Bonus 3

Ecrit par Annabelle Sara

Ceci est un retour en arrière


 

 

Mon gars était rentré, il était à nouveau à mes côtés, avec moi collé serré. On se parlait au téléphone pendant des heures, se retrouvaient dès qu’il avait du temps libre, profitaient l’un de l’autre. Nous étions jeunes et nous profitions au max de son séjour.

En tout cas les deux premières semaines de son retour. Parce qu’après les choses étaient devenues un peu plus compliquées et difficile surtout pour moi. À cause de sa tante je ne pouvais pas aller chez eux, mais lui non plus ne venais pas chez moi parce que chaque fois qu’il pouvait sortir de la maison familiale, il allait retrouver des amis, des anciens camarades, des nouveaux camarades et moi avec mes horaires de travail et de cours je n’avais pas vraiment le temps de faire la fête tous les jours.

Et je n’ai pas manqué de le lui faire remarquer que je ne supportais plus cette situation.

Moi : Nous étions vraiment obligés de venir passer la soirée dehors avec tes amis ?

Il fumait une chicha et moi j’avais une sainte horreur de l’odeur de ce truc.

Fabrice : Princesse lorsque nous avons l’occasion de nous retrouver comme ça nous devrions en profiter au max…

Moi : Nous aurions mieux profité en restant chez moi devant la télé à regarder Vendredi tout est permis sur TF1 !

Fabrice : Toi et la télé…

Moi : Au moins nous aurions eu un bon moment intime… Rien que toi et moi !

Fabrice : Je te signale que je suis assis juste à côté de toi ! Donc tous ce que tu aurais voulu faire chez toi nous pouvons le faire ici…

Il essaya de m’embrasser, mais entre les yeux de ses amis qui nous fixaient avec insistance comme si on passait un test de compatibilité, la musique assourdissante qui ne disait rien de bon, les odeurs de cigarette, de chicha et de fumigène de la boite mêlées ensemble créaient une ambiance qui ne me mettait pas vraiment à l’aise. Je l’ai repoussée vraiment excédé par ce comportement que je trouvais puéril.

Fabrice : Tu as honte de m’embrasser maintenant ?

Moi : Si tu te contentais juste de m’embrasser ce serait une chose ! NTAP !

J’ai reculé pour retirer sa main qui passait sous mon top dans mon dos.

Fabrice : Princesse ne fais pas ça…

Moi : Fais quoi ? Je dois te laisser me tripoter devant tes amis ?

Fabrice : Baisse le ton… Maintenant c’est toi qui es ridicule…

J’en avais assez ! Je voulais rentrer mais je savais que si je lui disais ça il allait mal le prendre. J’ai essayé de porter mon attention sur la boite qui était bondé de jolie fille. Oui ce sont les filles ou plutôt les femmes que j’ai remarquées.

Si je laisse Fabrice ici tout seul je ne sais pas ce qui risque se passer. J’aime mon mec mais je ne crois pas que ce soit un saint, il a forcément eu une relation en deux ans avec une Parisienne ou autre. Et je voyais bien les regards que portaient les autres filles sur lui. En commençant par celles qui supposément accompagnaient ses potes, elles le mangeaient du regard et ça commençait à m’énerver.

Si je devais partir d’ici ce sera avec Fabrice. Il me fallait une idée rapidement.

Moi : Je croyais pourtant t’avoir expliqué que je ne me sentais pas bien aujourd’hui !

Fabrice : Hein ?

Moi : Je ne me sens pas bien…

Fabrice : Et donc ?

C’est quoi son problème ?

Moi : Je veux rentrer…

Il me regarda fixement.

Fabrice : Tu es sérieuse ? Si tu pars je ne t’emmène plus nulle part, Kiki !

Rayaaaa, tu sens que ça a cuit quand il m’appelle directement Kiki, mais j’insiste, j’ai commencé alors autant aller jusqu’au bout.

Moi : Bébé sérieux !

Il se tourne directement vers un de ses potes, un gars costaud et chauve.

Fabrice : Mola ma coco dit qu’elle doit back, elle ne se sent pas bien… Tu peux go la déposer chez elle noooo ? Oui tu use ma voiture…

Le gars : Pas de blème mon gars sûr… Miss tu es prête tu me dis !

Je n’en revenais pas il donnait les clés à une tierce personne, un gars que je ne connaissais pas pour qu’il aille me déposer chez moi ?

Moi : Pourquoi tu ne me raccompagnes pas toi ?

Fabrice : Tu veux rentrer ou pas ? (avec un accent de racaille parisienne)

Moi : Fabrice…

Fabrice : Écoutes je t’ai emmené ici pour qu’on passe du bon temps tous les deux mais si tu préfères aller regarder TF1 ou RTL9, c’est ton choix je ne vais pas te forcer donc tu peux bouger tes fesses mon pote va te raccompagner…

Il venait de dire quoi ? Et sur quel ton ?

Moi : Je ne sais pas trop ce qui te dérange ou te fais t’imaginer que tu peux me parler sur ce ton mais saches mon cher que je ne vais pas me faire prier… Bonne soirée !

Ateuh, l’orgueil de ça ! Mais en vrai je ne me sentais pas à l’aise ici, si ce que je ressentais ne comptais pas à ses yeux autant m’en aller et le laisser dans sa java. Au moment où je me levais pour partir, une fille petite avec une grosse poitrine se leva à son tour et se tint devant moi.

La fille : Tu vas le laisser ici ? Seul ?

Sa question fit écho en moi, mais en me retournant j’ai remarqué le désintérêt de Fabrice.

Moi : Je ne suis pas une groupie, s’il n’a pas de considération pour moi il va au champ…

La fille : Ma chérie, le gars à 20 ans il n’a de considération que pour son pénis !

Nous avons éclaté de rire toutes les deux, elle n’avait pas tort façon Fabrice me harcelait pour qu’on fasse l’amour depuis son retour, hum !

Moi : S’il a besoin d’une règle pour la mesurer je peux la lui donner !

Le gars qui devait me raccompagner : On va ?

Moi : Oui…

La fille : Je m’ennuie ici ça te dérange si je m’invite pour passer la nuit chez toi ?

Euille la go ci sort d’où ?

Moi : Pourquoi tu n’as pas de chez toi ?

La fille : Hum, si je pose mon pied chez mon grand frère à cette heure de la nuit je vais tomber sur un spectacle pas très catholique…

Okay c’est officielle cette fille est folle !

Moi : D’accord tu peux venir !

Le gars : Tu laisses Paulin à qui ?

Moi : Tu es là pour poser des questions ou pour conduire ?

La fille : Là où tu le vois là-bas, il t’a dit qu’il avait un problème ?

 Le gars : Waaa ne me tapez pas…

C’est ainsi que nous sommes sorti du OG à 2 h du mat en fait nous on partait quand les gens arrivaient et je dois avouer qu’en regardant toutes ces filles sexy j’avais pris peur et je serais surement retournée m’asseoir avec Fabrice si cette fille n’était pas sorti avec moi. C’est avec un cœur lourd que je suis rentré chez moi avec Charlotte, c’est comme cela que s’appelait la fille et c’était la copine d’un certains Paulin qui était l’ami de Fabrice.

Une fois à la maison, Charlotte a apprécié le toit modeste que Maman nous payait et avais même complimenté ma chambre bien rangée et mon lit dressé et orné de nounours.

Charlotte : Comment tu as connu Fabrice ?

Moi : Au lycée !

Charlotte : Donc vous êtes ensemble depuis le lycée ?

Moi : Oui ! Charlotte : C’est bien ça ! Vous allez bien ensemble… Et je trouve que c’est bien que tu aies du caractère… Mama Sara !

Elle s’était écriée en inspectant son téléphone tactile. (C’était l’époque du tactile avec le stylet)

Moi : C’est quoi ?

Charlotte : Je ne sais pas si je dois te dire ça … Ou te montrer !

Avant qu’elle n’ait le temps de détourner mon attention de son téléphone je le lui avais pris des mains. C’était une photo de Fabrice et comme je le pressentais il faisait n’importe quoi. Toujours assis sur le canapé où je l’avais laissé, il avait une des filles de la table assise à califourchon sur lui, la bouche accrochée à la sienne.

J’étais horrifiée, j’ai failli pleurer mais un poids sur mon cœur m’en empêcha.

Charlotte : Je parie qu’ils sont encore entrain de jouer à leur bête jeu de mouna bôbôh…

Moi : Quel jeu ?

 Je ne comprenais rien à ce qu’elle disait, elle essayait de justifier le comportement de Fabrice en faisant passer ce qu’il faisait pour un jeu.

Charlotte : Tu les connais même ? Ils ont les bêtes jeux du style cap ou pas cap, Action ou vérité… Ça doit être une action…

Moi : Charlotte je ne suis pas bête hein, s’il ne veut pas il boit un verre… J’ai plutôt l’impression que mon gars me teste depuis un moment !

Charlotte : Ah bon ? Comment ?

Moi : Il répond aux appels des filles devant moi après il s’isole, passe son temps dehors, ne réponds pas à mes messages… La dernière personne que j’ai vue faire ça… Était infidèle, au moins il se cachait !

Charlotte : Mais tu sais que les garçons ne réfléchissent pas noooo… C’est pour ça que moi je préfère toujours les hommes mûrs…

Moi : Hein ?

Nous avons éclaté de rire, le fait de rigoler avec Charlotte cette nuit m’avait fait oublier que Fabrice venait de me blesser. Même si je savais ce qu’il avait fait était de la pure provocation j’avais quand même son macabo.

Cette courte fille qui ne se laissait pas faire avait donc fait son entrée dans ma vie une nuit où j’aurais surement pleuré toutes les larmes de mon corps, mais sa compagnie me donna la force de ne pas flancher et surtout me donna des idées pour faire payer à Fabrice son comportement.

Le dimanche de ce week-end se rendant compte que je ne le gérais pas Fabrice m’appela.

Moi : Allô !

Fabrice : Bonsoir Princesse…

Silence !

Moi : Qu’est-ce que tu veux ?

Fabrice : C’est quoi ces manières Kiki ? D’abord tu refuses de rester en ma compagnie, ensuite tu passes deux jours sans mes nouvelles et quand je t’appelle tu me réponds avec ce ton hautain ?

Moi : Tu as fini ?

Fabrice : C’est quoi ton problème ?

Moi : Je t’ai dit de ne pas prendre ce ton de racaille avec moi… Vas faire ça à Paris, ici c’est Yaoundé…

Fabrice : Kiki il y a quoi ?

Moi : Tu as fini d’embrasser tout l’OG ?... Tu ne parles plus ?

Fabrice : C’était un jeu innocent !

Moi : Oui assez innocent pour qu’une fille se retrouve avec sa langue au fond de ta gorge !

Fabrice : Kiki c’est comment avec ce comportement de grand-mère… Depuis que tu as trouvé ton petit boulot là tu te crois plus importante que tout le monde hein !

Moi : Qu’est-ce que mon travail a à voir là-dedans ?

Fabrice : Tu as oublié que nous sommes jeunes et que c’est le moment de s’amuser de profiter de notre jeunesse !

Moi : C’est faux ! Je m’amuse sans problème je n’exagère pas seulement comme toi…

Fabrice : Depuis que je suis là tu ne fais rien d’autre que me reprocher des choses… Soit ce sont mes sorties, mes amis ne sont pas assez biens pour toi…

Moi : Et j’avais tord ? Je ne t’empêche pas de t’amuser… Amuses toi si tu veux, c’est ta vie !

Fabrice : Je ne te reconnais pas, avant nous étions constamment ensemble… Mais ce qui t’importe c’est ton travail et ton école…

Moi : Tu sais que c’est une bénédiction pour une fille de mon âge d’avoir un travail ? Si je n’avais pas ce travail qui paierait mes études ?

Fabrice : Je suis là…

L’entendre dire cela provoqua un fou rire.

Moi : Pour que demain ta famille me traite de consommatrice ?

Il raccrocha en entendant cela ! Sa réaction m’énerva encore plus ! Je ne voulais pas d’un homme qui ne me comprend pas et moi qui m’était acharnée justement pour que sa famille et lui se rendent compte que j’étais quelqu’un de bien. Ma mère qui arrivait toujours à lire en moi comprit que quelque chose n’allait pas et quand je lui ai raconté ce qui s’était passé elle avait éclaté de rire.

Ma mère : Ma fille Fabrice est un bon garçon, mais pour l’instant c’est un garçon ! Toi tu as vite muri, mais tu as encore beaucoup à apprendre, tu ne peux pas l’empêcher de profiter de sa jeunesse parce qu’il vaut mieux qu’il la vive aujourd’hui que dans 10 ans une fois marié, si Dieu vous donne la grâce de vous marier.

Ma mère avait raison je devais mettre de l’eau dans mon vin, mais il fallait que je mette les choses au clair avec Fabrice, alors je lui ai donné rendez-vous pour qu’on discute. Il était venu et à peine il était arrivé, il s’est excusez et moi aussi. Nous sommes repartis sur de meilleures bases et il m’a promis de ne plus jouer à ces jeux idiots avec ses amis.

Le reste de son séjours il a réduit la fréquence de ses sorties et quand je n’étais pas avec lui il acceptait que Charlotte l’accompagne pour tenir les autres filles à carreau. Elle était petite mais très violente quand il le fallait.

Deux mois passé aux pays Fabrice est retourné en France et nous sommes tous les deux retournés à notre relation à distance, moi gérant mon attente avec mon travail et mes études. Au bout de deux ans j’avais mon master en gestion des entreprises en poche, et j’avais assez d’expérience pour demander un meilleur poste où je travaillais.

Ma relation était toujours aussi longue distance, parfois Charlotte me disait qu’elle confirmait ma ténacité, parce que même si ma relation était longue distance, mon mec devait me donner plus d’assurance. Je n’étais pas la bienvenue chez eux donc je n’avais pas vu sa mère ou ses frères depuis un long moment.

 Jusqu’au jour où je suis tombé sur sa mère dans un magasin en ville. Elle était toujours aussi belle, elle m’avait reconnu à la seconde qu’elle avait posée les yeux sur moi.

Sa mère : Kiki ! Comment tu vas ma chérie !

Moi : Je vais bien… Et vous ?

Elle me fit la bise et me serra chaleureusement dans ses bras, elle était accompagnée d’une jeune femme enceinte que je ne reconnue pas.

Sa mère : Oh ma fille ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu… Je suis contente de savoir que tu vas bien ma fille. Dis-moi tu deviens quoi ? J’ai entendu dire que tu avais trouvé du travail ?

Moi : Oui… Oui je travaille depuis deux ans déjà !

Sa mère : Brave fille ! Je savais que tu t’en sortirais…

Moi : Merci ! Moi je suis contente de vous voir sans béquilles…

Sa mère : Oui, Dieu merci j’arrive déjà à marcher sans… Toi… Tu fais quoi ici ?

Moi : Je voulais voir la vaisselle… Je vais m’installer seule…

Sa mère : Ah Félicitations ! Toi alors… Félicitations vraiment ! Je suis heureuse pour toi ma fille… Tu as réussi à retomber sur tes pieds ! Regardes toi ! Une belle jeune fille indépendante…

Retomber sur mes pieds ? Je ne comprenais pas !

Sa mère : Moi je viens faire la liste…

Moi : La liste ? La liste de quoi ?

C’est à ce moment que celle que je n’avais pas vu se matérialisa devant moi, la tante de mon gars qui apparut aux côtés de la fille enceinte.

La tante : La liste de mariage de Fabrice… Tu n’es pas au courant ?

Mes oreilles bourdonnaient.

Moi : Hein ?

Sa mère : Fabrice va se marier avec Monique… Il ne t’a rien…

Elle avait répondu en tendant la main vers la jeune femme enceinte. Je sentais que j’allais faire un malaise, mais si je tombais ici il n’y aurait personne pour me relever.

KIKI DU 237