avais sous la peau et
bien plus encore. Ma chance c’était qu’il me traitait comme « Sa Princesse »,
il ne manquait jamais une occasion pour me prouver que je comptais pour lui.
Nous étions jeunes et insouciants, même si nous restions vraiment concentrés
dans nos études nous savions nous accorder du temps.
Après le BAC, les choses se sont un peu corsées parce que j’étais en sciences
économiques à l’université de Yaoundé II pendant qu’il allait en prépa HEC,
donc l’idée que mon gars allait partir d’un moment à l’autre me faisait
beaucoup de peine.
Fabrice : Princesse, s’il te plait calme-toi ! Je ne me vois pas sans toi mais
tu sais que nous devons chacun préparer notre avenir… Tu veux un homme qui
pourra prendre soin de toi n’est-ce pas ?
Ma soif de réussite et d’accomplissement trouvait toujours écho dans son
discours pour me rassurer mais j’avais besoin d’assurance.
Moi : Mais qu’est-ce qui me dit que tu ne vas pas rencontrer une belle blanche
avec les longs cheveux lisses là-bas jusqu’à m’oublier ? Il éclata de rire.
Fabrice : T’oublier ? Comment je vais faire ça ?
Il prit mon visage dans ses mains et me fit un bisou sur la bouche.
Fabrice : Tu crois que je peux oublier les lèvres les plus douces que j’ai
embrassées de ma vie… Les yeux les plus brillants qui aient illuminés mes
journées… Le cœur le plus tendre qu’il m’ait été donné de connaitre… Ou le
corps le plus voluptueux que j’ai possédé…
OH OUI !
Fabrice était doué pour me donner la chair de poule, sa tendresse n’avait aucun
pareil et des paroles de cette profondeur ne pouvaient qu’être sincères. Et ce
qu’il me proposa par la suite finit de me convaincre.
Fabrice : Princesse, j’ai une idée ! En fait depuis le début ça me trotte dans
l’esprit.
Moi : Quoi ?
J’étais perplexe.
Fabrice : Et si je te présentais à ma famille, à mes parents… Disons que ce
sera la première pierre pour construire notre relation…
J’avais peur mais la joie qui avait traversé mon cœur à ce moment était
incommensurable. Le plus beau des cadeaux que celui que j’aimais plus que tout
pouvait me faire s’était ça, rendre notre relation officielle en me sortant de
l’ombre et m’assumant sous le regard de sa famille.
Nous n’avons pas hésité et un mois plus tard j’étais chez les Etoa pour
l’anniversaire du petit frère de Fabrice. Mes appréhensions furent dissoutes
par l’accueille chaleureux de la maman de Fabrice qui fit tout pour me mettre à
mon aise, son père n’était pas présent et Fabrice m’expliqua que sont père
travaille pour une entreprise pétrolière hors du Pays. Je surpris même une
conversation entre Fabrice et un de ses cousins qui lui demandait où il avait
rencontré une belle fille polie comme ça !
Je me suis sentie flatté et plus encore lorsque deux semaines plus tard en
allant à la demande de Fabrice chez eux pour une petite visite, sa mère et ses
frères m’accueillirent se souvenant de mon prénom.
Mon intégration dans sa famille fut bien plus douce et rapide que ce que
j’aurais rêvé. Sa mère était à la fois maternelle et gentille avec moi, me
traitant comme une invitée d’honneur et moi je faisais toujours en sorte de lui
offrir des fruits ou de cuisiner quelque chose de spéciale quand j’allais chez
eux pour elle (à cette époque on n’allait pas chez les gens les bras ballants)
et elle appréciait.
Même ma mère qui avait remarqué mon comportement m’avait encouragé tout en me
mettant en garde. Elle comprenait que sa fille était déjà grande, j’avais 18
ans et malgré le fait que j’avais une relation sérieuse, elle me conseillait de
garder à l’esprit que mon avenir dépendait de ma propre réussite.
Au moment de s’en aller poursuivre ses études en France Fabrice décida de se
présenter à ma mère, elle lui réserva un accueil faste. Repas et bénédiction à
gogo !
Ma Mère : Mon fils je te souhaite un bon voyage et que tu réussisses dans
chacun de tes projets…
Fabrice : Merci Madame…
Ma Mère : Appelle-moi Mama Esther ! Tu es mon fils, j’espère que ce sera
officiel très prochainement !
Fabrice et moi avons échangé un regard complice.
Moi : Maaamaaaa….
Magon : Fabrice à ton retour tu me gardes hein !
Moi : Écoutes celle-ci !
Fabrice : Promis ma puce !
Au moment de partir ce soir-là Fabrice me rappela ce que je devais faire pour
qu’on reste en contact en me donnant toutes ses coordonnées, jusqu’à l’adresse
de son école en France.
Le jour de son départ sa mère m’avait invité à aller avec eux pour
l’accompagner à l’aéroport et sa famille nous accorda un moment d’intimité
avant son embarquement.
Fabrice : Ma puce s’il te plait ne pleure pas !
Moi : Comment tu veux que je fasse pour ne pas pleurer ?
Il essuya mes larmes et me fixa droit dans les yeux.
Fabrice : Je vais te dire une chose, parce qu’il est hors de question que je te
dise au revoir…
Moi : (snif)
Fabrice : Je t’aime Kiki… Ces deux années ont été magiques à tes côtés et même
si je vais te quitter en prenant cet avion ce soir je t’en prie ma princesse ne
doute pas de mon amour pour toi ! Je sais que tu es forte, restes concentrée et
surtout gardes cette lumière que tu as dans les yeux ! Je ne vais pas te dire
que je vais revenir parce que je serais toujours là pour toi… Toujours !
Moi : Moi aussi je t’aime Fabrice !
Le baiser que nous avons échangé cette nuit avant qu’il ne parte avait ému tout
le monde. Sa mère m’avait d’ailleurs dit qu’elle n’avait jamais vu son fils
aussi heureux depuis qu’elle nous voit ensemble. J’avais compris que j’aurais
toujours son soutien et je le lui rendais bien en la traitant comme une mère.
Malgré qu’il soit parti, son fils était ce qui nous liait nous échangions les
nouvelles qu’il envoyait soit par elle, soit par moi.
Tout allait bien jusqu’au jour où sa mère fit un accident grave, je l’ai appris
une semaine après les faits alors je suis allée lui rendre visite à la clinique
que m’avait indiquée la sœur cadette de Fabrice avec qui j’avais une grande
affinité. Une fois à la clinique j’avais trouvé ma « Belle-mère » dans un
vilain état, une fracture de la hanche, des côtes cassées et une vilaine
commotion, mais ils avaient les moyens donc pas beaucoup à s’en faire. Mais
elle n’était pas seule, il y’ avait là son mari et sa belle-sœur, la grande
sœur du Papa de Fabrice et rien que son regard me fit comprendre que je n’étais
pas la bienvenue. Le Papa de Fabrice quant à lui était revenu de son
affectation hors du territoire c’était donc la première fois que ce monsieur
posait les yeux sur moi, Je comprenais d’où tenait mon mec cette finesse dans
les trait de son visage, il lui ressemblait beaucoup même s’il avait le teint
de sa mère qui elle était métissée.
Je ne me suis pas attardée lors de cette visite mais je suis revenu la semaine
suivante en me rassurant que je serais seule avec la malade. Nous avons
longtemps discuté et elle me remercia de continuer à prendre de ses nouvelles
même si son fils n’était plus là. Comme je ne voulais pas trop l’épuiser et
surtout je ne voulais pas que sa belle-sœur me trouve là je ne suis pas resté
longtemps. J’ai donc pris congé d’elle et lui ai souhaité un prompt
rétablissement et je suis partie. C’est au portail de la clinique que je me
suis rendue compte que j’avais oublié mon écharpe dans la chambre, donc je suis
revenue sur mes pas, mais au moment de toquer sur la porte pour entrer dans la
chambre j’ai entendu une discussion.
La Belle-sœur : La fille là est encore venue ici ?
La mère : C’est quoi le problème avec l’enfant-là ?
La Belle-sœur : Donc toi tu trouves que c’est le genre de fille que ton fils
mérite là-bas ? Vraiment hein !
La Mère : C’est une bonne enfant, travailleuse et éduquée ce n’est pas parce
que ses parents ne roulent pas sur l’or qu’elle n’est pas une bonne personne !
La Belle-sœur : Pardon ! Ce sont des affamés ! C’est quand elle va s’accaparer
ton fils et ses biens que tu vas comprendre…
La Mère : Quels biens ? Les miens ou ceux de ton frère ?
La Belle-sœur : Mon Frère a juste été escroqué hein sinon il va se relever et
son fils sera encore meilleur que lui dans les affaires… La fille là n’est pas
assez bien pour ton fils ! Si tu veux fais semblant de ne pas voir…
La Mère : Je ne choisirais jamais une femme pour mon fils, parce que ce que je
vis aujourd’hui je ne le souhaite à personne même pas à mon pire ennemie encore
moins à mon fils !
La Belle-sœur : Tais-toi là-bas pourquoi tu n’as pas divorcé si tu souffres
trop ? Minalmi ! En tout cas moi j’ai une bonne fille en réserve pour ton fils…
qu’il finisse d’abord de jouer avec le machin d’Etam Bafia là…
Je n’ai pas pu rester plus longtemps, j’ai quitté la clinique en courant.
Depuis ce jour j’ai décidé que j’allais mettre tout en œuvre pour être
quelqu’un et faire sortir ma famille de la misère. Vu l’emprise que la tante de
Fabrice avait sur la famille de mon mec je ne voulais prendre aucun risque.
L’année s’écoula tranquillement, je rendais de moins en moins visite à ma «
Belle-mère » du fait de ma vie estudiantine mais aussi parce que sa Belle-sœur
s’était installé chez elle et n’avait pas hésité à me faire comprendre que je
n’étais pas la bienvenue chez son frère.
Fabrice quant à lui avait aussi espacé les coups de fil et les mails, en fin
d’année je m’attendais à ce qu’il rentre pour les vacances mais non, il n’en
fut rien. Notre relation entrait donc dans une phase d’incertitude, de silence
et de non-dit ce qui faisait que les messages qu’on s’envoyait étaient soit des
plaintes soit des explications avec des plaintes.
Ma relation m’épuisait vraiment mais ce qui me faisait plus peur c’était que
j’allais bientôt obtenir ma Licence et je n’avais aucune idée de ce que
j’allais faire près cela. Deux ans après le départ de Fabrice donc, j’obtenais
ma licence, en sciences économiques en apprenant cela la sœur de ma mère appela
ma mère lui demandant de m’envoyer à Douala où elle avait un ami qui pourrait
m’offrir un stage de vacances jusqu’à ce que je décide de ce que je voulais
faire ensuite. Une opportunité comme celle-là ne se refuse pas alors j’ai pris
mes bagages et direction Douala.
Le stage s’était dans une boite d’import – export, mon intégration dans
l’équipe se fit naturellement, j’étais jeune et je voulais apprendre donc l’ami
de ma tante s’attela à m’apprendre les rouages de la boite. Il remarqua au bout
de quelques semaines que j’avais une facilité particulière avec la clientèle,
et il me demanda donc d’aller au service commercial. Je n’avais jamais autant
apprécié une expérience professionnelle. J’avais tellement de succès qu’un jour
un client s’étonna que je ne sois que stagiaire et demanda pourquoi le
responsable ne m’embauchait pas !
Il essaya, mais je lui ai expliqué que je ne me sentais pas bien trop loin de
ma mère qu’avec une bonne recommandation de sa part je pourrais retourner à
Yaoundé finir mon cursus à l’université en travaillant dans une entreprise
là-bas. Je voulais retrouver ma mère et ma sœur ! Pour m’encourager pour mon
travail, il me fit un cadeau, en me recommandant à un ami qui avait une
entreprise à Yaoundé, il me demanda de faire un dossier et il y ajouta une
lettre de recommandation qu’il remit personnellement à son ami qui était à
Douala à ce moment, m’obtenant un rendez-vous la semaine qui suivait.
À mon retour de Douala, ma tante n’était pas contente elle trouvait que j’avais
gâchée une occasion en or en rentrant alors que j’aurais tout simplement pu
demander à être embauchée à Douala au lieu de revenir pour finir mon master à
Yaoundé. Mais je m’en foutais je voulais retrouver la ville que je connaissais
et les gens que j’aimais.
Le jour de mon rendez-vous j’étais un peu nerveuse, je n’avais pas encore eu
d’interview de ma vie alors je paniquais un peu. Lorsque la secrétaire qui
m’avait accueilli me demanda d’entrer dans le bureau du RH j’ai hésité ensuite
j’y suis allée. Le bureau était simple, le RH décontracté, la conversation
plutôt amicale, il me posa des questions sur mes motivations, mon plan de
carrière rien de bien méchant, j’étais certes jeune mais je savais ce que je voulais.
Je ne fus pas très surprise qu’il me demande de revenir le lendemain.
Trouver un boulot qui me permettait de poursuivre mes études étais une
bénédiction pour moi. Mais j’avais toujours dans un coin de ma tête la personne
pour qui je voulais sortir du trou.
Comme si l’univers écoutait mes pleurs, un message d’un numéro inconnu me
parvint un samedi matin alors que j’étais encore couché. J’avais du mal à y
croire mais je suis descendue du lit en vitesse grand V et j’ai couru à la
porte.
Il était là !
Fabrice : Bonjour Princesse !