ça commence comme ça...
Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
*** Ça commence comme ça…***
Libreville,
il est 18h, ce vendredi soir…
- La rumeur dit que Khazey
Omanda est de retour à Port-Gentil !
Je hausse les épaules et
continue mon chemin vers la cuisine pour y déposer les courses que je porte en
main. Perle, ma petite sœur me suit en me disant :
- Arlène ! Tu m’écoutes
ou pas ? J’ai entendu dire que Khazey est de retour. Il a pris le même vol
que Rita. Elle m’a envoyé un message dès qu’elle est tombée sur lui à
l’aéroport de Roissy. Elle a précisé qu’il est plus sexy que jamais. Hey !
Tu ne vas pas me faire croire que cela ne te fait ni chaud ni froid !
Je regarde cette magnifique
jeune femme à la peau ébène et aux cheveux crépus coiffé en afro buns. Perle se
prend pour une reine nubienne et passe e plus clair de son temps à fureter ci
et là à la recherche de produits naturels pour sublimer la beauté de sa peau et
la santé de ses cheveux. C’est ma petite sœur et je la trouve très très bavarde
et espiègle ce soir. Je la toise et lui dis :
- Il est de retour et
alors ?
- Hum ! Arrête de faire
la belle, Arlène. Je sais que tu sais. Et je sais que tout comme moi, tu as lu
les messages envoyés pas Rita dans le groupe sur whatsapp. Je t’assure que le
kongossa a été juteux avec les frangines aujourd’hui. Il paraît qu’il est là
pour rester. Enfin, c’est ce que Rita a cru comprendre.
Nous n’avons pas le temps d’en
dire plus, car la porte de la cuisine vient de s’ouvrir. Herbert, mon époux
arrive. Il salue chaleureusement ma petite sœur puis lui dit :
- Je t’enlève mon épouse. Nous
avons quelques sujets à discuter.
- Hum ! Dîtes que c’est
vendredi soir et que je dérange. Monsieur et madame ont envie de faire l’amour
et ils mentent pour m’évincer gentiment. J’ai compris le message, mes
cocos ! je disparais ! Bonne soirée.
Perle s’en va sans tarder. Là,
alors même que la porte d’entrée vient juste de se refermer, je reçois un coup
de poêle à frire, sur la tête. Je chancelle et tombe sur mes fesses. J’atterris
à même le sol, protégeant mon visage pour qu’il ne soit pas défiguré par le
second coup de poêle à frire qui m’arrive sur la tête. Tel un lapin, je me
faufile et vais me cacher sous la table de la cuisine alors que mon époux,
toujours en silence arrive, laisse tomber cette poêle par terre, se baisse et
se met à tordre l’un de mes bras. Il me siffle alors :
- Sors de là, espèce de
pute ! Tu penses peut-être que je ne t’ai pas entendu prononcer le nom de
Khazey Omanda ? Viens ici, sale pétasse. Je vais te passer l’envie de dire
ce nom dans ma maison.
Il finit par renverser cette
table massive qui peut accueillir six personnes. Là, il se jette sur moi, me
tire par les cheveux et vient frapper mon visage contre le sol en me
disant :
- Que j’entende encore ce nom
dans cette maison et tu sauras de quel bois je me chauffe. Espèce d’imbécile !
J’ai mal partout. Je décide de
rester statique, en silence, histoire de ne pas attiser sa rage. J’ouvre un œil
et vois un filet de sang qui serpente de mon visage vers le sol, en salissant
l’une des manches de ma veste couleur bleue azur. Le calme s’installe dans
cette immense cuisine qui a été aménagée à mon goût. Je reste là, couchée sur
le sol, comme si j’étais morte. À quoi bon bouger ! J’ai du mal à respirer
et l’impression que mon œil droit ne peut plus s’ouvrir. D’habitude, il ne tape
jamais sur le visage. JAMAIS SUR LE VISAGE. D’HABITUDE…
J’entends hurler :
- Ramène ton cul ici avant que
je m’énerve sérieusement ! De toute façon, tu n’es bonne qu’à ça, te faire
baiser.
Je fais un effort surhumain
pour me lever. Ma tête est lourde. Du sang continue de couler. Je ne peux dire
s’il vient de mon nez, de mon front ou de ma bouche. Je saigne et c’est tout.
Je tâte mon visage et me rends compte que j’ai une bosse au niveau du front.
D’habitude, il ne touche pas au visage. D’HABITUDE …
- Je t’ai demandé de ramener
ton cul ! S’il faut que je mendie pour avoir un cul à l’utérus aussi sec
qu’un désert, tu n’as qu’à le dire ! Je me ferais une joie de te rappeler
le montant de ta dot !
A nouveau, je tente de me
lever. C’est peine perdue. Je crois que mon esprit est aussi vaincu que l’est
mon corps. Alors, je décide de rester là, couchée sur ce sol glacé. Que
pourrait-il m’arriver de pire ?
Après ce qui me semble être
une éternité, j’entends mon mari qui revient dans la cuisine. Il est au
téléphone. Il entre dans la cuisine en disant :
- Bien sûr, maman ! Je
pensais qu’Arlène vous l’avait dit. C’est une surprise pour ton anniversaire…
J’ai déjà payé les billets. Vous n’aurez qu’à faire la demande de visa dès lundi
matin… Mais bien sûr ! Que ne ferais-je pas pour toi, maman ! Oh, ne
me remercie pas, Dubaï, c’est la porte à côté… Tout à fait ! Arlène
t’appellera… Bien sûr ! J’ai pris les billets pour les filles aussi… Tout
à fait, maman. Je te souhaite une bonne soirée.
Il raccroche. Je suis toujours
couchée sur le sol. Je sens bientôt qu’on me tire par le bras droit. L’on me
traîne dans la pièce. L’homme à qui j’ai lié ma vie en signant un bout de papier
à la mairie de Saint-Germain-en-Laye, me traite comme un sac de patates pourries
dont il veut se débarrasser. Je n’ai plus la force de me débattre, ni de me
plaindre. Je le laisse faire. Cela, jusqu’au moment où il me lance :
- Tu as deux minutes pour te lever,
sinon, je te massacre.
Comme une enfant, je me roule
sur le côté et rampe littéralement vers un coin de la cuisine. J’atterris
contre le réfrigérateur américain que nous avons fait venir de Dubaï. Tout me
paraît inutile à cet instant. Je n’ose plus me demander ce qui m’arrivera.
Avant même que je m’en rende
compte, mon époux glisse son sexe dans ma bouche, en forçant le passage. Il me
hurle :
- Tu n’es bonne qu’à ça,
alors, suces ! Toute une vie à perdre mon énergie pour arroser un jardin
qui ne donne que des fruits morts ! Allez, suce comme la bonne pute que tu
es. Après tout, c’est bien ce que tu vaux, non ?
Les va-et-vient de son sexe
dans ma bouche durent une éternité après laquelle, il jouit en hurlant mon nom,
en me disant combien il m’aime. Sa semence pollue ma gorge et m’oblige à faire
une prière au ciel. Je ne sais pas si là-haut quelqu’un m’entend. Je sais
simplement qu’à l’instant, j’aimerais être morte.
Mon époux remet son caleçon et
vient s’asseoir à mes côtés, il me serre dans ses bras, me susurre des mots
doux et me dit :
- C’est de ta faute, tout
ça ! Pourquoi parlais-tu de ce salaud avec ta sœur ? J’ai t’ai
entendu dire le nom de Khazey Omanda et cela m’a rendu dingue !
Le voilà qui pleurniche en me
disant :
- Je t’aime, Arlène. Je t’aime
tellement. Je n’ai pas envie de te perdre. Que deviendrais-je sans toi ? Tu
es ma raison de vivre.
Je reste statique, car ne pas
bouger m’empêche de ressentir cette douleur atroce au niveau des oreilles et du
front.
- Je t’aime, bébé. Dis-moi ce
que tu veux ? C’est cette voiture qui te plaît ? tu sais, celle que
nous avons vue la dernière fois chez le concessionnaire. Dis, tu la veux ?
Je ne sais même plus de quelle
voiture il s’agit. J’écoute sans entendre. Un œil fermé, l’autre ouvert, la tête
lourde, les oreilles qui sifflent, j’écoute mon époux me dire combien de fois
il m’aime.
Quand il a fini avec son
monologue, il me lève en me prenant tendrement par les deux bras. Il m’entraîne
vers l’escalier qui mène à notre appartement privé, au premier. Nous passons le
pas de la porte de la chambre et nous dirigeons vers la salle de bain. Il me
déshabille, m’entraîne dans la cabine de douche, met en marche le jet d’eau et
m’invite à prendre une bonne douche.
L’eau sur ma peau pique. J’en
tremble. J’essaie d’ouvrir mon second œil, sans succès. Je lève un bras vers
mon front. Je me rends compte seulement que je suis blessée au niveau de
l’arcade sourcilière. Je n’ose pas imaginer le reste. Ce vendredi plein de
promesses vient de se transformer en cauchemar. Mais l’homme auquel j’ai
attaché ma vie me dit que tout ira bien et que dans quelques jours, quelqu’un
verra que je suis une reine. Et une reine mérite de conduire un Range Rover
dernière génération !
Il est 20h quand le véhicule
Prado que conduit mon époux arrive à la clinique El Rapha. Je descends alors
qu’il me répète combien il m’aime. L’infirmière
à l’accueil me prend en charge tout de suite. Je lui raconte que je me suis
faite agresser à la sortie des bureaux et que deux femmes m’ont tabassé et ont volé
mon sac. Je ne sais pas si elle croit à mon histoire, mais vu que c’est la
première fois que je viens ici pour ce genre de souci, elle s’occupe de moi en
silence.